La stratégie militaire de la coalition en Syrie est inefficace

Le 27 novembre 2015

Quatorze années de bombardements ne sont pas venues à bout d’Al-Qaida.

Les combats et les bombardement des villes sont responsables de la crise migratoire syrienne. Davantage de bombes sur ces villes entraineront davantage de réfugiés et davantage de pertes civiles (ce dont on ne parle jamais).

Si les pays hostiles à l’État islamique (ÉI) s’étaient attaqués à sa principale source de financement — la vente de pétrole à la Turquie — les coffres de l’ÉI seraient vides depuis longtemps.

Mais la stratégie militaire de la coalition consiste à bombarder, dans des villes densément peuplées, ce qu’on croit être des casernes, ce qu’on croit être des arsenaux, ce qu’on croit être des centres de commandement, etc.

Or les bombardements dits ‘chirurgicaux’ le sont seulement lorsqu’on sait ce qu’on fait, ce qui n’est pas le cas.

En effet, la coalition n’a pas de combattants au sol à l’intérieur du califat qui pourraient préciser les cibles à détruire.

On rémunère donc les conducteurs de camions-citernes qui font la navette entre la Turquie et l’ÉI afin qu’ils renseignent les services secrets occidentaux. Ces conducteurs sont les seuls à entrer et sortir librement du califat.

Et parce qu’on a besoin d’eux et de la complicité de la Turquie pour les interroger et les rémunérer, on se refuse à tarir les exportations de pétrole parce qu’on a besoin de ces ‘espions’.

Notre seul espoir de voir un pays réellement s’attaquer à l’ÉI, repose donc sur la Russie.

En effet, si elle bombarde les sites d’extraction pétrolière situés sur le territoire du califat, elle s’attaque à la fois à l’ÉI et à la Turquie. Elle ferait alors une pierre deux coups.

Toutefois, soyons clairs : en détruisant les sites d’extraction pétrolière du califat, la Russie ne détruirait pas l’ÉI; la Russie faciliterait seulement la conquête militaire du califat, ce qui forcerait l’ÉI décimée à la clandestinité.

Parus depuis :
Le groupe EI engrange 80 millions de dollars par mois (2015-12-08)
If the Castle Falls: Ideology and Objectives of the Syrian Rebellion (2015-12-21)
US-led airstrikes against Islamic State in Syria and Iraq – interactive (2016-01-08)
Terrorisme: le patron du SCRS prévoit «des décennies» de lutte (2016-03-08)

Compléments de lecture :
Isis Inc: how oil fuels the jihadi terrorists
L’État islamique : un trou noir


Compléments de lecture :
L’ABC de la guerre syrienne (1re partie)
L’ABC de la guerre syrienne (2e partie)
L’ABC de la guerre syrienne (3e partie)

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Un commentaire à La stratégie militaire de la coalition en Syrie est inefficace

  1. Pierre Pinsonnault dit :

    M. Martel, vos billets sur la guerre contre l’ÉI rendent ce sujet plus intéressantes que jamais la lecture et l’écoute de ce qui en est rapporté dans les médias. Cela me rappelle un jeu de guerre auquel j’avais été invité par deux amis, des premiers de classe (cours classique), alors que nous avions tous les trois 14 ou 15 ans : règlements, dés, carte géographique du globe, pions, avions, bateaux, chars d’assaut, etc. Ils ne m’ont invité qu’une fois. Pour cause, car mes succès à ce jeu étaient assez décevants tout comme mes notes en classe (d’autres amis disaient que je passais d’une année à l’autre par charité tandis que ma mère m’accusait de n’étudier que ce qu’il fallait pour dépasser tout juste la note de passage aux examens. Je préfère cette dernière explication !). Tout cela pour dire vous êtes un très bon pédagogue car je me sens maintenant quasiment plus intelligent quand je vous lis. Tenez, je pense tout à coup à René Lévesque, journaliste alors à la télévision, qui réussissait à captiver la province au complet dans les années 50 avec l’émission Point de mire. Il n’y a pas à dire, vous éclairez notre lanterne avec tous les faits que vous nous rapportez et résumez. Sans oublier vos suggestions et critiques pour résoudre toutes sortes de crises que vous osez publier avec courage car, sait-on jamais n’est-ce pas, il y a toujours le risque de se tromper. Je ne sais pas comment vous faites pour réussir à vous tenir informé sur tant de sujets divers et à les penser en profondeur. Dormez-vous de temps en temps ? Bon je vous laisse pour aller déjeuner tout en pensant à ce que je ferais bien si j’étais à la place d’Obama, Poutine, Hollande et autres joueurs face à l’ÉI. Si une idée de génie se pointe (encore une fois on ne sait jamais), j’en ferai part ici même sur votre blogue, prêt à lire votre jugement. Bonne journée !

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