Ce matin, je dois effectuer la visite guidée d’un hôtel particulier.
Le compte-rendu de la journée d’hier — que j’aurais normalement écrit le lendemain, soit aujourd’hui — a été écrit le jour même, soit hier soir. Une fois terminé, il a été programmé pour être automatiquement publié à 7h30 ce matin, alors que j’étais serai encore endormi. Ah ! les merveilles de la technologie.
La visite doit débuter à 9h55. Après le petit déjeuner, je m’empresse de noter sur une carte les lieux à voir dans les environs, de photographier cette carte — photo qui me servira de référence — puis m’habiller et quitter l’hôtel.
Intérieur de l’hôtel de la Païva
Intérieur de l’hôtel de la Païva
Situé sur l’avenue des Champs-Élysées, cet hôtel particulier est celui de la marquise de la Païva, une courtisane devenue immensément riche.
Après avoir écouté l’opéra La Traviata ou vu le film Moulin Rouge, si vous aviez l’impression que toutes les courtisanes parisiennes mourraient de tuberculose dans les bras de leur beau ténor, la marquise de la Païva fait exception à cette règle.
Née pauvre en Russie, elle se prostituera, puis mènera une vie de courtisane à Londres et à Paris. Devenue riche, elle épouse (pour le titre) un noble portugais désargenté (le marquis de la Païva) qu’elle abandonne peu après.
En 1852, un riche cousin du chancelier allemand Bismarck tombe amoureux d’elle. Celui-ci négociera le paiement l’indemnité de six milliards de francs-or que la France doit payer à la Prusse pour lui avoir déclaré la guerre.
En remerciement, l’Allemagne le nommera gouverneur de la Lorraine (arrachée à la France par ses soins).
Sa collaboration indécente avec l’ennemi fait qu’elle est huée à l’opéra et décide de s’exiler dans le château à la française que son mari, toujours follement amoureux, a fait construire pour elle en Silésie.
Aussi charmante et pittoresque que puisse être la Silésie, elle n’est pas Paris. La marquise y décède d’ennui en 1884.
Mais l’ennui est beaucoup moins photogénique que la tuberculose. Voilà pourquoi personne n’a composé de mélodrame au sujet de la pauvre marquise de la Païva.
Mais son hôtel parisien est toujours là, presque identique à ce qu’il fut. C’est un édifice fastueux, dans le goût ostentatoire du Second empire.
Les frères Goncourt, qui y furent invités, disaient méchamment que c’était le Louvre du cul (sic). L’écrivain Alexandre Dumas fils aurait déclaré au sujet de l’hôtel tout neuf : « C’est presque fini; il ne manque que le trottoir ».
Mais c’est dimanche, cessons ces médisances.
Chapelle Notre-Dame de consolation
Il y a une décennie, j’ai visité la Chapelle Notre-Dame de consolation.
Inaugurée en 1900, elle est de style Louis-XV. Elle fut construite en mémoire aux victimes de l’incendie du bazar de la Charité en 1897.
D’après ce que je comprends de la note affichée sur sa porte, elle ne se visite plus que sur rendez-vous.
Intérieur du musée Jacquemart-André
Intérieur du musée Jacquemart-André
Intérieur du musée Jacquemart-André
Pour 12 euros (18$), je visite le musée Jacquemart-André.
Édouard André est un riche banquier qui se fera construire en 1876 un hôtel fastueux qu’il meublera dans un style Louis-XV. Le nom Jacquemart est celui de son épouse.
Autant j’ai été séduit par le musée des Arts décoratifs de La Havane, autant j’ai apprécié ce musée. Il est encore plus lumineux et plus beau que le musée musée Nissim-de-Camondo de Paris.
Si on le compare au pavillon des Arts décoratifs du Louvre, Jacquemart-André est plus ‘vivant’, dans la mesure où on se sent dans un lieu qui a réellement été habité. Au contraire d’une succession de pièces décorées avec goût comme celles qu’on voit dans certains magasins de meubles.
Bref, c’est LE musée d’arts décoratifs de Paris.
Détail de la façade de l’Arc de Triomphe l’Étoile
Vue à partir du sommet de l’Arc de Triomphe l’Étoile
Peut-on être dans le huitième arrondissement sans visiter l’Arc de Triomphe de l’Étoile ? Le billet pour accéder à sa plateforme panoramique est de 8,5 euros (13$).
Intérieur de l’église Saint-Augustin
Je mets le cap sur l’église Saint-Augustin.
Construite entre 1860 et 1871, c’était à l’époque le premier édifice à ossature métallique d’une telle ampleur. Grâce à cette structure, l’église est dispensée de contreforts, en dépit de son élévation.
On semble avoir entrepris sa restauration. Cela lui fera du bien. Pour l’instant, ce lieu est sombre et parait sale.
Puisque j’ai un opéra en soirée, je m’achète un Sub30 qui me servira de repas du midi et du soir, puisque je n’ai rien mangé depuis le petit déjeuner. Mais arrivé à ma chambre vers 17h30, c’est pour constater que ce spectacle est à 17h et non à 7h du soir.
Je mets le sandwich au frais sur le rebord de la fenêtre et saute dans le métro. J’arrive à temps pour la deuxième moitié de l’opéra.
Plafond du Théâtre des Champs-Élysées
C’est Theodora, un opéra anglais de Haendel présenté au Théâtre des Champs-Élysées. De la distribution, relativement bonne, se distingue le ténor Kresimir Spicer, exceptionnel.
L’œuvre est — disons-le franchement — un peu ennuyeuse. Très prêchi-prêcha, soulignant les vertus chrétiennes si prisées par la société britannique de l’époque comme celle d’aujourd’hui. La mise en scène m’a laissé indifférent. Bref, je ne regrette pas tant que ça d’avoir manqué le premier acte.
Puis je rentre à l’hôtel pour la nuit.
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone 8 mm F/1,8 (10e photo), objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (7e et 9e photos) et M.Zuiko 7-14 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 8 mm
2e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 8 mm
3e photo : 1/320 sec. — F/3,2 — ISO 200 — 7 mm
4e photo : 1/60 sec. — F/3,2 — ISO 2500 — 7 mm
5e photo : 1/50 sec. — F/3,2 — ISO 6400 — 14 mm
6e photo : 1/80 sec. — F/3,2 — ISO 1000 — 11 mm
7e photo : 1/2000 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 23 mm
8e photo : 1/4000 sec. — F/2,8 — ISO 100 — 7 mm
9e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 3200 — 13 mm
10e photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 1000 — 8 mm
Pour lire les comptes-rendus du premier ou du deuxième voyage à Paris, veuillez cliquer sur l’hyperlien approprié.
Toute une trotte, M. Martel !
:o) Anecdote : un jugement hâtif. Un moment j’ai été intrigué par votre :
«Ce matin, je dois effectuer la visite guidée d’un hôtel particulier. Donc le texte que j’aurais normalement écrit ce matin l’a été la veille. De plus, il a été programmé pour être automatiquement publié à 7h30, alors que je serai encore endormi. Ah ! les merveilles de la technologie.»
J’avais ajouté, automatiquement mais erronément, après le mot matin, «après la visite de l’hôtel». J’ai donc eu l’impression que vous aviez écrit LA VEILLE votre rapport sur la visite guidée du LENDEMAIN. Un faux ! Pis en plus, vous nous envoyez des textes alors que vous dormez encore à 7h30. Mama mia, en cas de crime, un juge trop âgé s’arracherait peut-être les cheveux face à votre alibi techno se résumant à «je peux prouver mon innocence car je dormais à mon hôtel au moment du crime commis ce matin-là à l’hôtel de la Païva où je n’étais évidemment pas encore rendu».
Bref j’ai lu trop vite. Confiant évidemment dans votre honnêteté, je me suis repris et j’ai fini par comprendre que le texte dont vous parliez était votre rapport de la «veille». Ce qui confirme une citation célèbre de Peter Drucker : «La chose la plus importante en matière de communication, c’est d’entendre ce qui n’est pas dit». Et j’ajouterais «bien entendre». (o: fin de l’anecdote.
Je n’ai jamais été trop attiré par la musique classique. J’ai appris ce matin ce qui distingue un oratorio. Je me suis dit que j’écouterais le 1er acte que vous avez manqué. J’en ai écouté 53 minutes en préparant et dégustant mon déjeuner (omelette à trois oeufs comprenant tomates, champignons et oignons reposant sur une tortilla miellée). J’ai été surpris mais non déçu par la mise en scène moderne du vidéo à l’adresse suivante
https://www.youtube.com/watch?v=KNQ2eowT6xU
Et j’ai lu l’analyse de l’oeuvre par Lorenzo Ciavarini Azzi.
Vous m’ouvrez donc à ces musiques grandioses comme d’ailleurs à l’architecture des églises. Elles conviennent à notre cosmos, en expansion depuis treize milliards d’années, qui mesure en 2015 au moins 93 milliards d’années lumières, ai-je appris la semaine dernière sur le web avec Ici tou.tv, documentaire «Au coeur du cosmos». Une année-lumière «est égale à la distance parcourue par la lumière dans le vide pendant une année julienne, soit environ 9 461 milliards de kilomètres».
Y a pas dire, on voit grand, aussi minuscule que nous soyons.
Bonne fin de journée !
Je connais votre subtilité et votre raffinement, M. Pinsonnault.
Je crois comprendre entre les lignes que le début de mon texte manquait de netteté. J’en ai fait une deuxième version que j’espère plus claire.
Merci de la vidéo que vous avez postée. Si la distribution est différente, le chef (William Christie) est le même.
Au théâtre des Champs-Élysées, la mise en scène était également moderne, mais différente et moins riche en détails significatifs. Elle était surtout moins bien chantée que la version de Covent Garden.
J’ai également écouté cet opéra en écrivant mon compte-rendu du 19e jour de mon voyage. Je crois bien que vous m’avez réconcilié avec cet opéra. Merci.
Je viens rassurer J.Pierre : j’avais très bien compris !
Pierre devait, sans doute, être trop inspiré par ses romans policiers… se prenant pour un détective ou pour un juge qui décèlerait le seul détail ou la preuve, permettant d’accuser ou d’innocenter…
Et, aujourd’hui, je ne peux que constater quelques talents culinaires… Ouff, Pierre a trouvé quelque chose à manger !
C’était juste pour vous dire que je me suis, une fois de plus, régalée de ses mots : j’ai ri, en me disant qu’il n’avait rien compris !