La liberté d’expression des imams radicaux

Publié le 15 juillet 2015 | Temps de lecture : 3 minutes

Le 31 janvier dernier, le maire de Montréal avait déclaré que l’imam montréalais Hamza Chaoui était un « agent de radicalisation » et « un fomenteur de tension sociale ».

Ce qui a valu à l’imam Chaoui d’être qualifié ainsi, ce sont ses prêches qui font la promotion de la subordination des femmes à leurs époux et qui déclarent la démocratie contraire aux prescriptions du Coran (en d’autres mots, contraire à l’Islam).

Lésé par les propos du maire, l’imam Chaoui a répliqué en intentant une poursuite de 500 000$ pour libelle diffamatoire contre la ville.

Depuis la création en mai dernier de sa page Facebook, des milliers de visiteurs ont cliqué le bouton « J’aime » en signe d’appui.

On apprend aujourd’hui que M.Chaoui a également créé un site web permettant à ses partisans de financer son combat juridique grâce à un lien vers PayPal.

Cette cause s’annonce très intéressante. Sa portée dépasse très largement les frontières du pays. En effet, elle pose la question suivante : la liberté d’expression et la liberté de culte permettent-elles la promotion d’idées subversives ?

L’Islam promu par les imams radicaux n’est pas l’Islam pratiqué par l’immense majorité des Musulmans qui vivent dans nos pays.

Prétendre que la Volonté de Dieu est contraire à la Démocratie, cela est contraire aux fondements mêmes d’une société démocratique comme la nôtre.

Très précisément, l’Islam dont ces imams souhaitent la venue est un Islam qui transformerait radicalement notre société, présentement fondée par des valeurs d’égalité entre les Citoyens et sur la primauté du droit. Dans ce sens, il s’agit d’un discours subversif caché sous le couvert de la religion.

En raison de cette primauté du droit, un prédicateur ne peut inciter ses fidèles à assassiner un citoyen coupable d’apostasie ou d’insulte à l’Islam.

Mais si la Volonté de Dieu — du moins telle qu’eux la perçoivent  — a préséance sur la volonté des hommes, tout cela devient acceptable. C’est d’ailleurs le cas partout où la Charia a force de loi.

Ce que prêchent les imams qualifiés de radicaux au Québec — Chaoui et Charkaoui, entre autres — c’est très précisément le renversement de la Démocratie parlementaire et l’instauration de l’Islam politique.

Inspirées par l’idéologie de l’État islamique et le wahhabisme de l’Arabie saoudite — qui sont fondamentalement la même chose — leurs prédications font la promotion d’une dictature politique et religieuse exercée par eux et leurs semblables.

Les tribunaux seront donc invités à déterminer si la Constitution canadienne-anglaise — garantissant la liberté d’expression et la liberté de culte — va jusqu’à légaliser la promotion du renversement d’un ordre social qui asservit le discours religieux au respect des lois du pays.

Références :

L’imam Chaoui poursuit Denis Coderre et la Ville de Montréal
Une collecte pour la bataille juridique de l’imam Chaoui

Parus depuis :
Oui, l’islamisme radical existe ici (2015-09-14)
Marcel Gauchet : « Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux » (2015-11-21)
Où sévit le terrorisme islamiste dans le monde? La réponse en carte (2016-03-24)

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Écrit par Jean-Pierre Martel