Bonne Saint-Valentin 2016 !

14 février 2016
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Je me suis servi de Google Translation pour obtenir ci-dessus la traduction persane de la phrase : ‘Bonne Saint-Valentin à nos amis iraniens’.

Mais pourquoi donc adresser mon message de cette année précisément aux Iraniens ? C’est que célébrer la fête des amoureux est officiellement interdite dans leur pays.

Dernièrement, les commerçants iraniens ont reçu une directive policière les sommant de cesser la vente de cœurs, de roses rouges, de produits faisant allusion à la Saint-Valentin et de mettre fin à toute activité promotionnelle de cette fête.

Les cafés de la capitale iranienne doivent donc empêcher le rassemblement de filles et de garçons échangeant des peluches, fleurs et chocolats, afin de lutter contre la diffusion de la culture occidentale, jugée décadente.

Depuis des années, les jeunes de ce pays prennent un malin plaisir à transgresser clandestinement les vœux du régime. Conséquemment, la directive policière n’affecte que l’aspect commercial de la Saint-Valentin; aucun régime politique au monde n’a jamais réussi à arrêter l’Amour…

Pour terminer, précisons que la célébration de la Saint-Valentin est réprimée également dans trois autres pays musulmans; l’Arabie saoudite, l’Indonésie, et la Malaisie.

Références :
La Saint-Valentin de nouveau interdite en Iran
These 5 Countries Have Banned Valentine’s Day

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 60mm Macro F/2,8 — 1/160 sec. — F/6,3 — ISO 1000 — 60 mm
Police de caractères utilisée : Bellevue

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La déchéance de nationalité

13 février 2016

Introduction

Le mardi 9 février 2016, l’Assemblée nationale française adoptait de justesse une modification constitutionnelle visant à donner à l’État le pouvoir de déchoir les terroristes français de leur nationalité.

Pour entrer en vigueur, le texte doit être entériné par le sénat à la mi-mars, puis par une majorité d’au moins les trois cinquièmes des voix par le parlement réuni en congrès à Versailles.

L’article 34 de la constitution permettra l’adoption de lois destinées à préciser les règles concernant la nationalité, y compris les conditions où une personne pourrait être déchue de celle-ci lorsqu’elle est condamnée par les tribunaux pour avoir eu « un comportement de nature à porter un préjudice grave aux intérêts essentiels de l’État.»

N’étant pas juriste, je ne sais pas très bien ce que cela implique concrètement. Sans doute pour cette raison, je vous avoue que ce texte me déçoit.

Je me conterai donc de vous dire, dans mes propres mots, ce que je pense au sujet de cette question controversée et ce que la loi devrait dire.

Le principe de la déchéance

La déchéance de la nationalité est une mesure symbolique.

Elle vise à exclure de la Nation ceux qui ont commis contre le peuple un acte haineux totalement inexcusable. On ne peut pas être Français et détester le peuple de France.

Elle est symbolique parce qu’habituellement les terroristes se préparent à mourir en commettant leurs actes. Donc la menace d’une déchéance posthume n’a pas d’effet dissuasif.

Conséquemment, elle est l’expression de l’indignation que ressentent les survivants face à l’odieux d’un crime haineux commis contre le peuple par des concitoyens asociaux.

En posant leur geste, les auteurs s’excluent donc eux-mêmes du corps de la Nation. Ils n’en font plus partie. L’État légalise leur choix en les privant de leur nationalité.

Terroristes et terroristes

La consultation de l’Histoire au sujet du terrorisme nous incite à la plus grande prudence.

Parmi les gestes d’éclat posés par la Résistance française au cours de l’occupation allemande, beaucoup étaient des actes terroristes.

Ces gestes visaient à nuire au ravitaillement des troupes allemandes et, dans certains cas, à s’attaquer à des collabos et à des représentants français de l’occupant nazi.

Donc, il n’y a pas d’adéquation parfaite entre la commission d’actes terroristes dans un pays et la haine envers le peuple qui l’habite. Au contraire, on peut vouloir tuer des représentants de l’État parce qu’on croit, à tort ou à raison, qu’ils ont trahi l’intérêt national.

Comprenons-nous bien; je ne suis pas en train de faire ici l’apologie de l’assassinat politique. Toutefois, l’assassinat d’un représentant de l’État — policier, soldat ou personne politique — ne se compare pas à une tuerie de masse dirigée contre des spécimens de la Nation tout entière; le premier est dirigé contre un pouvoir politique ou ses représentants alors que le second cible la Nation elle-même.

Voilà pourquoi toute tuerie dirigée contre des groupes de concitoyens inconnus devrait être punissable de la déchéance de la nationalité et d’un emprisonnement à l’issue duquel le condamné devrait être expulsé du pays.

Pour terminer, précisons que tuer son conjoint est un homicide mais ce n’est pas un acte terroriste parce qu’il ne vise pas à terroriser quiconque d’autre.

Par contre, l’attentat terroriste — qui est également un homicide — se double, lui, d’un message haineux adressé à une collectivité.

Références :
Déchéance de la nationalité française
La déchéance, c’est maintenant
L’Assemblée nationale vote la déchéance de nationalité
Révision constitutionnelle : les députés votent la déchéance de nationalité à une courte majorité

Parus depuis :
Un djihadiste britanno-canadien déchu de sa nationalité par Londres (2018-08-18)
Une femme condamnée pour terrorisme devient la première Française déchue de sa nationalité (2023-05-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le suffixe .quebec

12 février 2016

Proposée par Raymond Bachand — alors ministre du Développement économique, de l’innovation et de l’exportation — l’Assemblée nationale du Québec adoptait le 11 juin 2008 une résolution unanime demandant que soit créé le suffixe .quebec par l’organisme responsable de l’attribution des noms de domaines sur l’internet.

Près du coin supérieur gauche du fureteur que vous utilisez pour naviguer sur l’internet, vous voyez présentement jpmartel.quebec; il s’agit-là d’un exemple des tout nouveaux noms de domaine formés à l’aide de ce suffixe. Depuis hier, ce nouveau nom remplace l’ancien utilisé par mon blogue.

Les suffixes associés à des lieux ou à des régions géographiques ont un statut spécial et sont appelés suffixes géographiques.

Dès 2006, la Catalogne avait obtenu le suffixe .cat, distinctif du suffixe .es représentant l’Espagne.

En obtenant son propre suffixe le 18 novembre 2015, le Québec devenait le premier territoire du Canada à obtenir son suffixe géographique et l’un des six dans toutes les Amériques.

Trois mois plus tard, 10 000 noms de domaine utilisant le suffixe .quebec ont été accordés.

Référence : nouvelles.quebec

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Turquie et les réfugiés syriens : incohérences européennes

9 février 2016

Carte de la Syrie
 
Le 3 février dernier, l’Union européenne adoptait un fonds d’aide de trois-milliards d’euros destiné aux réfugiés syriens en Turquie. Cette somme a été promise à la condition que la Turquie travaille à freiner la crise migratoire vers l’Europe.

À cette occasion, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a déclaré : « L’argent que nous mettons sur la table va directement bénéficier aux réfugiés syriens en Turquie. Il aidera notamment à améliorer leur accès à l’éducation et à la santé.»

Comme si les réfugiés quittaient la Turquie parce qu’ils ne sont pas satisfaits de l’éducation qu’y reçoivent leurs enfants…

Sur les 2,7 millions de Syriens que la Turquie a accueillis, seulement le huitième vit dans des camps de réfugiés installés le long de la frontière syrienne.

La grande majorité vit donc dispersée dans des villes turques.

Ils habitent des appartements souvent insalubres qu’ils partagent à plusieurs familles et qu’ils louent à la semaine. Les loyers sont augmentés arbitrairement d’une semaine à l’autre par les propriétaires turcs qui les exploitent.

Officiellement, ils sont interdits de travail. Dans les faits, environ 60% des familles syriennes en Turquie tirent des revenus du travail au noir. Ceux qui travaillent obtiennent une énumération insuffisante à combler leurs dépenses. Lorsque leurs économies atteignent un seuil critique, les réfugiés sont forcés à l’exil.

Dans ce contexte, confier à la Turquie la sous-traitance de la sécurité frontalière de l’Europe est un peu illusoire et on voit mal comment la Turquie pourra respecter ses engagements. Rusé, ce pays presse l’Europe de lui verser l’argent. Et pas fous, les commissaires européens attendent des résultats avant de payer.

Depuis novembre dernier, l’entrée en guerre de la Russie a bouleversé la situation dans l’ouest de la Syrie, le fief de Bachar el-Assad.

Comparable à du gruyère, ce fief était troué de poches aux mains de milices islamistes appuyées par l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.

Les bombardements russes ont permis, pour la première fois depuis des années, la reconquête d’une partie du territoire par l’armée gouvernementale.

Comme tout bombardement en zone urbaine, ceux de la Russie causent des pertes civiles et poussent à l’exil une partie de la population.

Des milliers de Syriens frappent donc aux portes de la Turquie. Si ce pays est très accueillant à l’égard des Turkmènes syriens (dont la Turquie a toujours rêvé d’annexer le territoire), elle l’est maintenant moins pour les autres minorités linguistiques de Syrie.

Face aux 30 000 réfugiés syriens bloqués à la frontière turque, des pays européens (dont l’Allemagne) ont pressé la Turquie pour qu’elle leur ouvre ses portes.

Cette intervention a irrité les dirigeants turcs.

« Vous demandez à la Turquie de contenir le flux de réfugiés vers vos pays et maintenant vous nous appelez à ouvrir grand notre frontière aux réfugiés. Vous nous prenez pour des idiots ? » s’est emporté lundi le vice-premier ministre, Yalçın Akdoğan.

M. Akdoğan a tout à fait raison.

Obliger ce pays à ouvrir ses frontières à tout réfugié syrien, c’est incohérent. Cela se justifie par les bons sentiments creux qu’affichent des politiciens européens soucieux de leur image publique.

Mais dans les faits, il n’y a pas d’issue à la crise migratoire sans paix.

Et si on veut laisser l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie soutenir la rébellion islamiste, il faut ériger des murs, des murs et encore des murs, ce qui signifie la fermeture des frontières.

Il est impossible pour la Turquie de respecter ses engagements à endiguer le flot migratoire sans cela.

Toute guerre est cruelle. Dans ce cas-ci, la fermeture des frontières est devenue un remède boiteux à un gâchis inqualifiable dans une partie du monde que nos gouvernements ont mis à feu et à sang sous de beaux grands principes.

Références :
Ankara et Berlin vont faire appel à l’OTAN
Crise migratoire : pas d’issue sans paix
Erdoğan, le premier ministre turc, est une nuisance
La Turquie redoute d’avoir jusqu’à 600 000 nouveaux réfugiés syriens
L’UE d’accord sur un fonds de 3 milliards pour la Turquie

Paru depuis :
Syrian refugees in Turkey are pawns in a geopolitical game (2016-02-15)
From war to sweatshop for Syria’s child refugees (2016-05-06)


Compléments de lecture :
L’ABC de la guerre syrienne (1re partie)
L’ABC de la guerre syrienne (2e partie)
L’ABC de la guerre syrienne (3e partie)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Groupe de Beaver Hall (6e partie)

5 février 2016

Au cours de la période couverte par l’exposition Une modernité des années 1920 – Montréal, le Groupe de Beaver Hall, Edwin Holgate a réalisé les gravures sur bois qui illustrent le recueil de récits campagnards Vieilles choses vieilles gens de Georges Bouchard, paru en 1926.

Si la prose de l’écrivain n’a pas suscité l’enthousiasme du blogueur Jean-Louis Lessard (ex-professeur de littérature), les illustrations d’Holgate qui accompagnent ce livre sont toutefois reconnues pour leur excellence.


Remarque : La technique de la gravure sur bois consiste à creuser une plaque de bois de manière à laisser intacte une partie de la surface. Celle-ci, recouverte d’encre, servira à étamper son image inversée. Les parties creusées n’apparaissent pas.

Contrairement à l’impression offset où il est possible de reproduire différentes teintes à l’aide d’une multitude de points de tailles différentes, la gravure sur bois donne une image contrastée en blanc et noir (si l’encre est noire, évidemment).

Tout au plus, peut-on obtenir une image en différentes couleurs en gravant plusieurs plaques, une pour chaque couleur.

À la longue, la plaque de bois finit par s’abimer. Si bien qu’il est toujours préférable de consulter les éditions originelles de tout bouquin décoré de gravures sur bois. Les éditions réalisées des décennies plus tard sont inévitablement de moindre qualité.


 
Voici donc des photos des gravures qui ornent l’édition in-octavo de luxe de Vieilles choses vieilles gens imprimée à Toronto en 1929 pour l’éditeur Louis Carrier & Cie de Montréal.

Plutôt que de reproduire spécifiquement les gravures, j’ai décidé de présenter intégralement les pages où elles se trouvent afin de donner une meilleure idée de la taille des illustrations et de la typographie Art déco utilisée. De plus, cela est davantage conforme à la volonté de l’artiste qui était d’illustrer le propos de M. Bouchard.

À ma connaissance, c’est la première fois que la série complète de ces gravures (à l’exception des culs-de-lampe) est reproduite sur l’internet.

Dans tous les cas, il suffit de cliquer sur une image pour accéder à sa version en haute résolution.

Page-titre du livre
Le Village
Le Crieur
Les Funérailles
Le Forgeron
Le Vieux Four
La Maîtresse d’Ecole
Le Maquignon
Le Rouet
Le Moissonneur
Le Vieux Métier


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Groupe de Beaver Hall (5e partie)

4 février 2016
Scénographie de la cinquième salle
Devant Nus de Regina Seiden (vers 1925)

Le Groupe de Beaver Hall s’est formé à partir d’un groupe d’élèves et de professeurs de l’Art Association of Montreal, auquel se sont greffés quelques amis.

Par la suite, certains ont poursuivi une carrière artistique tandis que d’autres n’auront été un temps que de talentueux amateurs issus de la bourgeoisie anglo-montréalaise.

Tandis que le Groupe des Sept — formé quelques semaines plus tôt que le groupe montréalais — sublimait la nature nordique canadienne, le Groupe de Beaver Hall présentait un large panorama de la manière de vivre — donc la culture nordique — du pays et plus précisément du Québec.

Entre les deux groupes, pourtant liés par l’amitié et les relations professionnelles, il s’agit-là d’une distinction fondamentale.

Les membres du groupe torontois sont renommés en tant que paysagistes (malgré qu’ils n’ont pas fait que cela) alors que les membres du groupe montréalais ont brillé dans tout, y compris dans le nu féminin, le réalisme psychologique et l’ethnologie.

Intérieur d’Edwin Holgate (1933)

Dans une chambre modeste, une femme place ses cheveux devant son miroir. Pour Holgate, ce sujet banal devient une occasion de faire briller la lumière grâce à une vibrante palette de couleurs.

Plutôt que d’isoler son sujet en le plaçant devant un fond abstrait, Holgate préfère l’inscrire dans son contexte sociologique, comme en témoigne le titre de l’œuvre.

Nu dans l’atelier de Lilias Torrance-Newton (1933)

Manifeste audacieux du féminisme de Torrance-Newton, ce nu frontal montre une femme svelte et fière, presque hautaine, maquillée et peignée à la mode, une main sur la hanche tandis que l’autre, placée en diagonale sur l’épaule opposée, établit une séparation entre elle et le spectateur. Comme pour affirmer que pour une femme, exposer son corps n’est pas le synonyme d’un consentement à quoi que ce soit d’autre.

Ultime provocation; cette femme tourne le dos et cache partiellement la représentation d’un homme emmitouflé dans sa fourrure.

Ludivine d’Edwin Holgate (1930)

Dans le village québécois de Natashquan, Ludivine Landry a quinze ans lorsqu’Edwin Holgate en fait le portrait en juillet 1930.

Sa mère est décédée quelques mois auparavant, obligeant Ludovine (ici en robe de deuil) à assumer la charge de sa famille.

Holgate la montre lasse et inquiète, les mains jointes en signe d’appréhension, propulsée malgré elle dans le monde des adultes.

À l’époque, les critiques avaient salué unanimement la puissance d’expression de cette toile, en dépit de son économie de moyens.

Indian Grave d’Edwin Holgate (1926)

En vue d’une expédition en Colombie-Britannique (la province la plus à l’ouest du Canada), l’ethnologue Marius Barbeau invitait quelques artistes montréalais à l’accompagner, dont Edwin Holgate.

Celui-ci réalise donc en 1926-1927, des toiles qui témoignent de la culture des autochtones de la côte ouest.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (1re photo), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (2e et 3e photos), Voigtländer 17,5 mm F/0,95 (4e photo) et PanLeica 25 mm F/1,4 (les deux autres photos)
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 7 mm
2e photo  : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 40 mm
3e photo  : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 40 mm
4e photo  : 1/250 sec. — F/0,95 — ISO 200 — 17,5 mm
5e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 320 — 25 mm
6e photo  : 1/80 sec. — F/1,6 — ISO 200 — 25 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Groupe de Beaver Hall (4e partie)

3 février 2016
Scénographie de la quatrième salle
Devant Les Immigrantes de Prudence Heward (1928)

Ville la plus populeuse du Canada jusque vers 1960, Montréal est le ‘Paris’ de l’Amérique du Nord dans les années 1920.

L’offre culturelle — cinémas, cabarets, club de jazz, salles de concert — y est extrêmement variée et l’ouverture d’esprit des habitants incitent les impresarios à y présenter des spectacles novateurs et de qualité.

De plus, la prohibition américaine, en vigueur de 1919 à 1933, incite de nombreux Américains fortunés à venir s’amuser dans la métropole.

Au Musée des Beaux-Arts de Montréal, la quatrième salle de l’exposition consacrée au Groupe de Beaver Hall avait pour sujet principal la vie culturelle de Montréal dans les années 1920.

Portrait de Frances Holgate de Lilias Torrance-Newton (vers 1920-5)

Élève puis épouse du directeur de l’Art Association of Montreal, Lilias Torrance-Newton est l’une des dix membres féminines du Groupe de Beaver Hall.

Elle peint ici Frances Holgate, épouse d’Edwin Holgate.

Miss Mary Macintosh de Randolf-Stanley Newton (1924 ou avant)

Époux de Lilias Torrance-Newton, Randolf-Stanley Newton est également membre du Groupe de Beaver Hall.

Il représente ici Mary Mactintosh, une élève de l’Art Association of Montreal qui participera aux expositions du groupe.

Portrait de Jean Chauvin d’Edwin Holgate (1933)

Jean Chauvin était un des plus brillants critiques d’art de la métropole. Ses sympathies modernistes le disposaient favorablement à de nombreux peintres qui avaient été membres du groupe.

Au Théâtre de Prudence Heward (1928)

Cette toile représente de dos deux jeunes femmes assises dans une salle de spectacle qui se détachent sur un arrière-plan formé de spectateurs rendus de façon plus abstraite.

Au premier plan, un châle bleu posé négligemment sur un dossier en velours rouge vient élargir la gamme chromatique de l’ensemble, dominé incontestablement par l’éclat des chairs féminines.

Cette composition vigoureuse, une des plus réussies dans toute l’œuvre de Prudence Heward, a fait l’objet d’un timbre canadien émis en 2010 en 220 000 exemplaires.

Suzy d’Edwin Holgate (1923)

Représentée deux ans plus tôt dans une composition plus conventionnelle, cette Suzie est cette fois-ci cadrée de près, dans une composition en diagonale parfaitement équilibrée en dépit de son asymétrie.

Flapper d’Henri Hébert (1927)
Danseuse au repos d’Henri Hébert (1926)

Frère du seul peintre francophone du Groupe de Beaver Hall, Henri Hébert fut sculpteur, tout comme son père. On doit à ce dernier une bonne partie des sculptures qui ornent la façade du parlement de Québec.

Sans avoir la carrière remarquable de son père dans la sculpture de monuments, Henri Hébert réalisa des œuvres de style Art déco qui révolutionnèrent la sculpture québécoise, jusque là dominée par le régionalisme et l’académisme.

Le Soulier d’André Biéler (1931)

Élève du peintre nabi Maurice Denis à l’académie Ranson, le peinte canadien d’origine suisse Henri Biéler rend ici hommage à son maitre par le choix des teintes pastel.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (1re photo), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (2e photo), Voigtländer 17,5 mm F/0,95 (8e photo), et PanLeica 25 mm F/1,4 (les autres photos)
 1re photo : 1/50 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 7 mm
 2e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 40 mm
 3e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 1000 — 25 mm
 4e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
 5e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 1250 — 25 mm
 6e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 800 — 25 mm
 7e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
 8e  photo : 1/100 sec. — F/0,95 — ISO 3200 — 17,5 mm
 9e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 640 — 25 mm
10e photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Groupe de Beaver Hall (3e partie)

2 février 2016
Scénographie de la troisième salle

C’est dans la représentation de Montréal (et dans une moindre mesure, de Québec) que le Groupe de Beaver Hall affirme sa modernité.

Les membres du groupe sont des citadins enthousiastes, fascinés par la frénésie commerciale et industrielle de la métropole, synonyme dans leur esprit du progrès.

Cet attrait pour la modernité fait en sorte que le Vieux-Montréal, en dépit de son pittoresque, est plutôt ignoré d’eux.

Mais ce modernisme est moins lié au choix de leurs sujets qu’à la manière de les représenter. Une audacieuse synthèse de formes, de motifs et de couleurs constitue le véritable attrait de leurs œuvres.

Ils entretiennent avec la ville un rapport d’intimité en la montrant, entre autres, tel qu’on peut l’observer de leur studio ou de la fenêtre arrière de leur logis de l’ouest de la ville.

Flocons. Fenêtre de l’atelier de Mabel May (1921)

L’omniprésence du patrimoine architectural religieux à Montréal ne pouvait échapper à la représentation de la ville par les membres du groupe.

La silhouette tronquée de la coupole de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde sert de fond à la vue planante des toits enneigés des maisons voisines. L’averse de neige, représentée par un rideau de taches grises, sert à unifier la composition et à accentuer la planéité du tableau.

Toits. Vue de mon atelier. Rue University de Mabel May (1925)

Contrastant avec la grisaille précédente, Mabel May montre ici l’éclat de la ville ensoleillée, telle que vue au quotidien de ceux qui l’habitent.

L’intimité de la vie urbaine est suggérée par ce linge séché à froid et soulevé par le vent.

Les élans verticaux du bâti et l’horizontalité des toits enneigés sont liés par les arabesques des branches et de leurs ombres.

Vieux-Fort. Séminaire des Sulpiciens de Sarah Robertson (1931)

Au début des années 1930, l’appartement de Sarah Robertson est situé à deux pas du séminaire des Sulpiciens.

Ce lieu devient l’occasion d’une composition vive où la simplification des objets et des personnages les réduit à des formes géométriques.

Neige fraîche d’Edwin Holgate (1933)

Cette vue plongeante de l’édifice de La Baie sur la rue Sainte-Catherine est un affrontement saisissant entre deux masses colorées, l’une rouge et l’autre blanche, décorées de lignes formant entre elles une multitude d’angles obtus ou aigus.

Le statisme du bâti est atténué par la vie urbaine, entrevue au sol.

Rue Saint-Denis d’Adrien Hébert (1927)

Dans cette composition, les piétons, les arbres et les édifices contribuent à la verticalité de l’ensemble.

Principalement bleue et gris bleuté, la toile est égayée par quelques taches vives, surtout orangées.

Rue Sainte-Catherine d’Adrien Hébert (1926)

Vêtements à la mode, nouveaux moyens de transport, enseignes lumineuses et affiches, rien n’échappe au chantre de la vie moderne qu’est ce Montréalais né à Paris.

Silo à grain No 3 d’Adrien Hébert (vers 1928)
Le Port de Montréal d’Adrien Hébert (vers 1924)

Aussi séduisantes que soient les toiles d’Adrien Hébert représentant l’effervescence des rues du centre-ville, ces œuvres ne sont modernes que par leur sujet.

Mais ce sont plutôt ses vues audacieuses de l’activité portuaire de la ville qui font de l’artiste un des plus originaux peintres Art Deco du pays.

Depuis la fondation de Montréal, le port joue un rôle essentiel dans l’économie de la ville. De nombreux photographes mais peu de peintres s’y sont intéressés.

C’est Hébert, en focalisant sur ses immenses silos et hangars plutôt que sur les navires accostés, qui révèle la beauté plastique du lieu.

La complexité architecturale des bâtiments, le jeu des perspectives en plongée et en contreplongée, et les lignes des mats, des poutres, et des passerelles qui se heurtent en partant dans toutes les directions, contribuent à décrire une bruyante activité portuaire plus suggérée que montrée explicitement.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (1re photo), Voigtländer 17,5 mm F/9,95 (4e et 9e photos), et PanLeica 25 mm F/1,4 (les autres photos)
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 7 mm
2e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
3e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 400 — 25 mm
4e photo  : 1/100 sec. — F/0,95 — ISO 640 — 17,5 mm
5e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 640 — 25 mm
6e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
7e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 800 — 25 mm
8e photo  : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 500 — 25 mm
9e photo  : 1/100 sec. — F/0,95 — ISO 400 — 17,5 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Groupe de Beaver Hall (2e partie)

1 février 2016
Scénographie de la deuxième salle

C’est sous le thème du Paysage humanisé qu’était consacrée la deuxième salle de l’exposition intitulée Une modernité des années 1920 – Montréal, le Groupe de Beaver Hall, au musée des Beaux-Arts de Montréal.

Alors que le Groupe des Sept — créé à Toronto quelques semaines avant le Groupe de Beaver Hall à Montréal — a fait de la nature sauvage et désertique du Nord canadien un symbole identitaire du pays, le Groupe de Beaver Hall préférait peindre des paysages de la vallée du Saint-Laurent peuplés d’humains, conformément à tradition picturale d’ici.

Les peintres québécois du XIXe siècle aimaient montrer le travail aux champs et des représentations passéistes de la paysannerie québécoise.

Au contraire, le groupe de Beaver Hall traduit la contemporanéité de l’habitant, posant dans son environnement, habillé de vêtement de l’époque.

Le modernisme de la représentation se retrouve également dans les scènes villageoises où les humains sont des éléments de la composition de l’image, dominée par des formes simplifiés, de même que des couleurs vives et contrastées.

Par ailleurs, la nature pouvait être reléguée à un arrière-fond décoratif dans des portraits de riches montréalais en villégiature.

Le Bûcheron d’Edwin Holgate (1924)

Dans les années 1920, Holgate réalise un grand nombre de gravures ayant pour thème le travail rural québécois.

Ici, il porte son attention sur le travail forestier, escamotant la misère et la dangerosité du métier afin de privilégier la dignité de son sujet.

Rollande de Prudence Heward (1929)

Prudence Heward est une des peintres les plus remarquables du groupe montréalais.

Si son style fait penser ici à son célèbre contemporain torontois Lawren-S. Harris (sans qu’on sache qui a influencé qui), la Montréalaise fait preuve de beaucoup plus d’originalité par la variété de ses sujets.

En 2010, cette toile a été reproduite sur un un timbre canadien tiré à 1,5 million d’exemplaires.

Nonnie de Lilias Torrance (vers 1920)

Cette ‘Mona Lisa’ moderne, volontairement décentrée, surprend par le contraste de ses couleurs.

Nonnie était le surnom d’Honour Heward-Grafftey, sœur de la peintre. Cette dernière était âgée de 24 ans. Alors célibataire, Lilias Torrance prendra le nom de Lilias Torrance-Newton à son mariage.

Le Garçon au cormoran, Gaspé d’André Biéler (1930)

Après un séjour en Europe, Biéler choisit de s’installer en 1925 dans la ville de Gaspé afin d’y peindre le mode de vie traditionnel de ses habitants.

Vite découragé par le froid hivernal de la péninsule, il se replie en 1927 à l’ile d’Orléans. En 1930, il retourne en Gaspésie pour peindre quelques tableaux, dont celui-ci.

Les pommettes saillantes et le yeux du sujet laisse deviner son hérédité autochtone. L’artiste peint un jeune homme au regard franc et direct, animé de détermination.

Jeune femme sous un arbre de Prudence Heward (1931)

Résolument Art Deco, cette toile oppose un nu dont se dégage une tension menaçante, placé sur un fond peuplé de formes géométriques aux couleurs froides.

L’artiste manifeste ici son refus d’adhérer aux canons de la représentation convenue de la féminité.

L’Hiver. Baie-Saint-Paul d’Albert-H. Robinson (vers 1923)
Après la grand-messe, Berthier-en-Haut de Kathleen Morris (1927)
Dimanche matin, Sault-au-Récollet de Robert-W. Pilot (1925)
Paysage de campagne d’Anne Savage (1920)

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (1re photo), Voigtländer 17,5 mm F/0,95 (5e photo), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (6e photo), et PanLeica 25 mm F/1,4 (les autres photos)
 1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 6400 — 7 mm
 2e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 400 — 25 mm
 3e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 250 — 25 mm
 4e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 250 — 25 mm
 5e  photo : 1/100 sec. — F/0,95 — ISO 500 — 17,5 mm
 6e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 23 mm
 7e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 250 — 25 mm
 8e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 250 — 25 mm
 9e  photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 200 — 25 mm
10e photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 320 — 25 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel