Quinze mois après la démission du président égyptien Hosni Mubarak, une violente protestation contre le pouvoir militaire avait lieu devant les bureaux du ministère de la Défense. La contestation tirait son origine de l’invalidation d’une candidature à l’élection présidentielle, à vingt jours du scrutin.
À cette occasion, un policier fut tué et, selon les sources, entre 60 et 370 personnes furent blessées, tant parmi les protestataires que les forces de l’ordre. Officiellement, cinq personnes furent hospitalisées tandis que le reste fut soigné sur place. Dans les faits, un certain nombre de blessés furent évacués par des sympathisants et certains d’entre eux se retrouvèrent également à l’hôpital.
Un nouveau chapitre dans cette affaire vient de s’ouvrir avec les fuites d’un rapport confidentiel commandé pour faire la lumière sur ces événements. Remis officiellement au président en janvier dernier, ce document de près de 1 000 pages a été transmis depuis au ministre de la Justice. Mais il n’a toujours pas été rendu public.
Ses fuites, savamment orchestrées, s’inscrivent dans la guerre larvée qui oppose le président élu aux dirigeants militaires (qui n’ont jamais cessé d’exercer véritablement le pouvoir en Égypte).
On y apprend que dans le cas des quelques manifestants transportés à l’hôpital Kobri el-Qoba (un hôpital militaire du Caire), malgré leurs blessures, ceux-ci ont été battus à leur arrivée par le personnel de l’établissement. De plus, lorsque les soins prodigués auraient nécessité qu’on procède sous anesthésie, celle-ci ne fut pas utilisée. Non pas en raison d’une pénurie de médicament, mais parce que les médecins militaires avaient reçus l’ordre formel de procéder à froid.
Ce rapport devrait être la première reconnaissance officielle de ce qu’on sait déjà : que l’armée égyptienne a utilisé la torture pour mater la révolte populaire égyptienne.
Références :
Cairo clashes leave hundreds injured
Egyptian doctors ‘ordered to operate on protesters without anaesthetic’
Le Caire – Egypte: des dizaines de blessés dans des heurts entre manifestants et soldats au Caire