Les Zhuangs en vedette à La Magie des lanternes

Publié le 17 septembre 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Tous les jours jusqu’au 1er novembre 2015, le Jardin botanique de Montréal présente l’événement annuel Jardins de lumière. Ici, le pluriel à Jardins s’explique par le fait qu’il se déroule simultanément au Jardin japonais et au Jardin de Chine.

Au Jardin japonais, il s’agit d’un éclairage paysager qui met en valeur la beauté des lieux.

Au Jardin de Chine, l’événement porte un nom particulier, soit La Magie des lanternes, qui en est à sa 23e édition.

Le thème de cette année, c’est Les Zhuangs. Il s’agit d’un peuple de 17 millions de personnes.

Ils représentent 1,3% de la population chinoise, soit la plus importante minorité ethnique du pays (derrière les Hans qui forment 91,5% de la population).

Ils habitent le sud du pays, dans les provinces de Yunnan, Guangdong et Guizhou. Ils sont renommés, entre autres, pour leur pêche nocturne au cormoran.

Comme c’est le cas depuis des années, les pièces lumineuses ont été conçues à Montréal mais exécutées en Shanghai. Seul le système d’éclairage breveté — totalement à l’épreuve de l’eau et le plus sécuritaire au monde — est fabriqué au Québec.

Voici donc quelques photos que j’en ai rapportées.

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Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone M.Zuiko 8 mm F/1,8 (les 1re et 2e photos), objectifs Voigtländer 17,5 mm F/0,95 (la 3e photo), M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (la 5e photo), PanLeica 42,5 mm F/1,2 (les 9e, 10e et 11e photos), PanLeica 25 mm F/1,4 (la 12e photo), et M.Zuiko 75 mm (les autres photos)
  1re photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 1250 — 8 mm
  2e photo  : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 320 — 8 mm
  3e photo  : 1/160 sec. — F/? — ISO 200 — 17,5 mm
  4e photo  : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 800 — 75 mm
  5e photo  : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 19 mm
  6e photo  : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 320 — 75 mm
  7e photo  : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 250 — 75 mm
  8e photo  : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 320 — 75 mm
  9e photo  : 1/100 sec. — F/1,2 — ISO 250 — 42,5 mm
10e photo  : 1/100 sec. — F/1,2 — ISO 200 — 42,5 mm
11e photo  : 1/100 sec. — F/1,8 — ISO 500 — 42,5 mm
12e photo  : 1/80 sec. — F/1,4 — ISO 320 — 25 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les inscriptions sur le drapeau de l’État islamique

Publié le 16 septembre 2015 | Temps de lecture : 1 minute

Au bénéfice de nos lecteurs qui ne comprennent pas l’arabe, voici la signification de ce qui est écrit sur le drapeau de l’État islamique.

Celui-ci est une variante de l’étendard noir de Mahomet. Les inscriptions qu’il porte paraphrasent la profession de foi musulmane.

Celle-ci se dit « J’atteste qu’il n’y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muhammad est l’envoyé de Dieu ».

Dans le cas du drapeau de l’État islamique, la ligne du haut signifie : « Il n’y a pas de dieu à part Dieu ».

Au centre, dans le cercle blanc, on trouve successivement : « Allah, prophète Mahomet ».

Précisons que cela ne signifie pas que Dieu est le prophète de Mahomet puisque c’est évidemment le contraire aux yeux du croyant.

Graphiquement, cela signifie que l’État islamique est centré sur sur Dieu (au-dessus de tout), puis sur le prophète.

D’autres inscriptions se greffent parfois sur ce noyau. À titre d’exemple, ces deux lignes sont parfois suivies d’une troisième sur laquelle est écrit : « État islamique en Iraq et au Levant ».

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Crise migratoire : les excuses sécuritaires de M. Harper

Publié le 15 septembre 2015 | Temps de lecture : 5 minutes
« La Franchise de Stephen Harper » ( © 2015 — Frederick Hendy)

Introduction

Depuis le début de cette année, le Canada a accueilli 1 074 réfugiés syriens, soit en moyenne six réfugiés par jour.

Pressé par ses adversaires politiques de faire davantage, le premier ministre sortant a promis d’accélérer le processus de sélection et de revoir à la hausse le nombre d’immigrants autorisés à entrer au pays.

Et si on peut en juger par les promesses environnementales de M. Harper — constamment revues à la baisse — il y a peu d’espoir que M. Harper, s’il est réélu, réalise des promesses faites contre son gré.

Pour justifier la tiédeur de son gouvernement face à la crise migratoire, M. Harper a invoqué son souci de protéger la sécurité du pays et conséquemment, de s’assurer que des terroristes ne soient pas admis accidentellement au pays en profitant de cette crise.

Assumer le risque

Les pays européens, qui font face à des arrivées massives de demandeurs d’asile, renoncent aux vérifications préalables, ce qui ne les empêche pas de les commencer une fois les réfugiés arrivés.

Un haut responsable français de la lutte antiterroriste déclarait à l’Agence France-Presse que les djihadistes n’avaient pas besoin de se mêler aux réfugiés. Ils ont déjà des combattants occidentaux dans leurs rangs : ceux-ci peuvent prendre le premier avion à destination de leur pays d’origine sans demander l’asile puisqu’ils en sont déjà citoyens.

Quant aux autres combattants, s’ils ont besoin d’un passeport, les pétromonarchies qui les soutiennent se feront un plaisir de leur en fabriquer un faux gratuitement.

Selon Alain Chouet — ancien directeur du service de renseignements extérieurs français — si jamais l’État islamique veut se lancer dans une offensive de terreur internationale, il ne va pas envoyer ses soldats parmi les réfugiés.

Par mer, « il leur faudrait un mois pour arriver, avec une chance sur deux de se noyer… Du coup, la mission serait à l’eau. » ironise-t-il.

Le directeur du Centre français de recherches sur le renseignement, Éric Dénécé, abonde dans le même sens : « Le vrai problème, c’est que cela accroit encore le nombre de personnes à surveiller alors que les services sont déjà submergés par le nombre actuel de cibles. »

Des questions sans réponse

Face aux raisons douteuses invoquées par M. Harper pour justifier la lenteur du processus d’acceptation des réfugiés syriens, plusieurs questions demeurent sans réponse.

Qui sera responsable de vérifier les antécédents des requérants : le ministère fédéral de l’Immigration ou les services de renseignements canadiens ?

Si on veut augmenter la cadence des personnes acceptées au pays bien au-delà de six par jour, il faudra embaucher de nouveaux fonctionnaires arabophones : où sont publiées les offres d’emploi ? En a-t-on fait l’annonce publique afin d’accélérer le processus de sélection ?

Lors d’une guerre, rien n’est plus facile que de prendre l’identité d’une personne décédée et de recommencer sa vie sous un nom d’emprunt.

Auprès de qui va-t-on vérifier les dires des demandeurs d’asile ?

Va-t-on vérifier la validité des passeports syriens auprès des fonctionnaires du gouvernement de Bachar el-Assad (que le Canada veut abattre) ? Qui nous assure de sa collaboration ?

Espère-t-on vérifier la validité des diplômes académiques en tentant de rejoindre les directeurs d’école, les doyens de faculté ou les professeurs du requérant, et ce dans un pays à l’intérieur duquel 8 à 12 millions de personnes sont déplacées, sans compter les millions qui vivent présentement dans des camps de réfugiés ?

Quand le chaos s’empare d’un pays, y rejoindre quelqu’un est souvent plus difficile qu’on pense.

Si on doit demander des références auprès d’ex-employeurs, qui nous dit que ces personnes ne sont pas complices d’un malfaiteur, voire d’un terroriste ?

Conclusion

Face à cette crise, le choix est donc entre deux manières de procéder.

Soit la manière pragmatique, adoptée dans le passé à chaque fois que notre pays a voulu soulager une crise migratoire, c’est-à-dire l’entrevue sommaire qui écarte arbitrairement le moindre témoignage suspect mais qui permet d’accepter un grand nombre de réfugiés apparemment sincères.

Ou soit la manière conservatrice, c’est-à-dire une longue enquête quasi policière, semée d’embûches, couteuse pour le contribuable, et inefficace quant aux résultats, dessinée à écarter un risque sécuritaire déjà très faible au départ.

Bref, les justifications de M. Harper ressemblent beaucoup à des excuses cousues de fils blancs.

Références :
Crise des réfugiés : Harper invoque l’importance de « protéger notre sécurité »
ÉI et Al-Qaïda n’ont pas besoin d’infiltrer les groupes de migrants, clament les experts
Le Canada rattrapé par ses missions militaires

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| Géopolitique, Politique canadienne | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Lumières nocturnes au Jardin japonais

Publié le 13 septembre 2015 | Temps de lecture : 1 minute

Plus tôt ce soir, je me suis amusé à prendre quelques photos au Jardin botanique de Montréal.

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Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Voigtländer 17,5mm F/0,95
1re photo : 1/100 sec. — F/? — ISO 1600 — 17,5 mm
2e  photo : 1/100 sec. — F/? — ISO 400 — 17,5 mm
3e  photo : 2 sec. — F/? — ISO 6400 — 17,5 mm
4e  photo : 1/15 sec. — F/? — ISO 6400 — 17,5 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Crise migratoire : pas d’issue sans paix

Publié le 12 septembre 2015 | Temps de lecture : 8 minutes

Importance de cette crise

Plus d’un demi-million de personnes sont entrées illégalement en Europe depuis le début de 2014, soit 280 000 en 2014 et 365 000 de janvier à aout 2015.

Depuis 2011, cette croissance est liée à l’augmentation du nombre de réfugiés syriens.

Pays d’origine des réfugiés 2011 2012 2013 2014
Afghanistan 16,3% 18,2% 8,8% 7,8%
Albanie 3,6% 7,5% 8,0% 3,1%
Érythrée 1,1% 3,6% 10,5% 12,2%
Gambie 0,4% 0,8% 2,6% 3,1%
Kosovo 0,4% 1,4% 5,9% 7,8%
Mali 1,8% 0,9% 2,7% 3,7%
Nigéria 4,9% 1,1% 3,2% 3,1%
Syrie 1,1% 10,9% 23,8% 27,9%
Divers 68,1% 48,5% 29,3% 29,0%

Selon les voies — maritimes ou terrestres — utilisées par les immigrants, la composition ethnique des personnes concernées varie.

En 2014, l’agence Frontex estimait que 60% des entrées illégales en Europe se faisaient par voie maritime (par l’Italie, la Grèce et l’île de Malte) alors que 40% se faisaient par voie terrestre (par la Turquie).

Or la Turquie est, de loin, la principale porte d’entrée des réfugiés syriens. Ces derniers empruntent ensuite la route des Balkans vers l’Europe du Nord.

Et parce que leur nombre a considérablement augmenté dernièrement, l’opinion publique a focalisé sur eux. Si bien qu’on a tendance à croire, à tort, que cette crise se résume simplement à une conséquence de la guerre qui règne en Syrie.

Mais puisque ce conflit donne à cette crise migratoire toute son acuité, voyons-en les causes.

Les causes syriennes

En Syrie, la guerre éclate au printemps 2011. Originellement, deux groupes d’opposants s’affrontent. D’une part, l’armée syrienne et ses alliés, soit l’Hezbollah libanais, des milices chiites irakiennes, la Russie et l’Iran. D’autre part, une kyrielle de milices islamistes soutenues diversement par les États-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.

Au début, cette guerre épargnait certaines régions. C’est ainsi que les habitants de Damas, la capitale, en étaient venus à croire que tout cela était une grossière exagération des médias occidentaux… jusqu’à ce que le conflit gagne les portes de la capitale.

Et le conflit originel entre l’État syrien et des rebelles soutenus par l’Étranger, s’est transformé depuis en une série de sous-conflits opposant tous les belligérants entre eux.

Plus aucun centimètre du territoire syrien n’est épargné par la guerre ou la menace imminente de celle-ci. Dans les faits, le pays est morcelé en une multitude de mini-États contrôlés par des seigneurs de la guerre.

On voit donc que l’effondrement espéré du régime de Bachar el-Assad ne règlerait absolument rien, tout comme le départ de Mouammar Khadafi en Libye a simplement résulté en un chaos qui menace maintenant la sécurité de la Tunisie et, dans une moindre mesure, celle de l’Égypte.

Résultat de la guerre en Syrie

Jusqu’ici cette guerre a fait 240 0000 morts et 3,8 millions de réfugiés et ce, sans compter les déplacements non comptabilisés de population à l’intérieur du pays (estimés grossièrement entre 8 et 12 millions de personnes).

Dans les pays voisins, le nombre de réfugiés syriens a explosé depuis le début du conflit.

Carte de la Syrie
 

Million de réfugiés syriens 2011 2012 2013 2014 2015
en Égypte 0,10 0,11 0,23 0,24 0,13
en Irak 0,04 0,10 0,25 0,27 0,25
en Jordanie 0,45 0,30 0,64 0,65 0,63
au Liban 0,09 0,13 0,86 1,15 1,11
en Turquie 0,14 0,27 0,61 1,59 1,94

Selon le quotidien Le Monde, l’Arabie saoudite et le Qatar, pourtant parmi les responsables du chaos syrien, n’auraient accueilli aucun réfugié de ce pays. Ce que conteste l’Arabie saoudite; celle-ci prétend avoir accueilli 2,5 millions de réfugiés syriens.

Cela est tout simplement impossible. En effet, la Turquie — pays limitrophe de la Syrie — a accueilli près de deux millions de Syriens : on voit mal comment l’Arabie saoudite, séparée de la Syrie par l’Irak et la Jordanie, aurait pu en accueillir davantage.

Faute d’ouvrir leurs portes aux réfugiés, les États du Golfe ont dépensé plus d’un milliard de dollars afin d’amortir les conséquences de leur exode. En pourcentage de leur PIB, le Koweït et les Émirats arabes figurent parmi les donateurs les plus généreux des agences qui viennent en aide aux réfugiés.

Tout comme les pétromonarchies, le Royaume-Uni est un important donateur des camps de réfugiés — à hauteur de 1,5 milliard$ jusqu’ici — mais ne veut surtout pas de Syriens chez lui; le gouvernement anglais ne désire accepter que 4 000 Syriens annuellement pour chacune des cinq prochaines années.

En raison du nombre élevé de réfugiés, les sommes consacrées au financement des camps, pourtant importantes, s’avèrent insuffisantes; en Jordanie, près d’un tiers des réfugiés (essentiellement syriens) vit sous le seuil de pauvreté tandis qu’au Liban, cette proportion grimpe à la moitié.

Pour ce qui est de l’Irak, il est à noter que si ce pays n’a accueilli qu’un quart de million de réfugiés syriens, c’est pour deux raisons; premièrement, l’Irak est lui aussi une zone de guerre et deuxièmement, le nombre total de personnes déplacées (toutes origines confondues, y compris irakienne) y est déjà de quatre millions de personnes.

On voit donc que le million de réfugiés que l’Occident s’apprête à accueillir cette année n’est que la pointe de l’iceberg. Une fois cela fait, un autre million de réfugiés frappera aux portes de l’Europe, et ainsi de suite jusqu’à vider le Moyen-Orient de toute la population apte à entreprendre le long exode vers sa sécurité.

Les solutions

Dans l’immédiat, l’accueil de réfugiés syriens est une nécessité. D’abord un impératif humanitaire. De plus, cela est une occasion unique de démontrer aux peuples du Moyen-Orient que leur sécurité n’est assurée que dans des pays où ils peuvent compter sur un État de droit où, du moins en principe, tous les citoyens sont égaux.

À l’opposé, chaque variante de l’Islam est une hérésie par rapport aux autres. Conséquemment, partout où la Charia a force de loi, des Musulmans tuent d’autres Musulmans, notamment pour raison d’apostasie.

Ceci étant dit, il ne saurait y avoir de solution durable à la crise migratoire sans retour à la paix au Moyen-Orient.

Or cette paix ne viendra pas d’elle-même puisque trop de pays ont intérêt à maintenir et à propager l’insécurité dans cette partie du monde.

Malheureusement, plus un pays est responsable du chaos au Moyen-Orient, plus il rechigne à en assumer les conséquences.

C’est ainsi que les pays qui y ont semé la guerre au Moyen-Orient — et conséquemment, l’insécurité des populations affectées — sont également les pays qui prétendent que davantage de guerres, davantage de bombardements, résoudront les problèmes causés par le fiasco de leurs guerres et de leurs bombardements antérieurs.

Et ce qui est vrai pour les pays l’est également pour leur population. Au Canada, plus les électeurs sont favorables à ce que le pays bombarde l’État islamique, plus ils s’opposent à ce qu’on accueille davantage d’émigrés syriens. Ce paradoxe s’explique par le fait qu’ils ne voient pas de rapport entre les deux.

Au contraire, cette crise migratoire est la conséquence de la guerre et elle n’aura pas d’issue sans instauration de la paix. Mais cette dernière ne se fera qu’à la suite de deux transformations majeures.

Premièrement, la sécularisation des gouvernements de ces pays, en d’autres mots la séparation entre l’État et l’Église. Ce qui commence par le renversement de la dictature saoudienne, foyer du terrorisme international et commanditaire de presque tous les conflits armés de la région depuis des décennies.

Deuxièmement, le redécoupage des frontières héritées du démantèlement de l’Empire ottoman et ce, en vue de la création du Kurdistan et de la Palestine.

Références :
Comprendre la crise des migrants en Europe en cartes, graphiques et vidéos
David Cameron: EU countries must do more to fund refugee camps
Guerres de religion
La France suspend une consule honoraire en Turquie qui vendait des canots aux réfugiés
Le changement climatique, facteur de déstabilisation et de migration
Le drame des migrants est politique, cessons de le voir seulement sous l’angle humanitaire
Le PNUD cherche à « maintenir des populations en Syrie, dans les zones sécurisées »
Les Etats du Golfe refusent d’ouvrir leurs frontières
Pourquoi les pays du Golfe n’ont-ils accueilli aucun réfugié syrien ?
Syrie, Erythrée, Afghanistan… ce que fuient migrants et réfugiés
UK to take up to 20,000 Syrian refugees over five years, David Cameron confirms

Parus depuis :
Plus de 500 000 migrants sont entrés dans l’UE en 2015 (2015-09-15)
West ‘ignored Russian offer in 2012 to have Syria’s Assad step aside’ (2015-09-15)
« Nous avons perdu tout espoir » : les quatre raisons de l’exode des réfugiés syriens (2015-09-24)
Why the west should listen to Putin on Syria (2015-09-29)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La 39e édition du Festival des films du monde

Publié le 9 septembre 2015 | Temps de lecture : 9 minutes

Du 27 aout au 7 septembre 2015, le Festival des films du monde présentait 469 films (dont 25 en compétition) provenant de 85 pays.

Au coût de 120$, le laissez-passer permettait au cinéphile d’assister à n’importe quel film, du moment que des places étaient encore disponibles. Les acheteurs de billets (à 10$ l’unité) avaient donc priorité.

Grâce à ce laissez-passer, j’ai donc vu les 44 films suivants :

Bambanti (L’Épouvatail) de Xig Dulay (Philippine, 90 minutes). Basé sur un fait vécu; enfant injustement accusé d’un vol. Interprétation irréprochable. Description sociologique admirable. Mise en scène magistrale. Mon coup de cœur du festival. Note : 11 sur 10 (sic).

Beijing Being d’Emma Jaay (Australie-Chine, 78 minutes). Équivalent cinématographie de Facebook. Chronique de la vie quotidienne d’une Occidentale dans les quartiers populaires de Beijing. Facture libre du film, en rupture de tons, en hommage à la Nouvelle vague française. Note : 6,5 sur 10.

Beijing Carmen de Wang Fan (Chine, 95 minutes). Rapports amour-haine entre un chorégraphe et celle qui incarnera le rôle-titre d’un ballet basé sur Carmen. Quelques bonnes chorégraphies. Trop de clichés. Note : 5,5 sur 10.

Borealis de Sean Garrity (Canada, 94 minutes). Un joueur au chômage entraine sa fille dans un dangereux voyage pour lui montrer la magnificence des aurores boréales, avant que le trouble de la vue dont elle souffre la rende complètement aveugle. Note : 2 sur 10.

Binguan (Deep in the Heart) de Xin Yukun (Chine, 118 minutes). Film à suspense, plein de rebondissements et de quelques situations absurdes. Note : 6 sur 10.

Çasin Sazlar (Let the Music Play) de Nesli Colgeçen (Turquie, 118 minutes). Deux amis tombent amoureux de la même femme. Acteurs médiocres. Comédie faible. Note : 3 sur 10.

Capitão Falcão (Le Faucon portugais) de João Leitão (Portugal, 106 minutes). Film satyrique. Bonne idée de départ, mais trop diluée. Note : 5 sur 10.

Cha và con và (Mekong Stories) de Di Phan Dang (Vietnam-France-Allemagne, 102 minutes). Sensualité et violence dans le climat humide et chaud d’un village riverain du Vietnam. Récit intéressant. Bien joué. Note : 8 sur 10.

Chemia de Bartosz Prokowicz (Pologne, 95 minutes). La déchéance d’un couple dont la femme est atteinte de cancer. Direction photo excellente. Acteurs un peu faibles. Note : 5 sur 10.

Chrieg de Simon Jacquemet (Suisse 106 minutes). Placé en réhabilitation dans une ferme, un jeune découvre que celle-ci s’avère contrôlée pas des délinquants bien pires que lui. Note : 6 sur 10.

Dusha shpiona (L’Âme d’un espion) de Valdimir Bortko (Russie, 110 minutes). Film d’espionnage aux couleurs froides, au récit opaque et aux comédiens sans charisme. Note : 2 sur 10.

Eisenstein in Guanajuato de Peter Greenaway (Pays-Bas-Mexico-Finlande-Belgique, 105 minutes). À la direction artistique spectaculaire, ce film soft-porn explique que l’échec du cinéaste russe Eisenstein à compléter le film Que Viva Mexico ! serait dû à une aventure homosexuelle torride qui l’aurait éloigné de ses responsabilités. Note : 7 sur 10.

El Virus de la Por (Le Virus de la peur) de Ventura Pons (Espagne, 76 minutes). Mélodrame. Effet désastreux de la calomnie d’une fillette jalouse sur la carrière d’un maitre-nageur. Bonne idée de départ mais film mal interprété. Note : 3 sur 10.

Fasle Framoshi Fariba (La Saison de l’oubli) de Abbas Rafei (Iran, 93 minutes). Le courage d’une ex-prostituée qui doit, seule, gagner sa vie honorablement en dépit de la jalousie maladive de son époux impotent et du machisme de la société iranienne. Note : 6,5 sur 10.

Felvilàg (Demimonde) d’Attila Szàsz (Hongrie, 88 minutes). Une courtisane entretenue par un riche industriel trompe ce dernier au péril de sa vie. Splendeur des images. Excellents comédiens. Intrigue intéressante. Note : 9 sur 10.

Fratii Dabija (Les frères Dabija) de Catalin Draghici (Roumanie, 62 minutes). Une heure interminable passée avec trois frères dans leur cuisine. Note : 1 sur 10.

Gassoh de Tatsuo Kobayasi (Japon 87 minutes). Actualisation d’un genre; le film de samouraï. La vie de l’époque, vécue par de jeunes guerriers. Très crédible. Note : 9 sur 10.

Hiszpanka de Lukasz Barczyk (Pologne, 110 minutes). Interprétation très libre d’un événement historique; l’insurrection polonaise contre l’occupation allemande en 1918. Hommage aux films muets de Fritz Lang. Note : 6 sur 10.

It’s really kind of you de Soe Jae-ick (Corée du Sud, 92 minutes). Film d’horreur. Note : 0 sur 10.

Kurai Kurai – Verhalen met de Wind (Kurai Kurai – Récits du vent) de Marjoleine Boostra (Pays-Bas – Kyrghizistan, 85 minutes). Lente présentation de personnages rencontrés à l’occasion d’un retour au bercail. Bonne présentation des différents modes de vie de ce coin du monde. Note : 9 sur 10.

La Pantalla Desnuda (Écran nu) de Florence Jaugey (Nicaragua, 93 minutes). Par jalousie, un ami publie sur YouTube une vidéo compromettante. Idée intéressante et bien développée. Fine psychologie des personnages. Fin trop abrupte. Note : 9 sur 10.

Le Dernier loup de Jean-Jacques Annaud (Chine, 98 minutes). Des nomades mongols (respectueux du délicat équilibre écologique de leur milieu) doivent se soumettre aux diktats désastreux des technocrates de Beijing. Paysages magnifiques. Scénario admirable. Excellents acteurs. Note : 10 sur 10.

L’Orchestre de minuit de Jérôme Cohen-Olivar (Maroc, 114 minutes). Loufoque. Quelques bons numéros d’acteurs arabes incarnant des personnages juifs. Note : 5 sur 10.

Mission Mozart – Lang Lang et Nikolaus Harnoncourt de Christian Berger (Autriche-Allemagne, 53 minutes). Excellent documentaire des répétitions de deux concertos pour piano de Mozart. Note : 10 sur 10.

Muhammad de Majid Majidi (Iran, 171 minutes). Grandiose fresque de l’enfance de Mahomet. Note  10 sur 10.

Neckan de Gonzalo Tapia (Espagne, 92 minutes). Rythme lent. Lumière sombre. Bavard. Note : 4 sur 10.

One day, œuvre collective (Chine, 90 minutes). Publireportage mièvre sur divers organismes venant en aide à des enfants handicapés chinois. Note : 3 sur 10.

Outliving Emily d’Eric Weber (États-Unis, 88 minutes). Film à l’eau de rose, cousu de fils blanc, d’un couple, de leur première rencontre à leur vieillesse. Note : 3 sur 10.

Qanli Yanvar (Janvier sanglant) de Vlalid Mustafa (Azerbaïdjan, 138 minutes). Télé-film sur la répression sanglante d’une émeute à l’origine de l’indépendance du pays. Bonne présentation des motivations des forces en présence. Cinématographiquement très faible. Note : 4 sur 10.

Sakli (Le Secret) de Selim Evci (Turquie, 102 minutes). Un musicien célèbre a une relation secrète avec la fille d’un ami. Ce dernier, gardien jaloux de la virginité de sa fille, a une relation extra-conjugale. Regard sociologique sur la moralité de ses contemporains. Note : 6 sur 10.

Sept jours de Xing Jian (Chine, 73 minutes). Film sonore. La neige, le vent, un vieillard, des poissons et un oiseau. Film à la Taurus, lent et interminable. Note : 1 sur 10.

Sika Deluxe de Ian Cvitkovic (République Tchèque – Macédoine, 108 minutes). Trois gars ouvrent une pizzeria. Psychologie préhistorique des personnages. Note : 3 sur 10.

Song of the Phoenix de Wu Tianming (Chine, 107 minutes). Regard nostalgique sur l’abandon de l’usage d’instruments à vent traditionnels chinois. Décors réalistes. Note : 4 sur 10.

Taboo de Khosro Mousami (Iran, 108 minutes). Drame cohérent et plausible, remarquablement bien mis en scène et bien joué, sur la malédiction qui frappe ceux qui transgressent les coutumes matrimoniales du pays. Un Roméo et Juliette transposé avec intelligence dans l’Iran moderne. Note : 10 sur 10.

The Duel of Wine (Le Duel du vin) de Nicolás Carreras (Italie-Argentine). Comédie romantique. Un vieux sommelier essaie de reconquérir le cœur de sa dulcinée. Charmant et drôle. Note : 9 sur 10.

The Girl King de Mika Kaurismäki (Canada, 102 minutes). L’histoire de la reine suédoise Kristina. Une reine trop en avance sur son temps, qui abdique et quitte le pays en pillant le trésor royal. Scénario excellent. Psychologie fouillée des personnages. Note : 9 sur 10.

The Next Generation Patlabor – Tokyo War de Mamoru Oshii (Japon, 93 minutes). Photographie glauque. Film bavard. Note : 1 sur 10.

The Union de Jeremy Thibodeau (États-Unis, 81 minutes). Confident des secrets des membres d’une famille dysfonctionnelle, le barman embauché à l’occasion d’un mariage résolut le secret de son abandon par son père. Note : 7,5 sur 10.

Tian Jiang (Montagne rouge) de Xin Mei (Chine, 96 minutes). Devenu garde-forestier contre son gré, un jeune homme découvre et s’attache à la forêt. De bons sentiments qui conviennent à des adolescents. Note : 6 sur 10.

Tskhra Mtas Iqit (Le Village) de Levan Tutberidze (Géorgie, 112 minutes). À la montagne, une étrangère doit affronter les préjugés et l’hostilité des villageois. Développement psychologique faible. Note : 5 sur 10.

Under construction de Rubaiyat Hossain (Bangladesh, 88 minutes). Lasse du rôle principal d’une pièce célèbre, une actrice est déchirée entre les exigences aliénantes de sa famille et de la société machiste dans laquelle elle vit, et d’autre part ses aspirations à se réaliser en tant qu’être humain. Description fine des personnages. Note : 7,5 sur 10.

Un instante en La Habana de Guillermo Ivàn Duenas (ÉU-Cuba-Mexique-Colombie, 95 minutes). Réunion de deux frères après une longue séparation. Mélodrame excessif. Psychologie primaire. Rudesse des rapports humains. Note : 2 sur 10.

Yang Pi Fa Zi (Chèvres à la dérive) de Li Jide (Chine, 89 minutes). Un batelier, maitre dans la confection de radeaux flottant sur des peaux de chèvres gonflées d’air, se désole que son fils préfère la modernité plutôt que de lui succéder. Note : 3 sur 10.

Ziporey Hol (Phénix) de Amir Wolf (Israël, 105 minutes). Un vieux tombeur se spécialise dans la séduction de veuves d’ex-survivants de l’holocauste, ce qui lui portera malheur. Comédie noire pleine de charme. Note : 8 sur 10.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une soirée à l’hypergone

Publié le 5 septembre 2015 | Temps de lecture : 2 minutes

Depuis le 28 aout dernier, j’assiste quotidiennement au Festival des films du monde. En fait, j’y passe mes après-midis et mes soirées.

Profitant d’une projection au cinéma Impérial, j’en ai profité pour emporter mon appareil afin de photographier la scène de cet ancien théâtre.

Et comme je n’avais rien de prévu à l’issue du film, je me suis promené au centre-ville afin d’y prendre quelques photos à l’aide d’un hypergone (appelé fisheye en anglais).

Voici ce que j’en ai rapporté.

Scène du cinéma Impérial
Moto en vitrine sur la rue Sainte-Catherine
Les Ailes de la mode
Place Ville-Marie
Le Gesù
Place Desjardins
Place des festivals
Place des festivals
Place des festivals

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, hypergone M.Zuiko 8mm F/1,8
1re photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 2500 — 40 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 500 — 8 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 250 — 8 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 2000 — 8 mm
5e  photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 8 mm
6e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 250 — 8 mm
7e  photo : 1/80 sec. — F/1,8 — ISO 1600 — 8 mm
8e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 2500 — 8 mm
9e  photo : 1/60 sec. — F/1,8 — ISO 2500 — 8 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Muhammad, un film merveilleux

Publié le 4 septembre 2015 | Temps de lecture : 7 minutes

Introduction

C’est à Montréal qu’a eu lieu la première mondiale du film iranien Muhammad.

Dans toute l’histoire du 7e art, c’est la deuxième fois qu’un film est consacré à celui qu’on appelle en français Mahomet. Le premier fut le film hollywoodien Le Message (1976), du réalisateur syrien Moustapha Akkad.

En comparaison, il y a 200 films portant sur la vie de Jésus, une centaine sur différents personnages bibliques et 42 à propos de Bouddha.

La difficulté vient du fait que la majorité des Musulmans sont sunnites et que les courants majoritaires du sunnisme contemporain interdisent toute représentation du prophète. Il s’agit d’un handicap sérieux pour tout réalisateur. C’est comme faire un film sur Dieu sans jamais le voir ni entendre sa voix.

Par contre, les Musulmans chiites, majoritaires en Iran et en Irak, permettent toute représentation respectueuse du prophète. C’était le cas dans l’ensemble du monde musulman avant que l’intégrisme saoudien s’y répande.

Dans le film, on voit du jeune Mahomet que les pieds, les mains, l’arrière de la chevelure, le bout du nez et le bas du visage (du menton au nez).

Au festival, il ne devait originellement y avoir que deux représentations puisque le film doit sortir en salle d’ici un mois. Mais à la demande générale, on a ajouté deux supplémentaires, elles aussi à guichet fermé. Au total, environ deux mille Montréalais ont déjà vu ce film.

En Iran, le film est sorti simultanément dans 57 salles. Il est question d’étendre la distribution à la moitié des salles du pays.

L’œuvre

Réalisée au coût de 40 millions $US, cette ambitieuse reconstruction historique est très crédible par le soin que sa direction artistique a apporté à la création des décors et des costumes.

Les meilleurs acteurs iraniens ont été mis à contribution pour incarner les personnages principaux et des milliers de figurants ont été embauchés pour les scènes de combat, notamment dans l’attaque de La Mecque par le général Abraha d’Abyssinie alors que cette ville est défendue par le grand-père de Mahomet

Le film frappe d’abord par la beauté de ses paysages et des villages reconstitués. Le spectateur qui n’est pas déjà familier avec la vie du prophète risque de se perdre un peu dans la multitude des rivalités tribales qui existaient à l’époque et qui ont obligé le jeune Mahomet de mener une vie errante afin d’échapper aux menaces qui pesaient sur lui en tant qu’héritier dynastique de son clan.

Toutefois, la distribution des rôles caractérise bien les bons (à l’apparence physique flatteuse) et les méchants (laids), ce qui fait qu’on s’y retrouve grosso modo dans le récit du film.

Dans le style des films hollywoodiens comme Ben Hur ou Les dix commandements, Muhammad ne se donne pas pour but de renouveler le style des films consacrés à des sujets sacrés.

Le prophète n’y est donc pas représenté comme un simple personnage historique, comme le serait César ou Bonaparte. À l’instar de la représentation cinématographique de Jésus de Nazareth, le jeune prophète — dont on suit la vie de la naissance jusqu’à 13 ans — est montré comme bon et charitable, plein d’empathie envers les faibles et les persécutés, nimbé d’un aura de lumière qui le sacralise, et porté par une trame musicale qui le glorifie.

C’est donc à la fois un film édifiant et merveilleux au sens littéral du terme (c’est-à-dire qui suscite une grande admiration en raison de son caractère exceptionnel).

D’où les reproches, adressés par les critiques occidentaux, selon lesquels Muhammad serait un film de propagande musulmane.

Un film trop musulman ?

Muhammad-2À la suite de chacune des représentations montréalaises, le réalisateur (ici au centre) s’est prêté à une séance de photos avec les festivaliers.

En conférence de presse, il a déclaré avoir voulu casser l’image de violence associée à l’Islam et offrir un apaisement aux luttes entre Chiites et Sunnites.

« L’islam est une religion de paix, d’amour et d’amitié » a-t-il déclaré, en expliquant avoir essayé de montrer le vrai visage de sa religion. « Cela n’a strictement rien à voir avec l’image violente qui en est faite à cause de radicaux qui l’ont détournée de son sens. »

Le film se compare donc aux grands films bibliques qui connaissent une popularité ininterrompue chez nous depuis des décennies à chaque fois qu’on les présente à la télévision à l’approche de Pâques.

Est-il trop long ?

À Montréal, le film de 171 minutes est présenté dans sa version originale en farsi — c’est-à-dire en langue perse moderne ou en ‘iranien’ — sous-titrée en français et en anglais. Il a été montré à une audience composée majoritairement de Musulmans montréalais, mais également de cinéphiles curieux d’autres confessions religieuses.

Au cours de la représentation à laquelle j’ai assisté debout près de la sortie, à peine quelques personnes sont sorties au cours de la projection, essentiellement pour y revenir quelques minutes plus tard. Je présume que ces gens ont simplement été soulager des besoins naturels. Deux mamans sont également sorties par crainte que leur bébé (qui s’était réveillé) de dérange leurs voisins.

Bref, presque tout le monde — hommes, femmes et enfants — a assisté à la totalité de cette projection qui débutait à 21h et qui se terminait aux environs de minuit.

Est-il, au contraire, une insulte à l’Islam ?

Quelques jours après la sortie du film, le grand mufti d’Arabie saoudite a prononcé une fatwa contre ce film, interdisant sa projection sous le prétexte qu’on y voit le corps du prophète et que ce film serait hostile à l’Islam.

Conséquemment, dans tous les pays sunnites du Moyen-Orient, le film sera probablement interdit. Dans ces pays, les exploitants de salles de cinéma qui se risqueront à braver cette fatwa le feront au péril de leur vie puisqu’un grand nombre de croyants zélés de ces pays se croient investis de la mission de réaliser la Colère Divine.

À Montréal, les Musulmans ont été nombreux à voir ce film avant que soit connue cette fatwa. Sur les médias sociaux, leur appréciation déjà publiée contribuera à la popularité du film en Occident et, involontairement, à mettre en doute la crédibilité du grand mufti et des imams d’ici qui relaieront l’interdit saoudien.

Que ce film représente physiquement le prophète, cela est indéniable : qu’il soit hostile à l’Islam est une accusation totalement burlesque, à laquelle ne pourront croire que les fidèles naïfs qui se priveront de voir ce film remarquable.

Quant à moi, non-musulman qui ai vu cette production, je recommande ce beau film à tous les Musulmans et à tous les cinéphiles.

Références :
Entre Mahomet et tout ce qu’on voudra
Film Review: ‘Muhammad: The Messenger of God’
« Mahomet », une oeuvre « hostile à l’islam »
Muhammad biopic director calls for more movies about the prophet’s life
« Muhammad » de Majid Majidi: long, ennuyant et pompeux
Muhammad: Messenger of God review – evocative account of Islam’s gestation
Muhammad: un film religieux à l’ancienne

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Mon vol à l’étalage (suite et fin)

Publié le 1 septembre 2015 | Temps de lecture : 5 minutes

Des trois familles invitées à voir la vidéo, la première délégation à accepter mon offre fut composée d’un père et de son fils de huit ou neuf ans. Ce dernier était un des plus jeunes du groupe et n’avait été que complice du vol.

Aux tempes grisonnantes, au visage allongé et aux traits nobles, le père refusa dès le départ de voir la vidéo, présumant que je lui disais la vérité.

— Mets-toi à genoux !

— Non, répondit net le fils.

— J’ai dit mets-toi à genoux, répéta le père entre les dents tout en pressant fermement avec les ongles de son pouce et de son index le lobe de l’oreille de son fils, qu’il tira vers le bas.

La vue de cet enfant qui s’agenouillait en suppliant me mit dans un profond inconfort.

Fut-il obligé de demander pardon, de s’excuser ou de promettre de ne plus recommencer, je n’ai pas porté attention.

À voir sa tête inclinée de côté, le visage grimaçant de douleur, ma seule pensée était de faire cesser son supplice et, dans une moindre mesure, le mien.

— OK OK ça va, dis-je, sans savoir exactement ce à quoi j’acquiesçais.

Puis le père offrit de payer la boite de condoms, ce que je refusai en raison du fait que son fils avait joué un rôle mineur dans cette histoire.

Le cas de cette famille s’est terminé par deux poignées de mains, échangées d’abord avec père puis, après une légère hésitation, avec le fils essuyant une larme.

La deuxième famille à prendre rendez-vous était représentée par la mère, la sœur ainée, le voleur, et son frère cadet qui agissait ici comme témoin.

Comme un professeur de chimie, je m’étais soigneusement préparé. J’avais regardé la vidéo à plusieurs reprises, notant précisément sur un bout de papier le début et la fin de l’incident, de même que l’instant précis du vol.

Mais tous les professeurs de chimie savent que les choses ne se déroulent pas toujours comme prévu. Dès le début du visionnement de la vidéo, je fus demandé au comptoir et je dus laisser la famille la regarder seule dans l’entrepôt.

Et pendant que je servais le client qui avait perturbé mes plans, j’entendais le vacarme des cris indignés de la mère et de la sœur, de même que le claquement des gifles infligées au voleur.

Avant même que j’aie eu le temps de terminer avec ce client, la famille sortit de l’entrepôt.

Malgré les demandes insistantes de la mère et de la sœur, et en dépit des taloches infligées à la vue de tous derrière la tête du voleur, celui-ci refusa fièrement de se dire désolé sans doute pour de ne pas perdre la face devant son frère cadet qui lui tournait autour en se moquant de lui.

La mère demanda à payer la somme due, ce que j’acceptai.

Au moment de franchir la porte de l’établissement, le voleur se retourna vers moi et m’adressa un sourire insolent. Dès cet instant, je sus que tout cela n’avait rien donné pour lui.

Dans le troisième cas, il s’agissait d’une famille monoparentale dirigée par la mère.

Par téléphone, celle-ci m’avait demandé de choisir comme punition, une corvée à effectuer dans le commerce sous ma responsabilité.

Embêté, j’avais choisi de lui faire laver le plancher. Il s’agissait d’une tâche inutile puisqu’un service d’entretien accomplissait déjà cela deux fois par semaine.

À la fermeture de l’établissement à 20h30, la mère était arrivée en sueurs de son travail, accompagnée son fils, un grand garçon à l’air doux et sympathique.

Après l’accomplissement de sa punition et au moment de nous quitter, je lui ai dit que j’aimerais lui raconter une petite histoire :

« Lorsque j’avais à peu près ton âge, j’ai commis un vol insignifiant dans un magasin du centre-ville. Mais torturé par ma conscience, j’ai fini par retourner au magasin le lendemain afin de payer l’objet volé. »

J’ajoutai que pendant toutes ces années, ce petit objet — je l’avais apporté de chez moi ce soir-là pour lui montrer — me rappelait, chaque fois que je le regardais, l’importance d’être honnête.

« Aujourd’hui, je suis un adulte respectable et admiré qui jouit tellement de la confiance de ses patrons, qu’ils confient à moi seul, les clefs de leur établissement. Ce qui me permet d’en prolonger l’ouverture ce soir, sans même avoir à demander leur permission. Or ils n’auraient pas cette confiance envers moi s’ils nourrissaient le moindre doute quant à mon honnêteté. »

« Et cet objet, qui m’ai aidé pendant des années à demeurer honnête, j’aimerais te le donner, dans l’espoir qu’il te porte bonheur à toi aussi. »

Très lentement, comme dans un film au ralenti, je lui ai tendu cet objet qu’il a accepté silencieusement, les yeux rivés sur lui.

Quelques mois plus tard, j’ai accepté une offre de travailler ailleurs. Je n’ai donc jamais su ce que ces trois jeunes étaient devenus. Si je ne fais pas d’illusion quant au second, je me plais à penser — peut-être naïvement — qu’ils sont fondamentalement bons et que cette bonté innée a probablement prévalu sur les tendances au mal qu’ils ont en eux comme c’est le cas pour chacun d’entre nous.

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Écrit par Jean-Pierre Martel