Préambule
L’église Saint-Paul-Saint-Louis fut la première église française que j’ai visitée. C’était en octobre 2003, au début de mon premier voyage en Europe.
Je m’étais acheté des marrons grillés — servis dans un cornet de papier journal — auprès d’un vendeur ambulant, au sortir d’un grand magasin de la rue de Rivoli.
Tout préoccupé à éviter que les morceaux d’écorce ne tombent par terre, j’avais effectué une longue marche, sans m’en rendre compte, jusqu’à la rue Saint-Antoine (un prolongement vers l’Est de la rue de Rivoli).
L’église Saint-Paul-Saint-Louis s’y trouvait, les portes grandes ouvertes.
Il suffisait de lever les yeux pour admirer la richesse de sa façade. Et il suffisait de les baisser pour voir des mendiants assis sur ses marches ou étendus sur son parvis.
Même si j’ai vu depuis à Paris et à Prague des églises encore plus belles, celle-ci demeurera toujours la première qui m’ait émerveillé.
Histoire
Fondée 1534 par un gentilhomme espagnol venu à Paris pour y étudier, la Compagnie de Jésus migre à Rome en 1537 afin d’y obtenir la reconnaissance papale.
Une fois celle-ci obtenue, les prêtres jésuites se tournent principalement vers l’enseignement et s’établiront dans différents pays. Ils ne retourneront à Paris qu’en 1561.
Le 27 décembre 1594, un ex-élève des Jésuites tente d’assassiner Henri IV. Par amalgame, les Jésuites sont accusés d’avoir inspiré son acte. L’ordre est banni de France de 1594 à 1603.
Mais en 1603, Henri IV choisit un prêtre jésuite, Pierre Coton, comme prédicateur. Ce dernier deviendra son confesseur en 1608.
Dès 1603, il convainc le roi de révoquer l’expulsion des Jésuites de France.
Résultat : deux décennies plus tard, la chapelle Saint-Louis, adjacente au siège social de la communauté à Paris, est devenue trop petite.
Son remplacement par une nouvelle église est une occasion de marquer la réussite sociale de l’ordre religieux. Et puisque de nombreux nobles ont élu domicile dans le quartier, on décide d’en faire un lieu de culte dont la décoration ostentatoire est susceptible de les éblouir.
C’est Louis XIII lui-même qui pose la première pierre, le 7 mars 1627. Une fois complétée, la première messe de l’église fut dite par le cardinal de Richelieu en présence de la famille royale.
Architecture
Au moment de son inauguration en 1641, l’église Saint-Louis-des-Jésuites devenait le troisième lieu de culte à dôme de Paris, après l’église Saint-Joseph-des-Carmes (1613-1620) et l’église du couvent des filles de la Visitation (1632-1634). Cette dernière est située à 450m, sur la même rue.
L’église Saint-Louis-des-Jésuites fut réalisée par trois architectes jésuites : Étienne Martellange (qui crée les plans et conduit les travaux jusqu’en 1629), François Derand (qui lui succède et s’occupe principalement de la façade et de la coupole), alors que Charles Turmel s’occupe de la décoration intérieure.
Façade de l’église
La façade actuelle est presque identique à ce qu’elle était originellement.
Seuls quelques petits détails décoratifs ont disparu à la Révolution. Au milieu de la façade, le sceau de la Compagnie de Jésus a été remplacé par une horloge dont les aiguilles sont en attente de dorure. Et les trois statues actuelles datent du XIXe siècle.
Détail de la façade
Au dernier niveau, on trouve une statue de Saint Louis, œuvre d’Eugène-Louis Lequesne (1815-1887), en remplacement de celle d’origine. Il est à noter que l’église porte les noms de Saint-Paul-Saint-Louis depuis la destruction en 1799 de l’église Saint-Paul-des-Champs, située à proximité (voir la gravure au début du texte).
Les deux statues du premier étage représentent Sainte Catherine — à gauche, d’Auguste Préault (1809-1879) — et Sainte Aure, à droite, d’Antoine Étex (1808-1888).
Note : Pour consulter un guide illustré des termes techniques d’architecture religieuse, on cliquera sur ceci.
Aperçu de l’intérieur de l’église
L’intérieur est relativement lumineux, éclairé par des fenêtres translucides plutôt que par des vitraux.
Chaire
En empruntant l’allée principale vers le chœur, on rencontre la chaire, adossée au pilier situé juste avant le transept. La chaire d’origine, disparue à la Révolution, a été remplacée par celle-ci en 1806.
Tambour, coupole et lanterneau
La croisée du transept est surmontée d’un dôme. Les pendentifs qui supportent le tambour et la coupole représentent les quatre évangélistes (aux quatre coins de la photo ci-dessus).
Grisaille représentant Saint Louis
La coupole repose sur un tambour percé de fenêtres et décoré de grisailles peintes en 1873 par Paul-Joseph Blanc. Ce sont quatre représentants de dynasties françaises; Clovis (roi mérovingien), Charlemagne (roi carolingien), et Robert II le Pieux (roi robertien), et Saint Louis (roi capétien).
À la différence de nombreuses églises, ce n’est pas la coupole qui est peinte, mais plutôt son lanterneau.
À la croisée du transept
Sous la coupole, le maitre-autel moderne est décoré d’un bronze doré de François Anguier (1604-1669) intitulé Les Pèlerins d’Emmaüs.
Derrière le chœur, l’abside est décorée de toiles représentant les quatre évangélistes, peintes par Henri de Caisne (1799-1852).
Selon le Grand Dictionnaire géographique historique et critique d’Antoine-Augustin Bruzen de La Martinière (publié en 1732), le chœur de l’église était dominé originellement par un retable monumental à trois étages qui rappelait la façade de l’église.
Décoré de colonnes de marbre noir dont les chapiteaux corinthiens étaient en bronze doré, ce retable de marbre blanc était surmonté d’un crucifix qui montait presque jusqu’à la voûte. Au centre de chacun de ses étages se trouvait une toile qui était remplacée alternativement par d’autres, selon les périodes de l’année.
Sous les arcades donnant accès aux chapelles situées de chaque côté du chœur — appelées chapelles absidiales — deux anges d’argent drapés de vermeil étaient suspendus, présentant à Dieu les cœurs embaumés de Louis XIII (arcade de gauche) et de son fils Louis XIV (arcade de droite).
L’église ayant été saccagée à la Révolution, puis pillée en 1831 et en 1871, tout ce décor a disparu. Le maitre-autel actuel date de 1836.
Bas-côté de gauche
Surmontés d’une tribune, les bas-côtés sont des galeries qui franchissent quatre portes (ou ‘passages’) tapissées de boiseries qui traversent autant de piliers.
Chapelle du Sacré-Cœur
En empruntant le bas-côté gauche, après la troisième de ces portes, on atteint la chapelle du Sacré-Cœur, aménagée dans le bras gauche du transept. La statue du Sacré-Cœur fut sculptée par Jean-Marie Bonnassieux (1810-1892).
Entrée de la sacristie et chapelle absidiale de gauche
Après la quatrième porte, nous voici devant l’entrée de la sacristie et devant la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, dont l’autel est surmonté de la statue intitulée La Vierge des douleurs de Germain Pilon (1528-1590), un des plus importants sculpteurs de la Renaissance française.
Chapelle de la Vierge
En empruntant le bas-côté droit, on atteint au transept la chapelle de la Vierge (1828).
À gauche et à droite de son autel, se trouvent les sculptures allégoriques en plâtre La Religion instruisant un jeune Américain (1745) de Nicolas-Sébastien Adam (1705-1778) et L’Ange de la Religion fouettant l’idolâtrie (1745) de Jean-Joseph Vinache (1697-1754).
Chapelle absidiale de droite
Au fond du bas-côté droit est situé un autel sobre, surmonté d’un crucifix.
Orgue
En nous dirigeant vers la sortie de l’église, on admirera l’orgue. Il date de 1871. Les tourelles de son buffet sont surmontées de Saint Paul, entouré de deux anges musiciens.
Arrière de la nef
De chaque côté de la sortie principale, on peut voir les statues de Saint Paul (à gauche sur la photo) et de Saint Pierre (à droite), au-dessus des bénitiers en coquillage offerts par Victor Hugo.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8 (7e, 10e et 12e photos), objectifs PanLeica 25 mm F/1,4 (4e et 13e photos) et M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/250 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 15 mm
2e photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 22 mm
3e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 600 — 12 mm
4e photo : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 400 — 25 mm
5e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 18 mm
6e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 40 mm
7e photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 320 — 8 mm
8e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 12 mm
9e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 12 mm
10e photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 400 — 8 mm
11e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 15 mm
12e photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 800 — 8 mm
13e photo : 1/60 sec. — F/1,4 — ISO 400 — 25 mm
14e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 12 mm
Une orgie de perfections. On ne sait plus où attarder son regard Impressionnant !
AUX CROISEES…
Je suis un peu comme Pierre : je ne sais plus où donner de la tête !
Entre les pieds collés au sol, je ne sais plus s’il faut avancer, ni quelle porte ouvrir… ou s’il vaudrait mieux tourner son regard, vers une fenêtre… afin d’y lire les promesses de l’Avenir… Finalement, il me faut trouver le Chemin qui me conduira jusqu’à la Croisée du transept… et, où Dieu pourrait, peut-être, redistribuer les rôles… Cela me fait penser à » L’Ironie du Sort » de André GIDE.
Je sens le mouvement circulaire au Casino, à la roulette, aux Jeux de Hasard où on mise tant d’argent sur les boulevards.
Un podium qui redéfinirait toute l’histoire de chacun et, où tout le monde ne ferait que se croiser…, en empruntant les galeries de la Volonté… jusqu’à la Chapelle du Sacré Cœur… enfin, jusqu’à ce que le Devoir nous appelle…
UN PILIER… UN PASSE… UNE HISTOIRE !