Le révolver de Paul Verlaine

Publié le 30 novembre 2016 | Temps de lecture : 4 minutes

C’est plus tôt aujourd’hui qu’a été vendu aux enchères le révolver le plus célèbre de la littérature française.

L’arme doit sa renommée à un fait divers survenu le 10 juillet 1873.

Ce soir là, vers 20h, l’agent Michel de la police bruxelloise fait l’arrestation de Paul Verlaine sur la rue du Midi, près de la Place Rouppe.

Âgé de 29 ans, l’écrivain français est accusé d’avoir tenté d’assassiner le poète Arthur Rimbaud, de dix ans son cadet, avec lequel il partage depuis quelques jours un appartement situé à quelques rues de l’endroit où il est arrêté.

Paul Verlaine est un homme violent.

Sa mère a fait trois fausses couches. Elle parlait à ses fœtus, conservés précieusement dans des bocaux. Avec son front proéminent, Paul Verlaine leur ressemble. Il se trouve laid. Mal aimé, il saisit l’affection quand celle-ci passe sur son chemin; il a couru les bordels et couché avec des hommes.

En janvier 1872, il était tombé amoureux d’un adolescent, Arthur Rimbaud. De toute sa vie, ce dernier n’aura qu’une seule passion homosexuelle, celle avec Verlaine, brulante et toxique.

Après des séjours à Londres, Verlaine et Rimbaud sont dans la capitale belge en juillet 1873 au 1 rue des Brasseurs, près de la Grande Place.

En instance de séparation, Verlaine a écrit à sa femme à Paris pour lui dire que si elle ne venait pas le rejoindre à Bruxelles dans les trois jours, il se ferait sauter la cervelle.


 
À cette fin, ce matin-là, il a acheté aux Galeries St-Hubert un Lefaucheux de calibre 7mm à crosse de bois, fabriqué à Liège trois ans plus tôt.

Mais celle qu’il a violée un soir de beuverie, celle qu’il a trompée avec la bonne, ne viendra pas.

À l’appartement, Verlaine a montré son nouveau révolver à Rimbaud. Puis ils sont sortis. En raison de l’abondance des débits de boissons aux environs de la Grande Place, ils passent la matinée à boire.

De retour à l’appartement vers 14h, l’adolescent annonce à Verlaine son intention de le quitter. Fou de rage, Verlaine verrouille la porte, se retourne vers Rimbaud (à trois mètres de lui) et tire deux balles dans sa direction. L’une atteignant le jeune poète au poignet gauche et l’autre se loge au sol.

Le bruit de la détonation et la vue du sang ont calmé les belligérants. Pris de remords, Verlaine accompagne l’adolescent blessé à l’hôpital St-Jean où ce dernier sera pansé en attente d’une extraction de la balle sept jours plus tard. Mais le jeune poète en a assez; il veut partir sur-le-champ.

Ce soir-là, à mi-chemin vers la gare du Midi, plus précisément sur la Place Rouppe, Verlaine devance Rimbaud et se retourne vers lui en glissant la main dans sa poche. Rimbaud présume que c’est pour en sortir son arme.

Encore sur le choc de leur dispute, l’adolescent appelle à l’aide le premier policier qu’il voit.

Paul Verlaine est arrêté. Moins de dix jours plus tard, Rimbaud retire sa plainte imputant à l’ivresse le geste de son ami.

En dépit de cette renonciation, les pouvoirs publics accusent Verlaine de voie de fait et le condamnent à la peine maximale, soit deux ans de prison.

Le révolver, confisqué par la police, est retourné à l’armurier Montigny, du 11 Galerie de la Reine. À la fermeture de cette boutique, en 1981, l’arme a été vendue à Jacques Ruth, huissier de justice belge et amateur d’armes à feu. Celui-ci l’a conservé jusqu’à sa mise aux enchères aujourd’hui.

Achetée pour trente francs belges par Verlaine en 1873, l’arme a été vendue 434 500 euros cet après-midi.


 
Références :
L’arme avec laquelle Verlaine a tiré sur Rimbaud vendue aux enchères 435 000 euros
Le pistolet avec lequel Verlaine a tiré sur Rimbaud est mis aux enchères à Paris
Le révolver avec lequel Verlaine a failli tuer Rimbaud
Le revolver avec lequel Verlaine tenta de tuer Rimbaud aux enchères
L’incident de Bruxelles
Rimbaud et Verlaine : sodomie, alcool et revolver à six coups

2 commentaires

| Fait divers | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le décès de Fidel Castro et la diplomatie canadienne

Publié le 28 novembre 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

Lors du décès d’un chef d’État étranger, une des tâches du premier ministre est d’exprimer des regrets. Sincères ou non, c’est son devoir.

Au décès du roi Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, en 2015, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, écrivait que le roi Abdallah était un ardent défenseur de la paix au Moyen-Orient.

En réalité, sous la dictature de ce tyran, l’Arabie saoudite était la plaque tournante du terrorisme international, finançait la guerre en Syrie et persécutait sa minorité chiite, de même ses dissidents politiques (dont Raïf Badawi).

En Grande-Bretagne, le premier ministre David Cameron était même allé plus loin. Ne craignant pas le ridicule, il avait prédit qu’on retiendrait du monarque décédé ses efforts pour la paix et pour la compréhension interreligieuse. Bref, n’importe quoi.

À la suite de l’hommage sincère de Justin Trudeau à Fidel Castro, ses propos élogieux ont soulevé la colère des milieux de Droite du Canada et des États-Unis.

L’affinité de Justin Trudeau pour le leadeur cubain peut s’illustrer par la photo ci-contre, où la ressemblance entre les deux chefs d’État est frappante.

Quelle ne fut donc pas ma surprise en lisant hier que Justin Trudeau reconnaissait que Fidel Castro était un dictateur.

Disons-le franchement : par définition, le communisme est la dictature du prolétariat.

Reste à savoir si, dans un régime communiste, c’est le peuple qui est le dictateur ou si les dictateurs sont plutôt ceux qui exercent le pouvoir en son nom.

Une telle distinction est académique. Ce qui m’importe, ce sont les résultats.

Comparé aux États-Unis, Cuba possède un taux de mortalité enfantine plus faible, une espérance de vie plus longue et un taux d’alphabétisation plus élevé.

Les forces policières cubaines sont beaucoup moins militarisées que leurs équivalentes américaines. Conséquemment jamais personne n’est tué au cours d’une arrestation à Cuba. Même quand cette personne est Noir…

De plus, le taux d’incarcération y est infiniment plus faible car les États-Unis ont celui le plus élevé au monde.

En contrepartie, la liberté d’expression politique à Cuba est absente et on peut y voir une pauvreté généralisée (sans toutefois qu’on puisse parler de misère).

Certains vous diront que rien n’est plus précieux que la liberté d’expression. En tant que blogueur, je serais mal placé pour minimiser l’importance d’une telle liberté.

Toutefois, dans la préséance des divers droits et besoins humains, il m’apparait évident que le droit à la vie et le droit à la santé ont préséance sur le droit à la dissidence.

Bref, en dépit de tous les défauts du régime totalitaire cubain, une plus grande proportion de Cubains se sentaient aimés de Fidel Castro que la proportion d’Américains qui sentent de l’empathie à leur égard de la part de Donald Trump.

Références :
Le roi Abdallah d’Arabie saoudite est mort
Saudi Arabia’s King Abdullah dies at 90
Trudeau reconnaît que Fidel Castro était un dictateur

Un commentaire

| Politique canadienne, Politique internationale | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La pièce 1984, d’après George Orwell

Publié le 27 novembre 2016 | Temps de lecture : 2 minutes
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Depuis le 9 novembre et ce, jusqu’au 16 décembre 2016, le théâtre Denise-Peletier (TDP) présente une adaptation théâtrale du roman futuriste 1984 de George Orwell.

Cette coproduction du TDP de Montréal et du théâtre du Trident de Québec est remarquable.

Après chaque attentat terroriste, alors nos gouvernements se justifient en prétextant des lacunes sécuritaires qu’ils s’empressent de corriger, les citoyens ne voient pas de fin au resserrement de la surveillance étatique dont ils sont l’objet.

Le sujet de cette pièce est donc d’une brulante actualité.

L’histoire est centrée sur un couple de rebelles au sein d’un régime totalitaire.

Le dispositif scénique comporte un écran géant qui sert non seulement à diffuser les messages de Big Brother, mais surtout à projeter l’enregistrement capté sur le vif des propos et confidences des personnages.

Ces derniers sont filmés en gros plan par une caméra qui les suit et qui capte leurs moindres expressions faciales. Ces longs plans-séquences en faible profondeur de champ donnent au spectacle une saveur cinématographie d’autant plus évidente que les comédiens sont équipés de micros, ce qui leur évite d’avoir à crier leur texte et à grimacer pour être compris des spectateurs au fond de la salle.

À part une longue introduction didactique dont je n’ai pas compris l’intérêt — comme si la pièce n’était pas suffisamment évidente d’elle-même — cette production originale réussit à maintenir l’intérêt des spectateurs du début à la fin dans cette présentation brillante d’un des plus grands chefs-d’œuvre littéraires du XXe siècle.

À voir absolument.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 24 mm

Laissez un commentaire »

| Culture, Théâtre | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le nationalisme de peccadille de la CAQ

Publié le 25 novembre 2016 | Temps de lecture : 6 minutes
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Introduction

Conformément à son actuel virage nationaliste, la CAQ a fait paraitre cette semaine sur sa page Facebook un montage photographique accusant MM. Couillard et Lisée d’avoir consenti au projet de loi 62 « qui ouvre toute grande la porte au tchador dans nos écoles.»

Contrairement à ce qu’affirme la CAQ, rien ne s’oppose actuellement au port du tchador à l’école. La loi 62 enfonce une porte déjà ouverte.

La post-vérité caquiste, inspirée de celles de Trump, s’inscrit dans une campagne en vue de prouver que la CAQ est la défenderesse des valeurs fondamentales du Québec.

Compte tenu du rôle que jouent les médias sociaux dans la diffusion de l’intolérance religieuse et du racisme, il apparait opportun d’inciter la CAQ à la plus grande prudence lorsqu’il s’agit de désigner des femmes à la vindicte publique.

Les valeurs ‘québécoises’

La séparation entre l’État et l’Église, de même que l’égalité entre les hommes et les femmes, sont des valeurs occidentales auxquelles le Québec a adhéré assez tardivement.

Ce sont des valeurs que nous partageons de nos jours avec le reste de l’Occident. Mais cela n’a pas toujours été le cas.

La séparation entre l’État et l’Église a été instaurée en France lors de la Révolution alors qu’il a fallu attendre la fin du duplessisme, 178 ans plus tard, pour qu’elle se concrétise au Québec.

Quant à l’égalité entre les sexes, les femmes québécoises n’ont obtenu le droit de vote que dans les années 1940 et n’ont cessé juridiquement d’être des mineures qu’au début des années 1960, soit bien après les femmes d’autres pays.

La nation québécoise existait antérieurement à son adhésion récente à ses valeurs. Celles-ci ne sont donc pas des caractéristiques qui la définissent.

L’histoire et la culture sont le ciment de cette nation. Mais ce qui nous définit, c’est une langue, un territoire et un parlement.

Sans la langue, ni l’occupation du territoire ni son parlement ne suffiraient à le définir comme nation, pas plus qu’on peut parler de la nation ontarienne.

En somme, la nation québécoise se résume à une collectivité parlant majoritairement français sur le territoire qu’elle occupe, et régie par un parlement qui lui est propre. Le jour où sa population parlera anglais, elle aura cessé d’exister.

D’ici là, il pourrait se colorer les cheveux en vert, porter le tchador ou se promener nu et ce serait encore la nation québécoise.

La CAQ et la défense du français

Si le français est à ce point fondamental à l’identité québécoise, peut-il compter sur la CAQ ?

Pour en juger, reportons-nous à l’époque encore récente où le gouvernement minoritaire de Mme Marois voulait renforcer la Loi 101.

Face à l’opposition systématique du parti libéral, la CAQ disposait alors de la balance du pouvoir.

Or la CAQ exigea une série d’assouplissements et d’exemptions destinées au contraire à affaiblir la Loi 101. Son influence parlementaire se résuma à foirer entre les mains du PQ et à le poignarder dans le dos.

La tiédeur de la CAQ à défendre le français peut se résumer, dans la bouche de François Legault, par cette phrase célèbre : « Oui mais ça va couter combien ? »

Parce que le français est un poste budgétaire dans le nationalisme de peccadille de la CAQ.

Si les députés de la CAQ passent si facilement de la CAQ au PLQ, c’est qu’ils s’y sentent comme chez eux.

Entre un gouvernement libéral qui ne fait rien depuis une décennie pour défendre le français et la CAQ heureuse de voir que l’anglicisation de Montréal est gratuite, il n’y a qu’un pas.

En invitant les Québécois à foncer sur le tchador comme le taureau fonce sur la muléta, la CAQ suscite une crainte de la différence, crainte représentée par un vêtement féminin jugé symbolique de l’exploitation faite aux femmes.

La CAQ ne s’attaque pas à l’exploitation faite aux femmes; elle s’attaque au vêtement qui en serait le symbole. Comme s’il suffisait d’obliger une femme battue à se dévêtir pour qu’elle cesse de l’être.

Il m’apparait évident qu’une femme qui porterait le tchador contre son gré a plus de chance de se libérer de cette contrainte si elle gagne un revenu que si on jette à la rue, vouée à la dépendance économique d’un conjoint dominateur.

À mes yeux, le montage photographique de la CAQ est de la xénophobie cachée sous le masque hypocrite de la défense des valeurs ‘québécoises’.

Voilà pourquoi la CAQ aurait intérêt à dissiper le flou et à préciser la substance derrière le nouvel article 1 de sa constitution.

Par le serment de citoyenneté canadienne, le néoQuébécois prête allégeance à la reine d’Angleterre et jure de respecter les lois du Canada. Rien d’autre. En plus, la CAQ souhaite que les néoQuébécois aient à répondre à un questionnaire relatif à la laïcité. Cette mesure ne les oblige pas à en suivre les préceptes. Les y obliger serait anticonstitutionnel.

Conséquemment, il y a présentement un contraste entre les idéaux vaguement nationalistes de la CAQ d’une part, et d’autre part la médiocrité des mesures qu’elle propose et la xénophobie gluante qui suinte de sa page Facebook.

Postscriptum (ajouté le lendemain)

La majorité des femmes voilées au Québec sont des adolescentes.

Au contraire de la CAQ, le message que j’aimerais qu’on envoie à l’étudiante québécoise, c’est le suivant :

« Voilée ou non, si tu es compétente, nous serons heureux de te donner une chance de réussir et te fournir l’occasion de mettre tes talents au profit de la société québécoise.

Le Québec est un pays évolué qui ne juge pas les autres selon leur apparence. Donc ta façon de t’habiller ne me regarde pas.


Et si certains soufflent sur les tisons de l’intolérance à ton égard, sache que bien des femmes avant toi ont ouvert des portes à celles qui les ont suivies, au grand scandale de ceux qui voulaient les soumettre à leurs préjugés mesquins.»

Laissez un commentaire »

| Anglicisation du Québec | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Montréal, co-capitale du Québec

Publié le 20 novembre 2016 | Temps de lecture : 2 minutes

Au cours des derniers mois, neuf des vingt-deux rencontres entre des représentants de l’État québécois et des dignitaires étrangers se sont déroulées à Montréal.

Plus tôt cette semaine, le maire de Québec déplorait cette situation. En commission parlementaire, celui-ci s’est fait menaçant : « Là, on est bien patients, mais on peut devenir un peu impatients. Par exemple, une fois la loi sur la capitale nationale adoptée, si on entend parler qu’un dignitaire étranger a été accueilli à Montréal, là on va être moins patients.»

Au Canada, toutes les ambassades sont situées à Ottawa. Toutefois, un certain nombre de pays maintiennent des consulats dans les grandes métropoles du pays comme Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver.

Cette présence diplomatique permet la délivrance d’urgence d’un passeport à un ressortissant qui aurait perdu le sien, permet d’aider les familles étrangères qui doivent rapatrier la dépouille d’un parent, ou sert à répondre à toute autre situation d’urgence.

Or il y beaucoup plus d’étrangers qui visitent ou travaillent dans une grande ville internationale et multiethnique comme Montréal comparativement à Québec.

Lorsqu’un chef d’État étranger est de passage à Montréal afin de visiter une entreprise de haute technologie, il serait stupide pour le premier ministre du Québec de refuser de le rencontrer sous le prétexte qu’une rencontre dans la métropole risquerait de susciter la jalousie d’un roitelet de campagne.

Les citoyens de la région de Québec votent majoritairement pour la CAQ, un parti qui prône la diminution du rôle de l’État. De plus, les radios de la vieille capitale passent leurs journées à déblatérer contre les gouvernements, responsables apparemment de tous nos problèmes.

Pourquoi ne pas respecter la volonté populaire des gens de Québec et diminuer cette présence offensante de l’État dans la Vieille capitale au profit de la Nouvelle, c’est-à-dire Montréal ?

Selon un vieux proverbe, Il ne faut pas mordre la main qui nous nourrit. Peut-être y a-t-il là matière à réflexion pour le maire de Québec…

Référence :
La diplomatie à Montréal près de la moitié du temps

Un commentaire

| 2014-2018 (années Couillard), Politique municipale | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


César Trump

Publié le 18 novembre 2016 | Temps de lecture : 1 minute
Cliquez sur l’image pour l’agrandir

Trump arrive à Washington comme Jules César est entré à Rome.

À la grande crainte des Sénateurs romains, ce dernier, égocentrique et ambitieux, a traversé le Rubicon auréolé de ses victoires en Gaule.

Trump arrive à Washington, là où l’attendent des dizaines et des dizaines de Brutus.

Il a d’immenses pouvoirs en matière de politique étrangère mais il est soumis au congrès pour faire passer son agenda politique.

Et tout comme la présidente du Brésil (destituée par une caste politique corrompue), Trump n’a de choix que de faire la carpette devant ceux sur lesquels il a craché durant sa campagne électorale. Est-ce bien dans son tempérament ?

Ses placards renferment des dizaines de Monica Lewinsky et des centaines de magouilles commerciales plus ou moins légales, bref de la matière juteuse à une cause de destitution à laquelle tout le monde songe.

Dans les sombres soubassements du pouvoir, on entend déjà le bruit des meules qui aiguisent les poignards.

3 commentaires

| Politique internationale | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La burka au volant : est-on devenu fou ?

Publié le 17 novembre 2016 | Temps de lecture : 4 minutes

Voile_islamique
 
Mardi dernier, lors d’un voyage officiel au Maroc, le premier ministre Couillard s’est dit favorable au port de la burka durant les examens pratiques de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Devant le tollé de protestations que ses propos ont suscité, M. Couillard s’est finalement rangé le lendemain de l’avis de ses ministres (qui soutenaient le contraire).

Rappelons que la burka est ce voile intégral qui laisse seulement un petit ‘moustiquaire’ à la femme pour voir. Conséquemment, le champ de vision normal de celle-ci s’en trouve sérieusement rétréci.

Quelle n’est pas ma surprise de voir ce matin dans Le Devoir un de ses éditorialistes les plus respectés écrire : «…le port d’une burqa n’empêche pas la communication verbale. Après s’être dûment identifiée, une personne peut très bien passer un examen de conduite le visage voilé

Laissons à cet éditorialiste le bénéfice du doute. Supposons qu’il parlait du hijab ou du tchador. Ou peut-être parlait-il des examens écrits de la SAAQ et non des exercices pratiques (c’est à dire réalisés au volant).

Mais dans le doute, soyons clairs : il ne peut pas y avoir de conduite automobile sécuritaire en portant la burka. Aucun pays au monde ne le permet. Cela est même défendu dans les pays musulmans.

Donc ce n’est pas une question de persécution religieuse : c’est une question de gros bon sang.

Depuis certains jugements, les pouvoirs publics sont tétanisés à l’idée de devoir s’attaquer à certaines manifestations de l’intégrisme religieux.

Pour prendre un exemple absurde, qui oserait prétendre qu’il est nécessaire de traduire en braille les examens écrits de la SAAQ parce que les examens actuels constituent de la discrimination à l’égard des aveugles ?

Il est stupide de décerner un permis de conduire à une personne qui ne peut pas s’en servir. Voilà pourquoi les examens écrits ne sont pas disponibles en braille.

Toutefois, selon la jurisprudence actuelle, il est raisonnable de présumer qu’interdire les examens de la SAAQ aux femmes portant le niqab serait anticonstitutionnel.

Obliger la prestation de service à visage découvert est un choix de société. Or le rôle des constitutions, ce n’est pas seulement de protéger des libertés civiles; c’est également de consacrer des choix de société.

Et dans le cas de la Canadian Constitution, il s’agit d’une loi imposée au Québec par les provinces anglophones à l’issue d’une séance ultime de négociation à laquelle le Québec n’a pas été invité. C’est une loi ethnique, étrangère au Québec, qui heureusement prévoit une clause dérogatoire.

Lorsque ses dispositions vont à l’encontre des caractéristiques fondamentales du modèle de société que nous désirons défendre, il est légitime (et parfaitement légal) de l’invoquer. Je ne vois pas pourquoi nous devrions hésiter à le faire.

Et si le Canada anglais s’en indigne, c’est son problème et non le nôtre.

Références :
La règle de l’exception
Niqab et burqa aux examens de la SAAQ: Couillard se rallie à ses ministres

Parus depuis
Le Maroc interdit la fabrication et la vente de la burqa (2017-01-10)
L’Allemagne interdit le voile intégral dans la fonction publique (2017-04-28)
Le Danemark veut interdire le voile intégral dans les lieux publics (2018-01-06)
Denmark passes law banning burqa and niqab (2018-05-31)
Switzerland to ban wearing of burqa and niqab in public places (2021-03-07)

Laissez un commentaire »

| Sociologie | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Huitième arrondissement de Paris

Publié le 16 novembre 2016 | Temps de lecture : 9 minutes

Situé sur la rive droite de la Seine, le huitième arrondissement occupe une superficie de 3,9 km² sur laquelle habitent quarante-mille personnes.

Il s’étend du Nord au Sud, du parc Monceau à la Seine puis, d’Ouest en Est, de l’Arc de Triomphe de l’Étoile à l’église de la Madeleine.

Le diaporama qui lui est ici consacré est divisé en trois parties :
• le sud de l’avenue des Champs-Élysées,
• cette avenue d’Ouest en Est en complétant cette promenade d’une remontée vers la Madeleine, et finalement
• la partie de l’arrondissement située au nord de cette avenue.


 
De 0:14 à 0:40, ce sont des images de la cathédrale américaine de Paris.

De style néogothique, ce temple anglican fut construit de 1881 à 1886 sur les plans de l’architecte George Edmund Street. Quant aux vitraux, ils ont été réalisés de 1883 à 1893 par James Bell.

De 1:00 à 1:17, il s’agit du Théâtre des Champs-Élysées.

D’une capacité de 1 905 places, cette salle de spectacle de style Art déco a été inaugurée en 1913.

Le bas-relief au haut de sa façade est d’Antoine Bourdelle tandis que le peintre nabi Maurice Denis a décoré la coupole de la salle principale sur le thème de l’Histoire de la musique.

À 1:32, voici la chapelle Notre-Dame de Consolation. À cet endroit se trouvait autrefois un ensemble de bâtiments en bois où les organismes de bienfaisance présentaient leurs réalisations.

Au Bazar annuel de la Charité de 1897, un incendie se déclara et fit 117 morts (dont la sœur de l’impératrice d’Autriche). Cette chapelle fut édifiée en 1900 en l’honneur de ces victimes.

À deux pas se trouve (à 1:36) la Cathédrale arménienne Saint-Jean-Baptiste, construite de 1902 à 1904 sous les plans de l’architecte Albert Guilbert (à qui on doit la chapelle néobaroque précédente).

À 1:41, il s’agit de l’église écossaise de Paris, qui date de 1957.

De 1:49 à 2:03, nous visitons le Grand Palais (inauguré en 1900). Derrière sa façade couronnée d’allégories exubérantes se cache une immense verrière qui sert de salle d’exposition.

Construit à la même époque, le Petit Palais lui fait face (de 2:04 à 2:20). Œuvre de l’architecte Charles Girault, il abrite de nos jours le Musée des Beaux-Arts de la ville.


 
Il y a plusieurs arcs de triomphe à Paris. Le plus connu est l’Arc de Triomphe de l’Étoile (de 2:25 à 2:53). On l’appelle ainsi parce que c’est à partir de lui que rayonnent douze avenues des Champs-Élysées.

Construit de 1806 à 1836, en respectant les plans de l’architecte Jean-François Chalgrin, ce monument est destiné à immortaliser les victoires et les noms de 660 généraux et maréchaux napoléoniens.

De nos jours, on y trouve également le monument à la mémoire du soldat inconnu (à 2:36).

Les piliers de l’arc sont décorés de quatre hauts-reliefs :
La Paix de 1815 (à 2:28),
La Résistance de 1814 (à 2:30),
Le Triomphe de 1810 (à 2:32) et le plus connu,
Le Départ des volontaires de 1792 (surnommé La Marseillaise, à 2:34).

Du haut de sa plateforme, on a une vue exceptionnelle du quartier.

Fait divers : au défilé de la victoire, le 14 juillet 1919, le commandement militaire avait ordonné aux aviateurs de défiler à Paris à pied, plutôt que d’effectuer des manœuvres aériennes dans le ciel de l’Arc de Triomphe.

Pour protester contre cet affront, l’aviateur Charles Godefroy passa avec son biplan sous la voute de l’arche le 7 aout suivant.

Il fut le premier à réussir cet exploit. Il ne restait que trois mètres de chaque côté des ailes pour permettre à l’avion de passer. Au moindre coup de vent, l’avion se serait écrasé.

Parmi les magasins et restaurants qui bordent l’avenue des Champs-Élysées, se trouve l’hôtel de la Païva (de 3:03 à 3:22)

Cet hôtel particulier est celui de la marquise de la Païva, une courtisane devenue immensément riche.

À 3:28, il s’agit de la statue de Georges Clemenceau, un des hommes politiques les plus populaires de l’histoire de France, qui mena son pays à la victoire lors de la Première Guerre mondiale.

À 3:38, voilà des marrons, c’est-à-dire des fruits comestibles du châtaignier. Quoiqu’illégale, la vente des marrons grillés par de jeunes marchands (principalement dans les quartiers des Tuileries et du Marais) est un des plaisirs automnaux de la capitale française.

Puis nous voici à la Place de la Concorde (de 3:40 à 3:51). C’est la plus grande place de Paris.

Celle-ci est traversée par deux ‘perspectives’. La plus longue, d’Est en Ouest, part du Louvre et se termine, au-delà de l’Arc de Triomphe de l’Étoile, au quartier d’affaires de La Défense. C’est l’axe historique de Paris.

L’autre perspective, du Nord au Sud, part de l’église de la Madeleine au Nord et se termine au Sud par la façade arrière du palais Bourbon qui prend elle aussi l’aspect d’un temple grec.

La photo à 3:40 montre la partie de l’axe historique à l’Ouest de la place de la Concorde. De chaque côté de l’avenue des Champs-Élysées, on peut voir deux des quatre Chevaux de Marly. Ce sont des copies. Les originaux, aujourd’hui au Louvre, furent sculptés par Guillaume Coustou afin de décorer le château de Marly de Louis XIV (d’où leur nom).

Au centre de la place se trouve, depuis 1831, un des deux obélisques qui marquaient auparavant l’entrée du Temple de Louxor à Thèbes. C’est un cadeau du vice-roi d’Égypte à la France.

Le mobilier urbain, dessiné par Jacques-Ignace Hittorff, y est sur le thème de l’eau.

Il comprend deux fontaines; la Fontaine fluviale au Nord et la Fontaine maritime au Sud (de 3:42 à 3:47). Les candélabres sont appelés lampadaires colonne rostrale. Elles représentent des proues de navires portant l’emblème de la ville de Paris (à 3:48).

Aux coins de cette place octogonale, on a placé des statues représentant huit villes françaises (à 3:50).

Nous effectuons ensuite un virage à 90 degrés vers le Nord pour emprunter la rue Royale en direction de l’église de la Madeleine. Sur notre chemin, nous rencontrons une des succursales de la pâtisserie Ladurée (de 4:00 à 4:12).

De 4:18 à 4:37, c’est l’église de la Madeleine. Construit de 1763 à 1842, l’édifice sans fenestration changea plusieurs fois de vocation. Il devint une église en 1845.

C’est la seule église catholique de Paris qui n’est pas surmonté d’un crucifix.

Ses portes illustrent les dix commandements dont le septième (Tu ne tueras point, à 4:20) et le dixième (Tu ne convoiteras ni la femme, ni la maison, ni rien de ce qui appartient à ton prochain, à 4:22).

Le maitre-autel est dominé par la sculpture représentant Marie-Madeleine entourée d’anges (à 4:27).


 
De 4:43 à 4:54, il s’agit de l’église Saint-Philippe-du-Roule, construite de 1772 à 1784. Durant la Deuxième Guerre mondiale, ses cloches furent confisquées par les Allemands et fondues pour faire des obus et des munitions.

De 4:56 à 5:05, nous voyons la salle Gaveau. Suivent le Palais de l’Élysée (construit en 1718, à 5:10) et l’ambassade du Royaume-Uni (à 5:12).

De 5:20 à 5:43, c’est une visite du musée Jacquemart-André, consacré aux arts décoratifs.

Pourquoi ce nom ? Édouard André était un riche banquier qui se fit construire en 1876 un hôtel fastueux qu’il meublera dans un style Louis-XV. Le nom Jacquemart est celui de son épouse.

De 5:50 à 6:00, nous voyons l’église Saint-Augustin, construite de 1860 à 1871. À son achèvement, c’était le plus important édifice parisien à ossature de métal. En dépit de sa hauteur, ce squelette métallique n’a pas besoin d’être solidifié par des contreforts ou des arcboutants.

Érigée par Louis XVIII en 1826, la Chapelle expiatoire (6:06) a été érigée à la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette, à l’endroit où leurs corps furent enterrés après leur exécution.

De 6:10 à 6:16, voici la Cathédrale Alexandre-Nevsky. Avant d’être le pseudonyme d’un chanteur populaire québécois (né Alexandre Parent), Alexandre Nevsky était connu pour être un héros national russe et un saint de l’Église orthodoxe.

L’église qui lui est dédiée à Paris a été inaugurée en 1861. Elle est en forme de croix grecque dont chaque branche est surmontée d’une tourelle se terminant par un bulbe doré et une croix orthodoxe russe.

En tenant compte de la flèche centrale, ces cinq bulbes symbolisent le Christ (au centre) et les quatre évangélistes.

Le 12 juillet 1918, le peintre catalan Pablo Picasso y épousa la danseuse russe Olga Khokhlova.

De 6:23 à 6:46, nous visitons le parc Monceau, créé en 1778 mais transformé cinq ans plus tard en parc à l’anglaise.

On y trouve de nombreuses attractions dont un carrousel, quelques manèges, des statues, de fausses ruines, et de vieux arbres dont ce platane d’Orient, planté en 1814. Vieux de trois siècles, ce platane est en vedette à 6:40.

Aux environs de ce parc, on trouve entre autres :
• le siège social français de la firme d’ingénierie montréalaise SNC-Lavalin (à 6:53 et 6:55),
• le musée d’art décoratif Nissim de Camondo (de 6:57 à 7:29). Ce musée abrite une riche collection privée d’Art du XVIIIe siècle. Ses cuisines auraient inspiré les créateurs du film d’animation Ratatouille des studios Walt Disney,
• le musée Cernuschi, consacré à certaines disciplines artistiques de l’Asie (de 7:30 à 7:56). On y trouve essentiellement des bronzes, du grès et des terres cuites,
• l’hôtel du Collectionneur (de 8:01 à 8:11). Conçu par les décorateurs Jacques Garcia et Alexandre Danan, aidés de l’architecte Stanislas Fiszer, cet hôtel-boutique de style Art déco a ouvert ses portes en 2004,
• la Maison Loo (à 8:12). Commandée par un marchand d’art arrivé à Paris en 1902, cette pagode fut dessinée par l’architecte Fernand Bloch et achevée en 1926. Cette construction, qui jurait avec tout le quartier tant par son style que sa couleur, provoqua la controverse. C’est aujourd’hui un musée privé.


Détails techniques : Le diaporama contient 244 photos et un clip vidéo. Deux de ces photos sont à l’infrarouge (à l’aide d’un appareil Lumix GH1 doté d’un objectif Lumix 14-45 mm II). Tout le reste a été fait à l’Olympus OM-D e-m5.

En ordre décroissant d’utilisation, les objectifs furent le M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (200 photos), le M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (17 photos), le PanLeica 25 mm F/1,4 (14 photos), l’hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8 et le M.Zuiko 75 mm F/1,8 (5 photos chacun), et le Lumix 7-14 mm F/4,0 (1 photo).

Voir aussi : Liste des diaporamas de Paris

2 commentaires

| Photos de France, Photos de Paris, Photos de voyage, Vidéos | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La victoire de Trump ou ‘Le monde est tanné des experts’

Publié le 12 novembre 2016 | Temps de lecture : 5 minutes

À l’occasion de la Grande récession de 2007, les pouvoirs publics ont investi des sommes colossales afin de sauver le système bancaire et éviter une répétition des faillites en série de la Grande dépression de 1929.

À la suite de cet endettement, le milieu des affaires a réclamé une diminution des dettes étatiques, obligeant nos gouvernements à couper dans les services à la population.

Au Québec, l’austérité a semblé d’autant plus impopulaire qu’elle a été décrétée par un parti qui, il y a peu, invitait les entrepreneurs à piller le Trésor public en échange d’une modeste contribution à sa caisse électorale.

Depuis, les médias traditionnels annoncent un retour de la prospérité économique à partir d’indices douteux.

On doit savoir que la spéculation boursière et la majoration de la valeur du parc immobilier déjà existant contribuent à la croissance du PIB.

En d’autres mots, un pays ne pourrait créer aucun emploi, ne produire pas un seul clou de plus et pourtant, voir son PIB augmenter substantiellement si la valeur capitalisée (la valeur des actions déjà émises) de ses entreprises doublait en raison d’une bulle spéculative.

Or justement, en raison de l’actuelle bulle spéculative boursière, nous sommes submergés de fausses bonnes nouvelles économiques.

Ces fausses bonnes nouvelles sont publiées parce que nos quotidiens sont aux prises avec une diminution de leurs revenus publicitaires. Ils coupent donc dans leur personnel. Et pour compenser, on publie intégralement des dépêches reçues d’agences de presse.

Or ces agences sont des organismes opaques qui émettent des dépêches anonymes ou des textes signés par des journalistes ou des reporters que personne ne connait.

La plupart du temps, ces agences reproduisent elles aussi les communiqués émis par des entreprises ou des gouvernements.

C’est ainsi que nos journaux nous parlent du ‘miracle’ économique de certains pays. En réalité, toujours aussi endettés, ces pays connaissent une croissance économique monopolisée par des succursales d’entreprises internationales qui s’empressent de redistribuer leurs profits à leurs actionnaires étrangers, ne laissant que des miettes aux citoyens de ces pays.

Par contre, on ne parlera presque jamais de l’Islande, rebelle du Néolibéralisme et modèle de Démocratie, dont la croissance économique est une des plus élevées d’Europe.

Le résultat de cette désinformation, c’est que les citoyens de Grande-Bretagne et des États-Unis constatent un effritement de leur pouvoir d’achat en dépit de toutes ces bonnes nouvelles.

Par ailleurs, ce pouvoir d’achat est handicapé par l’acquisition de nouveaux gadgets électroniques couteux nécessaires à la scolarisation de leurs enfants ou à leur développement.

Lors de la campagne du Brexit, une des vedettes du clan favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne était confrontée à un journaliste. Ce dernier lui signalait le témoignage d’experts prédisant les effets néfastes du Brexit.

Agacé, ce politicien lui a alors répliqué : « Le monde est tanné des experts

Peu de choses résument mieux le ressentiment de nombreux citoyens à l’égard du jugement d’une certaine élite (politique, économique et journalistique) sur les questions qui les touchent de près.

Les citoyens occidentaux sont aux prises avec une stagnation économique dont ils n’arrivent pas à se sortir. Cela est dû à la cupidité des milieux financiers qui accaparent la grande majorité de la richesse créée depuis quelques années.

Au XXe siècle, le grand capital consentait à la redistribution de la richesse en raison la menace de la montée du Communisme.

Avec l’effondrement du Rideau de fer, cette menace n’existe plus. Si bien que nous sommes revenus à la loi du « Au plus fort la poche ».

Nos dirigeants politiques ferment les yeux sur les paradis fiscaux (dont ils profitent personnellement) et autorisent l’évitement fiscal (qui n’est rien d’autre que de la fraude fiscale légalisée).

Conséquemment, c’est la classe moyenne qui paie une part croissante des dépenses de l’État alors que les possédants évitent de payer leur juste part.

L’élection de Trump et le Brexit sont l’expression de la révolte des peuples anglo-américains. Un discours populiste a cristallisé cette révolte contre les milieux financiers et l’Union européenne dans le cas du Brexit, et contre les immigrants, la mondialisation et les Musulmans dans le cas de la victoire électorale du Trump.

Au Moyen-Âge, on imputait la faute de la peste aux sorcières et aux Juifs (que la foule s’empressait de lyncher).

De nos jours, les Latinos et les Musulmans les ont remplacés dans la vindicte populaire américaine. Mais c’est la même manipulation de l’opinion publique qui est en jeu. Comme au Moyen-Âge.

Ceux qui en bénéficient aujourd’hui auraient intérêt à ne pas se réjouir trop vite tant leurs solutions simplistes sont vouées à l’échec.

Et ceux qui s’en attristent peuvent se consoler en réalisant qu’il s’agit ici d’une révolte protéiforme dictée par un ressentiment aussi vague que spontané. Une révolte qui peut changer de cible aussi rapidement que le vent peut changer de direction.

Dans l’opéra rock Notre-Dame de Paris, Luc Plamondon écrivait : « Il est venu, le temps des cathédrales.» Aujourd’hui on pourrait paraphraser cela en disant : « Il est venu, le temps des révoltes

L’Histoire retiendra les noms des dirigeants politiques qui auront le mieux réussi à canaliser positivement cette indignation vers l’avancement de nos peuples…

Laissez un commentaire »

| Politique internationale | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le mensonge des statistiques

Publié le 10 novembre 2016 | Temps de lecture : 3 minutes

Ceux qui ont cru les statistiques qui prédisaient la victoire de Mme Clinton à l’issue du scrutin américain ne sont pas au bout de leurs peines.

Ce que je lis à pleines pages des grands quotidiens ce matin, c’est le mépris généralisé de gens qui espéraient la victoire de Mme Clinton et qui imputent sa défaite-surprise au vote d’imbéciles, sans toutefois le dire de cette manière.

Le plus sérieusement du monde, ces éditorialistes écrivent que l’élection de Trump est le résultat du ressac des électeurs blancs qui sentent leur suprématie menacée par la croissance démographique des autres groupes ethniques du pays. Ce qu’on appelle le Whitelash.

C’est l’équivalent de la déclaration malheureuse d’un ex-premier ministre québécois un soir de défaite référendaire. Remplacez ‘vote ethnique’ par ‘vote raciste’ et c’est pareil.

Trump a été élu par 47,5% des électeurs. Peut-on croire un seul instant que les suprémacistes blancs forment près de la moitié de la population américaine ? C’est pourtant ce que suggèrent ces journalistes.

De leur côté, les éditorialistes féministes accuseront les mâles blancs — encore eux — d’avoir voté contre Mme Clinton en raison de leur misogynie plus ou moins consciente. Pourtant, les femmes blanches ont voté majoritairement (à 53%) pour Trump. Doit-on en déduire que même les femmes blanches sont misogynes ?

À l’opposé, les femmes noires ont voté majoritairement contre Trump à cause de ses propos racistes plutôt qu’en raison de sa misogynie. Les femmes noires en ont vu d’autres; les propos dégradants de Trump à l’égard des femmes ne se distinguent pas vraiment de ceux qu’on entend de rappeurs noirs très populaires.

La vérité est que l’Amérique profonde a voté pour Trump et les régions côtières, ouvertes à l’immigration, ont voté majoritairement pour Clinton.

Le résultat, c’est que Mme Clinton a obtenu 47,7% des votes et M. Trump, 47,5% (moins qu’elle).

La majorité de Mme Clinton aurait été plus grande si les jeunes aptes à voter s’étaient acquittés de leurs devoirs civiques. Mais ils sont trop paresseux pour faire la file pour aller voter.

Si Mme Clinton, majoritaire, n’est pas présidente des États-Unis, c’est à cause du Collège électoral. Celui-ci est le verrou mis en place au XVIIIe siècle par les élites révolutionnaires pour se protéger, en cas de besoin, de l’immaturité politique du peuple américain (dans lequel ils n’avaient pas confiance).

Paru depuis :
Élection de Trump: la colère d’un grand électeur (2016-11-14)

Un commentaire

| Politique internationale | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel