La démission du commissaire de l’UPAC et la soupe chaude

2 octobre 2018

À l’époque de l’arrestation cavalière de Guy Ouellette par l’Unité permanente anticorruption (UPAC), cette dernière avait déclaré que ses méthodes s’appuyaient sur une validation par un juge de la Cour supérieure (dont le nom est demeuré secret).

Si beaucoup d’observateurs ont pris cela pour du cash, j’en ai toujours douté.

La décision de la poursuite de ne pas contester devant le juge Raymond Pronovost la requête en cassation intentée par l’avocat du député Guy Ouellette est l’indice que les méthodes de l’UPAC sous la direction de Robert Lafrenière étaient au moins occasionnellement illégales, voire anticonstitutionnelles.

On n’a jamais su qui était le ‘verrou libéral’ qui a fait en sorte que l’UPAC a été totalement inefficace dans sa lutte contre la corruption au niveau de l’État québécois, contrairement à son bilan remarquable contre la corruption municipale.

Le fiasco de l’affaire Ouellette doit nous faire soupçonner que ce ‘verrou’ a pris soin d’insérer une fêlure qui plombera toutes les enquêtes intentées contre le couple Bibeau-Charest, c’est-à-dire celles qui visent le sommet de l’État québécois.

Je m’attends donc à ce que tous les dossiers qui traînent à l’UPAC depuis des années connaissent dans les prochains mois un grand déblocage en raison du changement de gouvernement. Un déblocage qui sera stoppé net quand toutes ces causes seront abandonnées pour vice de forme.

C’est alors qu’on prendra conscience du génie machiavélique du ‘verrou libéral’.

Références :
Corruption : le ‘verrou’ libéral
Décision du DPCP
Le grand patron de l’UPAC, Robert Lafrenière, démissionne
Les abus de pouvoir de l’UPAC
Le verrou libéral

Paru depuis :
Affaire Normandeau : Lafrenière et son entourage à l’origine des fuites, selon le BEI (2022-05-30)

Postscriptum du 10 juin 2021 : Frédéric Gaudreau, à titre de commissaire à la lutte contre la corruption, a présenté les excuses de l’UPAC au député Guy Ouellette pour son arrestation injustifiée en octobre 2017 et a critiqué implicitement les méthodes de son prédécesseur, Robert Lafrenière.

Référence :
Le chef de l’UPAC présente ses excuses à Guy Ouellette

Deuxième postscriptum, du 28 février 2022 : Le commissaire à la lutte contre la corruption a mis fin officiellement aujourd’hui à l’enquête Mâchurer ouverte en avril 2014 pour faire la lumière sur des pratiques de financement douteuses au sein du Parti libéral du Québec.

Tel que prévu, l’enquête est close sans qu’aucune accusation ne soit portée.

Référence : L’UPAC met fin à l’enquête Mâchurer

Laissez un commentaire »

| 2018-202X (années Legault), corruption, Politique québécoise | Mots-clés : , , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel