Vous, en 2013

31 décembre 2013


 
Durant l’année qui de termine aujourd’hui, ce blogue a accueilli des visiteurs en provenance de 162 pays.

Ces personnes ont adressé 132 761 requêtes dans le but de consulter l’un ou l’autre des 1 027 textes qui y sont disponibles (dont 253 nouveaux de cette année).

Au total, 80% des visiteurs viennent de France ou du Canada.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les macarons français

29 décembre 2013
Macarons de La Maison du macaron, à Montréal

Le macaron est un petit gâteau granuleux et moelleux à la forme arrondie, d’environ 3 à 5 cm de diamètre, dont la recette — composée de poudre d’amande, de sucre à glacer, et de blancs d’œufs — s’apparente à celle de la meringue.

À l’origine, les macarons français étaient assez semblables aux maccherones vénitiens.

Il faudra attendre le XIXe siècle pour que des pâtissiers parisiens aient l’idée d’unir les coques de macarons deux par deux à l’aide d’une garniture sucrée.

La mode de cette nouvelle friandise a contribué à la popularité des salons de thé. D’abord Pons, aujourd’hui disparu, et surtout Ladurée, qui eut l’idée de les colorer selon leur parfum.

À l’époque, la plupart des cafés étaient réservés aux hommes : dans les salons de thé, les femmes étaient admises librement.

Si, de nos jours, les macarons sont offerts dans toute pâtisserie digne de ce nom, cela n’était pas le cas il y a quelques décennies.

Ladurée, au 21 rue Bonaparte, à Paris

C’est ainsi que j’ai goûté pour la première fois à un macaron à l’occasion d’une visite à l’établissement Ladurée situé sur la rue Bonaparte, en 1984.

On les vendait à la pesée. C’était une fortune du kilo. J’avais demandé le prix pour un macaron. Le vendeur avait été voir son supérieur pour savoir quel prix il devait me charger.

J’avais quitté l’établissement avec ce macaron (dont je ne me rappelle plus la saveur) et une pâtisserie appelée Le Baiser de Ladurée, en vedette dans la vitrine ci-dessus.

En 2006, les macarons Ladurée apparaissent dans le film Marie Antoinette de Sofia Coppola. C’est également à cette époque que sont nés les macarons dont la garniture possède une saveur différente de celle des coques, ou des coques de saveurs différentes.

Les macarons avec garniture se conservent entre 5 jours et deux semaines au réfrigérateur. Pour une conservation prolongée, on les placera au congélateur.

Références :
Ladurée
Macaron
Macarons rose bonbon

Détails techniques :
1re photo : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40 mm F/2,8 — 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 21 mm
2e  photo : Canon Powershot G6 — ISO 50 — 7,2 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Pour un modèle humaniste de la prostitution

26 décembre 2013

Historique

Il y a moins d’une semaine, la Cour suprême du Canada, par la voix de la juge en chef Beverley McLachlin, confirmait unanimement la décision rendue il y a trois ans par la juge Susan Himel, de la Cour Supérieure de l’Ontario. Cette dernière avait déclaré inconstitutionnels trois articles majeurs du Code criminel canadien entourant la prostitution.

Depuis longtemps, la prostitution est légale au Canada. Toutefois comme toute activité légale, elle peut être sujette à des limites dictées par l’intérêt public.

Ce que le gouvernement fédéral avait choisi de faire — et sur lequel les tribunaux se sont prononcés — dépassait très largement un cadre législatif visant à limiter une activité légale; le Code criminel du Canada prohibait la sollicitation dans un lieu public, la tenue d’une maison close et la possibilité de vivre des fruits de la prostitution. Bref, plus rien n’était possible. On essayait donc d’empêcher indirectement ce qu’on ne pouvait pas interdire directement.

Pour beaucoup de citoyens (hommes ou femmes), la prostitution est une activité tellement abominable qu’il leur semble impossible d’imaginer que des femmes puissent l’exercer librement. Effectivement, dans la très grande majorité des cas, les femmes sont recrutées par des souteneurs et, sous la menace ou les coups, forcées à exercer ce métier.

Apparemment, ce n’est pas vrai pour toutes les prostituées. Et c’est justement trois d’entre elles qui ont porté leur cause devant les tribunaux.

Essentiellement, ce que ces femmes disaient, c’est que l’acharnement des policiers contre les maisons closes, les agences d’escortes, et les salons de massages, jetaient les femmes à la rue. Or c’est précisément là où elles sont les plus vulnérables.

Effectivement, tous les tueurs en série qui se sont attaqués à des prostituées, ont choisi de s’en prendre à celles qui exercent dans des rues sombres. Parce que ce sont des proies faciles. Il faudrait être très imprudent pour s’adresser à la réception d’un bordel — même en se présentant sous une fausse identité — puisque cela laisse des traces, cela laisse des témoins qui peuvent ultérieurement fournir une description et des indices à des enquêteurs.

De 70% à 90% des prostituées ont subi des agressions physiques. Leur taux de mortalité est quarante fois supérieur à la moyenne nationale.

Donc les tribunaux ont cassé la législation canadienne parce qu’essentiellement, elle jette les prostituées à la rue et, conséquemment, viole l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés qui garantit le « droit à la vie, à la liberté et à la sécurité ».

Les leçons de l’Histoire

Lorsqu’une prostituée s’est approchée de Jésus de Nazareth, certains de ses disciples ont été scandalisés de voir que celui-ci ne la rejetait pas. « Qui se ressemble s’assemble » murmurait-on. Et pourtant, selon le récit sensuel du Nouveau Testament, Jésus s’est laissé répandre des parfums sur les pieds et a laissé cette prostituée essuyer le tout de ses cheveux.

Indépendamment de toute considération quant à la nature divine (ou non) de Jésus de Nazareth, je crois que nous devons, tout comme lui, faire la distinction entre le péché et la pécheresse.

La prostitution a pratiquement toujours existé et elle existera toujours. Autrefois, là où la prostitution n’existait pas, du moins officiellement, c’était qu’elle s’était généralisée dans la sphère domestique. En effet, les historiens parlent de sociétés primitives où il était coutumier d’offrir, en signe d’hospitalité, sa femme ou sa fille au visiteur pour la nuit. C’était le cas (et ce l’est peut-être encore) chez les Inuits du Groënland. Il faudrait être naïf pour imaginer que ces femmes aimaient servir de bonbon à n’importe quel passant.

Bref, des siècles et des siècles de répression se sont soldés par l’échec. Quelles que soient les approches, la prostitution persiste parce qu’elle répond à un besoin. Et pour répondre à ce besoin, des millions de femmes ont été majoritairement forcées à cet esclavage. Toutefois dans une minorité, elles ont exercé ce métier par choix.

Pour une approche différente

L’approche que je propose repose sur deux principes : la sécurité et la liberté.

La putain de rue doit exercer ailleurs

Jusqu’à tout récemment, la cuisine de rue était illégale à Montréal. De manière analogue, il serait justifié — pour les raisons de sécurité invoquées par la Cour suprême — d’interdire toute sollicitation de prostituées dans un lieu public. En contrepartie, cette activité serait permise dans des maisons closes.

Ces établissements devraient être régis comme tout autre commerce. Ils devront donc respecter le zonage et s’établir le long des rues où les commerces peuvent s’implanter.

De plus, des limites quant aux heures d’ouverture pourraient être imposées afin que garantir la quiétude du voisinage.

Permis d’exercice et permis d’exploitation

Les bordels, les agences d’escortes et les salons de massages devront disposer d’un permis d’exploitation.

Les établissements dans lesquels le client doit se déplacer afin de recevoir un service — les bordels et les salons de massage notamment — devront répondre à des exigences minimales en matière de sécurité.

Des caméras de surveillances devront enregistrer tous les déplacements dans les aires publiques de l’établissement. En plus des prestateurs de service, le personnel en service doit comprendre une personne dédiée à l’accueil qui enregistre le temps de chaque prestation, de même que celle qui le dispense et les frais qui auront été exigés.

L’identification formelle du client ne sera pas exigée puisque le but du modèle que je propose est ni d’encourager la prostitution, ni de le décourager.

Dans le but de favoriser l’autonomie financière de la prostituée et d’empêcher que les souteneurs ne se fassent passer pour de simples agents de sécurité, il devrait être interdit à ces établissements de verser à un administrateur ou à un employé se soutient, un salaire supérieure à la moyenne du revenu versé aux prostituées de l’établissement.

En plus du permis d’opération délivré à l’établissement, un permis d’exercice devrait être détenu par chaque praticienne.

Suivi sanitaire et sécuritaire

Chaque prostituée devrait subir un examen médical à intervalles fixes destiné à s’assurer qu’elle ne soit pas porteuse de maladies transmissibles et qu’elle ne porte pas de marques de coups.

Puisqu’il est impossible de distinguer la prostituée violentée par un client, de la prostituée violentée pour la forcer à exercer ce métier, toute violence physique devrait être jugée suspecte.

Tout établissement dont les praticiennes portent un taux jugé anormalement élevé de traces de violences physiques mineures devrait recevoir l’avertissement de prendre les mesures appropriées pour mieux protéger ses employées.

Toute marque de violence majeure (une fracture osseuse, par exemple) entraine automatiquement la suspension temporaire du permis de l’établissement à moins qu’on prouve, hors de tout doute raisonnable, que cet accident n’est pas relié au travail. Toute récidive pourrait entrainer la révocation définitive du permis d’exploitation.

Dans le but de l’obtention ou du renouvellement du permis d’exercice, la prostituée devrait être rencontrée hors de son milieu de travail, de préférence dans un bureau officiel.

Cette entrevue vise non pas à s’assurer qu’elle exerce ce métier de son plein gré puisqu’on n’aura jamais la certitude que la praticienne dit vrai. L’entrevue visera plutôt à offrir le support immédiat de l’État à toute prostituée qui exprime le souhait de se retirer du métier.

Conclusion

L’approche proposée ici repose sur une politique de réduction des méfaits. Tout comme on fournit la méthadone aux Narcomanes afin d’éviter qu’ils ne commettent des vols à main armée dans le but de se procurer l’argent pour s’acheter leur drogue, il s’agit ici de tout mettre en œuvre pour réduire la violence faite aux femmes qui se prostituent.

Il ne s’agit donc pas de combattre la prostitution puisque des siècles de répression ne font que la réduire à la clandestinité.

Références :
Cour suprême et prostitution – Un vrai bordel!
La criminalisation de la prostitution est inconstitutionnelle
La légalisation de la prostitution au Canada

Parus depuis :
Prostitution: pense-t-on aux clientes? (2014-02-27)
Prostitution – Combattre le stigmate de la pute (2014-03-06)
Bilan sévère des effets de la loi de 2016 sur la prostitution (2018-04-12)
La prostitution, stratégie de survie dans le Montréal du XIXe siècle (2021-04-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Un souhait le 25 décembre

25 décembre 2013

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À défaut de photographier le Père Noël au Pôle Nord, voici l’envolée de son traîneau au Jardin botanique de Montréal à la levée du jour…

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8 — 1/500 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 12 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La discrimination religieuse à l’embauche, une nécessité ?

23 décembre 2013

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Introduction

Le 4 décembre dernier, le Tribunal ontarien des droits de la personne accordait 100 000$ à deux Musulmans qui avaient perdus leurs emplois de cuisiniers dans un même restaurant, essentiellement à cause d’une atmosphère de travail empoisonnée; entre autres, l’employeur les forçait à goûter les plats — dont certains contenaient du porc — contrairement à ce que prescrit l’Islam.

Il est à noter qu’il ne s’agit pas là de la principale raison de cette condamnation, mais d’une parmi les raisons majeures invoquées par le tribunal.

Aujourd’hui, la chaine de magasins britanniques Marks & Spenser s’excuse publiquement après avoir appris qu’une caissière musulmane eut refusé de servir un client dont le panier d’emplettes contenait une bouteille de champagne (la consommation d’alcool étant défendue par l’Islam).

L’entretien d’embauche

Il y a bien des années, en entrevue avant d’être embauché, on m’avait demandé combien je valais, c’est-à-dire de révéler la valeur de tous les biens que je possèdais. J’avais refusé de répondre. On m’avait signalé que si je refusais, je risquais de ne pas obtenir le poste. J’avais réitéré mon refus et j’avais été embauché quand même.

Depuis, le Code du travail a été modifié et il est interdit à un employeur de poser des questions en entrevue qui n’ont pas de rapport avec le poste à combler.

Jusqu’à ce que je prenne connaissance des deux faits divers mentionnés au début du texte, je ne voyais pas de raisons pour qu’un employeur s’informe des croyances religieuses de ses employés; cela ne le regarde pas.

Dans le domaine de la Santé, le professionnel doit assujettir son intérêt personnel à l’intérêt de son patient. Concrètement, un pharmacien ne peut pas refuser d’exécuter une ordonnance de contraceptif oral parce que la contraception est interdite par sa religion à lui. De la même manière, un chirurgien témoin-de-Jéhovah ne pourrait pas laisser un patient mourir d’hémorragie sous le prétexte que sa religion interdit les transfusions sanguines.

Mais à partir du moment où les croyances religieuses de l’employé ont une incidence sur le service à la clientèle, il est normal que l’employeur en soit prévenu.

Il serait imprudent pour un employeur de demander précisément le nom de la religion pratiquée par un postulant puisque si sa candidature est rejetée, ce dernier pourrait prétendre que cet employeur est hostile à sa foi.

Mais il est normal que l’employeur demande, de façon générale, si le postulant a des convictions (religieuses ou autres) qui sont en conflit avec sa description de tâche ou la nature du poste à combler.

Par exemple, s’il n’y a rien d’anormal à ce qu’un végétarien serve au comptoir des viandes d’une épicerie, cela devient conflictuel si ce végétarien croit avoir le devoir moral d’empêcher les carnivores de manger ce qu’ils veulent.

De la même manière, je n’arrive pas à comprendre comment les propriétaires du restaurant ontarien ont pu choisir un Musulman comme chef alors qu’une bonne partie des mets de leur établissement contiennent du porc. De manière analogue, comment ce Musulman a-t-il pu accepter ce poste alors qu’un chef doit nécessairement goûter à ce qu’il prépare.

Donc à partir du moment où la religion sort du domaine privé pour influencer l’exercice d’une fonction rémunérée, il est normal que l’employeur en soit prévenu. Et si ce patron a négligé de s’en informer, c’est le devoir de l’employé de le prévenir avant d’accepter le poste.

Références :
Décision du Tribunal ontarien des droits de la personne
M&S apologises after Muslim assistant refused to sell customer alcohol
Muslim M&S worker refused to sell ‘unclean’ Bible book to grandmother, customer claims
3 Muslim restaurant workers awarded $100,000 in discrimination case

Détails techniques : Appareil Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8 — 1/60 sec. — F/5,6 — ISO 6400 — 32 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le coq de La Havane

19 décembre 2013
Jeunes Grecs faisant battre des coqs (modifié, d’après Jean-Léon Gérôme)

L’histoire se déroule au cours de mon premier voyage dans la capitale cubaine.

J’avais réservé une chambre dans la demeure d’un particulier qui habitait la Vieille ville. Cette chambre s’ouvrait sur la rue par une petite porte à deux volets.

Un climatiseur avait pour fonction de non seulement rafraîchir la pièce, mais également d’atténuer les bruits extérieurs.

Mais puisque je déteste l’air climatisé, coucher dans cette chambre, c’était comme coucher sur le trottoir. Les voitures klaxonnaient à côté de mon lit, ou presque. Le matin, s’entendais les écoliers se chamailler, la criée des vendeurs ambulants de pain, de fruits et d’autres aliments frais, quand ce n’était pas la clochette des aiguiseurs de couteaux.

Et puis, dans la Vieille ville, les sonnettes aux portes ont cessé de fonctionner depuis longtemps. Alors on crie. « Maria… Mariaaaaa… MARIA! » jusqu’à ce que cette maudite Maria finisse par répondre ou jusqu’à ce que celle qui l’appelle finisse par comprendre que Maria est absente, peut-être parce que justement, deux coins de rue plus loin, elle est en train de crier « Dolorès » alors que celle-ci l’appelle chez elle.

Donc dès le premier matin, j’avais demandé à mes hôtes : « Vous avez aussi une deuxième chambre qui donne à l’arrière. Est-ce qu’elle sera libre bientôt ? » « Oui, cet après-midi… » m’avait-on répondu « …mais il y a un coq. »

Effectivement, cette chambre donnait sur une cour extérieure assez sombre, qu’on entrevoyait en ouvrant une porte encore plus petite à deux volets. Or un voisin, apparemment, y élevait un coq. Ce coq ne devait pas chanter très fort parce que je ne l’entendais pas du tout de la chambre qui donnait sur la rue.

Entre une chambre dans laquelle on est réveillé par le crissement des pneus de chaque voiture qui passe, et une autre où on entend le coq chanter une fois, au lever du jour, la deuxième option me semblait préférable. Afin de ne pas rater l’occasion, le jour même, je déménageais dans l’autre chambre.

Entretemps, j’avais découvert qu’un festival de ballet se tenait dans la ville. Je ne suis pas très friand du ballet mais comme La Havane est le deuxième meilleur endroit au monde — après le Bolshoï — j’avais décidé d’acheter des billets pour cinq galas.

Ces spectacles débutaient à 20h et se terminaient vers 23h30. Je rentrais donc à minuit et je m’endormais un peu plus tard.

Dès le premier matin, vers 5h30, je découvris qu’un coq, ça ne chante pas qu’une seule fois; ça entonne son cocorico aux vingt secondes pendant des heures. Donc impossible de se rendormir.

Après quelques nuits de cinq ou six heures de sommeil, j’avais les yeux cernés.

Au petit déjeuner j’ai donc demandé à mes hôtes : « Écoutez, j’aurais un service à vous demander. Pour marcher toute la journée dans votre ville, j’ai besoin d’être en forme. Or le coq du voisin m’embête au plus haut point. Au Québec, un gros poulet coûte 12$. J’aimerais que vous alliez rencontrer ce voisin pour lui offrir 15$ pour son coq. Pas un sou de plus. Et s’il est d’accord, j’aimerais que vous m’en fassiez une soupe, et que vous la fassiez cuire trrrrrrès len-te-ment. »

Et puis je suis parti explorer la ville. À mon retour, vers 16h30, j’ai demandé : « Eh puis ? »

« Oh, la la. Cela a très mal tourné. Le voisin a été insulté par votre offre. Il vous a traité de sale capitaliste. Il a dit : ‘Ce n’est pas un étranger qui va commencer à me mener dans mon propre pays’. Bref, un véritable scandale. Tous les gens autour en ont été témoins. »

Aussitôt j’ai pensé : « En d’autres mots, ce qu’il dit c’est ‘Je suis pauvre mais on ne m’achète pas’. Parfait, je respecte ça. »

«Mais, » ajoutèrent mes hôtes, « on l’a vu sortir en fin d’après-midi avec une grosse boite sous le bras. Donc il est possible que demain matin, vous n’entendiez plus ce coq. »

Effectivement, la nuit suivante — et toutes les autres — je dormis comme un bébé.

Je croyais toute cette histoire terminée lorsque, quelques jours plus tard, j’appris un nouveau développement.

Dans cette partie du quartier, il n’y avait pas un coq, mais deux. L’autre — audible au loin lorsque j’occupais la chambre qui donnait sur la rue — ne m’avait jamais empêché de dormir; je l’entendais faiblement une fois réveillé.

Lorsque les gens qui demeuraient à proximité de l’autre coq eurent vent du scandale provoqué par mon intervention réussie, ils se dirent : « Nous aussi, nous aimerions dormir le matin. Nous aussi, nous aimerions arriver au travail en pleine forme plutôt que de chercher toute la journée une petite occasion de faire la sieste en cachette. Nous ne sommes pas à la campagne. Etc, etc. »

Forts de l’exemple de ce Canadien — qu’ils ne connaissaient que de réputation — ils réussirent à se débarrasser de cet autre coq et enfin dormir en paix.

On imagine bien que l’élimination de l’élevage urbain de coqs complique l’organisation de combats. Mais le développement de gites touristiques chez des particuliers provoque la reconsidération d’habitudes anciennes, au déplaisir des uns et au plus grand bonheur des autres.

À lire également :
Pot-pourri frivole pour le temps des fêtes (2011-12-25)
Le bal masqué (2011-12-16)
Du Nutella pour demain s’il te plaît… (2011-02-26)
Les grandes ambitions (2010-11-24)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Sauvetage économique de l’Irlande : miracle ou mirage ?

17 décembre 2013
Parlement irlandais (© 2011 — Tebibyte, sur Wikipédia)

À la fin de la semaine dernière, les agences de presse européennes annonçaient la fin du plan d’aide destiné à soutenir l’économie irlandaise. Ces dépêches ont été reprises en chœur par tous les grands quotidiens à travers le monde.

En réalité, l’Irlande n’a pas encore remis un sou des 124 milliards$ du plan d’aide — au taux d’intérêt de 6,7% — que ce pays a été obligé d’accepter en 2010 afin de sauver son système bancaire, menacé de faillite.

Il y a quatre jours, le Fonds monétaire international (FMI) versait même une tranche de 890 millions$, destinée à être la toute dernière de son aide financière à Dublin.

Cette perfusion massive du trio de bailleurs de fonds — la Commission de Bruxelles, la Banque centrale européenne et le FMI — a permis à l’économie irlandaise de connaître une très faible croissance économique depuis trois ans, après la débâcle de la crise économique de 2007-2010.

Sur la base d’une prédiction de croissance de 2% l’an prochain, le gouvernement irlandais et le FMI ont annoncé conjointement la fin du plan d’aide.

Malheureusement, ceci est inexact. En réalité, le FMI estime qu’il n’aura plus à effectuer de nouveaux versements pour soutenir le pays. Mais l’Irlande ne s’est toujours par affranchi du plan d’aide dans la mesure où elle doit toujours rembourser les 124 milliards$ qui lui ont été prêtés.

À l’heure actuelle, l’Irlande est le dixième pays le plus endetté au Monde. Cette dette est estimée à 118,4% du PIB en 2012, soit une croissance de 12% en comparaison avec l’année précédente. Et on estime qu’elle aura grimpé à 124% à la fin de ce mois-ci. Donc l’Irlande s’enfonce dans la dette.

Depuis 1987, l’Irlande a beaucoup cru au néo-libéralisme. En adhérant à l’Union européenne en 1973 et en réduisant le taux d’imposition des entreprises (12,5% contre 33,3% en France), ce pays a attiré de nombreux capitaux étrangers.

Au moment de son adhésion au marché commun européen, le PIB par habitant était à 64% de la moyenne européenne. Entre 1994 et 2000, son taux de croissance économique fut de 8% par année. Si bien que le PIB par habitant s’est haussé au deuxième rang européen, après le Luxembourg.

Mais la déréglementation de la finance irlandaise a favorisé les pires abus et conséquemment, le pays a été frappé de plein fouet par la crise économique. La récession a provoqué une contraction du PIB de 3% en 2008, 7% (sic) en 2009 et 0,4% en 2010.

Menacé de faillite, le pays a été forcé d’accepter de se porter garant de toutes les dettes de ses banques privées (même à l’étranger), plutôt que de faire comme l’Islande (qui ne s’est portée garante que pour les dettes contractées sur son territoire). On estime que le pays a du dépenser 40% de son PIB (soit le tiers de sa dette actuelle) afin de sauver son système bancaire.

Le résultat est une dette faramineuse et un taux de chômage qui est passé de moins de 4% avant la crise à 15,1% en 2012.

Critiqué pour la sévérité des correctifs qu’il impose, le FMI a besoin de prouver que ses plans de sauvetage fonctionnent bien. De plus, en annonçant triomphalement la fin du plan d’aide monétaire international, le FMI espère protéger l’Irlande des spéculateurs sur sa dette. Cela est très naïf.

Les dirigeants de ce pays ne prévoient pas de retour à l’équilibre budgétaire avant 2018. En d’autres mots, la dette de l’Irlande continuera d’augmenter d’ici là.

Que feront les agences de notation ? Ils abaisseront la cote du pays. Et les créanciers, de plus en plus inquiets, réclameront des taux d’intérêts de plus en plus élevés, au fur et à mesure où augmentera le risque du financement de cette dette.

Les assureurs qui protègent les créanciers contre un défaut de paiement augmenteront leurs primes. Leurs analystes susciteront la crainte, évoquant le risque croissant d’une faillite de l’État irlandais afin de justifier l’augmentation des primes exigées par ces assureurs. Même les créanciers qui ne sont pas inquiets auront avantage à prétendre l’être afin de forcer l’État irlandais d’augmenter le taux d’intérêt de ses emprunts.

Or l’assiette fiscale du pays est d’autant plus mince que les entreprises y contribuent peu. Conséquemment, l’État devra privatiser et transférer sur le dos des particuliers une part croissante du coût des services qu’il assumait jusque là.

Les Irlandais, qui profitent très peu de la faible croissance économique actuelle du pays, verront leur pouvoir d’achat fondre au fur et à mesure que leur gouvernement pliera sous les exigences de ses bailleurs de fonds.

Bref, de sombres jours à l’horizon, à l’opposé de ce que suggèrent les manchettes récentes des quotidiens…

Références :
CIA Word FactBook
Irlande
Islande : La révolution des casseroles
Les incendiaires
L’Irlande déclare la fin du plan d’aide FMI-UE
L’Irlande sort du plan d’aide mais les célébrations attendront
L’Irlande s’affranchit de l’aide internationale
L’Irlande, toujours face à ses démons

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La réglementation canadienne contre le pourriel

16 décembre 2013
© — Bandeau du site du Centre de notification des pourriels, au 2013/12/16

Jusqu’à tout récemment, le Canada ne possédait pas de politique relativement au courrier électronique non sollicité. À travers le monde, celui-ci représente entre 75 et 90% de tout le courrier électronique.

Les États-Unis permettent l’expédition de n’importe quel message tant que le destinataire n’a pas encore indiqué son refus. Paradis du télémarketing sauvage, le Canada vient de changer les règles du jeu.

Après l’adoption d’une loi à ce sujet en 2010, c’est aujourd’hui que le gouvernement canadien a précisé la réglementation qui découle de cette loi. Celle-ci entrera en vigueur le 1er juillet 2014.

Après cette date, aucun particulier et aucune entreprise ne pourra vous écrire à moins qu’avoir ou une relation d’affaires avec vous ou à moins qu’elle ne nous expédie déjà du pourriel.

Ceux qui vous expédient déjà du pourriel conservent leur « droit acquis » pendant trois ans. D’ici là, ils devront obtenir votre consentement explicite à défaut de quoi ils devront cesser les envois qui vous sont destinés, au plus tard le 1er juillet 2017.

En tout temps, la loi considère qu’effectuer un achat auprès d’un commerçant constitue un consentement implicite et légal de recevoir du pourriel de sa part pendant deux ans. Il est donc important de le pas préciser votre adresse de courrier électronique à un marchand simplement parce qu’il vous le demande. S’il insiste, menacez d’annuler votre achat.

Sont également exclus de la loi, les campagnes de financement des organismes de charité et des organisations politiques.

Les contrevenants s’exposent à une pénalité d’un million$ dans le cas d’un particulier, et de dix millions$ dans le cas d’une entreprise.

Pour se plaindre, il suffit de cliquer sur ceci.

Références :
La guerre aux pourriels enfin déclarée
Loi anti-pourriel: plus de vigilance pour les agences et annonceurs
Votre boîte de messagerie sous protection

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La Havane-II : De Montréal à La Havane

15 décembre 2013

 
Cette vidéo comporte deux parties. La première résume le début de mon deuxième voyage à La Havane, le 29 octobre 2013; il s’agit du vol de Montréal à La Havane, avec escale à Toronto.

De 1:13 à 1:17, on voit un exemple de feux de circulation à Cuba qui indique, lorsqu’il est rouge, le temps qui reste à attendre, en plus d’indiquer, lorsqu’il est vert, le temps pour traverser la rue.

La dernière partie de la vidéo présente la Casa particular — ce qui signifie Maison d’un particulier — où j’ai habité au cours des trois semaines que j’ai passées dans la capitale cubaine. J’y suis arrivé dans la nuit : les photos ont été prises plus tard, en plein jour.

Il s’agit d’une bâtisse avec des plafonds à 7 mètres de hauteur, dont les fenêtres ne sont jamais fermées hermétiquement. Des volets permettent de bloquer les rayons solaires mais l’air ambiant y circule librement.

Le gazouillis qu’on entend de 1:34 à 1:40 n’est pas celui des Diamants de Gould, mais plutôt celui de votre humble serviteur. Ce sifflement avait immanquablement pour effet d’attirer la curiosité du pinson mâle qui s’approchait alors des côtés de la cage, comme pour dire : « Mais veux-tu me dire ce qu’il raconte… ».

Dans le coin de la toilette (à 1:55), la petite corbeille à papier est tapissée d’un sac de plastique. Elle est destinée à recevoir le papier hygiénique souillé. En effet, à Cuba, le débit de la chasse d’eau n’est pas très puissant et la toilette se boucherait si on y jetait ce papier.

La dernière photo est celle de ma chambre.


Voir aussi :
Liste des diaporamas du premier voyage à La Havane
Liste des diaporamas du second voyage à La Havane

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Trois orchidées

13 décembre 2013
Paphiopedilum appletonianum
Cœlogyne trinevis
Paphiopedilum “Jerry Dean”

Ce matin, je me sentais coupable; j’ai réalisé que beaucoup d’entre vous visitez ce blogue afin d’y voir des photos de plantes. Or je n’en ai pas publié depuis des lustres.

C’est presque le temps des fêtes. Je me suis donc précipité au Jardin botanique (c’est à deux pas) pour en rapporter des images que voici.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12-40mm F/2,8
1re photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 19 mm
2e photo  : 1/200 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 31 mm
3e photo  : 1/100 sec. — F/5,6 — ISO 3200 — 40 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel