Le bilan économique du gouvernement Marois

12 décembre 2013


 
Du strictement point de vue économique, la principale qualité d’un gouvernement, c’est la prudence.

Cette prudence avait manqué au gouvernement Charest en 2003. Afin de dégager la somme de cinq milliards$ de réduction d’impôts promise sur cinq ans, le nouveau gouvernement Charest avait coupé à tort et à travers dans les dépenses publiques dès son accession au pouvoir.

Tout comme les coupures draconiennes du budget de l’État dans de nombreux pays européens les ont plongés dans la récession économique, les coupures québécoises de 2003-2004 — insuffisantes à provoquer une récession — ont néanmoins ralenti la croissance économique du Québec en deçà de la moyenne canadienne, après neuf années où elle fut, au contraire, au-dessus de cette moyenne sous différentes administrations péquistes.

La fin du chaos social

La plus brillante réussite du gouvernement Marois est incontestablement le retour de la paix sociale. De manière générale, les investisseurs institutionnels détestent l’insécurité politique. Or un État ne peut pas à la fois s’illustrer quotidiennement sur la scène internationale comme un haut lieu de l’insurrection et du même souffle, attirer des capitaux étrangers.

On a reproché à Mme Marois d’avoir acheté la paix sociale en capitulant devant les étudiants. Mme Marois a choisi la seule alternative à la surenchère répressive de l’État. C’était soit la capitulation ou soit crever plus d’yeux, briser plus de mâchoires, et fracturer plus de crânes.

Mais cette paix sociale est un mirage. Aux yeux d’une bonne partie de la jeunesse francophone, cette crise a montré l’État sous son jour le plus fourbe, le plus machiavélique et le plus cruel. Elle a montré un gouvernement corrompu à l’os qui n’hésite pas à susciter le chaos social à des fins électoralistes. Elle a fait naître un romantisme révolutionnaire chez une partie des jeunes adultes québécois qui pourrait resurgir à tout moment. Il suffirait d’une étincelle.

Le doigté et le réalisme politique de Mme Marois en sont d’autant plus méritoires.

L’abolition implicite du Plan Nord

Le Plan Nord s’annonçait comme le plus grand pillage du Trésor public québécois. Imaginez; 60 milliards$.

Ce plan de développement consistait à transférer sur le dos des contribuables, tous les obstacles à ce que l’exploitation d’une mine devienne rentable. C’était le développement minier à n’importe quel prix. Donc on devait payer les routes, les chemins de fer, et les aéroports, en plus des écoles, des hôpitaux et tout le reste, afin de provoquer un boom minier éphémère, c’est-à-dire d’ici à ce que la Chine et l’Inde (situés à l’autre bout du monde) aient découvert des gisements situés plus près d’eux.

On était même prêt à payer un port en eau profonde afin de faciliter l’exportation du minerai brut sans avoir à le transformer au Québec. Bref, on payait pour créer des emplois ailleurs.

Si le Plan Nord avait été mis en marche il y a cinq ans, nous aurions dépensé des milliards$ en infrastructures qui seraient totalement inutilisées aujourd’hui, les minières ayant stoppé tout développement ailleurs qu’en Afrique, en raison du ralentissement économique.

Et n’allez pas croire que le ralentissement actuel aurait empêché le gouvernement Charest, s’il avait été réélu, d’aller de l’avant. Il suffisait d’une contribution à la caisse électorale du Parti libéral du Québec pour que l’État paie n’importe quoi. On aurait simplement prétexté vouloir se préparer au prochain boom minier et planifier l’avenir prospère du Québec de demain.

Gentilly-2

Le deuxième plus important gaspillage des fonds publics devait être la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2. Cette centrale n’a jamais été rentable et il n’y avait aucune possibilité pour qu’elle le devienne dans un avenir prévisible.

Ses couts de réfection auraient été de l’ordre de quatre milliards$ dont plus de 80% auraient été dépensé hors du Québec.

La corruption

À part quelques cas de favoritisme assez médiatisés mais relativement anodins, le gouvernement Marois a mis fin à la corruption gouvernementale, du moins à l’échelle où elle se pratiquait auparavant.

La corruption libérale, que la Commission Charbonneau n’aura pas le temps d’examiner, découlait d’une décision d’apparence anodine de M. Charest : l’obligation annuelle pour chaque ministre de susciter 100 000$ en contributions à la caisse électorale du Parti libéral.

Cela établissait, dès le départ, l’assujettissement de chaque ministre au parti; il devait lui rapporter 100 000$ par année.

Pour très peu d’entre eux, cet objectif était facilement réalisable. Mais pour beaucoup d’autres, c’était presque impossible.

C’est pourquoi on leur attribuait un ange gardien. Cet ange, c’est un collecteur de fonds. Le meilleur du comté. Et grâce à lui, le ministre conservait son poste. Ce petit ange faisait des miracles; il réussissait toujours à ramasser suffisamment d’argent.

Et s’il tournait les coins un peu ronds, le ministre n’avait pas intérêt à le découvrir.

Cette politique avait l’avantage de favoriser l’accessibilité des ministres auprès d’investisseurs. Les lourdes règles administratives relatives au démarchage étaient suspendues le temps d’une soirée.

Il suffisait de participer à une activité de collecte de fonds au profit du parti pour avoir un accès privilégié au ministre, le sensibiliser à un problème et possiblement, faire débloquer un dossier.

D’une certaine mesure, cela mettait l’État à l’écoute des gens d’affaires et probablement favorisait le développement économique de la province.

Le hic, c’était que l’État devenait à la solde des seuls contributeurs de fonds à la caisse du Parti libéral. Bien plus. Cela enlevait tout frein à la voracité des demandeurs. Quel ministre vulnérable pouvait risquer de perdre son poste en refusant d’accorder une subvention excessive ?

Si bien que la règle des 100 000$ a pavé la voie au plus grand pillage du Trésor public des dernières décennies.

Pensez seulement qu’on a accordé une série de contrats totalisant 360 millions$ — un tiers de milliard$ — sans appel d’offres pour loger des personnes âgées dans un foyer privé situé dans la région de Québec (propriété d’un contributeur à la caisse du Parti libéral).

Voilà comment on a pillé le trésor public pendant près d’une décennie. Avec des contrats gonflés par les dessous-de-table. Depuis que tout le monde se sent épié, le montant des contrats d’infrastructures a baissé de 30%. Seulement pour cette année, le ministère des Transports aurait économisé 240 millions$. Cet assainissement des finances publiques fait partie des réalisations « involontaires » du gouvernement actuel.

Conclusion

Lorsqu’on se dirige à pas de course vers le précipice, changer de direction est un grand pas dans la bonne direction.

Certains milieux accusent le gouvernement Marois ne pas avoir présenté un ambitieux plan de développement ou une nouvelle stratégie industrielle.

De tels projets macroéconomiques se décident après des années de consultation et d’études. Cela ne se fait pas dès qu’on arrive au pouvoir et cela ne peut pas être élaboré alors qu’on est dans l’opposition parce qu’on manque alors des ressources scientifiques que cela nécessite.

Dans les faits, l’amélioration du climat social, le renoncement à des projets ruineux, et la lutte à la corruption, rapportent des dividendes immédiats considérables.

Le reproche qu’on peut adresser au gouvernement Marois, c’est de manquer de modestie. Peut-être accepte-t-on plus facilement la grandiloquence de la bouche d’un homme que par celui d’une femme. Si c’est le cas, c’est dommage.

Le bilan économique du gouvernement Marois est remarquable. C’est une succession de décisions évidentes qui, à l’exclusion de la fermeture de Gentilly-2, n’ont rien de spectaculaire, mais qui pourtant sont le lot des gouvernements responsables.

Références :
Baie-James vs Plan Nord
La Commission Charbonneau se traine les pieds
Rapport du vérificateur général sur les CHSLD – Un généreux contrat sans appel d’offres
Sauver Gentilly-2 : un combat perdu d’avance

Paru depuis : L’UPAC n’arrive pas à ébranler financièrement le crime organisé

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Elián González et la fin de l’embargo américain

11 décembre 2013

En 1999, Elián González a six ans. Il vit à Cárdenas, un port cubain de 87 000 habitants située 120km à l’est de La Havane.

Sa mère Elizabeth Brotons, séparée de son époux Juan-Miguel Gonzalez, habite maintenant avec son fils unique et un nouveau conjoint. Mais les temps sont difficiles. Après de longues discussions, on décide de partir clandestinement vers les États-Unis.

Dans la nuit du 21 novembre 1999, la famille embarque à bord d’un bateau de 6 mètres de long. L’embarcation est en aluminium et le moteur est en mauvais état. Il fait 20 degrés Celsius.

Au cours de la traversée, une tempête se déclare. Soumis à des vagues de trois à quatre mètres, l’embarcation chavire. Onze des quatorze passagers se noient, dont la mère et son conjoint. L’enfant — le seul à bord — et deux autres passagers survivent.

Après une dérive de plusieurs heures, les passagers échouent en Floride où ils sont recueillis par les services d’immigration.

Ce matin-là, le père de l’enfant apprend la fuite de son ex. Ignorant le décès de cette dernière, il téléphone à un parent qui habite en Floride pour lui demander de surveiller l’arrivée de son épouse et de son fils. Dès que la nouvelle se repend, Lázaro González intervient auprès des autorités américaines afin de recueillir l’enfant.

Mais au lieu de faire en sorte que l’orphelin soit retourné à son père, ce grand-oncle se prend d’affection pour l’enfant, estime qu’il peut lui offrir un meilleur avenir, et décide de l’adopter.

Trahi, le père crie au kidnapping. S’engage alors une guérilla diplomatique, judiciaire, et médiatique à l’issue de laquelle, le 21 mars 2000, les tribunaux américains tranchent en faveur du père.

Mais le 29 mars, le maire de Miami-Dade et 21 personnalités politiques déclarent publiquement qu’ils refuseront de coopérer au rapatriement de l’enfant vers Cuba. Des citoyens se relaient jour et nuit afin de protéger l’enfant d’une saisie destinée à faire respecter le jugement. La fille du grand-oncle laisse même entendre que les opposants sont armés.

À l’aube du 22 avril 2000, les forces policières donnent l’assaut et libèrent l’enfant, remis à son père quatre jours plus tard.

Aujourd’hui, le grand-oncle, le cœur brisé, a conservé intacte la chambre qu’occupait l’enfant chez lui, transformée depuis en mémorial. La porte de la chambre, endommagée lors de l’opération policière, n’a pas été réparée afin de rappeler l’événement.

Elián González a maintenant 20 ans. Délégué au Festival mondial de la jeunesse et des étudiants — qui se tient présentent en Équateur — il est revenu dans l’actualité en déclarant hier à un journaliste de la chaine de nouvelles CNN : « Comme ma mère, beaucoup de personnes sont mortes en essayant d’atteindre les États-Unis. Mais cela est la faute du gouvernement américain. Son embargo injuste provoque une situation économique insoutenable à Cuba. »

Plus tôt cette semaine, la poignée de mains échangée entre le président américain et son homologue cubain a suscité de nombreuses réactions aux États-Unis. Mais l’incident n’est pas sans précédent : en 2000, l’année où Elián González est retourné dans son pays, le président Clinton et Fidel Castro avaient fait de même à un sommet de l’ONU.

Mais treize ans plus tard, il est peut-être temps pour les États-Unis de réaliser que cet embargo est un échec.

Il a de profondes conséquences économiques pour l’ile cubaine. Mais ces conséquences ne sont pas le but de l’opération. Il y a un demi-siècle, le but était un changement de régime. Prévisibles, les conséquences économiques n’étaient qu’un moyen d’y parvenir. Et rien n’indique que ce moyen est prêt d’aboutir.

Les États-Unis et la Chine sont maintenant des partenaires commerciaux. Il est peut être temps que Cuba et les États-Unis fasse de même.

Références :
Castro and Clinton Shake Hands at U.N. Summit
Elián González affair
Elian Gonzalez slams U.S. embargo against Cuba
Obama: les États-Unis doivent revoir leur politique vis-à-vis de Cuba
The Elian Gonzalez custody crisis
Paru depuis : L’«Université flottante» de retour à Cuba après 9 ans

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Faits divers No 18

10 décembre 2013
Carte de l’Amérique du Nord, réalisée en 1689 (© — Musée Stewart)

En 1760, à la fin du régime français au Canada, les habitants de Nouvelle-France descendaient d’à peine 8 500 colons français.

Référence : Une signature génomique propre aux Canadiens français


 
En 2012, pour la première fois, le nombre de touristes dans le monde a dépassée la barre du milliard pour atteindre 1,03 milliard de personnes.

Référence : Mataillet D. Le monde d’aujourd’hui. La Revue 2013; 34: 144.


 
Les oiseaux sont habituellement obligés de se poser à terre pour se nourrir et se reposer, sauf les martinets. Ceux-ci sont parfaitement adaptés à la vie dans les airs et se nourrissent d’insectes qu’ils capturent au passage.

Lors de leur migration entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest, les martinets à ventre blanc restent jusqu’à 200 jours et nuits à voler et à planer sans interruption. Ils peuvent même dormir en vol sans avoir besoin de sommeil compensatoire après leur migration.

Référence : L’oiseau qui vole 200 jours sans arrêt


 
Les forfaits comprenant une ligne téléphonique murale, le téléphone portable, l’internet à haute vitesse et la télévision par câble ou par satellite coûtent mensuellement 224$ aux États-Unis, 182$ au Japon, 178$ en Australie, 177$ au Canada, 140$ au Royaume-Uni et 101$ en France.

Référence : Forfaits et forfaiture


 
La Chine consacre 2,7% de son Produit intérieur brut à la santé alors que l’Inde n’y consacre que 1,2%.

En Inde, un homme sur cinq est analphabète : cette proportion grimpe à une personne sur trois dans le cas des femmes.

Référence : Sen A. Pourquoi la Chine fait mieux que l’Inde. La Revue 2013; 35: 84-5.


 
Parmi la population issue de l’immigration à Montréal, les trois principales communautés sont italienne (10%), haïtienne (8%) et chinoise (5,1%).

Référence : Un Quartier chinois pas si… chinois


 
Plus important producteur d’hydroélectricité au monde, Hydro-Québec a connu une croissance importante depuis un demi-siècle.

1963 2013
Actifs (en milliards$) 2 70,5
Revenus (en milliards$) 0,2 12,2
Profits (en milliards$) 0,04 2,7
Puissance installée (en mégawatts) 6 222 35 829
Employés 9 800 21 596

Référence : Une OPA payante pour le Québec


 
Il y a 2 000 entreprises de transformation alimentaire au Québec. Ce sont 700 boulangeries, 280 transformateurs de viande, 150 laiteries et 150 producteurs de breuvages. Ils procurent 65 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects.

Leurs ventes étaient évaluées à 23,8 milliards$ en 2011, ce qui représente 17,3% du produit intérieur brut de la province. En 2012, cette industrie exportait pour 6,1 milliards$, soit 55% de sa production (31% dans le reste du Canada et 24% à l’étranger).

Référence : Gros appétit pour les millions de Québec


Liste de tous les faits divers (des plus récents aux plus anciens)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Classes et couches sociales

9 décembre 2013

Dans tous les pays du monde, certaines personnes mènent une existence plus aisée que d’autres.

Toutefois, dans certains pays, la richesse est réservée à ceux nés de « bonne famille ». Le cas extrême est l’Inde, où votre appartenance à une caste détermine toute votre existence.

Plus fréquentes sont les sociétés stratifiées en classes sociales, relativement hermétiques, contrairement à d’autres, caractérisées par des couches sociales, beaucoup plus perméables.

Là où les classes sociales prédominent, on utilise toute une variété de qualificatifs, habituellement péjoratifs, pour décrire ceux qui ont accédé à une classe sociale dite « supérieure ». On les appellera des « parvenus » ou, dédaigneusement, des « nouveaux riches », à l’accent évidemment vulgaire, aux manières frustes, dépourvus de culture, ridicules autant dans leurs propos que dans leur tenue vestimentaire clinquante.

Les scénaristes de pièces de théâtre ou de cinéma font souvent recette en se basant sur les clichés de ce pauvre, devenu riche, qui finit rejeté de tous parce qu’usurpant un statut social auquel il n’a pas droit en vertu de ses origines.

Au contraire, dans d’autres pays, on admirera le mérite de ceux qui, par leur seul labeur, ont su réussir. On en fera des sources d’inspiration.

Par exemple, on se rappellera que le multimiliardaire Paul Desmarais était le petit-fils d’un bûcheron ontarien. On soulignera comment feu Pierre Péladeau, a débuté à titre de camelot dans le monde de l’édition, pour finalement posséder l’empire Québécor. On se rappellera qu’à l’origine, Guy Laliberté, du Cirque du Soleil, n’était qu’un amuseur de rue. Que les parents de Céline Dion étaient tellement pauvres que la chanteuse, alors qu’elle était bébé, couchait non pas dans un berceau mais dans le tiroir d’une commode.

Le sujet de la mobilité sociale a dernièrement fait l’objet d’une étude scientifique. Ce qu’on y a découvert est surprenant. En deux mots, l’aptitude à réussir aux États-Unis de n’importe qui (s’il travaille suffisamment fort et s’il fait preuve de persévérance) — en somme, le Rêve américain — n’est qu’un mythe. Parmi les pays développés, il n’y a qu’en Italie et en Grande-Bretagne, où la mobilité sociale est plus sclérosée qu’aux États-Unis.

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Pour un pays comme les États-Unis, où les citoyens sont majoritairement opposés au concept de l’État redistributeur de la richesse, ce mythe est capital. En effet, même les pauvres aux États-Unis s’accommodent facilement des inégalités sociales dans leur pays parce qu’ils sont convaincus que grâce à leurs efforts, un jour leurs propres enfants bénéficieront des avantages de la réussite sociale américaine.

Selon un chercheur de l’université d’Ottawa, il est plus facile de réussir dans les pays scandinaves, au Canada, au Japon, en Allemagne, en Australie, ou en France, qu’aux États-Unis.

Les facteurs qui justifient cette situation sont les suivants :
a) l’importance des inégalités sociales. Plus les inégalités sociales sont criantes, plus il est difficile de s’en affranchir,
b) les frais universitaires. Plus ils sont élevés, plus l’éducation supérieure est réservée aux enfants de familles aisées,
c) la stabilité familiale. Les divorces et les grossesses dès l’adolescence sont des obstacles à la réussite sociale des enfants et des jeunes adultes,
d) la redistribution de la richesse. En favorisant l’instruction et la bonne santé de tous, les mesures sociales augmentent les chances de réussite de l’ensemble des citoyens.

Références :
Income Inequality, Equality of Opportunity, and Intergenerational Mobility
The myth of the American Dream

Parus depuis :
Le Canada offre plus de chance de vivre le rêve américain que son voisin (2020-01-21)
The Economic Consequences of Major Tax Cuts for the Rich (2020-12-15)
L’effet de ruissellement (2020-12-19)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La vie de chien chinois

8 décembre 2013

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La loi chinoise limite à un seul, le nombre de chiens qu’une famille peut posséder. Le permis annuel coute 180$ la première année et 80$ les années suivantes. L’animal doit avoir été vacciné.

Dans certains quartiers de Shanghai, le propriétaire postulant le permis doit avoir l’assentiment de cinq personnes de son voisinage. En dépit de cela, si quelqu’un d’autre s’oppose, aucun permis ne sera délivré.

Mais l’interdiction d’en posséder plus d’un n’est pas absolue. Moyennant le paiement d’une amende — en fait, un permis d’exception — une famille pourra en posséder davantage. Le prix de ce permis d’exception est de 800$ — vingt fois le salaire mensuel moyen en Chine — pour un deuxième chien de taille moyenne (épagneul) ou de grande taille (dalmatien).

Ne sont autorisés que les chiens dont la distance au garrot — soit la hauteur de la jonction entre le dos et le cou de l’animal lorsqu’il est debout sur ses pattes — ne dépasse pas 35,5 cm.

De plus, les chiens féroces sont interdits. Cela comprend les redoutables pitbulls, mais aussi les chow-chows, pourtant originaires de Chine.

Dans un pays soucieux de faire en sorte que sa population — 1,3 milliard de personnes — ait de quoi manger, cette politique vise à limiter les bouches à nourrir.

Sont exclus de cette limite, les chiens destinés à la consommation humaine : il s’agit d’une pratique séculaire qui n’est courante que dans certaines régions du pays, dont la province chinoise de Guangxi, située au nord-est du Vietnam.

Durant la Fête du solstice d’été, en juin dernier, dans la préfecture de Yulin — située dans cette province et peuplée de près de sept millions d’habitants — on a consommé 10 000 chiens, généralement servis en ragoût.

Lors de ma visite d’un marché public de Yangshuo (une autre ville du Guangxi), les chiens qu’on était en train de dépecer — et tous ceux qui étaient dans des cages, prêts à être abattus — appartenaient à la même race de chien que celui sur la photo ci-dessus.

Références :
China’s Dog License Laws Going to the Dogs
How to get my dog’s license?
Morillot J. Chine : Les chow-chows interdits. La Revue 2013; 35: 33.
Why China has a ‘one dog policy’

Détails techniques : Appareil Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/60 sec. — F/5,6 — ISO 125 — 45 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le projet de loi Chong est antidémocratique

7 décembre 2013

Le député conservateur Michael Chong vient de déposer à la Chambre des communes du gouvernement canadien, un projet de loi privé visant à établir un mécanisme de destitution du Premier ministre en fonction, comme c’est le cas en Australie et en Grande-Bretagne.

Selon ce projet de loi, le caucus d’un parti pourrait, si 15% de ses membres en font la demande, tenir un vote de confiance — par vote secret — sur un collègue député ou le chef du parti. Si la majorité vote contre ce dernier, celui-ci est démis et conséquemment, une course à la direction est déclenchée.

En mai 2011, M. Harper a été réélu à la tête d’un gouvernement majoritaire avec seulement 39,6% des votes. Fort de sa suprématie parlementaire, il a agi comme s’il jouissait de la confiance de la majorité de la population canadienne.

Pour faire simple, imaginons que toutes les circonscriptions électorales aient le même nombre d’électeurs. Faites le calcul, si 51% de députés conservateurs décidaient d’un putsch, ils ne représenteraient que 20% de l’électorat.

D’où la question : doit-on déléguer le pouvoir du peuple de choisir ses dirigeants à une poignée d’invertébrés qui n’ont pas eu le courage de s’opposer au despotisme de leur chef mais qui, lâchement, dans l’anonymat d’un vote secret, pourraient le destituer ?

La Démocratie donne souvent de très mauvais résultats. Mais on ne corrige pas ses défauts par des mesures boiteuses qui ont pour effet de donner à quelques dizaines d’élus les pouvoirs de tout un peuple.

Références :
Le despotisme de Stiveniev Harperoff
Michael Chong: la revanche du «backbencher»
Un député conservateur veut donner plus de pouvoirs aux caucus

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le nucléaire dans le monde

6 décembre 2013

On ne construit plus de centrale nucléaire aux États-Unis depuis Vogtle-2, mise en opération en 1989. Ses coûts de construction — originellement estimés à 660 millions$ — ont finalement atteint 8,87 milliards$, soit treize fois plus. Puisque les centrales appartiennent au secteur privé, ce désastre financier a anéanti tout nouveau projet de centrale dans ce pays.

Moins de 24 heures après son entrée en fonction à titre de Première ministre, Mme Pauline Marois a annoncé la fermeture de Gentilly-2, la seule centrale nucléaire en opération au Québec. Le choix du Québec était de débourser environ quatre milliards$ pour restaurer cette centrale (qui n’a jamais été rentable) ou de la fermer. Avant cette fermeture, le Québec tirait 3% de son électricité du nucléaire (comparativement à 52% pour l’Ontario).

La France fermera la plus ancienne centrale nucléaire, vétuste et dangereuse. L’Allemagne s’abstiendra de construire de nouvelles centrales, mais maintiendra ses centrales déjà en opération.

Ailleurs dans le monde, 63 réacteurs nucléaires sont présentement en construction, dont 26 en Chine et 6 en Inde.

Le graphique ci-dessus résume la situation actuelle du nucléaire dans le monde. À droite du nom de chaque pays, le chiffre entre parenthèses est le nombre de réacteurs en activité à la fin de 2012. Le pourcentage est la proportion de l’électricité du pays tiré de ses centrales nucléaires.


Pourcentage du nucléaire dans la production nationale d’électricité
Nucleaire

 
Par comparaison, voici l’importance de l’hydroélectricité pour un certain nombre de pays.


Pourcentage de l’hydrolique dans la production nationale d’électricité

Références :
La Norvège, championne de l’hydroélectricité
Mataillet D. Le monde d’aujourd’hui. La Revue 2012; 21: 135.
Marbot O. Le nucléaire a toujours ses adeptes. La Revue 2013; 35: 28.
Marois annule la hausse des droits de scolarité et ferme Gentilly-2

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’amnésie de l’internet

5 décembre 2013

Je lis aujourd’hui une entrevue que le Dr Étienne-Émile Baulieu accordait à La Revue (numéro de septembre 2013).

Entre autres, l’inventeur de la pilule du lendemain RU486 y raconte qu’à la conférence de l’Association pédiatrique américaine qui se tenait le 30 avril 1991 à la Nouvelle-Orléans, il était visé par un attentat terroriste.

L’avion qui le transportait de Washington ayant pris du retard, les organisateurs de la conférence ont décidé qu’un autre orateur prendrait la parole à sa place à 12h30. C’est lui qui fut blessé lorsque la bombe explosa.

Étrangement, il n’existe aucune trace de cet attentat sur l’internet. On trouve des articles rapportant qu’une cinquante de personnes ont protesté contre la venue du Dr Baulieu. Mais pas un mot de la bombe. Comme si les terroristes de droite bénéficiaient d’une amnésie bienveillante aux États-Unis.

Références :
Activists protest inventor of pill
Morillot J. Étienne-Émile Baulieu — À rebours des normes. La Revue 2013; 35: 11-5.
Protesters Demonstrate While Abortive Pill Inventor Speaks
Terrorist attacks and related incidents in the United States

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les noms communs

4 décembre 2013

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Selon les pays, voici les noms de famille les plus courants en Europe.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Non au terrorisme utopiste

2 décembre 2013

La semaine dernière, quatre restaurants ont été victimes d’actes de vandalisme dans le quartier montréalais d’Hochelaga-Maisonneuve; des vitrines ont alors été fracassées et de la peinture a été lancée sur la devanture de ces établissements.

Une des briques ayant servi à commettre ce méfait était accompagnée d’un message dénonçant l’embourgeoisement du quartier. Accusant les commerçants d’être des « collaborateurs de la gentrification », la courte missive se faisait menaçante en précisant que ceux-ci n’étaient « pas en sécurité dans le quartier ».

Rappel historique

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À l’époque de la construction du Château Dufresne (de 1915 à 1918), cette partie de l’île de Montréal constituait une municipalité indépendante connue sous le nom d’Hochelaga (de 1875 à 1883), puis de Maisonneuve (de 1883 à 1918).

Ce château, de même que le Marché Maisonneuve, le bain Morgan (dont la façade est inspirée de la Central Station de New York), la caserne Letourneux (inspirée du style de Frank Lloyd Wright), et l’Hôtel de Ville néoclassique (devenu bibliothèque de quartier depuis), visaient à faire de Maisonneuve une cité bourgeoise modèle.

Après la construction ruineuse de ces édifices emblématiques et après l’abolition complète de taxe offerte aux industries qui voudraient bien s’installer chez elle, la municipalité de Maisonneuve se retrouva au bord de la faillite et se résigna à l’annexion à Montréal en 1918.

Au cours des décennies suivantes, la fermeture de pôles industriels importants (la Vickers et les usines Angus) et le dépeuplement le long de la rue Notre-Dame ont appauvri le tissu social du quartier. La présence de piqueries, et de prostituées ont achevé ce qui pouvait rester de respectabilité au quartier qui, originellement, se voulait huppé.

Retour au présent

Lorsque les ‘riches’ s’achètent un condo, ils abandonnent leurs logements antérieurs qui devient alors disponibles à d’autres. Ces derniers libèrent les leurs. Et dans ce jeu de chaises musicales, en fin de compte, des logements deviennent disponibles pour des gens à faible revenu. Voilà comment Montréal se développe et vit depuis des décennies.

De nos jours, Hochelaga-Maisonneuve est précisément le résultat de ce jeu de chaises musicales; par exemple, les logements cossus construits autrefois pour héberger les ingénieurs anglais de la Vickers et les employés syndiqués du constructeur naval sont aujourd’hui habités par des gens moins fortunés qu’eux.

Par le moyen du terrorisme, vouloir préserver intacte la misère du quartier en réclamant futilement la construction de HLM (ce qui n’arrivera pas de si tôt), c’est condamner Hochelaga-Maisonneuve à devenir un ghetto de pauvres et ultimement, un petit Chicago.

Le terrorisme utopiste des malfaiteurs qui se sont attaqués à des commerçants du quartier est une menace au développement économique et pénalise tous les citoyens du quartier, qu’ils soient riches ou pauvres.

Les commerçants qui font réparer les dommages causés par des malfaiteurs refilent la facture à leurs assureurs : ces derniers s’empresseront d’augmenter leurs primes.

Cette augmentation affectera non seulement les commerces déjà vandalisés, mais tous ceux que l’assureur estimera soumis à ce risque. Et les frais supplémentaires que devront débourser les commerçants pour pouvoir s’assurer, sont refilés à leurs clients, c’est-à-dire à nous tous.

Bref, en fin de compte, ce sont nous, les consommateurs, qui payons pour les folies des casseurs utopistes.

Paru depuis :
Hochelaga-Maisonneuve: un attentat anti-embourgeoisement avorté, croit le SPVM (2016-04-26)

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8 — 1/400 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel