La sage décision des jeunes Libéraux

Publié le 16 août 2017 | Temps de lecture : 4 minutes

Introduction

Réunis en congrès la fin de semaine dernière, les jeunes Libéraux du Québec ont rejeté une proposition destinée à ouvrir la Loi 101 de manière à permettre l’accès d’un certain nombre de francoQuébécois à l’école primaire anglaise.

Dans le concert de reproches adressés aux jeunes Libéraux pour avoir osé suggérer d’affaiblir la Loi 101, ce qui est frappant, c’est qu’on a oublié l’essentiel; cette proposition a été rejetée.

À mon avis, les jeunes Libéraux doivent être félicités pour cette sage décision.

Mais voyons d’abord pourquoi elle a été présentée.

Les motifs favorables à l’idée

L’organisation d’un congrès politique exige une longue préparation.

Les idées des membres sont présentées aux associations locales qui les adoptent ou les rejettent.

Les suggestions retenues sont ensuite soumises à des congrès régionaux ou nationaux.

Depuis plusieurs mois, le ministre libéral Jean-Marc Fournier vantait dans Le Devoir les immenses progrès de l’usage du français au Québec et dans le reste du Canada.

Parallèlement à cela, certains jeunes Libéraux anglophones constatent un déclin des inscriptions aux écoles anglophones du Québec, au point que certaines d’entre elles sont menacées de fermeture.

Ce déclin se produit aussi dans les écoles francophones, mais de manière moins dramatique. D’où l’idée d’ouvrir la Loi 101 afin que des enfants francophones puissent venir gonfler les effectifs des écoles anglophones et empêcher la fermeture de certaines d’entre elles.

Une mauvaise idée

La publication récente des données linguistiques du dernier recensement est venue refroidir la propagande jovialiste du ministre Fournier. En deux mots, la langue en péril au Québec, c’est le français et non l’anglais.

Même si les inscriptions à l’école anglaise chutent, même si de nombreux angloQuébécois quittent le Québec pour faire carrière ailleurs, l’attrait de l’anglais est tel que de nombreux Québécois s’anglicisent. Au point que l’importance démographique des angloQuébécois demeure stable ou s’accroit.

À titre d’exemple, 60% des néoQuébécois choisissent de s’assimiler à l’anglais, en dépit des cours de francisation à leur disposition.

En matière scolaire, le principe de la Loi 101 est simple; seule l’école publique française est gratuite au Québec. Comme seule l’école publique italienne est gratuite en Italie. L’allemande en Allemagne. Etc.

La seule exception à cette règle, ce sont les angloQuébécois qui ont un droit constitutionnel à l’école publique anglaise.

Si d’autres parents veulent envoyer leurs enfants à l’école anglaise, ce doit être à l’école privée anglaise, c’est-à-dire à leurs frais et non aux frais des contribuables.

Plus nous créons d’exceptions à cette règle, plus la Cour suprême du Canada dispose de prétextes pour invalider des pans entiers de la Loi 101 sous le motif qu’elle serait discriminatoire.

Dans la cause relative aux écoles passerelles, la Cour suprême du Canada a statué qu’en vertu du droit constitutionnel à la réunification des familles, si on donne à un enfant le droit d’aller à l’école anglaise, on le donne à tous ses frères et sœurs, oncles, tantes, cousins et cousines. Bref, on le donne à tout le clan familial et à tous leurs descendants.

Jamais en France, en Italie, ou en Allemagne, on ne verrait l’État payer l’instruction dans une autre langue que la langue nationale sous le prétexte qu’il faut soutenir les activités déclinantes d’écoles qui enseignent autre chose.

Voilà pourquoi on doit féliciter les jeunes Libéraux d’avoir refusé d’affaiblir la Loi 101.

Références :
Avis aux nostalgiques : le Québec et le Canada changent!
De ROC et de francophonie
Le Canada de 2017 toujours anti-francophones
L’inaction comme politique

Laissez un commentaire »

| Langue française | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel