Publié le 4 mai 2017 | Temps de lecture : 4 minutes
Avant-propos : Le texte qui suit est la deuxième version d’un texte paru plus tôt aujourd’hui sous un titre erroné.
Dans sa première version, ce texte déclarait que le Canada était membre du Conseil économique et social de l’ONU, soit l’organisme responsable de la nomination de l’Arabie saoudite à la Commission de la condition de la femme des Nations Unies.
Cela est inexact : le Canada en a démissionné en 2014. Il n’a donc pas participé à l’élection de l’Arabie saoudite, contrairement à ce que j’affirmais plus tôt.
Je m’en excuse.
Le 19 avril 2017, l’Arabie saoudite a été élue membre de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CCF). Cette commission est le principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes.
Pourtant, selon le Forum économique mondial sur les inégalités sexuelles, la dictature saoudienne occupe un des derniers rangs mondiaux à ce sujet.
Très justement, dans une lettre publiée aujourd’hui dans Le Devoir, des intellectuels québécois rappellent que lors de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948, l’Arabie saoudite s’était abstenue de voter à l’ONU sous le motif de l’incompatibilité de son régime politique avec le principe d’égalité entre les femmes et les hommes garantie par cette déclaration.
La misogynie est très répandue en Asie. Mais l’Arabie saoudite se distingue par le fait que c’est le seul pays sur Terre qui exporte et promeut sa misogynie par le biais du wahhabisme.
Selon les documents officiels de l’Arabie saoudite, ce pays a dépensé environ 70 milliards de dollars américains entre 1975 et 2002 à la promotion de son idéologie haineuse.
L’élection de ce pays à la CCF est donc un scandale; c’est la démonstration du pouvoir corrupteur de l’argent, même à l’ONU.
S’il devait se prononcer à ce sujet, le Canada sera tenté de protester du bout des lèvres, comme il l’a fait dans sa défense pitoyable de Raïf Badawi.
Cette mollesse se justifiera ici par la crainte de mettre en péril les emplois créés par l’achat saoudien de blindés canadiens.
De plus, le Canada a l’ambition de retrouver le siège prestigieux qu’il occupait autrefois au Conseil de sécurité de l’ONU.
Or grâce à ses pétrodollars, l’Arabie saoudite contrôle un certain nombre de votes qui pourraient s’avérer précieux si le scrutin à ce sujet devait être serré.
La diplomatie canadienne ne voudra donc pas indisposer l’Arabie saoudite puisqu’une victoire au Conseil de sécurité lui apportera plus de gains politiques au sein d’une population canadienne présumée stupide et manipulable que le discrédit à son égard que pourraient tenter de susciter quelques féministes dont on oubliera vite l’indignation.
Afin de lutter contre une stratégie diplomatique qui trahit les valeurs fondamentales d’égalité des sexes, j’invite tous les lecteurs de ce blogue à écrire au premier ministre du Canada, M. Justin Trudeau pour exiger que le Canada entame une offensive diplomatique destinée à obtenir le retrait de l’Arabie saoudite de la Commission de la condition de la femme de l’ONU.
Le droit des femmes à l’égalité a préséance sur les ambitions vaniteuses du Canada d’occuper un siège au Conseil de sécurité.
Conséquemment, tous les mouvements féministes au pays se doivent d’entreprendre une action concertée dans le but de forcer la main du gouvernement Trudeau.
Sans un vaste élan de solidarité et un appel au respect de la dignité des femmes, ce gouvernement s’aplatira devant la dictature saoudienne.
Publié le 3 mai 2017 | Temps de lecture : 7 minutes
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Introduction
L’entomophagie est la consommation d’insectes.
En 2013, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture publiait un rapport-choc favorable à l’élevage des insectes afin de favoriser la sécurité alimentaire.
À moins d’une guerre mondiale d’ici là, il y aura neuf-milliards d’humains en 2050. Pour les nourrir, la production alimentaire devra doubler.
Présentement, l’élevage mondial du bétail mobilise 70% (!!!) des terres agricoles. Les océans sont déjà surexploités.
Toute majoration importante de l’élevage des animaux de boucherie et des surfaces cultivées accentuera la déforestation et mettra en péril les réserves d’eau douce.
Selon l’ONU, répondre à cette demande accrue nécessitera des solutions innovantes.
L’entomophagie est déjà une réalité
Les insectes constituent l’alimentation naturelle de nombreux poissons et de nombreux oiseaux.
Un grand nombre de peuples consomment des insectes par choix, en raison de leur goût et de leur place dans leur gastronomie. C’est ainsi que les insectes font partie des repas traditionnels d’au moins deux-milliards de personnes.
Parmi les 1,4 million d’espèces animales décrites sur Terre, les deux tiers sont des insectes. On croit qu’il en existe des millions d’autres, inconnues.
Du nombre connu, seulement 5 000 sont considérées comme dangereuses pour les cultures, le bétail et les humains, et seuls 1 900 sont mentionnées comme aliments humains.
En ordre décroissant, les insectes les plus consommés sont :
• 31% — les coléoptères (scarabées)
• 18% — les lépidoptères (chenilles)
• 14% — les hyménoptères (abeilles, guêpes et fourmis)
• 13% — les orthoptères (sauterelles, criquets et grillons)
• 10% — les hémiptères (cigales, cicadelles, cochenilles et punaises)
• 3% — les isoptères (termites)
• 3% — les odonates (libellules)
• 2% — les diptères (mouches)
• 5% — divers.
Avantages et inconvénients
Les insectes sont nutritifs. La teneur en oméga-3 du ver de farine est comparable à celle du poisson et bien supérieure à celles du bétail. Ses teneurs en protéines, vitamines et minéraux sont comparables à celles du poisson et de la viande.
Les avantages de l’élevage des insectes pour l’alimentation humaine et animale reposent sur son efficacité.
Contrairement aux animaux à sang chaud qui doivent utiliser une partie de leur alimentation afin de maintenir leur température corporelle, les insectes sont à sang froid. Pour cette raison, ils convertissent très efficacement leurs aliments en masse corporelle.
Les grillons n’ont besoin que de 1,7 kilogramme d’aliments pour accroitre leur poids d’un kilogramme.
Pour produire la même quantité de protéines, les grillons ont besoin de douze fois moins d’aliments que les bovins, quatre fois moins que les ovins, et la moitié de ce qui est requis par les porcs et les poulets.
Plus de 80% du grillon est comestible et digeste, à comparer avec 55% du poulet et du porc, et 40% du bœuf.
L’élevage des insectes ne requiert pas de défrichement de nouvelles terres.
L’élevage du bétail est responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre, soit davantage que le secteur des transports. Par contre, les insectes estimés propices à la consommation humaine en Occident émettent cent fois moins de GES.
L’agriculture consomme environ 70% de l’eau douce mondiale. On a estimé que la production d’un kg de protéines animales demandait 5 à 20 fois plus d’eau que la production d’un kg de protéines végétales.
Toutefois, si on tient compte de l’eau requise pour la production de fourrage ou de protéines végétales utilisées à nourrir les animaux de boucherie, la production d’un kg de poulet demande 2 300 litres d’eau, un kg de porc demande 3 500 litres et un kg de bœuf demande entre 22 000 litres et 43 000 litres.
En comparaison, le volume d’eau requis pour produire un kilogramme d’insectes est infiniment moindre.
À l’exception des insectes piqueurs qui, de toute manière, ne servent jamais à la culture intensive, on ne connait aucune pandémie humaine susceptible d’être provoquée par l’élevage intensif des insectes.
Les microorganismes de la flore intestinale des insectes vivants sont distincts des pathogènes des vertébrés. Dans presque tous les cas, ils peuvent être considérés comme inoffensifs pour les humains. Voilà pourquoi beaucoup d’insectes, comme les petits poissons, sont consommés en entier.
Ceci étant dit, aux Pays-Bas, trois espèces d’insectes (le ver de farine, le petit ver de farine et le criquet migrateur) peuvent être achetées à des fins de consommation humaine. Avant leur mise à mort, un jour de jeûne leur est imposé pour s’assurer que leur système digestif soit vide.
En contrepartie, les allergies induites par l’ingestion d’insectes sont rares, mais elles existent. Quelques cas de réactions allergiques aux arthropodes ont été signalés.
Les défis
Le principal défi de la production d’insectes à des fins d’entomophagie humaine en Occident est lié à son acceptabilité sociale et notamment au dégout qu’ils provoquent.
À des fins d’entomophagie animale, c’est plutôt les couts de production qui est le principal frein à leur utilisation puisque l’automatisation et de la mécanisation des procédés ne sont pas optimales. Si bien que les produits issus des insectes sont actuellement substantiellement plus chers que les produits carnés habituels.
C’est ainsi que les vers de farine coutent approximativement trois fois plus cher que le porc et environ cinq fois plus que le poulet.
L’engouement soudain pour le grillon domestique
La plus grande ferme de grillons en Amérique du Nord est située à Norwood, en Ontario.
Après seulement trois ans d’exploitation, la surface des bâtiments de la ferme est passée de 450 mètres² à 5 500 mètres². Selon Jarrod Goldin, président d’Entomo Farms, pour répondre à la demande, il lui faudrait 3 500 mètres² d’espace additionnel.
Ce qui contribue à la popularité du grillon domestique pour l’alimentation humaine, c’est qu’il est riche en vitamine B12 (5,4μg par 100g chez les adultes, soit plus que le bœuf, le porc et le poulet). Cette vitamine est totalement absente des végétaux.
Cet insecte contient plus de calcium que le lait et autant d’oméga-3 que le poisson.
Chez Entomo Farms, on produit 400kg d’insectes par jour à partir des 900 millions de grillons qu’on y élève par année.
Ils y vivent à 32°C sous une atmosphère saturée d’humidité. Aux mêmes conditions, l’odeur d’une ferme d’élevage d’animaux de boucherie serait toxique à respirer, ce qui n’est pas le cas des grillons.
Leurs œufs éclosent en dix jours et les insectes atteignent leur taille adulte en six semaines.
À l’intérieur des bâtiments, les grillons vivent ‘librement’ dans de simples séparateurs de boites de carton. Des grains de maïs et de soya en poudre sont placés sur des plateaux à proximité; les insectes y vont manger à leur guise.
En plus, les insectes n’ont besoin que de quelques gouttes d’eau par jour.
À Montréal, uKa Protéine propose des grillons rôtis et des barres tendres à partir de farine d’insectes.
Virebibittes et La Ferme d’insectes en Estrie, de même que Tarzan Nutrition à Sherbrooke, se sont ajoutés à la liste des producteurs québécois d’aliments à base d’insectes.
Organisé de 1993 à 2005 par l’Insectarium de Montréal, l’évènement Croque-insectes a connu un grand retentissement. Cette initiative bien en avance sur son temps a marqué l’imaginaire de milliers de Montréalais.
Aux intéressés et aux curieux, précisons que cette dégustation est de retour à l’Insectarium du 15 juin au 4 septembre 2017.
Publié le 1 mai 2017 | Temps de lecture : 5 minutes
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Au secondaire, dès qu’on m’enseigna la chimie, ce fut le coup de foudre.
Dans les vitrines de Noël de Beaudry Sports, parmi les lumières scintillantes et les couleurs criardes des objets en vitrine, rien n’avait autant attiré mon attention que ce nécessaire de chimie Kay, importé d’Angleterre.
Le manuel d’instruction donnait la recette de 162 expériences permettant de découvrir quelques-uns des plus extraordinaires secrets de la composition de l’univers.
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Pouvais-je imaginer qu’un an ou deux plus tard, mes parents m’offriraient le triptyque métallique Chemistry Lab No. 510. Avec un nom pareil, il ne pouvait s’agir que d’un produit américain. Plus moderne et plus complet, cet outil fit reculer davantage les frontières de l’inconnu.
Adolescent, j’adorais la chimie. C’était simple, logique et parfaitement prévisible. Bref, le contraire des filles. Au cours d’une démonstration, combien de fois ai-je vu des professeurs de physique perdre la face ? Jamais ceux de chimie.
Dans la cuisine abandonnée du premier étage de la maison familiale, le comptoir émaillé faisait office de table de laboratoire. Son lavabo servait à faire disparaitre discrètement les traces des innombrables échecs de mes premières expériences.
Que de liquides nauséabonds, que d’écumes dangereusement envahissantes ont disparu dans les profondeurs des égouts de la ville…
En pré-universitaire, j’étudiais au collège Roussin. À l’époque, le ministère de l’Éducation n’attachait aucune importance aux notes attribuées par cette institution privée en cours d’année; seul son examen à lui, en fin d’année, comptait.
Nous étions tous réunis dans l’aréna du collège, transformé pour l’occasion en grande salle d’examen.
Chacun d’entre nous était attablé derrière son pupitre. Celui-ci était parfaitement aligné au sein d’une des six rangées qui s’étendaient jusqu’au fond de l’ancienne patinoire.
Dans les estrades, des surveillants marchaient de long en large, prêts à débusquer les tricheurs.
Au départ de l’examen, un messager apportait au surveillant principal une mystérieuse enveloppe scellée renfermant les questionnaires ministériels. Ceux-ci étaient immédiatement distribués.
Il s’agissait de cinquante questions à deux points.
Les deux heures de ce sprint se déroulèrent au son feutré du papier labouré par des crayons à mine ou frotté nerveusement par des effaces. Parfois, un crayon échappé sur le ciment faisait résonner au loin la voute métallique de l’aréna.
Après les quelques semaines nécessaires à la compilation des résultats, je pris connaissance de ma note; 99,8%.
99,8% ? Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Comment peut-on avoir un tel score à l’issue d’un examen de cinquante questions à deux points ? Ce peut être 98% ou 100% mais rien entre les deux.
Ma première hypothèse fut que la moyenne québécoise avait été trop basse et qu’on aurait majoré tous les résultats par un certain pourcentage. Une chose impensable de nos jours…
Ou – seconde hypothèse – que les fonctionnaires du ministère ont réalisé que certaines questions avaient été mal rédigées et conséquemment mal comprises : on aurait donc compilé les notes en ne tenant compte que des ‘bonnes’ questions et reporté le tout en pourcentage.
Cela donnerait 99,8%. Bon.
Si cela peut être frustrant d’ignorer la note qu’on méritait vraiment, on se console très vite avec 99,8%.
Mais imaginons une troisième hypothèse.
Supposons que le ministère de l’Éducation n’ait pas prévu que quelqu’un puisse obtenir une note parfaite. Incapable d’accorder 100%, on aurait mis le maximum prévu soit 99,8%.
Alors là, ce n’est plus pareil.
Imaginez. Obtenir 60%, cela n’est pas trop forçant.
En étudiant quelques heures de plus, on peut atteindre 70%.
Pour avoir 80%, c’est déjà plus difficile.
Mais passer à 90% et même à chaque pourcentage supplémentaire, la somme de travail devient exponentielle.
Voilà pourquoi, par exemple, passer de 98% à 100%, cela exige un travail colossal.
Évidemment, je n’ai pas passé mes nuits à préparer cet examen. Mais si le hasard a fait que j’ai bien répondu à toutes les questions, cette chance inouïe ne s’était jamais produite avant et ne s’est jamais reproduite depuis.
C’est comme la différence entre avoir tous les chiffres à la loterie ou en manquer un. Qu’est-ce qui est préférable ? Gagner cinquante-millions$ ou une belle participation gratuite ?
Le plus triste dans cette histoire, c’est que même sur mon lit de mort, il y aura toujours un doute dans mon esprit; ai-je bénéficié de la majoration d’une note insignifiante ou avais-je, pour une fois dans ma vie, touché à la perfection…
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 17 mm
2e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 500 — 17 mm