En 1980, l’Irak est dirigé par le président sunnite Saddam Hussein. Craignant que la Révolution en Iran (le pays voisin) incite la majorité chiite de son pays à se soulever contre lui, Saddam Hussein déclenche la guerre Iran-Irak.
Celle-ci s’est déroulée de 1980 à 1988 et s’est soldée par un nombre de morts estimé entre un demi-million et 1,2 million.
L’effort de guerre de l’Irak a été soutenu par l’Arabie saoudite par crainte d’une contagion révolutionnaire de sa propre minorité chiite. C’est ainsi que la dictature saoudienne a déboursé près de 25 milliards$ pour financer l’armée de Saddam Hussein entre 1980 et 1988.
Malgré le financement saoudien, l’Irak s’est retrouvé en très mauvaise situation financière à l’issue de cette guerre.
Pour renflouer ses coffres, l’Irak décida d’envahir et d’annexer le Koweït en 1990 et d’y déposséder sa richissime pétromonarchie.
L’Arabie saoudite, menacée cette fois par la cinquième plus forte armée du monde, appelle les États-Unis à l’aide.
Dans l’éventualité où les armées irakiennes poursuivraient leur route en se lançant à la conquête de l’Arabie saoudite, l’imprévisible Saddam Hussein constituerait une menace sérieuse pour la stabilité du Monde.
D’où la guerre du Golfe — celle du père Bush et non de G.W.— également financée par la dictature saoudienne.
Alors que les États-Unis déplacent une formidable armada vers le golfe persique, le public américain est déjà convaincu de la nécessité de guerroyer contre Saddam Hussein.
Mais ce consentement est rationnel. Pour convaincre des dizaines de milliers de jeunes Américains de risquer leur vie, il faut une noble cause à défendre.
La stabilité de l’approvisionnement en hydrocarbures des compagnies pétrolières n’est pas susceptible de rallier les jeunes écologistes américains à cette guerre. Il faut une cause qui touche le cœur.
C’est alors que se met en marche la fabrication du consentement politique américain.
En Californie, on tourne un court métrage montrant des soldats gravissant dans l’ombre les marches à l’entrée d’un édifice.
Plus tard, on dira que ces images ont été tournées lors de l’invasion du Koweït par l’Irak et qu’elles montrent très précisément l’entrée de soldats irakiens dans un hôpital pédiatrique koweïtien.
Parallèlement, dans les bureaux d’une firme de relations publiques de New York, une jeune femme pleure. Elle pleure en répétant le rôle d’une jeune infirmière venue visiter sa sœur hospitalisée et qui s’est retrouvée à assister malgré elle à un drame déchirant.
Sous ses propres yeux, des soldats de Saddam Hussein ont ordonné qu’un retire tous les prématurés de leurs incubateurs et qu’on les dépose sur le plancher froid de l’hôpital, condamnant ces pauvres chérubins à une mort certaine par hypothermie.
Juste à l’invocation de ce drame, le regard de la jeune femme se voilait de larmes.
Pendant ce temps à Washington, la Chambre des représentants convoquait une commission chargée d’examiner les motifs qui justifiraient l’intervention américaine au Koweït.
Lorsque la commission fut prête à entendre des témoignages, on fit en sorte qu’une jeune femme appelée Nayirah fut une des premières personnes entendues.
Fraichement descendue de l’avion, la jeune fille s’était précipitée aux pieds de la commission, mue par l’urgent besoin de témoigner de la cruauté de Saddam Hussein.
C’est alors qu’elle raconta qu’au Koweït, alors qu’elle était venue visiter sa sœur hospitalisée, elle s’était retrouvée à assister malgré elle à un drame…
Mais… n’est-ce pas ce qu’on disait plus tôt au sujet de la comédienne de New York ?
Eh oui. De plus, pour documenter son témoignage, on avait ce court métrage qui montre les soldats de Saddam Hussein pénétrant justement dans cet hôpital pédiatrique…
Répété en boucle par la télévision américaine, ce faux témoignage suffit à convaincre des milliers de jeunes Américains qu’ils avaient une occasion unique de participer à changer le cours de l’Histoire en délivrant le monde d’un dangereux tyran.
Plus tard, aucune enquête officielle ne fut entreprise lorsqu’on apprit que la jeune femme en question était la fille de l’ambassadeur du Koweït aux États-Unis et que la priorisation de son témoignage au Congrès avait nécessité la complicité de tout un réseau d’influences.
Références :
Affaire des couveuses au Koweït
Guerre Iran-Irak
Invasion du Koweït