Introduction
Entre 1950 et 2015, on a produit 8,3 milliards de tonnes de plastique.
Sous forme de biens durables ou de produits à usage répété, une proportion de 30% est toujours utilisée. Par ailleurs, 55% sont enfouis, 8% sont incinérés et 6% sont réellement recyclés.
De nos jours, les États-Unis produisent annuellement 34,5 millions de tonnes de plastique. Cela est suffisant pour remplir à ras bord mille fois le stade olympique de Montréal.
Il ne faut pas reculer très loin dans le temps pour se rendre compte que nous sortons à peine de la préhistoire du recyclage.
L’évolution des mentalités des citoyens se heurte maintenant aux décisions des manufacturiers qui, au contraire, ont accéléré la production du plastique au point que la moitié de tout le plastique depuis 1950 a été fabriqué au cours des treize dernières années. C’est ce qui explique que près du tiers est encore utilisé.
La récréation achève
À la fin de 2018, la Chine fermait ses frontières aux déchets importés.
Au début du mois, Le Devoir rapportait le cas de 69 conteneurs canadiens remplis de déchets non recyclables, coincés dans deux ports philippins depuis six ans et qui viennent de reprendre le chemin du retour vers le Canada.
Jusque là, la grande majorité des Canadiens croyaient que la collecte sélective servait à produire des biens recyclés.
En réalité, le fruit de nos collectes sélectives est expédié majoritairement dans des pays en voie de développement pour être enfoui là plutôt qu’ici.
C’est ainsi que 95% du papier que nous croyons recycler ne l’est pas, mais est plutôt expédié en Inde ou en Indonésie. Au Québec, c’est 145 000 tonnes de papier qu’on envoie annuellement à l’autre bout du monde sans savoir ce qu’il en advient.
Après la fermeture des frontières chinoises, la solution de facilité fut de trouver en Asie d’autres pays d’exportation.
Au début de cette crise, les autorités ont bien insisté pour dire qu’il est très important que le public conserve sa confiance pour le système de récupération des déchets au Canada.
Et c’est ce message que nos médias traditionnels se sont efforcés de relayer.
Le réveil des médias
Depuis, les journalistes se sont intéressés au sort de nos déchets. Et ce qu’ils ont appris, c’est qu’on nous ment depuis des années.
Sur les trois-millions de tonnes de déchets produits annuellement par le Canada, on évalue que 9% sont recyclés, 4% sont incinérés alors que 86% sont enfouis.
En réalité, personne ne connait précisément le sort des déchets expédiés à l’Étranger.
Il est impossible pour le Canada de se servir de la Chine comme poubelle sans que les deux pays se soient entendus à ce sujet.
Or le gouvernement canadien est incapable de dire quelle proportion de nos déchets expédiés en Chine est réellement recyclée. Tout ce qu’on sait, c’est qu’une partie est enfouie et le reste sert de combustible.
Cela signifie que le gouvernement canadien n’a jamais rien exigé de la Chine; son seul souci était de se débarrasser de ses déchets, peu importe ce que la Chine en ferait.
En somme, le but de nos collectes sélectives, c’est de prolonger la durée de vie de nos sites d’enfouissement.
La contrepartie de cela, l’acheminement de déchets par bateau nécessite des millions de tonnes de mazout. Ce qui augmente l’empreinte environnementale de nos déchets.
Le contribuable en nous a intérêt à ce que nos sites d’enfouissement durent le plus longtemps possible. À l’opposé, le citoyen responsable est frustré parce que la collecte sélective à laquelle il se livre ne sert pas à grand-chose.
Ce dilemme entre le contribuable et le citoyen est né de la négligence de nos dirigeants politiques à mettre en place une véritable industrie du recyclage de nos déchets.
L’inaction prolongée jusqu’en 2021
Le 10 juin dernier, le premier ministre canadien annonçait son intention d’interdire les plastiques à usage unique dès 2021… si son parti est réélu.
Cette promesse était déjà dans l’excellent programme environnemental du Parti libéral du Canada à l’époque de Stéphane Dion, voilà plus d’une décennie.
Justin Trudeau précise : « Nous allons prendre le temps de nous baser sur la science [et] regarder [ce qu’ont fait] d’autres juridictions comme l’Union européenne.»
Le premier ministre avoue candidement l’inaction de son gouvernement jusqu’ici. Plus grave est son aveu implicite de n’avoir aucune idée de ce qu’il devrait faire puisqu’il lui reste à regarder ce que font les autres pour s’en inspirer.
Ce n’est pas fort pour un champion auto-proclamé de l’environnement…
Pour chacun de ses citoyens, le Canada exporte annuellement 3,7 kg de déchets plastiques, soit davantage que les États-Unis (2,2 kg par citoyen).
Conclusion
Depuis des années, nos gouvernements nous mentent; la collecte sélective de nos déchets ne sert qu’à prolonger la vie de nos sites d’enfouissement puisque nos déchets sont simplement enfouis à l’Étranger plutôt qu’ici.
Or le transport maritime de ces déchets à l’autre bout du monde aggrave notre empreinte environnementale. En d’autres mots, ce faux recyclage pollue.
À mon avis, si on veut réellement sauver cette planète, il faudra nous résoudre à rien de moins qu’une révolution politique.
Références :
Déchets: la Chine ferme sa poubelle, panique dans les pays riches
How you’re recycling plastic wrong, from coffee cups to toothpaste
Humans have made 8.3bn tons of plastic since 1950. This is the illustrated story of where it’s gone
Le Canada exporte toujours des tonnes de déchets de plastique en Asie
Mes poubelles dans ma cour
Où produit-on le plus de déchets? La réponse en carte
Vers la fin du plastique à usage unique dès 2021
Where does your plastic go? Global investigation reveals America’s dirty secret
Parus depuis :
La plus grosse poubelle du Québec bientôt pleine (2019-07-06)
Le Cambodge somme à son tour le Canada de reprendre des conteneurs de déchets (2019-07-18)
Une entreprise du Cambodge condamnée pour importation de déchets nord-américains (2019-07-31)
‘Plastic recycling is a myth’: what really happens to your rubbish? (2019-08-17)
25 conteneurs de matières recyclables renvoyés au Québec (2020-02-11)
Des milliers de tonnes de recyclage aux poubelles (2022-01-17)
Les sales secrets du recyclage du papier canadien, un an après (2023-04-22)
Sur le même sujet :
La naissance de la poubelle
Pourquoi ne pas étatiser l’industrie du ‘recyclage’ ?
Bilan assez décourageant! Avec les bacs de compostage et de recyclage, on avait vu fondre notre poubelle régulière de façon spectaculaire. Cela donnait bonne conscience et l’impression qu’on faisait notre part pour aider l’environnement…
Il faut vraiment intensifier la pression sur nos dirigeants pour que l’industrie de recyclage soit mieux supportée, améliore ses techniques et qu’en amont les industries impliquées dans la production et la consommation fassent aussi leur bout de chemin en réduisant au maximum le suremballage.
Il faut cesser de regarder les coûts à court terme et pelleter les problèmes dans la cour des voisins…
Je suis comme Louise : un peu découragée…
Quoique l’on fasse, en ayant bonne conscience, on est, toujours, roulé dans la farine…
Et comme, en ce moment, c’est plus le manque de temps que le manque de conscience qui collecte mes heures d’Eveil…, je reviendrai, bientôt, sur le recyclage, après avoir rassemblé mes brouillons…, sans, jamais, je crois, avoir envie d’y mettre le feu…