Le radicalisme des rebelles syriens

Publié le 23 décembre 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

La Tony Blair Faith Foundation est une organisation sans but lucratif qui vise à étudier et combattre l’extrémisme religieux.

Le 20 décembre 2015, cet organisme publiait les résultats d’une étude portant sur l’idéologie des groupes rebelles en Syrie (indigènes ou venus de l’Étranger).

Il est à noter qu’il ne s’agit pas d’un sondage effectué auprès de répondants choisis par échantillonnage, mais d’une analyse de la propagande (écrite ou verbale) issue de 48 groupes de rebelles.

L’État islamique (ÉI) et 15 autres groupes — totalisant 96 000 combattants — partagent une idéologie identique. C’est le tiers des groupes étudiés.

Ils combattent afin de reproduire en Syrie le monde musulman idéalisé qui prévalait au temps de Mahomet, soit ce que fait déjà l’ÉI dans le territoire qu’il contrôle.

Parmi eux, huit (excluant l’ÉI) déclarent ouvertement souhaiter commettre des attentats terroristes en Occident. Ces huit groupes comptent 30 000 combattants. Si on ajoute l’ÉI, cela fait 61 000 terroristes potentiels.

À cela s’ajoutent douze autres groupes qualifiés d’islamistes; sans chercher à reproduire les coutumes qui prévalaient il y a 1 500 ans dans cette partie du monde, ils souhaitent néanmoins que le Coran et la charia aient dorénavant force de loi en Syrie.

Douze autres groupes de rebelles luttent pour renverser le régime de Bachar el-Assad, sans professer d’idéologie particulière.

Suivent trois groupes de rebelles qui luttent pour l’indépendance du Kurdistan, et cinq groupes de milices qui ne visent qu’à assurer la protection de leur communauté.

Au total, la majorité des groupes rebelles dits ‘modérés’ (excluant donc l’ÉI et Al-Qaida) visent à remplacer le régime séculier de Bachar el-Assad par un régime où les textes de la doctrine et de la jurisprudence musulmane auront force de loi auprès de l’ensemble de la population.

Seuls 38% des groupes de rebelles souhaitent diriger une démocratie parlementaire.

Et puisque ces groupes s’unissent et s’affrontent selon les circonstances, les auteurs du rapport écrivent : « Toute tentative de faire la distinction entre des rebelles ‘modérés’ d’une part et des extrémistes de l’autre, est impossible. »

Les lecteurs assidus de ce blogue ne seront pas surpris par cette conclusion puisque c’est exactement ce que j’écris depuis deux ans.

En s’alliant aux pétromonarchies et à la Turquie pour renverser Bachar el-Assad, les pays occidentaux sont en train de commettre une grave erreur; celle de transformer un régime séculier brutal par un régime islamiste tout aussi brutal, voire barbare.

Références :
Most Syrian rebels sympathise with Isis, says thinktank
If the Castle Falls: Ideology and Objectives of the Syrian Rebellion


Compléments de lecture :
L’ABC de la guerre syrienne (1re partie)
L’ABC de la guerre syrienne (2e partie)
L’ABC de la guerre syrienne (3e partie)

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