Parler français conduit au terrorisme

Publié le 26 mars 2016 | Temps de lecture : 3 minutes


 
Il y a des nouvelles qui me font bondir.

Ce matin Le Devoir publiait un texte intitulé « La francophonie, facteur clé de la radicalisation djihadiste, selon des chercheurs ».

Il s’agit d’une dépêche écrite par le correspondant à Washington d’une agence de presse canadienne.

Celui-ci cite deux ‘chercheurs’ américains qui déclarent que, « par habitant musulman, la Belgique produit nettement plus de combattants étrangers que le Royaume-Uni ou l’Arabie saoudite ».

Il semble que ceux-ci s’appuient sur le fait que par million d’habitants, la Belgique a fourni 41,6 djihadistes en Syrie, comparativement à 11,8 pour le Royaume-Uni et un pourcentage inconnu pour l’Arabie saoudite.

On peut tout faire dire aux statistiques. Mais voyons cela de plus près…

Il est clair que la commune de Molenbeek à Bruxelles est aux prises avec un problème de radicalisation.

Mais dans les faits, le principal contingent de djihadistes en Syrie est composé de Saoudiens, suivis d’environ cinq-mille combattants tchétchènes qui se sont exilés en Turquie après leur défaite par les forces russes.

Suivent une multitude de pays, dont la Belgique fait partie. La contribution de ce pays est d’environ 470 à 553 personnes, soit une contribution appréciable pour ce pays, mais insignifiante dans l’ensemble des forces en présence; à lui seul, il resterait 32 000 hommes dans les rangs de l’État islamique (après avoir perdu 22 000 à 25 000 combattants).

En 1995, les attentats d’Oklahoma City ont été commis par Timothy McVeigh, un terroriste américain anglophone. Les auteurs des attentats du 11 septembre 2001 étaient majoritairement des Saoudiens immigrés aux États-Unis : ils parlaient anglais. Les bombes qui explosent devant des cliniques d’avortement aux États-Unis sont posées par des terroristes de Droite qui parlent anglais. Et les auteurs de la fusillade de San Bernardino étaient anglophones, tout comme ceux qui commettent des tueries dans des écoles américaines.

Et ils parlaient anglais, non pas parce que cette langue mène au terrorisme, mais plutôt parce qu’ils habitent un pays anglophone.

Comme les membres des Brigades rouges, qui habitaient l’Italie, parlaient italien. Comme les membres de l’IRA, en Ulster, parlaient l’anglais avec un accent irlandais. Comme ceux de l’ETA, en Espagne, parlaient l’espagnol ou le basque.

Soutenir que parler français ou partager la culture française représente un facteur de risque sécuritaire, voilà un exemple de la médiocrité journalistique de l’agence de presse canadienne. On s’étonne donc qu’une telle connerie soit publiée par Le Devoir.

Mon commentaire cinglant à ce sujet ayant été refusé par ce quotidien, je me félicite d’avoir créé un blogue qui sert à l’occasion d’exutoire à mes contrariétés. 😉

Référence :
The French Connection – Explaining Sunni Militancy Around the World

Paru depuis :
An Econometric Analysis on the Global Flow of Militants Joining the Islamic State (2016-08-?)

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Écrit par Jean-Pierre Martel