Je suis arrivé sur le site du festival alors que la soliste Ruxandra Oancea terminait la Sonate No 1 de Beethoven. Cela faisait partie d’un pianothon consacré à ce compositeur et qui avait débuté à 8h (un peu trop tôt à mon goût).
Quatuor Franz Joseph
Quelques instants plus tard, les festivaliers allaient entendre le Quatuor Franz Joseph interpréter le Septuor opus 20 du même compositeur. Ce concert prenait place dans la salle Tanna Schulich, dont tout l’intérieur est en bois. Conséquemment, son acoustique est exceptionnelle. L’interprétation fut entachée par le fait que trois des instruments à cordes étaient désaccordés et le demeurèrent un bonne partie du concert.
Puis j’ai été réentendre le pianofortiste Tom Beghin interpréter deux sonates de Beethoven dans trois acoustiques créées artificiellement; celle d’un parc de San Francisco, celle d’une forêt en Pologne et celle de la cathédrale Notre-Dame de Tournai, en Belgique.
Je vous avoue ne pas avoir été convaincu par l’expérience. On peut ajouter de la réverbération à un lieu. Mais il est impossible de la retrancher artificiellement. Je n’ai donc pas eu l’impression d’entendre la première moitié de ce concert comme s’il se déroulait en plein air.
Quant à l’ajout de la réverbération présumée de la cathédrale, cela est plus convaincant dans les mouvements lents puisque les mouvements rapides, eux, seraient alors transformés en magma sonore dans un lieu pareil, ce qui heureusement ne fut pas le cas.
La Petite Harmonie
Après une pause de vingt minutes destinée à permettre aux festivaliers de prendre une bouchée quelque part, ceux-ci étaient invités à 12h30 dans la salle Tanna Schulich à entendre un nouveau quatuor montréalais appelé La Petite Harmonie.
Leur programme était composé d’œuvres virtuoses et charmantes de Beethoven, de Jacques-François Gallay (1795-1864), d’Eugène Walckiers (1793-1866), et de Rossini. Ces œuvres furent exécutées parfaitement.
Davide Monti et Gili Loftus
Le concert suivant fut un des moments magiques du festival. À 14h, dans la salle Pollack, le duo formé de la pianofortiste Gili Loftus et du violoniste italien Davide Monti interprétait deux sonates de Beethoven, dont la sonate à Kreutzer.
Ces deux interprètes ont une manière toute féline de jouer de leur instrument respectif.
Tantôt le dos arqué, assise sur une fesse, tantôt bondissante, bien droite devant son instrument, Mme Loftus joue les mains bien au-desus du clavier, le touchant aristocratiquement du bout des doigts.
Fait à signaler, sur ce pianoforte, la pédale (qui sert à prolonger le son) n’est pas au sol — comme c’est le cas avec les pianos modernes — mais est constituée d’une barre horizontale située sous le caisson de l’instrument, plus précisément sous le clavier. On doit donc actionner cette barre en la soulevant des cuisses.
Mais Mme Loftus ayant les jambes trop courtes, elle doit déposer les pieds sur un gros livre pour y parvenir. Pour les amateurs d’anecdotes, précisons que ce bouquin est le roman d’épouvante Black House de Stephen King. Comme quoi même l’horreur peut mener au sublime.
Son partenaire italien marche ça et là en ondulant du corps, se raidissant et se soulevant au bout des orteils au moment de donner un coup d’archet, ou se penchant affectueusement vers sa partenaire. Ce que j’apprécie, c’est que son langage corporel expressif contribue à la compréhension de l’œuvre.
Ruxandra Oancea
Michael Pecak
Meagan Milatz
Gili Loftus
À 17h, on offrait quatre autres sonates pour piano (différentes de celles offertes en début de journée). Les solistes : Ruxandra Oancea, Michael Pecak, Meagan Milatz, et Gili Loftus (qui connaissait sa partition par cœur).
Ensemble Caprice
À 19h, le festival se terminait par la première montréalaise du Concerto pour piano opus 58 de Beethoven joué sur instruments d’époque : le pianofortiste Tom Beghin en fut le soliste. La deuxième partie du programme était la « Pastorale » de Beethoven, c’est-à-dire sa Symphonie No 6.
Évidemment, avec des œuvres aussi séduisantes, la salle Pollack — dont l’acoustique est phénoménale — était pleine.
L’Ensemble Caprice fit preuve de l’engagement total de ses musiciens. Ceux-ci firent mentir ceux qui croient que les instruments anciens sont incapables de jouer puissamment.
La disposition des instruments différait de celle des orchestres modernes. Les bois étaient placés à gauche. Puis les violons faisaient face aux altos. Au fond, les violoncelles et à droite les cuivres et la percussion.
En dépit d’un bon nombre de fausses notes, il s’agissait là de l’interprétation la plus saisissante et la plus mémorable de la Pastorale qu’il m’ait été permis d’entendre depuis des années.
Bref, ce festival se terminait sur une apothéose destinée à inciter ceux qui ont participé à cette aventure baroque, de bruler d’envie de vouloir répéter l’expérience l’année suivante.
Deux jeunes festivalières, le programme à la main
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 (les trois premières photos et la 8e photo) et M.Zuiko 40-150 mm R (les 4e, 5e, 6e, 7e et 9e photos)
1re photo : 1/80 sec. — F/4,0 — ISO 1000 — 40 mm
2e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 500 — 40 mm
3e photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 36 mm
4e photo : 1/100 sec. — F/4,0 — ISO 1250 — 40 mm
5e photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 4000 — 150 mm
6e photo : 1/100 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 40 mm
7e photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 3200 — 145 mm
8e photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 250 — 21 mm
9e photo : 1/100 sec. — F/4,0 — ISO 500 — 40 mm
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