Le soir d’une défaite référendaire, les propos hostiles du premier ministre Jacques Parizeau à l’égard des minorités ethniques du Québec auraient pu être prononcés par n’importe quel chef d’un mouvement d’extrême droite.
Quelques semaines avant l’annonce officielle de la Charte de la laïcité du Parti québécois, je prenais position contre celle-ci, notamment en raison de sa discrimination à l’égard de certaines Musulmanes.
Et voilà que le Bloc Québécois en rajoute en associant deux sujets qui n’ont aucun rapport (autre que la couleur); le pétrole et le niqab.
Quel est ce petit génie qui a eu l’idée de mêler ces deux sujets ?
Tous les dirigeants bloquistes, imbibés de belle rectitude politique, vous diront combien il est important d’éviter les amalgames. Ils vous parleront des efforts qu’ils consacrent à éviter les associations d’idées réductrices à l’égard des minorités ethniques.
Toutefois dans cette campagne, à coup de millions$, le Bloc québécois associe deux dangers anticipés; le pétrole et les Arabes. Comme si les États-Unis n’étaient pas devenus le principal producteur de pétrole au monde, et que le pétrole dont il s’agit dans cette publicité n’était pas canadien à 100%.
Alors j’aimerais qu’on m’explique pourquoi il était nécessaire d’amalgamer le danger des pipelines pétroliers d’une part, et d’autre part le péril du niqab envers les valeurs canadiennes. Il y a un tel écart de dangerosité entre les deux que je ne comprends pas le rapport.
Le Bloc serait mieux avisé de retirer cette publicité démagogique, laide et sale.
Les minorités visibles sont extrêmement sujettes à l’intolérance : en clair, le Bloc veut-il semer l’animosité à l’égard des femmes niqabées ? Si ce n’est pas le cas, doit-on attendre que l’une d’elles soit sauvagement attaquée pour réaliser qu’on est allé trop loin ?
Le Bloc québécois aurait intérêt à se ressaisir et à agir de manière responsable. Et agir de manière responsable, c’est de dire aux électeurs que le problème, c’est la politique conservatrice en matière d’immigration. Cela serait mieux que de susciter l’animosité à l’égard des femmes qui portent le niqab, admises au pays, qui font respecter leurs droits.
Référence : La Charte de la laïcité : un mauvais départ