Le monopole monétaire des banques

Publié le 19 avril 2016 | Temps de lecture : 3 minutes


 
Depuis le 1er septembre 2015, le paiement en argent liquide est interdit en France pour toute transaction supérieure à 1 000 euros.

Cette limite vise à lutter contre la fraude, le blanchiment d’argent ou le financement du terrorisme. En effet, cela permet de suivre les transferts importants d’argent.

De plus, le gouvernement français a demandé aux banques de réduire la commission qu’elles prennent sur toute transaction, de manière à supprimer les montants minimums imposés par certains commerçants pour les paiements par cartes de crédit.

De nombreux commerçants acceptent déjà les paiements électroniques à partir d’un euro.

En Norvège, les espèces sonnantes ne sont plus utilisées que dans 5% des transactions. En France, c’est 15%.

Les partisans de l’abandon du paiement comptant donnent l’exemple des sans-abris qui, à l’automne 2013, vendaient le magazine Situation Stockholm dans les rues de la capitale suédoise dotés de lecteurs de cartes.

Mais la Suède est la Suède. Est-ce que les banques d’ici sont prêtes à fournir gratuitement des ordinateurs et des lecteurs de cartes à chaque mendiant afin qu’il puisse gérer son compte de banque ?

On devrait plutôt s’attendre à ce qu’elles leur imposent des frais bancaires sur chaque aumône électronique. En somme, elles s’enrichiront en ôtant le pain de la bouche des pauvres.

Afin d’aider les banques à étendre leur monopole sur toutes les transactions monétaires, l’État pourrait se charger de fournir aux mendiants ordinateurs et lecteurs de cartes. Mais j’entends déjà le milieu des affaires s’indigner contre les excès de l’État-providence, symbolisés par cette générosité jugée excessive à l’égard des démunis.

À la dernière assemblée générale des actionnaires de la Banque Nationale (une banque privée canadienne), le président de l’institution a prédit la disparition du paiement par chèque.

Conséquemment, si on ne peut plus donner de monnaie aux mendiants ni même leur émettre un chèque, nous serons ainsi soulagés de la culpabilité de leur refuser l’aumône.

Voilà ce qui complèterait le dispositif du milieu financier pour lutter contre la pauvreté; faire en sorte que les démunis crèvent de faim.

On peut imaginer que si chaque banquier était tenu de passer une semaine à vivre à la belle étoile au centre-ville de Montréal en hiver, sa perception du monde s’élargirait considérablement…

Références :
En Suède, les espèces en voie de disparition
La Banque Nationale évoque la fin des chèques
Une société sans cash est-elle possible ?

Parus depuis :
« Bientôt la fin de l’argent liquide ? », dans Le Monde (2016—04-25)
La fin du papier n’est pas pour demain, dit Desjardins (2016—05-03)
Panne de Rogers : des experts recommandent de conserver de l’argent comptant (2022-07-20)
Sweden and Norway rethink cashless society plans over Russia security fears (2024-10-30)

Complément de lecture :
Le cimetière de l’argent comptant : où finissent nos billets? (2021-10-17)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12mm F/2,0 — 1/320 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel