Publié le 31 juillet 2017 | Temps de lecture : 3 minutes
Samedi et dimanche derniers, le festival À nous la rue offrait le dernier volet de sa programmation.
Au parc situé à l’intersection des rues De Maisonneuve et Clark, la troupe française Gratte Ciel présentait un spectacle aérien intitulé Place des Anges.
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Au son d’une musique planante, des acrobates habillés et maquillés de blanc débutaient la soirée en se laissant glisser le long de tyroliennes installées aux toits environnants.
Ils étaient suivis de collègues qui saupoudraient parcimonieusement l’assistance de plumes blanches.
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Ce ballet aérien était complété d’un angelot géant (sic) et de chevaux lumineux sur lesquels les acrobates faisaient tomber encore plus de plumes.
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Ce crescendo atteignait son paroxysme alors que des canons faisaient pleuvoir des millions de plumes sur l’assistance.
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C’est alors que débutait la partie officieuse du spectacle, celle animée par l’assistance.
Que font des dizaines de milliers de Québécois, habitués aux joies de l’hiver, lorsque s’abat sur eux une tempête de plumes ? Eh bien, ils font comme s’il s’agissait d’une neige poudreuse.
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On se vautre au sol. On se lance des poignées de plumes. On en fait pleuvoir des brassées sur les enfants. On se décore la chevelure.
Et par-dessus tout, on se photographie. Le téléphone multifonctionnel au bout des bras : au sol, alors qu’on invente une mise en scène au cours de laquelle une pluie de plumes s’abat sur nous.
Bref, plus qu’un simple spectacle de rue, Place des Anges est un exemple parfaitement réussi d’animation de rue, créant l’euphorie et libérant la créativité des participants.
Chapeau à la troupe Gratte Ciel.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 (la 1re photo) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/25 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 40 mm
2e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 40 mm
3e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 18 mm
4e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 18 mm
5e photo : 1/40 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 12 mm
6e photo : 1/20 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 24 mm
7e photo : 1/4 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 12 mm
8e photo : 1/5 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 22 mm
9e photo : 1/20 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 24 mm
Publié le 28 juillet 2017 | Temps de lecture : 7 minutes
Introduction
Avant d’aller plus loin, distinguons deux mots similaires : exploration et exploitation.
L’exploration pétrolière consiste à chercher du pétrole et, si on en trouve, à évaluer la quantité présente, de même que la profitabilité de son extraction.
L’exploitation pétrolière est l’extraction, le transport et la vente du pétrole trouvé.
Il faut un permis du gouvernement québécois pour procéder à l’exploration pétrolière et un autre pour l’exploitation pétrolière. L’obtention de l’un n’entraine pas automatiquement l’obtention de l’autre.
Si de nombreux permis de recherche d’hydrocarbures ont été accordés, aucune compagnie ne possède actuellement de permis d’exploitation d’un site pétrolier situé au Québec.
Lorsque les quotidiens La Presse et Le Devoir publient aujourd’hui des textes annonçant la fin de l’exploitation pétrolière à Anticosti, il s’agit d’une figure de style puisque l’exploitation pétrolière, à Anticosti comme ailleurs, n’a jamais débuté.
La fin de l’exploration pétrolière à Anticosti
Plus tôt aujourd’hui, on annonçait une entente intervenue entre l’État québécois et trois des cinq pétrolières qui possèdent des permis d’exploration sur l’ile.
En raison de la générosité des montants accordés, il y a lieu de croire qu’une entente similaire interviendra avec les deux autres pétrolières concernées.
L’entente met fin à une dispute commerciale née de la rupture unilatérale par le gouvernement Couillard du contrat d’investissement conclu entre le gouvernement Marois et les pétrolières.
Aujourd’hui, ces dernières renoncent à poursuivre l’État, cessent toute activité de prospection sur l’ile, et abandonnent implicitement tout espoir d’y extraire des hydrocarbures à des fins commerciales.
Cet abandon est d’autant plus facile pour elles que la commercialisation du pétrole d’Anticosti n’est pas rentable.
Absence de rentabilité des hydrocarbures d’Anticosti
À ce jour, l’exploration pétrolière a démontré que le sous-sol d’Anticosti renferme des dizaines de millions de barils de pétrole.
Ce pétrole est présent sous forme d’une multitude de gouttelettes dispersées dans le roc de l’ile. Toutefois, la concentration des hydrocarbures est trop faible pour qu’il soit rentable de briser cette roche pour en extraire le pétrole.
Les techniques actuelles ne permettent que de récupérer 1,2 % du pétrole qui s’y trouve. Pour en extraire 100 %, il faudrait réduire tout le sous-sol d’Anticosti en poudre, ce qui est impensable.
Même à 100$ du baril, extraire ce 1,2 % permettrait d’obtenir 50 milliards$ de pétrole. Sauf que cela couterait 120 milliards$ pour l’extraire.
Non seulement le pétrole serait extrait à perte mais il faudrait construire des milliers de kilomètres de pipelines pour acheminer ce pétrole déficitaire aux marchés.
Fondamentalement, ce qui protège Anticosti de l’exploitation commerciale de ses gisements pétroliers, c’est l’absence de rentabilité.
Paradoxalement, les millions$ que versera le gouvernement Couillard favorisent l’exploration pétrolière au Québec plutôt qu’ils ne le découragent.
L’État éponge les pertes des pétrolières
Le seul endroit au monde où l’État rembourse les pertes des pétrolières lorsque leur prospection s’avère non rentable, c’est au Québec.
Récapitulons.
En 2008, le gouvernement Charest ordonne à Hydro-Québec de cesser sa recherche infructueuse du pétrole à Anticosti et l’oblige à céder ses droits à Pétrolia en vertu d’une entente secrète.
Deux ans plus tard, Pétrolia annonce la découverte de l’équivalent de quarante-milliards de barils de pétrole à Anticosti.
Cette déclaration fracassante a donné naissance à la rumeur selon laquelle le gouvernement Charest avait vendu la poule aux œufs d’or pour une bouchée de pain à des pétrolières amies.
Pour en avoir le cœur net, le gouvernement péquiste de Mme Marois s’est engagé à investir 56,7 millions de dollars (sur les 115 millions$ originellement prévus) dans le capital-actions de Pétrolia à la condition que cet argent serve exclusivement à la recherche d’énergie fossile (et non à payer des augmentations de salaire à ses dirigeants).
De plus, en vertu de cette entente, la collectivité québécoise recueillerait 60 % des bénéfices d’une éventuelle exploitation si celle-ci s’avérait être rentable.
Mais de retour au pouvoir, les Libéraux en ont décidé autrement. Présumant à juste titre que les nouveaux forages ne révèleraient rien de plus que ce qu’on savait déjà, le gouvernement Couillard rompt le contrat, s’exposant ainsi à des poursuites, ce qui fut le cas.
Plutôt que de dépenser 56,7 millions$ comme le prévoyait le gouvernement Marois à fixer une fois pour toutes le potentiel pétrolier de l’ile (ce qui fait travailler les ouvriers de ce secteur industriel), le gouvernement Couillard dépensera une somme équivalente ou supérieure qui ira dans les coffres des pétrolières afin de régler un conflit qu’il a provoqué.
Conclusion
Si l’État québécois avait laissé les pétrolières moisir dans leur jus, celles-ci y penseraient deux fois avant d’entreprendre de nouvelles activités de prospection en sol québécois. Mais en épongeant leurs pertes, le gouvernement Couillard diminue le risque spéculatif de la recherche d’hydrocarbures au Québec.
En d’autres mots, l’entente intervenue est un brillant exercice de manipulation de l’opinion publique, applaudie unanimement par les groupes environnementaux. En réalité, sous le voile de la protection d’Anticosti, le gouvernement Couillard assume la recherche d’hydrocarbures au Québec lorsque celle-ci s’avère non rentable.
Finalement, tout comme les sommes versées à Bombardier, rien n’empêchera les dirigeants des pétrolières de s’accorder de généreuses primes à partir de l’argent public.
Lorsque cette entente sera étendue aux deux autres pétrolières, on estime qu’entre 100 et 200 millions$ de l’argent des contribuables auront été dépensés dans ce dossier.
La saga de la recherche pétrolière à Anticosti aura été une longue succession de magouilles et de gaspillage des fonds publics. Sa conclusion n’y fait pas exception.
Dans le cas de certaines des pétrolières concernées, celles-ci ont obtenu des permis d’exploration sans se livrer à aucune activité de prospection. En revendant leurs permis inutilisés, elles réalisent un pourcentage de profit faramineux.
Cette saga se résume en deux phrases. En 2008, le gouvernement libéral de Jean Charest accorde des permis d’exploration sur Anticosti pour une bouchée de pain : neuf ans plus tard, le gouvernement libéral de Philippe Couillard les rachète à prix d’or après qu’ils se soient avérés sans valeur.
Publié le 27 juillet 2017 | Temps de lecture : 2 minutes
Siège de l’Académie française
Écrire : « Elle avait les yeux de couleur bleue » est un pléonasme puisque dans cette phrase, bleu ne peut être autre chose qu’une couleur. On écrira donc : « Elle avait les yeux bleus.»
Un certain nombre d’aliments et de fleurs ont donné leur nom à une couleur. En principe, lorsque c’est le cas, cette couleur est invariable. Par exemple, on écrira : « En pénétrant dans la pièce, les murs citron, les escaliers orange et les portes kaki attiraient immédiatement l’attention.»
Des minéraux et des pierres précieuses ont également donné leur nom à des couleurs. Lorsqu’utilisés comme adjectifs, ils sont eux aussi invariables. On poursuivra notre visite en disant : « La pièce suivante était encore plus criarde avec ses murs turquoise, ses armoires émeraude et ses poignées corail.»
Sont également invariables, les couleurs qualifiées d’un adjectif (gris pâle, noir foncé, vert tendre), ou nuancées par une autre couleur (bleu gris). Dans ce dernier cas, les deux couleurs peuvent, au choix, être séparées par un espace ou réunies par un trait d’union.
Plus tôt dans ce texte, j’ai écrit que la couleur dérivée d’un nom était en principe invariable. Pourquoi ‘en principe’ ?
C’est que cette règle souffre de six exceptions. Les roses sont des fleurs et les fauves sont des félins. Pourtant, il faut écrire : « Le bébé avait les joues roses et les cheveux fauves à la limite du roux.»
Les quatre autres exceptions à cette règle sont écarlate (le nom d’une étoffe), incarnat (nom d’une teinture et d’une variété de marbre), mauve (nom commun d’une plante vivace) et pourpre (nom donné à un pigment rétinien et à un mollusque). Ces adjectifs se mettent au pluriel même si ce sont également des noms.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
Pour consulter les textes de ce blogue consacrés à la grammaire et à l’orthographe, veuillez cliquer sur ceci.
Publié le 25 juillet 2017 | Temps de lecture : 4 minutes
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Introduction
La Belle-Dame ou le Vanesse des chardons (Vanessa cardui) est probablement le papillon diurne le plus commun au monde. On le retrouve sur tous les continents sauf l’Amérique du Sud et l’Antarctique. De plus, il est absent d’une bonne partie de l’Océanie.
Après le papillon Monarque, la Belle-Dame est le papillon qui accomplit les plus grandes migrations, parcourant environ 1 200 km, ce qui est remarquable pour sa taille; l’envergure de ses ailes est de 4 à 7 cm.
Puisqu’elle n’hiberne pas au Québec, la Belle-Dame migre vers le sud des États-Unis et le Mexique en automne pour revenir chez nous entre mai et juillet. Elle connait plusieurs cycles reproductifs par année.
Au Québec, une première génération du papillon se rencontre de la dernière semaine de mai à la mi-juillet tandis que la seconde s’observe de la troisième de juillet à la mi-octobre.
Normalement, ce papillon ferme les ailes après s’être posé sur une fleur pour s’y nourrir. Toutefois, si un autre insecte se pose sur la même fleur, la Belle-Dame les déploie afin de protéger sa collation et n’hésitera pas à chasser l’intrus en le frappant de ses ailes puissantes.
Cette espèce doit son abondance à la grande variété de plantes qui font partie de l’alimentation de sa chenille. La femelle disperse donc ses œufs un peu partout, un seul œuf par plante. L’incubation dure une semaine.
Afin d’échapper à ses prédateurs, la chenille tisse une tente dans laquelle elle emprisonne le feuillage qui constituera son garde-manger. Lorsque cette tente s’avère insuffisante, la chenille en crée une plus grande. Au total, elle vivra deux à six semaines, à l’issue desquelles elle forme une chrysalide.
Aux États-Unis, cela cause des dommages considérables aux plantations de soya.
Le papillon émerge de la chrysalide après 7 à 17 jours.
Face dorsale des ailes
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Sur leur face dorsale, les ailes antérieures sont orange brulé. Elles sont décorées de motifs noirs ou brun foncé et d’un apex noir tacheté de blanc.
Ondulé, leur bord externe concave porte un fin ruban de poils blancs.
Le bord externe des ailes postérieures est également ondulé et se termine lui aussi par un ruban de fins poils blancs. Parallèlement à cette bordure, les ailes postérieures sont décorées d’une suite de taches, de losanges et de points brun foncé.
Près du thorax et de l’abdomen, les ailes (autant antérieurs que postérieures) sont partiellement recouvertes de longs poils bruns aux reflets dorés.
Face ventrale des ailes
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La face ventrale des ailes antérieures adopte les mêmes motifs que leur face dorsale avec la différence que l’apex est plus pâle et décoré d’une bordure décorative où alternent le brun, le gris et le beige. Vers le thorax, la couleur orangée devient saumon.
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La face ventrale des ailes postérieures est complètement différente de leur face dorsale. Chamarrées de beige et de blanc, elles portent près de leur bord cinq ocelles de couleurs différentes.
Près du thorax, les ailes postérieures sont recouvertes de courts poils beiges.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8
1re photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
2e photo : 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
3e photo : 1/320 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 150 mm
4e photo : 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
5e photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 250 — 150 mm
6e photo : 1/1000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
7e photo : 1/640 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 150 mm
Publié le 24 juillet 2017 | Temps de lecture : 3 minutes
Les 22 et 23 juillet 2017, la compagnie française Artonic présentait l’événement The Color of Time, inspiré de la fête de l’équinoxe du printemps en Inde.
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En descendant à la station Beaudry, je me suis d’abord arrêté à une exposition extérieure de photographies.
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En traversant la rue Amherst, cette murale (à droite) a attiré mon attention.
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Au cours de The Color of Time, les participants reçoivent des pochettes d’amidon coloré dont on fait jaillir le contenu au moment convenu.
Finalement, tout le monde revient de cette fête moucheté de taches colorées.
De nos jours, soucieux de leur image, les gens sont de plus en plus réticents à se faire photographier par un inconnu.
Mais au cours de ce genre d’évènement — où tout le monde finit par être ‘sale’ — on accepte paradoxalement de se faire prendre en photo par le premier venu.
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Détails techniques : Olympus OM-D e-m5 mark II, objectifs M.Zuiko 12-40 mm (les 4 premières photos) et M.Zuiko 25 mm F /1,2 (les autres photos)
1re photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
2e photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm
3e photo : 1/1250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 17 mm
4e photo : 1/8000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
5e photo : 1/800 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
6e photo : 1/2000 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
7e photo : 1/1600 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
8e photo : 1/1600 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
9e photo : 1/1250 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
10e photo : 1/8000 sec. — F/1,2 — ISO 100 — 25 mm
11e photo : 1/2000 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
12e photo : 1/2000 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
13e photo : 1/8000 sec. — F/1,2 — ISO 160 — 25 mm
14e photo : 1/2500 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
15e photo : 1/640 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
16e photo : 1/1250 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 25 mm
Publié le 20 juillet 2017 | Temps de lecture : 7 minutes
Les problèmes pourrissent plus lentement que les dépouilles
Dimanche dernier, par un vote de 19 contre 16, des citoyens de la municipalité de Saint-Apollinaire ont refusé une modification de zonage qui aurait permis la création d’un cimetière musulman à proximité de leur domicile.
Après avoir lu de nombreux éditoriaux et commentaires publiés à ce sujet, j’en suis venu à la conclusion que ce fait divers est relativement sans importance.
Ce refus est certainement décevant pour le Centre culturel islamique de Québec (qui pilotait ce projet); si le ‘Oui’ l’avait emporté, cela réglait le problème des fidèles qui fréquentent sa mosquée.
Mais cela laissait intact le même problème vécu par presque tous les autres Musulmans du Québec.
En somme, un référendum positif n’aurait pas réglé grand-chose. Conséquemment, il est futile de chercher à savoir si le référendum a été rejeté pour les bonnes ou les mauvaises raisons.
En réalité, tout cela est devenu un ‘problème’ parce que les choses trainent.
On a un gouvernement prompt à nous assurer de son dévouement devant les caméras; on le voit donc la main sur le cœur — quand ce n’est pas la larme à l’œil — nous promettre d’agir promptement.
Mais quand vient ce temps d’agir, justement, il se traine les pieds.
Ceux qui regardent la retransmission télévisée de la période de questions de l’Assemblée nationale, constatent que l’excuse récurrente du gouvernement Couillard lorsqu’un dossier n’est toujours pas réglé, c’est que la faute en incombe au gouvernement Marois.
En réalité, le gouvernement Marois n’a été qu’un interlude de 18 mois dans les quinze ans de pouvoir presque ininterrompu de régime libéral. Évidemment, il n’a pas résolu tous les problèmes du Québec.
La question fondamentale à se poser est la suivante : comment se fait-il qu’après quinze ans, certains problèmes simples ne soient toujours pas réglés ?
Que les Québécois musulmans qui prennent racine au Québec veulent s’y faire enterrer, cela est légitime.
Or ce n’est pas d’hier que nous accueillons au Québec des Musulmans. Est-ce qu’il était écrit quelque part que nous les accueillions à la condition qu’ils changent de religion ? Non ? Alors qu’est-ce qu’on attend ?
Les correctifs
M. Philippe Couillard à l’aréna Maurice-Richard, le 2 février 2017
Le 2 février dernier, aux funérailles montréalaises des victimes de l’attentat terroriste de Québec, le premier ministre a appris (s’il ne le savait pas déjà) que ceux qui s’occupent ici des funérailles des Québécois musulmans rencontrent deux difficultés majeures.
A) La rareté des lieux de sépulture
La première difficulté, c’est qu’il y a très peu d’endroits au Québec où les Musulmans peuvent se faire enterrer.
La principale porte-parole des opposants à la création d’un cimetière musulman à Saint-Apollinaire justifiait son opposition en soutenant que les Québécois musulmans devaient plutôt choisir de se faire enterrer dans des cimetières multiconfessionnels.
Que les Québécois musulmans soient enterrés dans des cimetières qui leur sont exclusifs ou non, cela n’est pas important à nos yeux. Mais ce n’est pas à nous d’en juger.
Si certains Québécois musulmans en décident autrement, qui sommes-nous pour les forcer à modifier leurs préférences ?
Ceci étant dit, il faut réaliser que les milieux de droite ou d’extrême droite ont créé un climat toxique à l’égard des Québécois musulmans. Ce à quoi il faut s’attaquer, ce n’est pas aux radiopoubelles de Québec, aux partis politiques qui carburent à l’islamophobie, ni aux milices d’extrême droite comme La Meute; il faut combattre l’idéologue qui les anime.
Or changer des mentalités prend beaucoup de temps.
D’ici là, pour l’État québécois, la solution la plus simple est de consacrer des sommes d’argent aux cimetières du Québec qui voudront devenir multiconfessionnels, sous réserve de différents critères, dont celui de l’acceptabilité sociale dans leurs milieux respectifs. Cela les obligera à travailler eux-mêmes à cette acceptabilité s’ils veulent bénéficier de cette subvention.
Cela ne règle pas le problème des Québécois musulmans qui souhaitent que leurs proches soient enterrés dans un cimetière spécifiquement musulman. Mais cela règle, dans un premier temps, le problème des autres.
Une chose à la fois.
Dans tous les cas, imposer à une municipalité l’obligation d’accueillir un cimetière (confessionnel ou non) à l’encontre de la volonté de ses citoyens, cela entraine la mise sur pied de mesures répressives pour contrer la profanation des sépultures et le vandalisme des stèles ou des monuments funéraires. Concrètement, c’est l’équivalent de lutter contre le vent. Dans ce sens, ce référendum était une bonne chose.
Il y a plus de mille municipalités au Québec. Il n’est pas nécessaire que chacune d’elles ait son propre cimetière musulman ou multiconfessionnel. Il suffit que de tels cimetières se retrouvent çà et là sur l’ensemble du territoire national.
Pour ce faire, il ne faut qu’un seul prérequis; une volonté politique. Pas seulement de belles paroles.
B) L’obligation d’embaumer
Le rituel funéraire musulman a été établi dans des pays dont le climat est désertique, à une époque où la climatisation n’existait pas.
Selon ce rite, les corps sont simplement lavés et enveloppés dans un linceul avant l’enterrement. Ce linceul est composé d’un nombre impair de pièces de tissus. Quant à lui, l’enterrement doit avoir lieu dans les 24 heures qui suivent le décès.
En France, les démarches administratives font en sorte que les délais pour l’enterrement sont un peu plus longs. Conséquemment, les cercueils y sont obligatoires pour des raisons sanitaires.
Après la rareté des lieux de sépulture, le deuxième problème au Québec, c’est que seuls l’incinération ou l’enterrement après embaumement sont permis. Après embaumement, cela signifie après avoir retiré le sang et les viscères de la dépouille.
Puisque l’embaumement est interdit par le rite musulman, cela oblige les Québécois musulmans qui en ont les moyens de rapatrier les corps à l’Étranger pour que l’enterrement se fasse selon les rites de leur religion.
Que faut-il faire pour corriger cela ? C’est simple.
On consulte la norme française à ce sujet. Par couper-coller, on en fait un projet de loi en y ajoutant le préambule commun à toutes les lois du Québec. Puis on le met au feuilleton de l’Assemblée nationale et on l’adopte. C’est tout.
Comment se fait-il que rien n’a été fait depuis février dernier ? Combien faut-il de mois ou d’années pour qu’un gouvernement élu sur la promesse de s’occuper des ‘vraies affaires’ se grouille le derrière ?
Publié le 19 juillet 2017 | Temps de lecture : 5 minutes
Ixiolirion tataricum
Au premier abord, entre ‘Photographier une fleur éclairée’ et ‘Photographier la lumière émise par une fleur’, la différence semble mince; la deuxième phrase semble n’être qu’une manière savante ou affectée de dire la même chose.
Mais ce sont deux attitudes d’esprit totalement différentes.
Pendant des années, lorsque je photographiais une fleur, mon but était d’en photographier une bien éclairée.
Je la choisissais donc parfaitement exposée au soleil, relativement symétrique, souvent à pleine maturité, sans blessure d’insectes, et sans décoloration à la suite de trop de jours d’exposition.
Il me suffisait de varier l’angle de la prise de vue et la distance pour obtenir un certain nombre de photos parmi lesquelles, de retour à la maison, je choisissais la plus satisfaisante.
Mais sur place, tous les autres spécimens de cette même espèce de fleur étaient sans intérêt puisqu’identiques à celle que je venais de photographier.
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Lorsque le but est de photographier la lumière émise par des fleurs, celles-ci cessent d’être identiques.
Parmi des fleurs au pied d’un arbre, il suffira à l’une d’elles de recevoir un rayon de soleil glissé entre les branches pour devenir unique.
Et quelques minutes plus tard, alors que le soleil se sera légèrement déplacé, la même fleur sera éclairée différemment.
Un peu de vent et le feuillage laissera passer la lumière ailleurs, mettant en vedette la fleur d’à côté. Et si notre attention se porte sur cette dernière, il faudra attendre un autre coup de vent pour être en mesure de la photographier.
À l’angle de prise de vue et à la distance, s’ajoutera une autre variable, l’éclairage. On obtiendra ainsi un certain nombre de photos uniques parmi lesquelles certaines seront rapidement éliminées alors que de minuscules différences feront qu’après mure réflexion, le choix se portera finalement sur l’une d’elles, la crème de la crème.
Prise une journée venteuse, la photo ci-dessus a été choisie parce que les fleurs éclairées à droite se distinguent sur un fond sombre alors que celles moins éclairées à gauche se découpent sur une grosse tache lumineuse à l’arrière.
C’est ainsi que le choix de la photo ne dépendra plus de la beauté de la fleur mais de la mise en scène que la nature ordonne autour de cette fleur, que celle-ci soit insignifiante ou spectaculairement belle.
Astilbe x arendsii ‘Kriemhilde’
Dans le but de préserver les délicates teintes de rose de ces fleurs, il aura suffi de sous-exposer cette photo pour assombrir son arrière-fond et accentuer la théâtralité de la scène, comme si elle avait été prise de nuit.
Héliopsis faux-hélianthe
Un rayon de soleil intermittent éclairant le cœur de cette fleur sera mon unique motivation à la photographier à répétition, jusqu’à l’obtention du résultat exact que j’espérais.
Astilbe chinensis
Hier, plutôt que de marcher sur le côté ensoleillé de la rue De Chateaubriand, j’avais choisi le côté à l’ombre, non pas à cause de sa fraicheur mais dans l’espoir d’y rencontrer une plante qui, parce qu’ensoleillée, se distinguerait des autres.
Parmi les cinq photos prises, celle-ci a été retenue en raison de cette abeille, parfaitement au foyer à gauche sur fond noir, qui se dirige vers la fleur.
Célosie crête de coq ‘Bombay Candy’
Comment peut-on ne pas être séduit par l’explosion de couleurs vives de cette fleur festive ? Celle-ci a été prise ici à contrejour, afin de montrer toute la gamme des teintes qu’elle émet.
Cône de mélèze de laricin
Photographié ce matin, ce cône est mis en valeur par la lumière qui se dépose sur l’arête de ses écailles et par l’harmonie calme et tranquille de cet arrière-fond vert et beige qui lui sert d’écrin.
Ici, l’attrait principal de la photo n’est pas lié à son sujet (un cône, petit et terne) mais à la lumière, plus précisément à ses différences d’intensité et de teintes.
Précisons que ce mélèze a été planté à la mémoire de Kathy Coulombe.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (5e photo), M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 (7e photo), et M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 (les autres photos)
1re photo : 1/1000 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 135 mm
2e photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 320 — 210 mm
3e photo : 1/400 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 102 mm
4e photo : 1/200 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 60 mm
5e photo : 1/1600 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 38 mm
6e photo : 1/500 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
7e photo : 1/800 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 120 mm
Postscriptum : Je remercie Mme Marie-France Larochelle (du Jardin botanique de Montréal) pour m’avoir permis d’identifier la première de ces plantes.
Publié le 17 juillet 2017 | Temps de lecture : 1 minute
Centaurée bleuet ‘Mélange de tons bleus’
Jatrope
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Aster ‘Napsbury’
Ail penché ‘Hidcote’
Bulbophyllum annanese ‘Crownpoint’
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 60 mm F/2,8 (2e photo), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (3e photo), Lumix Leica 42,5 mm F/1,2 + filtre Hoya à densité neutre ND8 (6e photo) et M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14 (les autres photos)
1re photo : 1/320 sec. — F/4,0 — ISO 250 — 210 mm
2e photo : 1/125 sec. — F/5,6 — ISO 320 — 60 mm
3e photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 40 mm
4e photo : 1/1250 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
5e photo : 1/1250 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
6e photo : 1/250 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 42,5 mm
Publié le 15 juillet 2017 | Temps de lecture : 10 minutes
Le 24 juillet prochain marquera le cinquantième anniversaire du ‘Vive le Québec libre’ prononcé du haut du balcon de l’Hôtel de Ville de Montréal par le général de Gaulle.
Avant les vivats
À l’Expo 67, la France était représentée par un pavillon imposant (aujourd’hui occupé par le Casino de Montréal).
En raison de la tenue de cette exposition universelle, plusieurs chefs d’État s’étaient rendus à Montréal dont le président de la République française.
Le général avait préféré effectuer la traversée de huit jours de l’Atlantique en bateau. Ceci dans le but exprès de visiter la capitale québécoise avant la capitale canadienne, contrairement à ce qu’aurait exigé le protocole s’il avait utilisé l’avion.
Déjà le 23 juillet 1967, la veille de son célèbre discours, le général avait tenu à Québec des propos annonciateurs de ce qui allait suivre.
Lors d’un diner officiel au Château Frontenac, en présence du premier ministre Daniel Johnson, de Gaulle déclarait :
« On assiste ici, comme dans maintes régions du monde, à l’avènement d’un peuple qui, dans tous les domaines, veut disposer de lui-même et prendre en main ses destinées.»
Distrait par la majesté du personnage, personne dans l’assistance n’a réalisé l’énormité de ce qu’il venait de dire.
Ce plaidoyer en faveur de l’autodétermination du Québec, le général le répètera à Louiseville, sur le Chemin du Roy :
« Je vois. Je sens. Je sais qu’à Louiseville en particulier — comme dans tout le Québec, dans tout le Canada français — une vague se lève.
Cette vague, c’est une vague de renouveau.
C’est une vague de volonté pour que le peuple français du Québec prenne en main ses destinées.»
Pour l’anecdote
Dans les années qui suivirent, les stratèges fédéraux — toujours heureux de réécrire l’Histoire à leur manière — tentèrent de minimiser la portée des propos de De Gaulle.
Officiellement, le programme de la journée ne prévoyait pas que de Gaulle s’adresse à la foule amassée devant l’Hôtel de Ville. Mais le général insiste.
D’un air désolé, le maire Drapeau lui dit :
— « C’est bien dommage, mon général, mais y a pas de micro.»
Et par un hasard mystérieux dont seule l’Histoire connait le secret, l’attention du général est attirée vers une magnifique gerbe de fleurs au rebord du balcon : or cette gerbe est surmontée d’un micro.
— « Et ça, monsieur le maire, ce n’est pas un micro ?»
— « Euh… oui mon général mais il est débranché.»
En entendant cela, un technicien de Radio-Canada — qui est aussi organisateur libéral dans ses temps libres — intervient pour offrir ses services :
— « Oh c’est pas grave, monsieur le maire; je peux vous le rebrancher.»
Alors que ni la spontanéité ni l’impulsivité ne sont des caractéristiques connues du général, ce dernier se serait laissé emporté, dit-on, par l’enthousiasme de la foule et aurait prononcé l’irréparable.
Selon cette version très répandue, le général aurait donc improvisé un discours alors qu’il était fatigué et, en s’inspirant du texte d’une banderole dans la foule, n’aurait pas réalisé qu’il commettait une gaffe diplomatique.
Voici une autre version des faits.
Le 31 janvier 1969, à l’occasion d’un voyage organisé à Ottawa par le Club des relations internationales, je m’étais retrouvé — moi, simple étudiant universitaire — en présence de l’honorable Gérard Pelletier, alors secrétaire d’État du Canada.
Interrogé au sujet de la célèbre déclaration de De Gaulle, l’ex-journaliste nous avait révélé, à notre grand étonnement, qu’il était présent aux côtés du général sur le balcon de l’Hôtel de Ville.
Selon lui, toute cette affaire découlait d’un malentendu.
Abaissant le ton comme s’il allait nous révéler un secret d’État, M. Pelletier avait soutenu que la déclaration complète du général était plutôt ‘Vive le Québec libre… dans un Canada uni’ mais que ses derniers mots s’étaient perdus en raison d’une panne de micro.
En entendait cela, j’imaginais le maire Drapeau, dans l’ombre, qui débranche le fil au mauvais moment.
Croyant à tort qu’il s’agissait-là d’une plaisanterie, je n’avais pu retenir un éclat de rire, créant ainsi un malaise dans mon entourage et provoquant l’air outré du ministre Pelletier.
En réalité, de Gaulle disait ceci :
« Je vais vous confier un secret que vous ne répèterez pas.
Ce soir ici, et tout le long de ma route, je me trouvais dans une atmosphère du même genre… que celle de la Libération.
Et tout le long de ma route, outre cela, j’ai constaté quel immense effort de progrès, de développement et, par conséquent d’affranchissement, vous accomplissez ici. (…)
La France entière sait, voit, entend, ce qui se passe ici. Et je puis vous dire qu’elle en vaudra mieux.
Vive Montréal. Vive le Québec.
Vive le Québec libre !
Vive le Canada français. Et vive la France.»
De retour en France, de Gaulle confiera :
« Ah ! Si vous aviez vu cet enthousiasme. Ils s’attendaient à un appui de la France pour les aider. J’ai donc déclenché le contact.
En fait, il se peut que cela ait été un peu prématuré… Mais je suis vieux, c’était l’occasion ou jamais.
Qui d’autre, après moi, aurait eu le culot de dire cela si je ne l’avais pas dit ?»
Le contexte politique québécois
C’est au cours du mois de novembre suivant que sera créé le Mouvement Souveraineté-Association.
Au moment du discours du général, l’Union Nationale — un parti politique aujourd’hui disparu — est au pouvoir. Le Parti libéral du Québec (PLQ) est dans l’opposition. Le seul parti indépendantiste, le Rassemblement pour l’indépendance du Québec (RIN), n’a pas réussi à faire élire un député.
À l’époque, le RIN était capable de mobiliser des milliers de personnes. Mais avec seulement 3 000$ en caisse, le Conseil central du RIN décide d’exclure toute manifestation importante pour souligner la visite du général de Gaulle.
Tout au plus, les responsables montréalais mobiliseront quelques centaines de personnes dispersées parmi la foule de milliers de curieux devant l’Hôtel de Ville. Les partisans manifesteront leur présence grâce à des pancartes où on pourra lire ‘RIN’ et ‘Québec libre’.
Quand de Gaulle déclare ‘Vive le Québec libre’, il cite un slogan du RIN. Dans la foule, même les partisans de cette formation politique n’en croient pas leurs oreilles.
L’accélération de l’Histoire
La visite du général est écourtée. Le gouvernement fédéral est furieux. La visite de De Gaulle à Ottawa est annulée. Dans les faits, ce dernier est expulsé du pays.
À Québec, les députés du PLQ condamnent l’intervention de De Gaulle dans les affaires intérieures du pays. Seul le député libéral François Aquin fait exception. Quatre jours plus tard, il quitte le PLQ pour siéger comme indépendant.
Le 2 aout 1967, trois-mille partisans du RIN entonnent La Marseillaise au cours d’un rassemblement à Montréal.
Porté par cette ferveur nationaliste, René Lévesque dévoile publiquement, le 18 septembre 1967, le cadre constitutionnel canadien qu’il souhaite faire adopter le mois suivant au congrès du PLQ.
Beaucoup plus tard, René Lévesque qualifiera ce cadre de ‘manifeste souverainiste’. Il y propose…
…un régime dans lequel deux nations (…) s’associent librement dans une adaptation originale de la formule courante des marchés communs, formant un ensemble qui pourrait, par exemple (…) s’appeler l’Union canadienne.
Mais le 14 octobre, la proposition de René Lévesque est battue. Le débat est à ce point acrimonieux qu’avant même la tenue de ce vote à main levée, René Lévesque annonce aux congressistes qu’il démissionne du PLQ. Sous les huées, il quitte aussitôt la salle accompagné de soixante personnes.
Un mois plus tard, les 18 et 19 novembre, à l’appel de René Lévesque, quatre-cents délégués fondent le Mouvement Souveraineté-Association (MSA), précurseur du Parti Québecois.
Pour justifier à postériori, son manque d’enthousiasme de l’époque face à la déclaration du général, René Lévesque écrira en 1970 :
« Au moment où de Gaulle passait au balcon, nous étions au contraire tout un groupe à terminer un manifeste souverainiste sur lequel nous n’avions pas eu l’occasion de le consulter !
Je me rappelle que le cri gaulliste — dont la valeur ‘publicitaire’ demeure inestimable — eut même pour effet de retarder un peu notre démarche. Nous ne voulions pas qu’elle parût accrochée à cette intervention du dehors, si prestigieuse fût-elle.»
Les quatre mois qui ont changé l’histoire du Québec
Entre le ‘Vive le Québec libre’ et la fondation du MSA, il ne s’est écoulé que quatre mois.
À l’étranger, le mouvement indépendantiste n’était connu que par les bombes que des terroristes avaient fait exploser au Québec quelques années plus tôt.
Par ce discours du général, la France annonce officiellement qu’elle est favorable à la création d’un État indépendant au Québec.
Parmi les intellectuels francoQuébécois, on passe soudainement du pleurnichage contre cette France monarchique qui a abandonné le Québec au lendemain de la conquête anglaise, à la joie face à cette France républicaine, soucieuse d’accompagner le Québec dans ses choix.
Au-delà des attitudes bienveillantes, la coopération franco-québécoise connait à partir de 1967 un essor remarquable.
Le général de Gaulle n’a pas provoqué l’émergence du nationalisme québécois. Il a servi d’accélérateur à un bouillonnement plus ou moins clandestin qui devait émerger de toute manière et dont l’élan sera stoppé beaucoup plus tard par deux défaites référendaires.
Publié le 14 juillet 2017 | Temps de lecture : 3 minutes
Introduction
En 2011, j’écrivais un texte qui critiquait la manie de certains fournisseurs de biens ou de services (nommément Apple), manie qui consiste à obliger leurs utilisateurs à consentir à un contrat d’utilisation abusivement long et rédigé en jargon juridique.
En commentaire, j’ajoutais : «…en obligeant (théoriquement) tout le monde à accepter des contrats que personne ne lit, les compagnies comme Apple créent une habitude irresponsable parmi le public soit celle d’accepter n’importe quoi en faisant confiance.»
La clause Hérode
En 2014, l’entreprise F-Secure réalisa une expérience au cours de laquelle n’importe qui pouvait se connecter gratuitement à une borne wifi installée par elle à Londres. Il suffisait de consentir à un contrat d’utilisation.
Ce contrat contenait une ‘clause Hérode’, du nom d’Hérode Ier, ce roi de Galilée qui fit exterminer tous les enfants de moins de deux ans de la région de Bethléem.
Dans ce cas-ci, cette clause stipulait que pour utiliser cette borne wifi, l’utilisateur consentait à donner à la compagnie le premier-né de ses enfants.
Seulement six personnes y consentirent. Ce tout petit nombre s’explique par le fait que le contrat était court et que cette clause était placée de manière à ce qu’il était difficile de ne pas la voir.
Dans aucun cas, F-Secure n’a tenté de se prévaloir de cette clause.
Mille heures de travail communautaire
Le fournisseur d’Internet Purple offre des bornes wifi dans un grand nombre de restaurants de la région de Manchester, notamment chez Outback Steakhouse et Pizza Express.
Afin de vérifier la proportion de ses utilisateurs qui ne se donnent pas la peine de lire ses contrats d’utilisation, Purple s’est livré à l’expérience suivante.
Pendant deux semaines, cette compagnie a ajouté au texte de son contrat une clause en petits caractères stipulant que l’utilisateur s’engageait à effectuer mille heures de travail communautaire en échange d’un accès gratuit à l’internet dans les restaurants desservis par le réseau de Purple.
En seulement deux semaines, plus de 22 000 personnes se sont engagées légalement à nettoyer les toilettes mobiles de festivals extérieurs, à gratter les gommes à mâcher collées sur la voie publique, à enlever les matières fécales laissées par les animaux de compagnie dans les parcs, etc.
Une seule personne a contacté Purple pour se plaindre du caractère abusif de ce contrat (qu’elle avait refusé de signer).
Heureusement, là non plus, la compagnie n’avait pas l’intention de se prévaloir du pouvoir conféré par cette disposition contractuelle.
Autrement, Manchester serait la ville la plus propre au monde…