La guerre d’Iran : la fabrication de l’ennemi

Le 5 août 2019

Le programme nucléaire iranien

La Russie, les États-Unis, la France, la Chine, la Grande-Bretagne, le Pakistan, l’Inde, Israël et depuis peu, la Corée du Nord, forment le club sélect des puissances nucléaires.

Débuté dans les années 1950 grâce à l’appui des États-Unis — à l’époque où l’Iran était un pilier de la défense américaine au Moyen-Orient — le programme nucléaire iranien a connu diverses fortunes; abandonné en 1979, puis repris quelques années plus tard.

La volonté de l’Iran de se doter de l’arme atomique est toutefois devenue impérieuse en 2002 lorsque G.W. Bush a imprudemment associé l’Iran à l’Axe du Mal. Et ce, au moment où il déclarait la guerre à une autre pays membre de ce trio ‘maléfique’.

Implicitement, le message adressé aux deux autres pays était : « Voyez le sort qui vous attend.». Un message très bien compris par l’Iran et la Corée du Nord qui ont immédiatement accéléré leur programme nucléaire.

Éviter la contagion

Malheureusement, dans la poudrière qu’est le Moyen-Orient, si l’Iran acquiert la bombe, son ennemi juré, l’Arabie Saoudite, voudra également se doter de la sienne.

Et qui dit que le Qatar, en conflit avec l’Arabie Saoudite, ne voudra pas se protéger de son voisin belliqueux en faisant pareil.

Il n’y a pas pire cauchemar que de penser que la dictature mafieuse d’Arabie Saoudite puisse se doter du pouvoir d’anéantir tous les mécréants de la terre.

L’émission Enquête de Radio-Canada révélait que les petits Saoudiens apprennent à l’école qu’il faut tuer les Juifs, les Chiites et les Chrétiens.

Il est donc inconcevable que l’Arabie Saoudite ait l’arme nucléaire; voilà pourquoi l’Iran ne doit pas l’avoir non plus.

Afin de dissuader l’Iran d’aller de l’avant, les États-Unis et l’Union européenne ont adopté un certain nombre de sanctions économiques.

Parallèlement, ils ont entamé des négociations en vue de lever ces sanctions en contrepartie de concessions importantes de la part de l’Iran.

Cette stratégie a porté ses fruits puisqu’en juillet 2015, les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Union européenne et l’Iran signaient l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

Devant le fait accompli, les pays occidentaux acceptent finalement la présence d’une activité nucléaire civile puisque la centrale iranienne de Bouchehr produit déjà de l’énergie électrique à partir de l’uranium.

En contrepartie, l’Iran accepte d’être soumis aux inspections de l’Agence internationale d’énergie atomique (qui dépend de l’ONU), de diminuer le nombre des centrifugeuses qui enrichissent l’uranium, et de limiter ses stocks d’uranium enrichi de même que de plutonium.

Malheureusement, en mai 2018, Donald Trump reniait la parole des États-Unis et choisissait de maintenir les sanctions américaines. Et ce, en exigeant que l’Iran continuât de respecter l’entente comme si de rien n’était.

Quelques jours plus tard, le secrétaire d’État américain réclamait de nouvelles conditions qui ne font pas partie de l’accord de 2015; l’arrêt total de l’enrichissement d’uranium (même à des fins civiles), l’arrêt des menaces contre Israël, le retrait des troupes iraniennes de Syrie, l’arrêt du soutien aux rebelles yéménites, au Hezbollah libanais, et au Hamas palestinien.

En octobre 2018, les quinze juges de la plus haute instance judiciaire des Nations Unies décidaient unanimement que certaines des sanctions américaines contre l’Iran étaient illégales: celles qui concernent la vente de médicaments, de matériel médical, de denrées alimentaires et de produits agricoles, de même que les transactions financières qui les concernent.

Aussitôt, les États-Unis ont réitéré leur refus de reconnaitre l’autorité de la Cour internationale de justice, tout en accusant par ailleurs l’Iran de violer le droit international…

En juin 2019, plusieurs pétroliers ont été victimes d’attaques de drones dans le golfe Persique.

Les pays limitrophes du golfe Persique ont les moyens de faire sombrer n’importe quel pétrolier au large de leurs côtes. Si ces navires n’ont subi que des dommages mineurs, c’est qu’il s’agit d’une tentative de manipulation de l’opinion publique. Par qui ? Par les pays qui veulent la guerre, évidemment.

Le 10 juillet, les États-Unis demandaient aux pays européens de former une coalition afin de garantir la liberté de navigation dans le golfe Persique.

Les dirigeants européens ont très bien deviné qu’il s’agit-là d’un piège destiné à ce qu’ils mettent la main dans un engrenage conflictuel dont l’issue est incertaine; conséquemment, ils ont donc poliment décliné l’invitation.

Afin de faire monter la tension, la Grande-Bretagne saisissait le lendemain à Gibraltar un pétrolier soupçonné de transporter 2,1 millions de barils de brut iranien vers la Syrie.

Londres invoque les sanctions économiques européennes contre la Syrie (et non contre l’Iran) pour justifier cette arrestation.

En réalité, ni l’ONU ni l’Union européenne n’ont décidé d’un blocus économique contre la Syrie.

En d’autres mots, les sanctions européennes contre la Syrie ne concernent que les acheteurs européens (ou les acheteurs étrangers en sol européen) qui font commerce avec la Syrie.

L’Union européenne ne prétend pas à l’extraterritorialité de ses lois. Donc, le commerce bilatéral entre l’Iran et la Syrie n’est pas soumis aux lois européennes.

La saisie du pétrolier iranien par Londres est une pure provocation, à la fois dépourvue de base juridique, et typique d’une politique de fabrication de l’ennemi.

Le 14 juillet, Téhéran répliquait en saisissant un navire-citerne battant pavillon panaméen (le Mt Riah). Puis le 19 juillet, un pétrolier suédois battant pavillon britannique (le Stena Impero).

Hier matin, l’Iran saisissait un troisième pétrolier (d’appartenance inconnue pour l’instant).

Conclusion

Collectivement, les Anglo-Saxons sont les Vikings des temps modernes; un peuple qui détruit, qui pille, qui vole, qui tue, qui impose sa loi aux peuples inféodés à sa puissance militaire et qui aspire à exercer une hégémonie mondiale.

Les conflits armés que ces deux pays prédateurs déclenchent de plus en plus fréquemment — en Libye, en Syrie, en Irak et maintenant en Iran — contribuent à maintenir bas le prix des hydrocarbures puisque tout pays producteur de pétrole maximisera sa production afin de soutenir l’effort de guerre, puis pour reconstruire le pays dévasté une fois la guerre finie.

L’abondance de l’offre entraine la baisse du prix des hydrocarbures et évite ainsi la reconversion douloureuse d’une économie énergivore comme celle des États-Unis.

De plus, l’insécurité créée par leurs guerres motivent les pays voisins à acheter de l’équipement militaire principalement auprès du complexe militaro-industriel américain.

Or ce complexe est un cancer, réclamant toujours de nouvelles guerres afin de maintenir l’emploi.

Même quand la guerre en Syrie n’est pas complètement terminée, il faut susciter un nouveau conflit pour éviter un ralentissement économique et détourner l’attention du peuple américain de la stagnation de ses revenus alors que se creusent les inégalités sociales depuis 1980.

Références :
Accord de Vienne sur le nucléaire iranien
Au nom de la loi… américaine
Aux Etats-Unis, l’Etat laisse filer les inégalités
Carter, Trump, Trudeau et les armes
Décision de la Cour internationale de Justice
Deux pétroliers attaqués dans le golfe d’Oman
L’affaire Huawei : dure pour le Canada, la vie de caniche américain
L’Iran saisit un troisième pétrolier en moins d’un mois
Pétrolier iranien arraisonné à Gibraltar: le capitaine arrêté
Programme nucléaire de l’Iran
Résumé de géopolitique mondiale (2e partie et fin)
Sanctions contre l’Iran
Sanctions contre l’Iran : la Cour internationale de justice rappelle à l’ordre les États-Unis
Washington veut une coalition pour protéger la navigation dans le golfe Persique

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