Le coréalisateur François Margolin, venu présenter son film
Samedi dernier, j’ai vu le documentaire Salafistes, réalisé et coproduit par François Margolin et le journaliste mauritanien Lemine Ould Salem.
Présenté en France depuis janvier dernier, le film prenait l’affiche au Québec la semaine dernière dans le cadre du festival Vues d’Afrique (puisque la majorité de plans se déroulent sur ce continent).
Tourné pendant trois ans au Mali, en Mauritanie, en Tunisie, en Syrie et en Irak, le film de 72 minutes laisse la parole aux théoriciens djihadistes et aux personnes qui vivent sur les territoires contrôlés par des milices islamistes radicales.
Des imams fondamentalistes y présentent librement leur conception de l’Islam. Seul le témoignage d’un vieillard africain, à la fin du film, montre quelqu’un en désaccord avec eux sur un point mineur (l’interdiction de fumer).
Pendant certains témoignages, le documentaire montre des extraits de la propagande filmée de l’État islamique, des scènes crues d’exécutions, d’amputations, et des clips vidéos amateurs réalisés lors d’attentats terroristes.
L’absence de voix hors champ ne permet pas de relativiser les points de vue exprimés. Si bien que le spectateur qui ne sait rien de l’Islam pourrait en venir à penser que ce qu’il entend est la manière la plus authentique d’envisager la religion musulmane, illustrée par des images de ce que cela signifie concrètement.
À l’opposé, celui déjà bien informé à ce sujet n’apprendra rien.
Quant au jeune qui a déjà entamé un processus de radicalisation, le documentaire légitime — en la présentant sur grand écran — une conception étriquée de l’Islam qu’il a commencé à faire sienne plus ou moins clandestinement. Notamment, il pourra entendre des héros qu’il n’a vus que dans des vidéos de qualité médiocre sur l’internet.
Pour toutes ces raisons, je n’ai pas aimé ce film. Ceci étant dit, je reconnais que plusieurs scènes du film sont des documents exceptionnels, pour lesquels les coréalisateurs ont risqué leur vie.
Mais présentés bruts, tels quels, sans la confrontation avec d’autres conceptions de l’Islam, ils font du film une longue infopublicité pour des idées que je réprouve.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 75mm F/1,8 — 1/200 sec. — F/1,8 — ISO 6400 — 75 mm