La sélection des réfugiés syriens au Canada

Publié le 18 novembre 2015 | Temps de lecture : 5 minutes

Introduction

Ces jours-ci, s’il est un sujet qui est l’objet d’intenses débats au Québec comme en Europe, c’est celui de la ‘dangerosité’ des immigrants syriens.

À proximité d’un des trois terroristes qui se sont fait exploser à l’extérieur du stade de France, la police a trouvé un passeport syrien.

En soi, cela ne prouve rien.

Le passeport syrien

Au moment où ces lignes sont écrites, il n’existe aucune preuve que ce passeport était celui d’un de ces trois terroristes.

Et pourquoi l’un d’entre eux aurait-il transporté un passeport falsifié ou un passeport appartenant à quelqu’un d’autre ?

Selon l’État islamique, tout Musulman a le devoir d’immigrer au califat. En effet, celui-ci est le seul endroit au monde où le Musulman peut, selon l’ÉI, vivre l’Islam authentique, celui imaginé par le Prophète et régi par les règles qui prévalaient en Arabie à son époque.

Comme pour n’importe quelle armée, les combattants qui quittent ses rangs sont coupables de trahison.

Les citoyens qui abandonnent le califat et qui révèlent les raisons qui les motivent à aller vivre ailleurs, ne peuvent que nuire à l’image que s’est créée l’État islamique sur les médias sociaux. Il est donc interdit à ses citoyens d’émigrer.

Le meilleur moyen d’arrêter l’exode de ses citoyens, c’est de faire craindre que des terroristes se cachent parmi eux. Donc il est possible que ce passeport soit une ruse de l’État islamique.

Pour l’instant, si personne ne peut garantir qu’il est vrai, personne ne peut non plus garantir qu’il est faux.

D’où l’importance des mesures employées pour pallier au risque sécuritaire que comporte cette crise migratoire.

Le tamisage des réfugiés syriens

Presque trois millions de Syriens ont trouvé refuge principalement en Turquie et au Liban. Sur les 2,2 millions d’entre eux en Turquie, seulement 260 000 vivent dans des camps de réfugiés installés le long de la frontière syrienne.

Les 1,9 million de réfugiés syriens qui vivent en Turquie hors des camps habitent dans les villes du pays, dont 350 000 à Istanbul.

Le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR) visite régulièrement ces camps.

Le HCR n’a pas les effectifs qu’il lui faudrait pour faire le suivi des réfugiés qui se dispersent au sein de la société d’accueil.

Par conséquent, seuls ceux qui vivent depuis des mois ou des années dans des camps sont officiellement sur sa liste des demandeurs d’asile.

Ces demandeurs doivent fournir une série d’informations personnelles et détailler les raisons pour lesquelles ils craignent pour leur vie. Les employés du HCR, qui ont trié des milliers de demandes au fil des ans, ne retiennent que les plus vulnérables.

Peter Showler, ex-président de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, confirme : « Les dossiers des catégories à haut risque — un homme célibataire qui serait arrivé dans le camp il y a six mois d’une région où il y a des combats — ne sont même pas transférés pour que les ambassades les étudient à leur tour. »

Au Liban, où se trouvent 1,4 million de réfugiés (dans les camps et hors de ceux-ci), le HCR n’a transmis que 10 000 noms aux ambassades internationales. Cela représente 0.7% des réfugiés de ce pays.

Si l’État islamique voulait cacher des hommes parmi les réfugiés, il lui faudrait se priver de 140 combattants au front pour en avoir un seul inscrit sur la liste de l’ONU et, ce sans savoir s’il sera finalement accepté par un pays hôte.

S’il est facile de cacher des combattants parmi le flot des réfugiés qui forcent les portes de l’Europe, il est totalement inefficace d’essayer de passer par la filière de l’ONU.

Une fois recommandés par le HCR, ces demandeurs seront ensuite interrogés par un agent d’immigration du Canada. Un entretien d’une heure au cours duquel le fonctionnaire s’assure que le récit fourni au HCR tient la route.

Suivent les vérifications de la Gendarmerie royale du Canada, du Service canadien du renseignement de sécurité, et de l’Agence des services frontaliers, qui consultent leurs bases de données et celles des pays alliés.

Finalement, ceux qui réussissent ces tests sont soumis aux contrôles de médicaux du Québec. Ces tests visent à déceler les maladies contagieuses (la tuberculose et le sida, par exemple), de même que les problèmes de santé mentale.

Précisons que la découverte de tuberculose n’est pas un critère d’exclusion puisque cette maladie est traitable.

Références :
Baptême du feu
Crise migratoire : pourquoi maintenant ?
Il faut résister à la tentation de la méfiance
L’État islamique : un trou noir
Réfugiés syriens au Canada – Plus qu’un simple pèlerinage

Parus depuis : Migrants – L’échec du groupe État islamique (2015-11-21)
Fewer than 0.1% of Syrians in Turkey in line for work permits (2016-04-11)

Avez-vous aimé ce texte ?

Prière de choisir un nombre d’étoiles.

Moyenne : 0 / 5. Nombre de votes : 0

Soyez la première personne à voter.

We are sorry that this post was not useful for you!

Let us improve this post!

Tell us how we can improve this post?

2 commentaires à La sélection des réfugiés syriens au Canada

  1. pierre pinsonnault dit :

    Je comprends donc, M. Martel, que le risque est mince d’accueillir un réfugié syrien recommandé par le HCR. Comme l’idée me traverse quelques fois l’esprit d’en accueillir, cette information est fort utile.

    • Je pense que si on mettait sur pied un site web permettant aux personnes de s’inscrire afin de devenir hôtes d’un ou de plusieurs réfugiés syriens, on serait surpris de la générosité des Québécois.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

>