Il y a deux jours à Toronto, M. Steven Harper a promis que s’il était réélu à la tête du pays, son gouvernement accorderait davantage de ressources aux forces policières afin de traquer les producteurs clandestins de marijuana.
De plus, il a réitéré son opposition à la création de sites d’injection supervisés de drogues en dépit du fait que les études ont démontré que cela réduit la prévalence d’hépatite C et de VIH chez les toxicomanes.
Finalement, il commanderait des études destinées à prouver les effets néfastes de la drogue sur la santé mentale.
Il a reproché au Nouveau Parti Démocratique et au Parti libéral leur intention de décriminaliser la possession simple de marijuana et peut-être même de légaliser complètement sa production et son commerce.
Au Québec, cette annonce conservatrice est passée complètement inaperçue, probablement parce qu’ici, depuis plus d’une décennie, les policiers n’arrêtent plus personne pour possession simple (à mois qu’on leur envoie la fumée au visage).
De plus, tous les dimanches ensoleillés de l’été, les Tam-tams du mont Royal réunissent une foule autour du monument à Sir George-Étienne Cartier. On y joue de la musique alors que les lieux dégagent une curieuse odeur d’herbe brulée. Tout le monde le sait — c’est presque une attraction touristique — et aucun policier n’intervient.
Donc les ardeurs répressives de M. Harper n’inquiètent pas grand monde au Québec.
Mais connaissant la tendance à la « contrôlite » du premier ministre, il n’est pas exclu que des subventions fédérales à la ville de Montréal soient un jour assorties à la condition de réprimer la consommation de drogue.
On aurait donc tort de ne pas prendre au sérieux cette promesse conservatrice.
Aux États-Unis, les Républicains ont fait de la lutte à la drogue un de leurs thèmes électoraux pendant des décennies. Or leur guerre à la drogue est un échec total.
Après y avoir consacré, de 1987 à 1997, une somme de cinq cents milliards de dollars, après avoir construit d’innombrables prisons pour punir les vendeurs de drogue et leurs clients, après avoir gagné le record d’incarcération de tous les pays démocratiques, les États-Unis ont réalisé que cette coûteuse répression ne parvenait pas à faire fléchir le taux de consommation de drogues douces chez eux.
Récemment, certains États américains ont même complètement cessé la prohibition de la marijuana, déclenchant un affut touristique qui suscite la jalousie d’États voisins.
De nos jours, la majorité des Républicains eux-mêmes sont d’avis que tout cela fut un gaspillage monumental.
Aux Pays-Bas — où la marijuana est légale — les Hollandais sont parmi les plus faibles consommateurs européens de cette drogue, probablement parce sa consommation n’a plus l’attrait du péché défendu. Dans leur esprit, c’est une commodité pour touristes.
Les études scientifiques ont démontré que le goudron de la marijuana est plus cancérigène que celui du tabac. Mais lorsqu’on tient compte qu’il est rare qu’on fume vingt joints par jour, dans les faits, la marijuana est moins toxique que le tabac ou l’alcool.
Par contre, elle est susceptible d’aggraver des désordres mentaux déjà existants. Mais elle ne rend personne fou (à part quelques politiciens obsédés par elle).
Bref, M. Harper radote.
Mais pour les besoins de la discussion, supposons qu’il ait raison. En d’autres mots, supposons que les millions de dollars que M. Harper s’apprête à dépenser de plus fassent toute la différence, la question qu’on peut se poser est la suivante : pourquoi ne les a-t-il pas dépensé plus tôt ?
Il est au pouvoir depuis neuf ans, pourquoi a-t-il attendu tout ce temps avant d’accorder finalement aux forces policières les sommes qu’il leur faut pour protéger la population canadienne des graves dangers des drogues à Lucie Nojène… non, allo sino… non, voyons qu’est-ce que j’ai ? Al, halo… Ah, laissez donc faire.
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