Le Castor du Canada

Publié le 4 décembre 2014 | Temps de lecture : 6 minutes
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Description

Identique mais plus petit que son ancêtre européen (qui a huit chromosomes de plus, donc génétiquement incompatible), le Castor du Canada est un gros rongeur brun, trapu et rondelet. Il est semi-aquatique.

Doté d’une queue plate qui peut atteindre 30 cm de longueur, le castor possède des pattes postérieures palmées. Ses longues incisives — qui poussent continuellement — sont orangées.

Adulte, il pèse entre 13 et 35 kg et mesure un peu plus d’un mètre. C’est le deuxième plus grand rongeur du continent américain, après le Capybara.

Il vit dans les lacs, les rivières et les marais bordés d’arbres de la majeure partie du Canada et des États-Unis.

Dans l’eau, il peut passer jusqu’à quinze minutes en apnée. De plus, il est doté d’une paupière transparente au travers de laquelle il peut voir sous l’eau.

Contrairement à ce qu’on pense, le castor ne se nourrit pas de la pulpe des arbres. Il la gruge simplement pour découper les branches ou les troncs dont il a besoin pour créer son habitat. C’est l’écorce dont il se nourrit, surtout celle du tremble, du bouleau, de l’érable, de l’aulne et du saule. Il aime aussi les racines et les tiges de plantes aquatiques.

À l’automne, il accumule une grande quantité de branches sous l’eau afin de se constituer un garde-manger pour la saison froide.

Monogame et fidèle à sa compagne pour la vie, le castor s’accouple sous la glace en janvier ou en février. La gestation dure quatre mois, à l’issue de laquelle la femelle donne naissance à une portée de un à huit petits. Elle les allaite pendant sept à dix semaines. Les jeunes demeurent dans le giron familial pendant deux ans. À la portée suivante, ce sont les plus vieux qui s’occupent des petits lorsque les parents ont à s’absenter.

En milieu naturel, son espérance de vie est de douze ans : en captivité, il peut vivre vingt ans.

Le castor est un des animaux emblématiques du Canada en raison de son importance historique et environnementale.

Importance historique

À partir du cardinal de Richelieu, la seule justification des dépenses de la France en Amérique du Nord, c’est le commerce de la fourrure, principalement celle du castor. La Nouvelle-France n’aurait pas existé sans le castor.

Créée en 1627 par le cardinal, la Compagnie des Cent Associés se voit confier le monopole de la traite de la fourrure en contrepartie de quoi, elle a l’obligation d’y établir des colons.

On estime qu’avant l’arrivée de ceux-ci, il y avait entre 60 et 400 millions de castors en Amérique du Nord.

Contrairement à la Nouvelle-Angleterre, la Nouvelle-France ne sera jamais un déversoir pour se débarrasser d’un surplus de population que la mère patrie n’arrive plus à nourrir. Conséquemment, le nombre de colons français en Nouvelle-France sera toujours très inférieur au nombre de colons anglais en Nouvelle-Angleterre.

Ce que la France envoie en Amérique du Nord, ce sont principalement des gens qu’on appellerait aujourd’hui des commis voyageurs mais qu’on appelait à l’époque « coureurs des bois ». Ceux-ci ont comme mission de créer des liens amicaux avec les autochtones afin de les convaincre de chasser au-delà de leurs besoins propres, dans le but d’accumuler des fourrures que ces coureurs des bois viendront leur acheter périodiquement.

Au contraire, les colons anglais établissent des comptoirs auprès desquels les autochtones doivent se rendre pour y vendre leurs fourrures. La croissance territoriale des colonies anglaises se fait donc de manière contigüe, aux dépens du territoire des autochtones qu’ils repoussent, créant ainsi des conflits territoriaux incessants.

Afin de faciliter ces contacts interculturels, ces coureurs des bois français choisiront des femmes autochtones comme conjointes et partenaires afin que celles-ci leur enseignent les langues du pays ou leur servent d’interprètes.

Ce métier les amènera à couvrir un immense territoire, qui s’étendra à l’Ouest jusqu’aux montagnes Rocheuses et au Sud, jusqu’au delta du Mississippi. D’où l’immensité de la Nouvelle-France.

Des millions de peaux de castor seront ainsi prélevées par la France afin d’être transformées en vêtements ou accessoires à fourrure écoulés sur le marché européen. Au plus fort du commerce, 100 000 peaux étaient expédiées en Europe chaque année.

De 1756 à 1763, sous le règne de Louis-XV, la France participera la guerre de Sept Ans contre les Anglais notamment dans le but de s’assurer du contrôle des principales zones de capture du castor en Amérique.

Dans la toute première version des armoiries de Montréal, les Canadiens français étaient représentés par un castor, alors que les Anglais, les Écossais et les Irlandais étaient symbolisés par une plante. Cette anomalie héraldique sera corrigée cinq ans plus tard, en 1838, alors que les premiers seront représentés par une fleur-de-lys (le castor migrant au-dessus de l’écu).

Timbre commémoratif du centième anniversaire du premier timbre canadien

En 1851, le castor apparait sur le premier timbre poste du Canada. À l’époque, les autres pays préféraient plutôt représenter le profil de leur chef d’État sur les leurs (comme c’était la coutume sur les pièces de monnaie depuis l’Antiquité). Signalons que tous les timbres canadiens sont unilingues anglais jusqu’en 1927.

Pièce de cinq cents dessinée par G.E. Kruger Gray (d’où les initiales K-G)

Le 24 mars 1975, par sanction royale, le castor fut élevé au rang d’emblème officiel du Canada. On se trouvait déjà sur les pièces canadienne de cinq centimes depuis 1937.

Importance environnementale

Le castor occupe dans le règne animal une place considérable. C’est, avec l’homme, le seul animal capable de créer un écosystème.

Il est à la fois hydraulicien et ingénieur forestier. Il peut élever des barrages, retenir l’eau, créer des tourbières, prévenir la sécheresse estivale, atténuer de ce fait l’impact des feux de forêt, et augmenter considérablement la biodiversité du territoire qu’il aménage.

Pour cette raison, depuis l’antiquité, le castor est (avec l’abeille) le symbole du travailleur ingénieux, infatigable et consciencieux.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 75 mm F/1,8 (les deux premières photos) et M.Zuiko 60 mm Macro F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 500 — 75 mm
2e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 1000 — 75 mm
3e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 60 mm
4e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 60 mm
5e  photo : 1/160 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 60 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Sarcelle à ailes vertes

Publié le 3 décembre 2014 | Temps de lecture : 2 minutes
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Pesant en moyenne 322g pour le mâle et 308g pour la femelle, la Sarcelle à ailes vertes (aussi appelée Sarcelle d’hiver) est le plus petit canard du Québec. L’envergure de ses ailes fait de 53 à 59 cm.

Il a le bec noir, étroit, au bout arrondi.

Le plumage de la femelle est finement strié de brun.

Le mâle a la tête uniformément brune, traversée par un masque vert foncé iridescent. Sa poitrine est beige alors que le reste du corps est gris, finement strié de gris plus foncé. Font exception, une série de plumes vert émeraude au bas des ailes (visibles lorsque qu’il les déploie) et qui lui donnent son nom. De plus, ses ailes sont traversées par une barre blanche verticale à l’épaule.

On le trouve dans les marais, étangs et bords des lacs. Sa préférence va pour les plans d’eau où poussent des herbes hautes sur un fond vaseux, là où, entre autres, il se nourrit. En automne, il migre vers les eaux salées peu profondes d’Amérique centrale et des Antilles afin d’y passer l’hiver.

L’alimentation de ce canard est composée d’insectes aquatiques, de mollusques, de crustacés et de têtards. Il se nourrit aussi d’algues ou de plantes aquatiques souples. En automne, il accumule des provisions en vue de la migration en consommant des graines de céréales.

La femelle fait son nid sur le sol humide de la forêt boréale, caché par des herbes hautes ou des buissons. Elle y pond de huit à douze oeufs à la fois, qu’elle couve pendant environ 22 jours. C’est elle seule qui s’occupe des petits jusqu’à ce qu’ils quittent le nid. La maturité sexuelle de ce canard est atteinte à un an.

Sa longévité est en moyenne de dix à quinze ans, mais peut atteindre 21 ans en captivité.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Tamron SP 90mm Macro F/2,5
1re photo : 1/100 sec. — F/2,5 — ISO 400 — 90 mm
2e  photo : 1/125 sec. — F/2,5 — ISO 500 — 90 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


La géopolitique de la baisse du prix du pétrole

Publié le 2 décembre 2014 | Temps de lecture : 4 minutes

Les États-Unis

Sur les 93 millions de barils de pétrole que l’Humanité brule quotidiennement, les États-Unis en produisent maintenant 12 millions. Si bien que ce pays est devenu le principal producteur mondial d’or noir, devançant l’Arabie saoudite.

Si la surproduction de pétrole et la baisse des prix qui en découle sont une très mauvaise nouvelle pour presque tous les pays producteurs, elles sont une bonne nouvelle pour les États-Unis dont l’économie est demeurée très énergivore.

En effet, cela augmente la compétitivité de ses entreprises; le prix de revient du pétrole de schiste consommé par les entreprises américaines est moindre que le pétrole acheté au prix international et acheminé sur de longues distances aux entreprises européennes, notamment.

De plus, elle sert la politique étrangère américaine.

La Russie

La Russie est un état mafieux dont la montée en puissance est une menace pour ses voisins européens (pays baltes, Géorgie, et Ukraine, entre autres).

Toutefois, plus de la moitié du budget de l’État russe est financée par ses exportations de gaz et de pétrole en direction de l’Europe. Cette dépendance énergétique fait en sorte que l’Union européenne est divisée quant à la sévérité des sanctions à adopter pour limiter l’expansionnisme russe.

La chute des revenus dont dispose Moscou, associée à la fuite des capitaux provoquée par les sanctions financières imposées à la Russie, atteint le même but que si les pays européens avaient pu se payer le luxe de boycotter les hydrocarbures russes dont ils dépendent.

Le Venezuela

Depuis d’accession au pouvoir d’Hugo Chávez (décédé l’an dernier), le Venezuela est le grain de sable dans le soulier des Américains. Les États-Unis ont bien tenté de déstabiliser son gouvernement. En vain.

Depuis, l’influence du Venezuela est en partie responsable des victoires électorales des partis de gauche en Amérique latine.

Mais les mesures sociales introduites par Chávez et la popularité de son régime dépendent étroitement du cours élevé du prix du pétrole. Au prix actuel, le Venezuela sera en sérieuses difficultés financières dans moins de deux ans, ce qui réduira d’autant son influence régionale.

L’Arabie saoudite

Il en coûte environ 10$ à l’Arabie saoudite pour produire un baril de pétrole. Si la baisse ces cours lui est défavorable, elle a un effet encore plus dramatique pour ses ennemis, au premier rang desquels se trouve l’Iran.

L’Iran

L’Iran et l’Arabie saoudite sont en guerre. Il ne s’agit pas d’un conflit armé, mais d’une guerre religieuse et d’une lutte impitoyable en vue de la suprématie régionale. D’une certaine mesure, on peut comparer ce conflit à celui qui a opposé l’Angleterre et la France pendant des siècles.

Le coût de revient d’un baril de pétrole est bas en Iran, comme il l’est partout au Moyen-Orient. Mais en refusant de diminuer sa production afin de favoriser l’augmentation des prix, l’Arabie saoudite pratique une politique de terre brulée destinée à affamer le régime des Mollahs iraniens.

En effet, l’Arabie saoudite possède des réserves financières colossales qui lui permettent de traverser des décennies de privation, ce qui n’est pas le cas de l’Iran, déjà affaibli par les sanctions économiques internationales.

La production de pétrole alternatif

Pour les compagnies productrices de pétrole de schiste et de celui extrait des sables bitumineux, la baisse du prix du pétrole compromet la rentabilité de certains investissements et dissuade la mise en production de nouveaux gisements en Russie et en Chine.

En d’autres mots, en favorisant la baisse des prix, l’Arabie saoudite met hors d’état de nuire ses concurrents économiques les plus vulnérables et renforce la dépendance de ses clients à son propre pétrole et l’influence mondiale qui en découle.

Les Saoudiens savent très bien que le règne du pétrole est condamné et conséquemment, qu’ils ont intérêt à en profiter sans relâche, quel qu’en soit le prix.

Conclusion

La conséquence de toute reprise de l’économie réelle, c’est que la demande mondiale de pétrole repartira à la hausse. Mais d’ici là, la chute des prix sert les intérêts géopolitiques des pays occidentaux et des pétromonarchies.

Références :
Le pétrole est en chute libre après la réunion de l’OPEP
Pourquoi l’or noir ne vaut plus de l’or

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’Ibis rouge

Publié le 1 décembre 2014 | Temps de lecture : 2 minutes
Ibis rouge mâle
Ibis rouge
Ibis rouge

Seul oiseau côtier au monde de couleur rouge, cet oiseau est natif des côtes Nord-Est de l’Amérique du Sud. En plus de sa coloration, il se caractérise par son long bec recourbé vers le bas et ses pieds légèrement palmés. Adulte, son poids varie de 500 à 800g. L’envergure de ses ailes est d’environ un mètre.

Le mâle est légèrement plus grand que la femelle.

C’est en fouillant la boue des marais, lagunes et estuaires, que l’Ibis rouge trouve les insectes, crustacés, mollusques, petits poissons et invertébrés dont il se nourrit.

La couleur vive de son plumage lui vient d’un colorant rouge trouvé dans la carapace des crustacés (crevettes et crabes) qu’il consomme. En captivité, si son alimentation est pauvre de ce pigment ou d’un pigment équivalent, ses couleurs pâlissent.

Au cours de la saison de la reproduction — qui se déroule au cours de la saison des pluies, de mars à juillet — le bec du mâle devient noir.

L’Ibis rouge niche en colonie; il construit son nid rudimentaire près du nid d’autres ibis, dans de jeunes palétuviers, entre 1,5 et 6 mètres au-dessus de l’eau. Cinq ou six jours après l’accouplement, la femelle pond entre un et trois oeufs. L’incubation dure de 19 à 23 jours.

Le mâle et la femelle couvent puis prennent soin des petits. Les oisillons accomplissent leur premier vol vers l’âge de 35 jours et deviennent indépendants vers le 75e jour.

L’espérance de vie de cet oiseau est de seize ans dans la nature, et de vingt en captivité.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 45 mm (1re photo), M.Zuiko 75 mm F/1,8 (2e photo) et M.Zuiko 40-150 mm F/2,8 (3e photo)
1re photo : 1/125 sec. — F/1,8 — ISO 200 — 45 mm
2e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 400 — 75 mm
3e  photo : 1/320 sec. — F/2,8 — ISO 5000 — 150 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel