Les forteresses à l’Est de la baie de La Havane

Publié le 19 octobre 2013 | Temps de lecture : 6 minutes

 
Historique, première partie

Fondée en 1519, La Havane devint rapidement le port le plus important d’Amérique.

À l’origine, c’était simplement une base logistique pour la conquête du continent. Mais à partir du moment où les Espagnols pillaient les richesses du Nouveau monde pour les ramener en Espagne, La Havane prit une importance stratégique qu’elle conserva pendant plus de 150 ans.

En effet, sur le chemin du retour, les convois en provenance du Mexique et du Pérou passaient par le golfe de Floride et s’arrêtaient dans cette ville à chaque printemps pour y faire provision avant d’entamer leur traversée de l’Atlantique.

À l’époque, la ville était protégée des fureurs de l’océan Atlantique par sa situation dans la baie de La Havane, sans accès direct à la mer. Mais cela ne la mettait pas à l’abri des convoitises. Si bien qu’en 1555, la ville fut pillée par le corsaire français Jacques de Sores.

Conséquemment, en 1577, on édifia une première forteresse, le Castillo de la Real Fuerza (le Château de la force royale) sur la rive occidentale de la baie de La Havane, là où était construite la ville à protéger.

Également, à un km plus au nord, on verrouilla l’entrée de la baie par la construction, 1589 à 1630, de deux forts supplémentaires, un de chaque côté de son embouchure.

Du côté de la ville, c’était le Castillo de San Salvador de la Punta (ou Château Saint-Sauveur de la pointe, fermé au public). Du coté opposé, c’était le Castillo de los Tres Reyes del Morro (ce qui signifie le Château des trois rois du promontoire). Celui-ci constitue la première des deux fortifications en vedette dans le diaporama.

Le Castillo de los Tres Reyes del Morro

Castillo de los Tres Reyes del Morro vu du Malecón, en fin de journée

De 0:19 à 0:41, un long panoramique nous présente la ville, à partir de son port (situé dans la baie de La Havane) jusqu’au Malecón (son bord de mer). Il vous faudra sans doute revenir sur vos pas pour finalement distinguer le modeste Castillo de San Salvador de la Punta (0:34), qui fait face au Castillo de los Tres Reyes del Morro.

Autrefois, à chaque soir, une lourde chaine métallique était tendue entre les deux afin de fermer le port durant la nuit.

Le tarif de l’admission au château est le même pour les touristes (en pesos convertibles) que pour les Cubains (en monnaie nationale). Puisque celle-ci vaut 24 fois moins, les Cubains paient donc le 24e (à 0:57).

Dans différentes salles du château, on a aménagé des expositions thématiques : sur l’électrification du phare (ajouté en 1845), sur les expéditions de Christophe Colomb (qui a découvert Cuba en explorant le sud de l’ile seulement), sur la conquête anglaise de La Havane en 1762, etc.

De nos jours, ses canons sont recouverts d’une gaine métallique peinte en noir qui masque la rouille sous-jacente. Cette rouille a fait gonfler le métal et rendu les canons inopérants.

Puisqu’il n’y avait pas de système d’égouts, des cabinets d’aisance sont aménagés sur les remparts, de manière à ce que les déjections tombent à l’extérieur du fort.

Construit définitivement en 1845 après avoir été détruit plusieurs fois, le phare offre aux visiteurs une vue spectaculaire de la ville.

Histoire, deuxième partie

En 1761, l’Espagne signait un traité d’alliance avec la France (en guerre avec la Grande-Bretagne depuis 1756). Lorsque l’Espagne entra en conflit armé avec l’Angleterre, l’émissaire qui devait annoncer la nouvelle aux autorités de La Havane fut capturé par les Anglais, si bien que la ville fut totalement prise de surprise le 6 juin 1762, vers 10h du matin, lorsqu’apparut à l’horizon une flotte de plus de 200 vaisseaux anglais équipés de 2 292 canons et peuplés de 25 000 soldats. À ce jour, c’était la plus grande flotte de guerre à traverser l’océan Atlantique.

Pour y faire face, La Havane disposait de dix navires, de 1 200 canons et d’une garnison de 10 000 hommes.

L’investissement massif mis en œuvre pour capturer La Havane — qu’on peut comparer avec les ressources beaucoup moindres dont disposait le général Wolfe pour conquérir la ville de Québec — illustre l’importance stratégique de la capitale cubaine à l’époque.

L’année suivante, un traité de paix signé entre l’Espagne et l’Angleterre redonnait Cuba aux Espagnols en échange de la Floride (colonie espagnole jusque-là).

Parmi les moyens de renforcer les défenses de La Havane, les Espagnols décidèrent de protéger la ville d’un mur de 1,4 mètre d’épaisseur, de dix mètres de haut et de 4,8 km de long.

De plus, dès la fin de l’occupation anglaise et ce, jusqu’en 1774, on construisit une deuxième forteresse du côté opposé de le baie, soit la Fortaleza de San Carlo de la Cabaña. Celle-ci est construite sur le promontoire de Cabaña, duquel les Anglais avaient bombardé le Castillo de los Tres Reyes del Morro pour finalement s’emparer de la ville.

Entre les deux forteresses

Casse-croute insalubre

Les visiteurs qui transitent d’une forteresse à l’autre trouveront sur leur chemin un restaurant (de 2:42 à 3:03) et plusieurs casse-croutes dont l’un (3:22 à 3:32) permet de goûter à un limonade à base de sève de canne à sucre, extraite à l’aide d’un pressoir. Avis aux intéressés : le lendemain, j’ai été confiné à ma chambre, victime d’une violente diarrhée.

La Fortaleza de San Carlo de la Cabaña

Portail de la Fortaleza de San Carlo de la Cabaña

Immense, cette deuxième vedette du diaporama mesure 0,7 km par 2,3 km. À chaque soir à 21h, des fantassins costumés aux couleurs de l’Espagne tirent un coup de canon. Originellement, cette coutume visait à annoncer la fermeture des portes de la ville et la mise sous tension de la chaine qui interdisait l’accès maritime à la baie.

Pendant la période coloniale, la forteresse servit de baraquement pour quelques milliers de soldats. Ce fut une prison et un lieu de torture avant la révolution et finalement, le quartier général de Che Guevara.

À l’intérieur de la forteresse

De nos jours, on y trouve deux restaurants, un exposition d’armes et armures, une chapelle, quelques missiles russes, un minuscule musée de la torture, un musée dédié à Che Guevara, et une garderie.

Bureau de Che Guevara


Voir aussi :
Liste des diaporamas du premier voyage à La Havane
Liste des diaporamas du second voyage à La Havane

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Écrit par Jean-Pierre Martel