Le Castor du Canada

Le 4 décembre 2014
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Description

Identique mais plus petit que son ancêtre européen (qui a huit chromosomes de plus, donc génétiquement incompatible), le Castor du Canada est un gros rongeur brun, trapu et rondelet. Il est semi-aquatique.

Doté d’une queue plate qui peut atteindre 30 cm de longueur, le castor possède des pattes postérieures palmées. Ses longues incisives — qui poussent continuellement — sont orangées.

Adulte, il pèse entre 13 et 35 kg et mesure un peu plus d’un mètre. C’est le deuxième plus grand rongeur du continent américain, après le Capybara.

Il vit dans les lacs, les rivières et les marais bordés d’arbres de la majeure partie du Canada et des États-Unis.

Dans l’eau, il peut passer jusqu’à quinze minutes en apnée. De plus, il est doté d’une paupière transparente au travers de laquelle il peut voir sous l’eau.

Contrairement à ce qu’on pense, le castor ne se nourrit pas de la pulpe des arbres. Il la gruge simplement pour découper les branches ou les troncs dont il a besoin pour créer son habitat. C’est l’écorce dont il se nourrit, surtout celle du tremble, du bouleau, de l’érable, de l’aulne et du saule. Il aime aussi les racines et les tiges de plantes aquatiques.

À l’automne, il accumule une grande quantité de branches sous l’eau afin de se constituer un garde-manger pour la saison froide.

Monogame et fidèle à sa compagne pour la vie, le castor s’accouple sous la glace en janvier ou en février. La gestation dure quatre mois, à l’issue de laquelle la femelle donne naissance à une portée de un à huit petits. Elle les allaite pendant sept à dix semaines. Les jeunes demeurent dans le giron familial pendant deux ans. À la portée suivante, ce sont les plus vieux qui s’occupent des petits lorsque les parents ont à s’absenter.

En milieu naturel, son espérance de vie est de douze ans : en captivité, il peut vivre vingt ans.

Le castor est un des animaux emblématiques du Canada en raison de son importance historique et environnementale.

Importance historique

À partir du cardinal de Richelieu, la seule justification des dépenses de la France en Amérique du Nord, c’est le commerce de la fourrure, principalement celle du castor. La Nouvelle-France n’aurait pas existé sans le castor.

Créée en 1627 par le cardinal, la Compagnie des Cent Associés se voit confier le monopole de la traite de la fourrure en contrepartie de quoi, elle a l’obligation d’y établir des colons.

On estime qu’avant l’arrivée de ceux-ci, il y avait entre 60 et 400 millions de castors en Amérique du Nord.

Contrairement à la Nouvelle-Angleterre, la Nouvelle-France ne sera jamais un déversoir pour se débarrasser d’un surplus de population que la mère patrie n’arrive plus à nourrir. Conséquemment, le nombre de colons français en Nouvelle-France sera toujours très inférieur au nombre de colons anglais en Nouvelle-Angleterre.

Ce que la France envoie en Amérique du Nord, ce sont principalement des gens qu’on appellerait aujourd’hui des commis voyageurs mais qu’on appelait à l’époque « coureurs des bois ». Ceux-ci ont comme mission de créer des liens amicaux avec les autochtones afin de les convaincre de chasser au-delà de leurs besoins propres, dans le but d’accumuler des fourrures que ces coureurs des bois viendront leur acheter périodiquement.

Au contraire, les colons anglais établissent des comptoirs auprès desquels les autochtones doivent se rendre pour y vendre leurs fourrures. La croissance territoriale des colonies anglaises se fait donc de manière contigüe, aux dépens du territoire des autochtones qu’ils repoussent, créant ainsi des conflits territoriaux incessants.

Afin de faciliter ces contacts interculturels, ces coureurs des bois français choisiront des femmes autochtones comme conjointes et partenaires afin que celles-ci leur enseignent les langues du pays ou leur servent d’interprètes.

Ce métier les amènera à couvrir un immense territoire, qui s’étendra à l’Ouest jusqu’aux montagnes Rocheuses et au Sud, jusqu’au delta du Mississippi. D’où l’immensité de la Nouvelle-France.

Des millions de peaux de castor seront ainsi prélevées par la France afin d’être transformées en vêtements ou accessoires à fourrure écoulés sur le marché européen. Au plus fort du commerce, 100 000 peaux étaient expédiées en Europe chaque année.

De 1756 à 1763, sous le règne de Louis-XV, la France participera la guerre de Sept Ans contre les Anglais notamment dans le but de s’assurer du contrôle des principales zones de capture du castor en Amérique.

Dans la toute première version des armoiries de Montréal, les Canadiens français étaient représentés par un castor, alors que les Anglais, les Écossais et les Irlandais étaient symbolisés par une plante. Cette anomalie héraldique sera corrigée cinq ans plus tard, en 1838, alors que les premiers seront représentés par une fleur-de-lys (le castor migrant au-dessus de l’écu).

Timbre commémoratif du centième anniversaire du premier timbre canadien

En 1851, le castor apparait sur le premier timbre poste du Canada. À l’époque, les autres pays préféraient plutôt représenter le profil de leur chef d’État sur les leurs (comme c’était la coutume sur les pièces de monnaie depuis l’Antiquité). Signalons que tous les timbres canadiens sont unilingues anglais jusqu’en 1927.

Pièce de cinq cents dessinée par G.E. Kruger Gray (d’où les initiales K-G)

Le 24 mars 1975, par sanction royale, le castor fut élevé au rang d’emblème officiel du Canada. On se trouvait déjà sur les pièces canadienne de cinq centimes depuis 1937.

Importance environnementale

Le castor occupe dans le règne animal une place considérable. C’est, avec l’homme, le seul animal capable de créer un écosystème.

Il est à la fois hydraulicien et ingénieur forestier. Il peut élever des barrages, retenir l’eau, créer des tourbières, prévenir la sécheresse estivale, atténuer de ce fait l’impact des feux de forêt, et augmenter considérablement la biodiversité du territoire qu’il aménage.

Pour cette raison, depuis l’antiquité, le castor est (avec l’abeille) le symbole du travailleur ingénieux, infatigable et consciencieux.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 75 mm F/1,8 (les deux premières photos) et M.Zuiko 60 mm Macro F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 500 — 75 mm
2e  photo : 1/160 sec. — F/1,8 — ISO 1000 — 75 mm
3e  photo : 1/125 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 60 mm
4e  photo : 1/160 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 60 mm
5e  photo : 1/160 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 60 mm


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5 commentaires à Le Castor du Canada

  1. sandy39 dit :

    DANS LA PEAU D’UN CASTOR…

    Tout un commerce pour un écosystème.

    Une fidélité qui vaut toute la chaleur d’une fourrure !

  2. Pierre Pinsonnault dit :

    Bonjour M. Martel, j’ai fort apprécié les deux volets de votre article sur le castor. Permettez-moi deux anecdotes à titre de preuves «personnelles» liées à son comportement. D’abord, «découper … les troncs dont il a besoin pour créer son habitat». J’en ai été un témoin amusé. Mon terrain est situé à la rencontre à angle droit d’un ruisseau avec la rivière Petit-Nation (50 m de façade) en plein cœur du village de St-André-Avellin (3600 hab). Si en 2008 une inondation sans précédent (1 fois /100 ans) amena l’eau de la rivière sur les 3 côtés de ma maison (s’arrêtant 2 mm sous le bord inférieur de mes trois fenêtres de cave), en 2009 l’eau s’arrêta au tout début du terrain créant ainsi une plate-forme idéale pour passer de l’eau au terrain sans devoir lever le pied pour ainsi dire. Entre le mur arrière de la maison et l’eau (10 m environ) se trouvaient 2 bouquets de trembles, formant une ligne parallèles à la rivière, espacés de près 6 m, avec chacun 4 troncs de 2,5 cm de diamètre environ et 2,5 m de haut. Un matin d’avril, à ma grande surprise, un des troncs gisait couché par terre rongé par un castor. J’imagine que, dérangé, il se sauva mais sans son butin. Et, tel un bûcheron sur mes terres, le castor coupa les sept autres troncs mais un seul par nuit (ou par matin à l’aube). Mais ces 7 autres fois jours il les transporta ailleurs mais je ne sais où. Au bout de 8 jours donc, il ne restait que les petites souches de mes trembles. Je n’ai pu voir le castor qu’une seule fois, étant sorti très tôt et tel un espion pour le photographier. Mais ce fut lui qui me surprit. En effet je n’ai pu le voir qu’un instant, non pas sur mon terrain ou dans la rivière mais à une trentaine de pieds derrière moi sur le bord du ruisseau. Ce fut un fort claquement sonore de sa queue qui me fit sursauter et tourner la tête pour l’apercevoir plongeant et disparaître dans le ruisseau qui séparait et débordait sur les deux terrains de l’autre côté de la rue. Et la rivière reprit son niveau normal. Depuis, je montre toujours à ma jeune visite les restants de mes deux bouquets de trembles avec force détails. Vous écrivez aussi: «C’est l’écorce dont il se nourrit, surtout celle du tremble». Alors voici : l’an dernier, alors que seulement quelques pieds près de la rive de l’autre côté de la rivière étaient dégelés, deux castors sortaient à 18h30 exactement ou presque de sous l’eau pour couper, non pas le tronc des quelques petits arbres ayant poussé sur la rive mais leurs branches d’environ 30 cm de long. Ils les coupaient, les traînaient dans l’eau (ce n’était pas creux) et s’affairaient à les débarrasser de leur écorce. Je croyais qu’ils les apportaient avec eux vers leur logis. Mais non! En effet, au bout de 3 jours, je traversai le pont armé de ma caméra, je me rendis sur les lieux et les attendit, caché quelque peu sur la partie la plus haute. À ma grande surprise (encore!) j’ai vu que toutes les petites branches qu’ils avaient coupées et pelées de leur écorce les soirs précédents flottaient encore sur l’eau. Elles ne servaient donc pas à construire leur abri ou barrage. J’ai lu par la suite, comme vous l’écrivez, que l’écorce constituait une partie de leur diète. Finalement j’ai pu prendre une photo des castors mais alors qu’ils venaient tout juste d’apparaître dans l’eau. Ils m’avaient tout de même détecté. Ils ne sont donc pas sortis de l’eau. Après quelques minutes, ils disparurent sous la glace. Je ne les ai plus revus. J’ai les ai donc dérangés dans leur habitat. Puis la rivière dégela beaucoup et ils trouvèrent ailleurs ce qu’ils venaient chercher en face de chez-moi de l’autre côté de la rivière.
    :o) Comme vous voyez, M. Martel, on peut conclure que les sources de votre article sont fiables s’il fallait prouver – mais nul besoin, n’est-ce pas – que vos renseignements sont exacts. J’ai pu en témoigner. (o : Cordialement et à la prochaine.

  3. sandy39 dit :

    MISE EN SCENE…

    Quel récit, de la part de Pierre !

    Un environnement qui se dessine et qui prend forme de jour en jour et que, j’essaie de me représenter. Je m’imagine le lieu de tournage de votre caméra, autour de vos murs porteurs presque visités par tant de créatures sauvages.

    Entre arbres, forêts, rivières traversés par les saisons…, occupés par de multiples présences…, il y a de quoi raconter et de confirmer les beaux textes de J.Pierre !

    Et oui, chacun, Ici, y met de la bonne volonté, prend le Temps de donner aux Autres… et, essaie d’immortaliser le Temps, pour éviter qu’il nous échappe. Sur arrêt sur images et sur arrêt sur lettres, nous complétons, nous agrandissons le Décor de nos Vies.

    Quel Théâtre !

  4. sandy39 dit :

    PETIT COMPLEMENT D’INFORMATION :

    Sur RMC Découvertes (Chaîne de Télé), des épisodes “Seuls face à l’Alaska” sont diffusés, le soir entre 18 et 19 heures.

    De la Vie des Trappeurs, à la chasse de petits ou gros animaux, en passant par la pose de pièges, la capture de castors…, l’art de cuisiner…, de glaciales aventures nous sont racontées par -30°C !

    Et, mon Mari, devant cet Environnement, se retrouve captivé devant l’écran, et moi répétant : “Tu vas peut-être bien venir manger !”

    Enfin, des yeux bleus aux barbes blanches givrées…, chacun y trouve son compte…

  5. sandy39 dit :

    LA LOIRE : REINE DES FLEUVES…

    L’animal le plus emblématique du bassin est sans doute le castor, avec son pelage brun et sa queue aplatie, il peuple les plans d’eau bordés de boisements.

    Protégé depuis 1968, il avait disparu du fleuve jusqu’à sa réintroduction entre 1974 et 1976 et recolonise progressivement le bassin.

    On estime, aujourd’hui, à environ 150 le nombre d’individus en Loir-et-Cher (Région Centre).

    PETITE PRECISION : C’est au cours d’une halte, sur le Chemin du retour de vacances que j’ai lu un article dans un magazine sur les Châteaux de la Loire… car pour Moi, il est si loin, l’Atlantique et, même que cette année, je l’ai trouvé aussi frais que l’an dernier… Croyant me régaler, je me suis enrhumée ! La Vie n’est, décidément, pas un long fleuve tranquille !

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