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Avec son étiquette qui rappelle celle de l’eau de Cologne No 4711, le gin artisanal St-Laurent ressemble à un gros flacon de parfum. Cela n’est pas une coïncidence.
La meilleure manière de l’apprécier, c’est d’en verser une petite quantité — 50 ml suffisent — dans un ballon ou dans n’importe quel verre qui permet à sa fragrance de s’accumuler.
Ne vous pressez pas de le boire; il faut d’abord le humer à petites doses répétées.
La première chose qui monte au nez est une intense odeur de conifère. Ce n’est pas du sapin. Ce n’est pas de l’épinette, C’est l’odeur résineuse des baies de genévrier qui donnent aux gins leur appellation.
Cette odeur s’impose comme une évidence. À la manière d’un mur contre lequel une voiture se serait précipitée.
Pour s’excuser de ce manque exquis de délicatesse, la boisson révèle ensuite un parfum caressant d’agrume. On est alors simultanément dans la forêt boréale et sous les tropiques.
Puis à la toute fin, une odeur salée d’algues s’offre subtilement à votre nez. Comme un souvenir lointain de marée basse.
Et dans les émanations les plus indistinctes, entre la prémonition et l’intuition, plane le spectre des lichens et de la tourbe qui nous amène dans la toundra québécoise.
En bouche, l’alcool monte soudainement jusqu’au nez. Un goût d’oranges amères précise la nature du parfum d’agrume remarqué plus tôt.
Puis la boisson taquine les papilles gustatives de l’amer, du salé et de l’acide, soit une bonne partie des saveurs primaires décelables par le gout.
Contrairement à toutes ces boissons qu’on cale en faisant cul sec — comme pour écourter une pénitence ou s’enivrer le plus tôt possible — le gin St-Laurent est de ces breuvages qui vous obligent à faire une pause. De ces breuvages qui vous proposent une étonnante odyssée sensorielle, de la montagne à la mer, du dégel printanier à l’été, sans quitter les rives de votre verre de gin.
Parus depuis :
La Distillerie du St. Laurent croule sous les dettes (2023-03-24)
C’est la fin pour la Distillerie du St. Laurent (2024-05-17)
Sur le même sujet : Des algues jusque dans le gin
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 25mm F/1,2 — 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 400 — 25 mm
Je cours en acheter une bouteille!
Une suggestion pour une boisson qui l’accompagnerait ? Parce que, d’après mon souvenir, il me semble que le gin ne se boit pas pur.
Merci !
En écrivant ce texte qui, je l’avoue, ressemble à une infopublicité, je me disais : « Si ce texte ne réussit pas à sortir M. Pisonneault, de son mutisme, c’est que quelque chose de grave lui est arrivé…»
Je suis donc soulagé de lire votre commentaire.
J’ai acheté ce gin par curiosité, après avoir regardé un épisode de Curieux Bégin au cours de laquelle on en parlait de manière élogieuse.
En particulier, on y précisait qu’il a valu à son fabricant le titre de meilleure distillerie de gin au Canada à l’édition 2016 de la New York International Spirits Competition.
En raison de sa légère amertume, ce gin est un carminatif. Peut-être est-ce le cas de tous les gins. Je ne sais pas. Je ne bois des spiritueux que très rarement. En fait, presque jamais.
J’ai ouvert ma bouteille il y a seulement deux jours, comme en témoigne la bouteille presque pleine photographiée ce matin.
Jusqu’ici, je m’en suis servi comme apéritif avant le repas du soir. La quantité que je me sers n’est que de 50 à 60ml autant par avarice que pour me forcer à le déguster.
Je le bois pur, à la température de la pièce, afin de maximiser l’impact de son parfum. Ma séance de dégustation dure dix à quinze minutes.
J’imagine qu’il y a une multitude de manières d’apprécier un breuvage. C’est la mienne. La vôtre sera toute aussi valable.
SUR LES RIVES D’UN VERRE…
J’ai trouvé très bien écrit, très joli, plein de poésie alors, je viens approcher mes lèvres de cette bouteille ronde, étrange, aux parfums subtils, au goût agréable…
Mais J.Pierre, ne serait-ce d’en boire un peu, à l’apéro du soir qui vous aurait donné l’Inspiration ?
L’Inspiration d’avoir fait bondir Pierre… Vous connaissez, donc, bien vos lecteurs…
Et, le stylo, posé délicatement devant la bouteille… ce c’est pas un hasard non plus…
Pourquoi donc, le stylo se joindrait à la bouteille chez certaines personnes ?
Pourquoi donc, certains auraient besoin de boire avant d’écrire ?
Pourtant, Moi, je n’ai jamais pris une cuite de ma vie… je n’ai même, jamais, puisé mon Inspiration au fond d’une bouteille…Des fois, je n’y crois même pas à tout ce que j’ai au fond de mon puits…
Alors, J.Pierre, je prendrai juste un verre de bière… c’est ce que je préfère… parce qu’au fond, tous ces alcools forts me font un peu peur et, ne peuvent, absolument rien, à tous mes états d’AME !
… JE NE M’Y NOIERAI POINT !
Ce qui a inspiré ce texte, c’est l’impact sensoriel du produit.
Tout comme vous, consommer de l’alcool ne m’a jamais inspiré; je ne crois pas que je pourrais intéresser mes lecteurs avec les propos décousus et la logique boiteuse que j’aurais en étant ivre.
Pour ce qui est de la photo, je n’arrivais pas à trouver un arrière-plan dépouillé approprié. J’ai donc décidé, au contraire, de le représenter dans l’endroit le plus bordélique de mon appartement; ma table de cuisine.
Je n’y mange qu’au petit déjeuner. Le reste de la journée, c’est ma table de travail, là où je passe la majorité de mon temps à l’ordinateur, là d’où je vous écris maintenant.
Et plutôt que de tout ranger, j’ai choisi de réorganiser — avec une savante négligence — les objets qui s’y trouvaient déjà et d’estomper leur présence par une très faible profondeur de champ.
Par exemple, le stylo est un élément de la composition de l’image. Comme le sont parfois les passants dans certaines de mes photos de voyage.
Ce stylo était sur la pile de papier plié qui me sert à prendre des notes et qu’on voit derrière lui.
Mais je l’ai mis là, sur la photo, simplement pour meubler le coin inférieur droit de l’image. Imaginez la photo sans lui et le bas de l’image est un peu vide.