Starmania, l’opéra prophétique

15 février 2017

 
Un télé-crochet se définit comme une émission télévisée conçue comme un concours de chant, où les candidats sont soumis au vote d’un jury.

Le 21 janvier dernier, au télé-crochet Singer 2017 de la chaine chinoise Hunan-TV, un jeune Kazakh appelé Dimash Kudaibergenov, 22 ans, interprétait SOS d’un terrien en détresse.

De si1 à mi5, l’étendue vocale de M. Kudaibergenov couvre ici presque quatre octaves, soit de la tessiture du baryton léger à celle du soprano.

Disponible sur l’internet, son interprétation a été vue des millions de fois en trois semaines et a été analysée depuis (en anglais) par des professeurs de chant.

Or cette chanson, redoutée par les interprètes en raison de sa difficulté, est tirée d’un opéra rock futuriste appelé Starmania, écrit il y a trois décennies par Michel Berger et Luc Plamondon.

Dans la foulée de ce succès médiatique, on me permettra d’attirer l’attention sur une partie du libretto qui, de nos jours, prend des allures prophétiques.

Du haut de sa Tour Dorée de 121 étages, Zéro Janvier est le maitre de l’Occident unifié. Il s’agit un milliardaire devenu président de l’Occident après avoir fait campagne sur le retour à l’ordre, le saccage nécessaire des richesses naturelles, et sur l’édification d’un nouvel ordre mondial.

Le discours électoral que lui a écrit Luc Plamondon est le suivant :

La foule :

Zéro Janvier,
Président de l’Occident.
(trois fois)

Zéro Janvier :

Pour enrayer la nouvelle vague terroriste,
Nous prendrons des mesures extrémistes.
Nous imposerons le retour à l’ordre
Si on ne peut pas vivre dans la concorde.
Nous mettrons la capitale
Sous la loi martiale.

La foule :

Zéro Janvier,
Président de l’Occident.

Zéro Janvier :

En ce qui concerne la pénurie d’énergie,
Vous connaissez déjà ma stratégie :
Quand nous aurons vidé le fond des mers,
Nous serons prêts à vivre ailleurs que sur terre.
Notre prochaine capitale
Sera une station spatiale.

La foule :

Zéro Janvier,
Président de l’Occident.

Zéro Janvier :

Cessons de nous ruiner pour le tiers monde
Qui nous remerciera bientôt avec des bombes.
Assurons d’abord notre survivance.

Je suis, pour l’Occident, l’homme de la dernière chance.
Je suis, pour l’Occident, l’homme de la dernière chance.


Nous bâtirons le nouveau monde atomique
Où l’homme ne sera plus esclave de la nature
Laissons le passé aux nostalgiques
Vivons l’aventure du futur.

Paru depuis :
«Make Monopolis Great Again» (2019-04-06)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le désert de l’amour

14 février 2017

Le taux de natalité au Japon est le 224e au monde. Par mille personnes, on y compte plus de morts (9,6) que de naissances (7,8).

En plus, son imperméabilité à l’immigration fait en sorte que son taux de croissance démographique est au 214e rang mondial. Depuis une décennie, sa population décroit.

En 2012, le taux de fertilité avait légèrement augmenté mais le nombre des naissances avait diminué. Ce paradoxe s’explique par la diminution du nombre des femmes en âge d’enfanter (sur lesquelles serait calculé le taux de fertilité); l’âge moyen de la mère à la naissance de son premier enfant est de 30,2 ans.

C’est également en 2012 que pour la première fois au Japon, les ventes de couches pour adulte ont dépassé celles des couches pour bébé.

Le ratio des retraités vs la population active représente une menace pour les finances publiques, de loin les plus endettées au monde (230% du PIB).

Au rythme actuel, sa population actuelle de 126 millions de personnes aura diminué du tiers en 2060.

Dans ce pays, les adolescentes et les femmes de moins de 25 ans adoptent des tenues vestimentaires à l’allure virginale et prépubère, agissant comme un repoussoir auprès des garçons de leur âge.

Comme des moines, les jeunes hommes japonais apprécient la beauté féminine mais ont appris à vivre sans relation sexuelle, la vie de couple étant estimée trop compliquée pour eux.

Des treize millions de célibataires qui vivent chez leurs parents, trois-millions ont plus de 35 ans.

61% des hommes et 49% des femmes y sont non seulement célibataires, mais libres de toute attache sentimentale. Bref, le Japon est le désert de l’amour.

La soumission à l’autorité fait en sorte que les employeurs s’attendent à ce que les employés acceptent toute demande d’heures supplémentaires et toute modification de l’horaire de travail.

Ces contraintes sont lourdes à supporter pour les femmes qui ont des responsabilités familiales. De plus, environ 70% des Japonaises quittent leur emploi à la naissance de leur premier enfant.

Voilà pourquoi, dans les grandes entreprises japonaises, un certain nombre de travailleurs masculins forment le cœur de la force de travail permanente, auquel se greffe une force d’appui temporaire composée de quelques autres travailleurs masculins mais surtout de femmes.

Dans le pays, le taux d’activité professionnelle des femmes est de 50% (comparativement à 78% pour les hommes). Seules 55% des femmes ont un emploi jugé régulier, comparativement à 87% chez les hommes.

Au sein de la société patriarcale japonaise, cette discrimination crée une pression indue chez les femmes soucieuses de conserver leur autonomie financière ou désireuses de poursuivre une vie professionnelle. Celles-ci en viennent donc à considérer sans enthousiasme la perspective d’une vie de famille.

On estime que 40% des jeunes Japonaises ne connaitront jamais la maternité.

Parallèlement à la montée du célibat, les nouveaux appartements sont de plus en plus petits, les restaurants où les clients mangent debout se multiplient, et les portions uniques à l’épicerie deviennent la norme.

Mais j’y pense : quel drôle de texte pour la Saint-Valentin…

Références :
CIA World FactBook: Japan
Japan’s fertility rate logs 16-year high, hitting 1.41
Les mutations du marché du travail au Japon
Why have young people in Japan stopped having sex?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Chagall et la musique — Les racines

13 février 2017

Au sortir de la première salle de l’exposition, les visiteurs accèdent à deux salles successives consacrées aux racines culturelles et religieuses de Chagall.

Les origines

Aperçu de la deuxième salle de l’exposition

De forme circulaire, la première salle présente certaines des toiles les plus personnelles de Chagall alors que la suivante, rectangulaire, illustre les thèmes récurrents du peintre.

Dans cette salle, deux œuvres ont attiré mon attention.

David à la mandoline (1914)

Dans cette composition oblique où aucune ligne importante n’est droite, Chagall représente son frère David, décédé plus tôt cette année-là de la tuberculose.

Le musicien est représenté en plongée, entouré de noir, le teint verdâtre, le regard triste tourné vers le sol, donnant l’impression qu’il est sur le point de basculer dans le vide.

Serrant la caisse de résonance de sa mandoline sur le cœur, David pince un médiator triangulaire (forme symbolique divine) comme si la musique pouvait emprunter la voix de Dieu pour le réconforter sur le chemin de la mort.

Homme-coq au-dessus de Vitebsk (1925)

Exilé à Paris, Chagall représente peut-être ici son désir de retourner un jour dans sa ville natale, Vitebsk, y annoncer le renouveau — comme le coq annonce le lever du jour — et l’espoir d’un avenir heureux (comme le suggère son costume de saltimbanque).

Les thèmes

Aperçu de la troisième salle de l’exposition

C’est dans cette salle que le spectateur prend la juste mesure de l’immense talent de Chagall.

La Naissance (1911-1912)
La Mort (1908-1909)
Le Rabbin de Vitebsk (1914-1922)
Le Violoniste vert (1923-1924)
Golgotha (1912)

Chez Chagall, la crucifixion de Jésus de Nazareth symbolise la persécution et la souffrance du peuple juif.

Ici, la nudité de Jésus est cachée par un tissu orné d’étoiles de David : dans d’autres de ses œuvres, Chagall utilisera plutôt un talit, ce châle de prière juif.

Cette grande toile, vendue à Berlin en 1914, sera la première œuvre de Chagall vendue hors de Russie.

Autoportrait aux sept doigts (1912)

Cette toile fait référence à un proverbe yidiche selon lequel celui qui fait les choses de ses sept doigts s’applique de tout son cœur.

C’est l’équivalent de l’expression québécoise ‘donner son 110%’.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8 (1re et 4e photos) et objectif M.Zuiko 25 mm F/1,2 (les autres photos)
 1re photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 8 mm
 2e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm
 3e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 250 — 25 mm
 4e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 8 mm
 5e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 640 — 25 mm
 6e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 1000 — 25 mm
 7e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 400 — 25 mm
 8e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 500 — 25 mm
 9e  photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 800 — 25 mm
10e photo : 1/60 sec. — F/1,2 — ISO 320 — 25 mm


Pour consulter tous les textes de ce blogue consacrés à l’exposition Chagall et la musique, veuillez cliquer sur ceci

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Douzième arrondissement de Paris

11 février 2017

 
Introduction

En descendant la Seine vers Paris, le premier arrondissement que l’on rencontre à tribord, c’est le douzième.

En raison de la taille du bois de Vincennes (9,95 km²), cet arrondissement est le deuxième plus vaste (avec ses 16,63 km²).

Sa population, croissante depuis la création de l’arrondissement en 1860, atteignait 144 719 personnes en 2013.

La tribu gauloise des Parisii, installée au IIIe siècle avant notre ère sur le territoire de Nanterre (dans la banlieue ouest de Paris), a donné son nom à la capitale française.

Mais en 1991-1992, des fouilles archéologiques ont révélé l’existence d’un village beaucoup plus ancien dans le douzième arrondissement. Celui-ci prospérait entre 4 500 et 3 800 ans avant notre ère. C’est le plus ancien peuplement connu de Paris.

Le présent diaporama rassemble les photos que j’ai prises dans cet arrondissement en 2014 et 2015 : il se compose de quatre parties de longueur inégales.

La chapelle de la Fondation Eugène-Napoléon

Nommé en l’honneur du fils de l’impératrice Eugénie (épouse de Napoléon-III), la Fondation Eugène-Napoléon est une maison d’enseignement construite en 1856 par l’architecte Jacques-Ignace Hittorf, à qui on doit notamment la marie du premier arrondissement et le mobilier urbain de la place de la Concorde.

Sa chapelle à nef unique, sans transept, se termine par une abside semi-circulaire décorée d’une fresque, exécutée par le peintre Félix-Joseph Barrias.

Celle-ci représente l’impératrice, en robe de mariée, entourée de pensionnaires et de religieuses, sous le regard de sainte Catherine, de la Vierge et de l’Enfant Jésus, de même que de saint Vincent de Paul.

Le Viaduc des Arts et la Coulée verte

Jusqu’en 1969, une ligne de chemin de fer surélevée reliait la place de la Bastille à l’ancien canton de Saint-Maur-La Varenne. Cette voie ferrée suivait l’avenue Daumesnil.

Après l’abandon de cette voie ferrée, la ville de Paris a étudié différents projets pour finalement attribuer une double vocation à ce territoire.

Les arches du viaduc qui supportait la voie ferrée ont été fermées de grandes verrières cintrées de bois et sont devenues une succession d’une cinquantaine d’ateliers et de boutiques de métiers d’art qui s’étendent sur plus de 1,3 km.

Au-dessus d’eux, l’ancien chemin de fer a fait place à une promenade plantée d’arbres appelée Coulée verte René-Dumont, en l’honneur d’un agronome et pionnier écologiste français décédé en 2001.

Cette partie du diaporama s’ouvre par l’Opéra Bastille qui, parmi les salles d’opéra de la ville, se spécialise dans la présentation des grands opéras italiens ou allemands.

Nous suivons ensuite le Viaduc des Arts pour nous arrêter (de 0:30 à 0:45) à l’église néoromane Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts, construite en 1902-1903 sur les plans de l’architecte Josep-Émile Vaudremer.

Puis nous refaisons le même circuit à l’inverse, du haut de la Coulée verte.

À l’Est du Viaduc des Arts

Le troisième volet du diaporama est une très longue promenade qui continue le Viaduc des Arts vers l’Est.

Du boulevard de Bercy, nous suivons l’avenue Daumesnil pour rencontrer successivement :
• la place Félix-Éboué (1:35),
• l’église du Saint-Esprit, en béton armé (de 1:40 à 1:53), construite de 1928 à 1935 sous les plans de Paul Tournon,
• le magnifique palais Art déco de la Porte dorée (de 2:00 à 2:42), construit à l’occasion de l’exposition coloniale de 1931 et dont les étages supérieurs logent le Musée de l’histoire de l’immigration, tandis que son sous-sol sert d’aquarium tropical,
• le bois de Boulogne,
• le Parc zoologique de Paris (à 3:00),
• le Parc floral de Paris (se terminant à 3:35).

À deux pas de ce jardin botanique se trouve le château de Vincennes (de 3:38 à 5:06). Même s’il est situé dans la commune de Vincennes, j’ai choisi de le présenter comme s’il faisait partie du 12e arrondissement.

Résidence royale du XIIe au XVIIIe siècle, le château a conservé une de ses tours médiévales, son donjon du XIVe siècle (récemment restauré), et sa magnifique Sainte-Chapelle (en cours de restauration).

Dans une des chambres du donjon, on prête aux visiteurs une ardoise électronique au travers de laquelle ils ont la possibilité de voir la pièce comme elle était meublée et décorée au Moyen-Âge (4:35 à 5:01).

À 5:02, voici la salle du Trésor. À partir de 1367, cette minuscule chambre, très haute mais étroite, conservait une partie des manuscrits de la couronne (notamment, les titres de propriété des résidences royales). L’or entreposé représentait environ le cinquième du budget annuel des dépenses royales.

Le sud-ouest du 12e arrondissement

Le dernier segment du diaporama présente la partie du 12e arrondissement située au sud de la voie ferrée qui mène à la gare de Lyon.

On y rencontre d’abord la gare de Lyon (de 5:09 à 6:22), construite de 1895 à 1902 et conçue par l’architecte Marius Toudoire.

Cette gare abrite un des plus beaux restaurants de Paris.

Construit pour une société de transport ferroviaire et maritime, ce restaurant est décoré de 41 toiles à la manière d’un prospectus d’une agence de voyages, montrant sous un jour flatteur les différentes villes desservies par le transporteur.

Après la 2e guerre mondiale, jugé démodé, le restaurant fut transformé en comptoir moderne et épuré, à la manière du film Playtime de Jacques Tati.

Après quelques années, il fit faillite. Sans le véto du ministre André Malraux, le restaurant aurait été détruit.

Se rappelant le décor fastueux qui se cachait sous ses habits modernes, des investisseurs firent l’acquisition du restaurant. Le rénover couta une fortune.

Aujourd’hui, on peut en apprécier toute la splendeur d’origine.

Puis le diaporama présente successivement :
• la station de métro de la gare de Lyon (de 6:24 à 6:32),
• l’édifice du ministère des Finances (de 6:33 à 6:36),
• la gare de Paris-Bercy (à 6:37),
• la Cinémathèque française (de 6:39 à 6:44) dont l’édifice a été conçu en 1994 par l’architecte canadien Frank Gehry,
• le parc de Bercy.


Détails techniques : Le diaporama contient 173 photos et cinq clips vidéos pris à l’aide d’un appareil OM-D e-m5.


En ordre décroissant d’utilisation, les objectifs furent le M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (142 photos), le M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (11 photos), le PanLeica 25 mm F/1,4 (7 photos), le M.Zuiko 75 mm F/1,8 (6 photos), l’hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8 (4 photos) et le M.Zuiko 40-150 mm R (3 photos).


Voir aussi : Liste des diaporamas de Paris

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Écrit par Jean-Pierre Martel


C’est quoi, être Québécois ?

10 février 2017

N’étant pas sociologue, ni diplômé en psychologie sociale, je vous avoue candidement que je n’ai jamais très bien compris ce qu’est un ‘débat identitaire’ et encore moins un ‘repli identitaire’.

Pourtant, depuis quelques années, je rencontre quotidiennement l’une ou l’autre de ces expressions en parcourant l’actualité.

D’après ce que j’ai compris, un débat identitaire vise à répondre à la question : « Qui sommes-nous ?»

Voici ma petite réponse à cette intimidante question existentielle.

Pour moi, un Québécois est toute personne qui aime le Québec, qui y vit ou qui y a vécu, et qui se considère comme tel.

Donc, peu importe la couleur de sa peau, le nom qu’on donne au Dieu qu’on adore, la langue qu’on parle, on est québécois si on pense l’être.

Dans ses discours à la Convention nationale, Louis XVI ne parlait pas du peuple français, mais des peuples de France.

Il en est ainsi du Québec. Juridiquement, je conçois qu’on puisse parler du ‘peuple québécois’. Mais dans les faits, ce n’est pas le cas.

Mon peuple à moi, ce sont les Francophones du Québec. C’est à lui que je m’identifie.

Les différents peuples autochtones du Québec sont d’autres peuples; chacun de leurs membres est québécois, sur un même pied d’égalité que moi.

On a donc tort d’attacher une connotation péjorative au qualificatif ‘ethnique’. Ce n’est pas parce que quelqu’un possède des caractéristiques ethniques différentes qu’il faut les ignorer par rectitude politique.

De la même manière, reconnaitre cette différence n’est pas du racisme. Le racisme, c’est d’attacher une supériorité à la possession d’une caractéristique ethnique.

De plus, l’erreur, c’est de définir le citoyen sur la base de ses caractéristiques ethniques. Parler d’un ‘Musulman du Québec’, ce n’est pas la même chose que de parler d’un ‘Québécois musulman’. L’un suggère qu’il s’agit d’un corps étranger; l’autre, qu’il est des nôtres. Donc, les mots comptent.

De manière analogue, il n’y a pas de honte à dire que la Canadian Constitution est une loi ethnique puisqu’en effet, elle a été adoptée par une ethnie (le Canada anglais) et imposée à mon peuple à l’issue d’une séance de négociation à laquelle le Québec n’a pas été invité.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Toulouse, les économies d’énergie, et l’éclairage à DEL

9 février 2017

 

 
Sur le même sujet : L’éclairage urbain à DEL

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les miettes fédérales à Bombardier

8 février 2017
© — Bombardier

Introduction

On croit généralement que ce sont les dettes qui acculent une compagnie à la faillite. En réalité, l’assèchement de ses liquidités donne le même résultat.

La CSeries est le projet industriel canadien le plus important depuis les vingt dernières années; Bombardier y a investi 5,4 milliards$ en recherche et développement, ce qui a considérablement tari les liquidités qui lui sont nécessaires pour payer ses employés et ses fournisseurs.

Il est à noter que le coût de développement du Concorde a été de 3 milliards d’euros en valeur d’aujourd’hui (soit 4,5 milliards$).

L’an dernier, le gouvernement Couillard a investi plus d’un milliard de dollars américains pour donner un peu de répit à Bombardier à la veille de la livraison des premiers avions de la CSeries.

De plus, Bombardier a vendu 30% de sa division ferroviaire à la Caisse de dépôt et placement du Québec pour les mêmes raisons.

Sans être absolument indispensable, l’ouverture d’une marge de crédit par le gouvernement canadien permet à des entreprises comme Bombardier de rassurer ses investisseurs.

De plus, en offrant à Bombardier les liquidités dont elle a besoin pour développer les CS500, elle protège Bombardier d’une guerre de prix de Boeing et d’Airbus dans le créneau très précis des avions de la taille des CS300.

Or finalement, la contribution fédérale est extrêmement décevante.

En effet, la nouvelle est tombée de matin : ce sera un prêt de 372,5 millions$, dont les 248 millions$ — les deux tiers — iront au programme d’avions d’affaires Global 7000, construit en Ontario.

Puisque le Québec aide Bombardier et que le Fédéral se trainait les pieds jusqu’ici, la rumeur veut qu’au cours des négociations, Bombardier ait menacé secrètement le fédéral de rapatrier ses installations ontariennes au Québec, d’où ce prêt fédéral, conditionnel à ce que cet argent serve principalement à des fins ontariennes.

Les 124 millions$ du fédéral pour la CSeries seront insuffisants pour lancer le CS500 — le modèle de 160 à 180 places — dont le développement pourrait couter un milliard$ supplémentaire. Ces miettes serviront donc au CS300.

Le Québec, colonie canadienne ?

À l’annonce de la contribution fédérale, le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique a déclaré : « Il s’agit d’un engagement historique; c’est la plus importante contribution jamais versée (à une entreprise) par le gouvernement fédéral

Vraiment ?

Le sauvetage de Bay Street

Lors de la Grande récession, l’aide accordée aux banques canadiennes a atteint 114 milliards$, soit 3 400$ pour chaque homme, femme et enfant au Canada.

De cette somme, rien ne fut accordé aux Caisses populaires Desjardins puisque celles-ci ont une charte québécoise, et non fédérale.

En d’autres mots, cette aide ne servit qu’à aider les banques ontariennes de Bay Street.

Le sauvetage de l’industrie automobile ontarienne

En 2009, le plan fédéral de sauvetage de l’industrie automobile —  située exclusivement en Ontario — a été de 13,7 milliards$, dont 3,5 milliards$ ne seront jamais récupérés.

À l’époque, les porte-paroles du gouvernement canadien avaient rassuré les Québécois en leur promettant qu’Ottawa serait aussi généreux lorsque viendrait le temps d’aider l’industrie aéronautique, principalement située au Québec.

L’appui au secteur aéronautique, promis en contrepartie au Québec, c’est donc 372,5 millions, soit l’équivalent de 2,8% (dont 0,9% pour le Québec) du sauvetage des succursales canadiennes de GM et de Chrysler.

Les contrats de la Canadian Royal Navy

En 2011, le gouvernement conservateur a accordé 33 milliards$ de contrats à des chantiers maritimes canadiens.

Environ 25 milliards$ de contrats militaires sont allés aux chantiers Irving à Halifax tandis qu’un constructeur maritime de Vancouver a hérité de la portion non militaire.

Rien n’est allé au Québec. Toutefois, Ottawa a accordé un contrat de 700 millions$ au chantier maritime Davie de Lévis pour la conversion d’un navire marchand en navire ravitailleur.

Ce 700 millions$ au Québec, c’est 2,6% de la somme versée aux deux provinces anglophones.

Pourtant, le Chantier de Lévis, le plus important au Canada, apparait sur la Lloyd’s List North American Maritime Awards 2015 à titre de meilleur constructeur naval nord-américain.

La vente de chars d’assaut à l’Arabie saoudite

La vente de 14 milliards$ d’armement à l’Arabie saoudite est un contrat garanti par le gouvernement canadien. Le contrat certifie que le constructeur ontarien sera dédommagé dans l’éventualité où l’Arabie saoudite refuserait de payer la note. En effet, l’Arabie saoudite n’est soumise à la juridiction d’aucun tribunal international de commerce.

Lorsque Bombardier a tenté de vendre des avions à l’Iran, le gouvernement canadien a refusé de s’impliquer sous le prétexte qu’il n’avait pas de relations diplomatiques avec ce pays.

De plus, l’organisme fédéral Exportation et développement Canada n’offre aucune possibilité de financement pour l’Iran, contrairement à ses équivalents français, italiens ou encore danois.

Conséquemment, Bombardier n’a rien vendu à ce pays.

La catastrophe environnementale de Lac-Mégantic

Le transport interprovincial de marchandise étant un domaine fédéral exclusif de compétence constitutionnelle, Ottawa avait l’habitude de payer la totalité des frais d’une catastrophe environnementale lorsque le transporteur ferroviaire n’était pas en mesure de les assumer.

Dans le cas de Lac-Mégantic, le fédéral a décidé de ne payer que 50% des couts. Pourquoi seulement la moitié dans ce cas-ci ? « Parce que nos règles ont changé.» s’était contenté de répondre M. Harper.

Les Québécois paieront donc le 50% refilé au provincial, en plus du 12% de leur part du fédéral, soit 62% de la facture.

La négociation d’accords commerciaux

Avez-vous remarqué que lorsqu’un secteur industriel est sacrifié sur l’autel du libre-échange, c’est toujours un secteur québécois ?

Conclusion

Les Québécois paient 50 milliards$ de taxes et d’impôt au fédéral en contrepartie de 9 à 12 milliards$ de péréquation.

Quand vient le temps d’investir dans la création d’emplois au Québec, l’avarice fédérale est proverbiale. La raison en est simple.

Le fédéral est l’héritier du pouvoir colonial britannique. Mais contrairement aux autres pays colonisateurs, sa colonie n’est pas sous les tropiques; elle est à l’interne, encastrée dans son propre territoire.

D’où une constitution ethnique, signée par une ethnie (le Canada anglais) et imposée à une autre ethnie (nous) à l’issue d’une ultime séance de négociation à laquelle le Québec n’a pas été invité.

Quand vient le temps pour la métropole de décider des règles du jeu, l’avis d’une colonie compte peu.

Et quand il est question d’argent, on pille toujours la colonie au profit de la métropole. Jamais l’inverse. La splendeur de certaines capitales européennes en témoigne.

À l’annonce de ce prêt, le chef du Parti québécois a déclaré que c’était une raison de plus de faire l’indépendance. Je me demande si les Québécois ne devraient pas y songer sérieusement…

Références :
Aide à Bombardier: une raison de faire l’indépendance, selon Lisée
Bombardier: de l’aide pour un avion construit en Ontario
Bombardier et la Serie C: les Coûts du « fédéralisme canadien »
Chantier Davie est écarté des contrats des navires fédéraux
Dévoilement du sauvetage secret des banques du Canada
La clarté et l’opacité du ministre Dion
La CSeries de Bombardier
L’aide d’Ottawa à Bombardier, un prêt de 372,5 millions
Le gouvernement Trudeau approuve l’exportation des blindés vers l’Arabie saoudite
Ottawa confirme le contrat au chantier Davie
Ottawa vole au secours de Bombardier
Pourquoi Bombardier n’a pas encore vendu d’avions à l’Iran?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Chagall et la musique — L’œuvre pour le théâtre

6 février 2017

Introduction

Moshe Zakharovitch Chagall nait en 1887 en Biélorussie, à l’époque où ce pays faisait partie du territoire russe.

Ayant manifesté des talents pour la peinture, il part en 1907 étudier à Saint-Pétersbourg. Les grandes académies impériales étant fermées aux Juifs, c’est à l’école Zvantseva que son professeur d’art moderne, Léon Bakst, lui fait découvrir la peinture française d’avant-garde.

Après seulement deux ans d’études, un mécène lui offre la possibilité de partir travailler à Paris. Il y séjournera de 1910 à 1914.

À l’époque, Paris est la capitale culturelle de l’Occident. Des artistes y viennent de partout. Marc Chagall y est au contact de toutes les avant-gardes mais n’adhère à aucun mouvement artistique, préférant intégrer l’utilisation de la lumière des uns, la manière d’organiser la surface picturale des autres, etc.

C’est à Paris que le style propre de Chagall nait. Un style qu’il conservera le reste de sa vie.

Mais la guerre éclate alors qu’il était parti à Vitebsk afin d’obtenir la main de Bella Rosenfeld (qu’il épouse en 1915). Il ne peut quitter la Russie.

En 1918, à l’issue de la guerre, on lui offre la direction des Beaux-arts de Vitebsk. Mais deux ans plus tard, il est limogé et s’exile à Moscou.

Le Théâtre juif d’État de Moscou

En 1920, c’est dans cette ville qu’on lui offre la possibilité de travailler au Théâtre juif d’État de Moscou, le premier théâtre au monde qui soit exclusivement consacré au répertoire yidiche.

Lorsque s’amorce la collaboration de Chagall pour ce théâtre, l’artiste a déjà travaillé à diverses productions dans sa ville natale et à Saint-Pétersbourg.

Début de l’exposition

La première partie de l’exposition Chagall et la musique est consacrée à l’œuvre de Chagall pour le théâtre : elle met en vedette le travail du peintre pour le théâtre moscovite.

Au cœur de cette section se trouve donc une petite salle rouge (à droite sur la photo) dont les dimensions sont proches de la salle de spectacle de ce théâtre.

Panneaux de la salle de spectacle du théâtre juif

Une partie seulement des panneaux qui décoraient cette salle sont parvenus jusqu’à nous.

Montréal devait en accueillir les originaux appartenant à la Galerie nationale Tretiakov. Mais, en représailles aux sanctions canadiennes contre la Russie, le ministère des Affaires étrangères russe a interdit que ces œuvres quittent le pays.

Si j’en juge par les photos des originaux publiés par des internautes, cela n’a pas grand importance puisque les facsimilés sont très fidèles aux originaux.

Mais plus grave est le fait que la scénographie montréalaise ne respecte pas la disposition originelle voulue par Chagall.

Schéma de la salle du Théâtre juif d’État de Moscou

Plus particulièrement, la frise Le Repas de noces (le No 3 sur le schéma) a été placée à Montréal au-dessus du panneau L’Introduction au Théâtre juif, ce que Chagall n’a jamais souhaité.

L’Introduction au Théâtre juif

Si par miracle, les originaux russes nous arrivent d’ici la fin de l’exposition, il serait souhaitable que le Musée des Beaux-Arts en profite pour corriger cette anomalie.

Sur ces panneaux, l’utilisation minimale de la couleur est le reflet de l’adaptation de Chagall aux moyens extrêmement limités dont il disposait à l’époque pour réaliser cette œuvre ambitieuse.

Plus tard, quand il reviendra sur ces œuvres — comme Le Violon vert de 1923-1924 — la version ultérieure sera plus ‘peinte’ que la version du Théâtre juif d’État de Moscou.

Les Arlequins (1922-1944)

Dans le cas des Arlequins, le contraste est saisissant entre la version ci-dessus et l’original (qui correspond à la partie gauche du panneau L’Introduction au Théâtre juif, exécuté en 1920).

En 1922, Chagall avait refait, de mémoire, ce panneau en proportions réduites. En 1944, au décès de son épouse, il scinde ce tableau en deux.

La partie de gauche devient alors un hommage à Bella Chagall; elle occupe le centre des Arlequins, dansant au milieu des souvenirs de sa jeunesse à Vitebsk.

En périphérie de la salle rouge

La partie de l’exposition consacrée à l’œuvre de Chagall pour le théâtre ne comprend pas seulement cette petite salle rouge.

Comme les poupées russes, celle-ci est placée en coin dans une salle plus grande, ce qui laisse deux murs gris en ‘L’ disponibles.

Ceux-ci servent à afficher des études préparatoires aux panneaux, des esquisses de décors et de costumes pour diverses productions de ce théâtre, la toile Les Arlequins (dont nous venons de parler), et des marionnettes conçues en 1949 par Simche Schwarz d’après les dessins préparatoires de Chagall (aujourd’hui perdus).

Marionnettes pour la pièce ‘Héritage’ du théâtre Hakl-Bakl de Paris (1949)

Précisons que la pièce Héritage est une adaptation théâtrale des récits Brenendike Licht (ce qui signifie Lumières allumées). Ces écrits posthumes de Bella Chagall ont parus en yidiche en 1945.

Les audaces théâtrales de Chagall

Marc Chagall est revenu de Paris pleinement conscient de son talent. Or, dans les années qui suivent la Révolution russe, toutes les audaces sont permises.

Le peintre crée non seulement les fonds de scène, les décors de la pièce, les costumes et les maquillages; il va jusqu’à montrer aux acteurs comment modeler leur gestuelle sur son œuvre et ainsi animer ses décors en plus de jouer la pièce.

Dans l’effervescence révolutionnaire, l’autorité du metteur en scène est remise en question; tous les artisans du spectacle contribuent, dans la mesure de leur talent, au processus créatif. C’est ce que Chagall fera.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (les 3 premières photos) et M.Zuiko 25 mm F/1,2 (les 2 dernières photos)
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 7 mm
2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 10 mm
3e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 14 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 800 — 25 mm
5e  photo : 1/80 sec. — F/1,2 — ISO 640 — 25 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Funérailles montréalaises de trois des victimes de l’attentat de Québec

5 février 2017

Le jeudi 2 février 2017, c’est à l’aréna Maurice-Richard que plus de cinq-mille personnes se sont réunies pour célébrer les funérailles religieuses de trois des victimes de l’attentat terroriste antimusulman de Québec.

Selon les peuples, les rites funéraires varient. Au Québec, l’exposition des dépouilles se fait plusieurs jours après le décès afin de permettre aux parents et amis venant de loin d’assister aux funérailles. Pour cette raison, les corps qui ne sont pas incinérés doivent être embaumés (ce qui consiste à retirer les viscères).

Le rituel funéraire musulman a été établi dans des pays dont le climat est désertique, à une époque où la climatisation n’existait pas.

Selon le rite musulman, les corps sont simplement lavés trois fois et enveloppés dans un linceul avant l’enterrement. Ce linceul est composé d’un nombre impair (généralement trois) pièces de tissu blanc. Quant à lui, l’enterrement doit avoir lieu dans les 24 heures qui suivent le décès.

En France, les démarches administratives font en sorte que les délais pour l’enterrement sont un peu plus longs. Conséquemment, les cercueils y sont obligatoires pour des raisons sanitaires.

Au Québec, seuls l’incinération ou l’enterrement après embaumement sont permis. Ce qui oblige les Québécois musulmans qui en ont les moyens de rapatrier les corps à l’Étranger pour que l’enterrement se fasse selon les rites de leur religion.

De plus, peu de cimetières québécois sont multiconfessionnels ou réservés aux Musulmans. Dans la Vieille capitale, il n’y en a aucun.

Dans le cas de trois des victimes, les frais de transport — environ 10 000$ — ont été assumés par les consulats de deux pays, d’où la présence de représentants diplomatiques à cette cérémonie.

Deux des trois victimes à qui on rendait hommage — Khaled Belkacemi et Abdelkrim Hassane — sont originaires du même village algérien. Le fait que tous les discours furent prononcés en français, en anglais ou en arabe, mais aucun en berbère (la langue maternelle de ces deux victimes), n’a pas échappé à l’attention de certains spectateurs.

Au bénéfice des internautes à la recherche de photos des personnalités qui y ont pris la parole, voici celles que j’en ai rapportées.

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M. Justin Trudeau, premier ministre du Canada
M. Philippe Couillard, premier ministre du Québec
M. Régis Lebeaume, maire de Québec
M. Denis Coderre, maire de Montréal
M. Saïd Fawaz, président du Conseil des imams du Québec
M. Mohamed Yangui, président du Centre culturel islamique de Québec
Mme Aziza Blili, de la Fédération des Canadiens musulmans
M. Abdelghani Cheriaf, consul général d’Algérie à Montréal
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Mme Habiba Zemmouri, consule générale du Royaume du Maroc à Montréal
M. Saramady Touré, ambassadeur de la Guinée au Canada
M. Moujib Arrahman, imam
M. Mehdi Tirkawi, imam de la mosquée Al Rawdah de Cartierville
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M. Zine Al Abidine Balafrej, imam

Références :
Des funérailles à Montréal pour trois des victimes de la tuerie de Québec
Enterrement musulman : déroulement des obsèques et rites funéraires

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Lettre à Jean-François Lisée au sujet des Québécois musulmans

4 février 2017

Aux funérailles montréalaises de trois des victimes de l’attentat antimusulman de Québec, tenues à l’aréna Maurice-Richard, les ministres du gouvernement Couillard et les chefs des partis d’opposition n’ont pas été invités à prendre la parole.

Si on vous avait permis de la faire, je ne suis pas convaincu que l’accueil de la foule à votre égard — où à l’égard de M. Legault, s’il y avait été présent — aurait été plus chaleureux que celui accordé aux premiers ministres du Canada et du Québec.

En effet, même s’il est de bon ton aujourd’hui pour les dirigeants du Parti québécois de prendre leurs distances à l’égard de la Charte de la laïcité, ce projet leur a aliéné de nombreux Québécois de religion musulmane.

C’est ce que soutiennent aujourd’hui MM. Gérard Bouchard et Charles Taylor dans une entrevue au Devoir.

Ceux-ci déclarent : « Les musulmans, ce qui leur a fait le plus mal, c’est la charte des valeurs. Ça les a blessés, humiliés et dressés contre la majorité. C’était une erreur magistrale de ce point de vue là.»

Je suis de cet avis.

Afin de rétablir les ponts avec la communauté musulmane du Québec, j’aimerais que le PQ s’illustre contre la xénophobie de la Droite québécoise. Une Droite que se disputent la CAQ et le PLQ. Et que le PQ a courtisée en vain sous Mme Marois.

Sur les médias sociaux et dans les commentaires publiés sur les sites web de différents quotidiens, il est jugé acceptable d’insinuer que les Musulmans sont en train de prendre le contrôle du Québec; que les Musulmans veulent pervertir nos valeurs fondamentales; que les Musulmans sont tous des cellules dormantes de groupes terroristes; ou que les Musulmans se réjouissent tous secrètement des attentats commis par leurs coreligionnaires à l’Étranger. Jamais un commentaire dans ce sens n’est censuré.

Dans tous ces cas, il s’agit d’une stigmatisation. Or cette stigmatisation est au cœur de la propagande haineuse de la Droite québécoise; ces Québécois sont présentés d’abord comme des Musulmans (ce qui insinue des ‘étrangers’) et non comme des concitoyens.

Il m’est arrivé moi-même d’utiliser l’expression ‘Musulmans d’ici’ pour parler d’eux : je me rends compte que j’ai eu tort et je m’en excuse publiquement.

Je suggère donc que dans toutes ses communications écrites et, si possible, dans les discours de ses élus, le PQ s’engage à utiliser l’expression ‘Québécois musulmans’ et non ‘Musulmans’ ni ‘Musulmans du Québec’. Ici, l’accent est mis sur ‘Québécois’ et non sur ‘Musulmans’. Parce que nous sommes tous des Québécois.

Une telle mesure suscitera évidemment les accusations de récupération politique et l’hostilité de ceux qui sont déjà acquis à d’autres formations politiques.

Mais les membres de la communauté musulmane, eux, y seront sensibles.

De plus, je suggère que le Parti québécois promette, s’il est élu, de consacrer des sommes d’argent aux cimetières du Québec qui voudront devenir multiconfessionnels, sous réserve de différents critères, dont celui de l’acceptabilité sociale dans leurs milieux respectifs. Cela les obligera à travailler eux-mêmes à cette acceptabilité s’il veulent bénéficier de cette subvention.

Pour terminer, les pratiques funéraires musulmanes sont interdites au Québec puisque seuls l’incinération ou l’ensevelissement à la suite d’un embaumement sont permis. Je suggère que cela soit corrigé.

Il s’agit de trois mesures simples que ni la CAQ ni le PLQ ne peuvent adopter sans indisposer une partie de leur base électorale. Tout au plus, le PQ pourrait s’attirer les foudres de ceux qui, de toute façon, ne voteraient pas pour lui, en contrepartie de l’appui massif des Québécois musulmans, heureux de constater que le PQ est dans de meilleures dispositions à leur égard.

Travailler à la cohésion sociale du Québec exige un peu d’effort de chacun d’entre nous et je crois que ces trois mesures iraient dans la bonne direction.

Sur le même sujet :
La Charte de la laïcité : un mauvais départ

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Écrit par Jean-Pierre Martel