Dans les années 1960, au cours de ce qu’on a appellé la Révolution tranquille, l’État québécois a étatisé, entre autres, la presque totalité des écoles et des hôpitaux et ce, sans compensation monétaire pour les communautés religieuses auxquelles ces institutions appartenaient.
Jamais cette étatisation n’a eu pour but de chasser la religion de la sphère publique.
Dans le cas des écoles, les communautés religieuses avaient accompli un travail admirable pour lutter contre l’analphabétisme. Toutefois, l’enseignement prodigué n’était pas de niveau suffisant à préparer le Québec aux défis technologiques qui l’attendaient.
Dans le cas des hôpitaux, les communautés religieuses ne disposaient pas des ressources financières qui étaient nécessaires à la modernisation du réseau.
Donc, pour des raisons exclusivement pragmatiques, les communautés religieuses ont accepté de transférer la propriété de leurs établissements à l’État.
Quelques décennies plus tard, lorsque les commissions scolaires sont passées de confessionnelles à linguistiques, cela était dicté par la nécessité et non par un quelconque anticléricalisme.
La résultante de tout cela est que la religion s’est faite plus discrète au Québec. D’autant plus qu’au cours de cette période, les communautés religieuses ont adopté des uniformes moins distinctifs; l’abandon de la capuche par les religieuses et de la robe par les religieux.
Il n’en fallait pas plus pour que certains s’imaginent que le Québec s’était engagé volontairement dans un processus de laïcisation. En réalité, jamais la nation québécoise n’a adopté un projet de société visant à reléguer la foi à la clandestinité et ce, en dépit du fait que les lieux du culte se soient vidés.
Et quand ces nouveaux citoyens ont demandé des accommodements visant à tenir compte de leurs habitudes religieuses, des controverses ont surgit relativement à la place de la religion au Québec.
Il y a à peine cinq ans, le remplacement à l’école des cours de religion par un programme d’éthique et de culture religieuse était l’objet de vives protestations de la part des parents, généralement favorables à l’enseignement religieux. Même si la majorité des Québécois ont fini par accepter cette décision quelques années plus tard, on ne doit pas oublier que ce changement découle originellement d’une décision ministérielle et non d’un choix de société.
En somme, la laïcité est l’objet d’un débat contemporain et non le fruit d’un projet de société acquis depuis des décennies ou en voie de réalisation.
Le projet de Charte de la laïcité que prépare le gouvernement du Québec se veut une réponse aux préoccupations actuelles de la population et un guide pour tous ceux qui ont à répondre aux demandes d’accommodements en faveur de ceux dont l’exercice religieux comporte des exigences particulières.
À plusieurs reprises sur ce blogue, je me suis prononcé en faveur du Vivre et laisser vivre. D’après des fuites récentes, il ne semble pas que la charte que prépare le gouvernement actuel aille dans cette direction.
Nous verrons demain dans quelle mesure tout processus de laïcisation qui viserait à confiner le religieux à la sphère privée est anticonstitutionnel et voué à l’échec au Québec.
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Quant à moi, probablement étais le rapprochement que les communautés ont fait avec les pouvoirs politiques dictatoriaux qui régnaient dans les pays catholiques à ce moment, où régnait une misère épouvantable. Et surgirent un vent de liberté ou les royaumes depuis le commencement du 17e siècle arrivaient a la fin du gaspillage éhontée.