Introduction
Le rôle des dirigeants militaires d’un pays est de se préparer au pire. Or le pire, c’est la guerre.
Comparée à celle d’un pays ennemi, la dangerosité de groupements terroristes est insignifiante. Les attentats du 11 septembre 2001 ont fait près de trois-mille victimes : une guerre en ferait des millions.
De tous les pays hostiles à l’Occident, la Russie est de loin celui qui dispose du plus grand arsenal militaire.
Contre elle, l’Occident a utilisé deux stratégies complémentaires;
• aux frontières de la Russie, retourner les anciennes républiques soviétiques contre elle et,
• dans le cas de ses alliés militaires plus distants, susciter des insurrections qui y renverseraient les régimes en place.
L’encerclement européen
Presque toutes les anciennes républiques soviétiques d’Europe sont maintenant membres de l’OTAN.
C’est le cas des pays baltes (Estonie, Lettonie, et Lituanie), de la Pologne, de la République tchèque, de la Slovaquie, de la Hongrie, de la Slovénie, de la Roumanie, de la Bulgarie et de l’Albanie.
Depuis un demi-siècle, ces pays vivaient dans la crainte d’une invasion soviétique. Elles se sont donc empressées de se mettre sous la protection de l’OTAN dès que cela fut possible.
Cet encerclement n’est pas passé inaperçu.
Les autorités russes prétendent que le président russe Mikhaïl Gorbatchev n’avait consenti à la réunification de l’Allemagne qu’après avoir obtenu l’assurance que l’OTAN ne chercherait pas à s’étendre vers l’Est.
Du côté occidental, cette prétention est démentie; jamais une telle garantie n’a été donnée à la Russie.
La question de savoir qui dit vrai est purement académique. Il est clair que la Russie ne peut pas accepter d’être encerclée de pays voisins qui pointent leurs canons contre elle.
De manière analogue, le président américain John-F. Kennedy ne pouvait pas accepter que l’Union soviétique déploie ses missiles à Cuba. Le blocus militaire américain, lors de la crise des missiles, était donc compréhensible.
Mais les anciennes républiques soviétiques ne sont pas des iles.
En profitant de la faiblesse de la Russie, après l’effondrement du bloc soviétique, pour militariser contre elle ses anciennes républiques satellites, l’OTAN est aujourd’hui en position de force, au prix d’un accroissement de la tension diplomatique entre la Russie et l’Occident.
Plus que jamais, la Russie est déterminée à stopper cet encerclement. Et de toutes les anciennes républiques soviétiques qui n’ont pas encore adhéré à l’OTAN, la plus importante est l’Ukraine.
Le conflit ukrainien
La Russie n’a pas de moyens d’empêcher un pays voisin de rejoindre l’OTAN autrement qu’en cherchant à déstabiliser son économie et en cherchant à faire en sorte qu’il soit dirigé par un gouvernement qui lui soit fidèle.
Voilà pourquoi l’Ukraine est aujourd’hui au bord de la guerre civile.
Les Ukrainiens ‘de souche’ nourrissent un fort ressentiment à l’égard de la Russie.
La collectivisation des terres agricoles prévue par le premier plan quinquennal soviétique (en 1928, sous Staline) a provoqué un exode rural massif, une perte de productivité et conséquemment, des famines en 1931-1933 qui se sont soldées par six à huit-millions de morts, dont plus de 2,6 millions en Ukraine.
En Ukraine, on désigne ces famines sous le nom d’Holodomor, c’est-à-dire d’extermination par la faim.
De plus, les purges staliniennes de 1937-1939 ont fait également des millions de morts parmi les nationalistes ukrainiens, exécutés ou envoyés vers des camps de travail soviétiques.
Par ailleurs, depuis la création du Bloc soviétique, des millions de Russes se sont établis en Ukraine et sont aujourd’hui des citoyens de ce pays. Ceux-ci nourrissent un fort sentiment d’appartenance à leur mère patrie.
Finalement, l’économie ukrainienne est très intégrée à celle de la Russie.
Les importations en provenance de la Russie et des ex républiques soviétiques d’Asie — membres de la Communauté des États indépendants (CÉI) — représentent environ les quatre dixièmes des importations ukrainiennes. Il s’agit notamment du gaz naturel russe, dont dépend l’économie ukrainienne pour fonctionner.
Les exportations ukrainiennes se répartissent presque également entre la CÉI, l’Europe occidentale, l’Asie (particulièrement la Chine), et le reste du monde.
Donc en dépit du ressentiment d’une partie de son peuple, l’Ukraine est condamnée pour l’instant à demeurer dans le giron russe, que cela lui plaise ou non.
Ce qui n’empêche pas les pays occidentaux de faire miroiter des promesses qu’ils ne peuvent tenir, afin de déstabiliser la Russie.
Références :
Famines soviétiques de 1931-1933
Ukraine
Ukraine, les masques de la révolution