© 2010 — Google Maps
Introduction
Le 11 février 2015, l’Assemblée nationale du Québec adoptait une motion réclamant la libération du blogueur saoudien Raïf Badawi, dont l’épouse et les trois enfants sont réfugiés à Sherbrooke, au Québec.
On apprend aujourd’hui que l’ambassadeur d’Arabie saoudite a officiellement protesté, le 10 mars suivant, contre cette motion, la qualifiant d’ingérence dans les affaires intérieures de son pays.
L’ingérence mondiale de l’Arabie saoudite
L’Arabie saoudite s’est mêlée des affaires intérieures de l’Irak en commanditant la guerre qui a renversé Saddam Hussain.
En Syrie, elle finance des milices ayant pour objectif le renversement de Bachar el-Assad, président de ce pays.
Au Yémen, elle se mêle de la guerre civile qui s’y déroule en y bombardant les milices chiites.
L’Arabie saoudite se mêle de la politique énergétique de l’Iran en s’opposant vigoureusement à son programme nucléaire.
Mais il y a plus.
Selon les dépêches secrètes des ambassadeurs américains révélées par WikiLeaks, l’Arabie saoudite est la plaque tournante du financement du terrorisme international.
Financé entre autres par des princes saoudiens et leurs épouses, Al-Qaida possède des camps d’entrainement qui visent à former spécifiquement des combattants afin qu’ils commettent des actes terroristes partout à travers le monde.
Bref, l’Arabie saoudite est une menace pour tous les citoyens canadiens, où que nous soyons.
Et ce pays, qui a l’audace de semer la mort partout où il le juge approprié, qui répand sournoisement son fondamentalisme religieux arriéré par le biais d’imams voués à son idéologie rétrograde, a l’audace de nous sommer de nous mêler de nos affaires ?
La nature de la monarchie saoudienne
L’Arabie saoudite n’est pas une monarchie constitutionnelle comme l’est la Grande-Bretagne. C’est une monarchie absolue. En d’autres mots, c’est une dictature monarchique.
Ce pays n’a même pas de constitution. La Charia y fait office de code pénal.
L’ordre social qui y règne permet à des milliers de princes saoudiens de s’en mettre plein les poches. De fait, ceux-ci comptent parmi les hommes les plus riches au monde.
Dans les pays occidentaux, les juges sont nommés par le pouvoir politique selon un processus qui se veut impartial (mais qui ne l’est pas toujours, si on se rappelle des ‘Post-it Notes’ du gouvernement Charest).
L’Arabie saoudite étant une dictature, les juges sont évidemment les valets des tyrans du pays. La justice qui s’y pratique est une farce.
Dans ce pays, prêcher la laïcité et la Démocratie — comme le fait Raïf Badawi — remet en question cet ordre social profitable aux tyrans du pays. Pour ces derniers, Raïf Badawi doit se taire.
Mais pour continuer à tuer les opposants sous différents prétextes, l’Arabie saoudite a besoin de le faire à l’abri de l’attention publique. Il est donc important qu’on cesse de parler de cette affaire.
Pourquoi défendre Raïf Badawi plus qu’un autre ?
Premièrement, on possède une copie des écrits publiés sur son blogue. Elle est dans la cache des moteurs de recherche.
On sait donc que les accusations portées contre lui sont ridicules. Dans bien d’autres cas, on ne connait pas avec certitude la preuve présentée en cour : l’Arabie saoudite peut jouer sur le doute. Pas dans le cas de Badawi.
Deuxièmement, Badawi a réussi à placer sa femme et ses enfants en sécurité au Québec. Ils se sont réfugiés à Sherbrooke. Ils sont parmi nous. Ce sont des nôtres.
Troisièmement, on ne peut pas se tromper. Raïf Badawi n’est pas une boite à surprise. Ce que pense Raïf Badawi, on le sait déjà. Il a écrit. Ses idées sont progressistes et modernes. Il aurait pu y renoncer sous la torture des coups de fouet. Il a choisi de se tenir debout. Ce n’est pas seulement une victime; c’est un grand homme.
Quatrièmement, son cas est cautionné par des autorités internationales. Le parlement européen s’est prononcé pour sa libération inconditionnelle le lendemain de la motion québécoise. La Suède a mis fin à sa coopération militaire avec l’Arabie saoudite dans la foulée du cas Badawi.
Le combat en faveur de Badawi n’est rien d’autre qu’un combat contre un système juridique barbare qui est une façade à la tyrannie des dirigeants de ce pays.
Contrer l’influence obscurantiste de l’Arabie saoudite
L’Autriche a récemment adopté une loi qui interdit tout financement étranger de ses mosquées (tant pour la construction que pour leur fonctionnement).
Cela empêche l’Arabie saoudite d’y diffuser sa conception arriérée de l’Islam. C’est par le biais d’imams radicaux — qu’elle subventionne et qui lui sont fidèles — que l’Arabie saoudite répand sournoisement son influence.
En protestant contre le sort réservé à Raïf Badawi, on prépare l’opinion publique québécoise à l’adoption d’une législation comme celle de l’Autriche.
Ce n’est pas gagné d’avance. Rappelons que le gouvernement Couillard n’est opposé qu’au radicalisme violent. Pas de violence, pas de problème.
Les imams radicaux financés par l’Arabie saoudite ont donc de beaux jours devant eux au Québec. Mais ceci pourrait changer sous la pression de l’opinion publique. D’où l’importance de poursuivre cette lutte.
Références :
Affaire Badawi : l’Arabie saoudite demande à Québec de se mêler de ses affaires
Couillard combattra la radicalisation
Droits de l’Homme: Raif Badawi; fosses communes à Chypre; Bob Rugurika
L’Arabie saoudite lance des frappes aériennes au Yémen
La Suède met fin à la coopération militaire avec l’Arabie saoudite au nom des droits de l’homme
L’Autriche adopte une nouvelle loi pour encadrer l’islam
Raïf Badawi : une motion adoptée à l’Assemblée nationale
Syrie : une guerre par procuration entre l’Iran et l’Arabie saoudite
Parus depuis :
Oui, l’islamisme radical existe ici (2015-09-14)
Où sévit le terrorisme islamiste dans le monde? La réponse en carte (2016-03-24)
L’Arabie saoudite dévoilée (2016-11-15)