Introduction
La Place d’Armes est la plus vieille place de La Havane et le cœur historique de la ville. C’est là qu’aurait été célébrée la première messe, lors de la fondation de la ville en 1519 et c’est sur cette place — longtemps purement minérale — que se déroulaient les parades et exercices militaires.
Pendant des siècles, ce fut le centre politique et militaire de la ville. La résidence du gouverneur s’y trouvait, à l’ombre de la plus importante forteresse de la capitale cubaine.
La gravure ci-dessus (qui ouvre la vidéo) montre l’état des lieux en 1860. On y voit le parc qui y fut aménagé au XIXe siècle et au milieu duquel on trouve aujourd’hui la statue de Carlos-Manuel de Céspedes (1819-1874), initiateur de la guerre d’indépendance de Cuba. Cette statue, créée en 1953, est l’œuvre de l’artiste cubain Sergio López-Musa.
Sur le pourtour de ce parc, du mardi au samedi, de nombreux bouquinistes viennent y vendre des livres, revues, vieilles photos jaunies, monnaies et médailles.
Il est à noter que la petite rue entre le parc et le Musée municipal (du côté ouest de la place) est la seule rue de la Havane pavée en bois (à 0:21 dans la vidéo). Au début du XIXe siècle, cette rue était pavée de gros cailloux ronds dont plusieurs avaient disparus. Incommodé par le bruit des carrosses qui empruntaient cette rue cahoteuse devant son logis, le gouverneur ordonna que le pavage soit refait en bois.
Le côté nord
La Place d’Armes est bordée au nord par le Castillo de la Real Fuerza (littéralement, le Château de force royale), dont la construction s’étala de 1558 à 1577. Il s’agit du plus important exemple d’architecture Renaissante à La Havane et plus ancienne forteresse de la ville.
En 1632, on a ajouté une girouette — due au sculpteur Jerónimo Martínez Pinzón — au sommet de la tour de l’espérance de cette forteresse (à 1:15). C’était la première statue de bronze coulée à La Havane.
Symbole de la ville, sa girouette est appelée Giraldilla par allusion à celle de la cathédrale de Séville. Celle en Espagne est une statue de la Foi (également en bronze) qu’on appelait Giralda à l’époque et appelée Giraldillo depuis le XVIIIe siècle.
Selon la légende, le sculpteur aurait pris modèle sur la Sévillane Ignès de Bobadilla, épouse du gouverneur Hernando de Soto qui ordonna la fortification de La Havane en 1538.
En mai 1539, ce gouverneur entreprit la conquête de la Floride (qui couvrait tout le sud des États-Unis à l’époque) à la tête d’une expédition de neuf navires, 237 chevaux et 513 hommes, laissant La Havane entre les mains de son épouse.
Il mourut de fièvre en Arkansas en 1542 mais la nouvelle n’atteignit son épouse qu’en octobre 1543. Pendant tout ce temps, celle-ci avait espéré le retour de son mari, guettant un signe de son retour du haut de la forteresse.
La statue représente la fidélité et l’espoir du peuple cubain.
Selon les époques, ce château fort a servi à diverses fonctions, De nos jours, c’est un musée consacré aux conquistadors. On y voit des maquettes de leurs bateaux, la monnaie utilisée, et leurs objets du quotidien.
Précision : de 0:50 à 1:10, la pièce musicale qu’on entend est un extrait de ‘Vente a Cordoba Christiana’, interprété par l’Orquesta y Coros Salinas de Torrevieja.
Le côté Est
À l’est de la place, se trouve El Templete (le Petit Temple). Il est à noter que la maison jaune, à l’arrière sur la photo à 1:21, n’en fait pas partie. Inauguré en 1828, ce minuscule temple est le premier édifice néoclassique de La Havane.
À l’intérieur, trois toiles monumentales décorent la totalité de la surface de ses murs. Œuvres du peintre français Jean-Baptiste Vermay (1786-1833) — décédé à La Havane et inhumé avec son épouse dans ce temple — ces toiles commémorent trois événements importants; la première messe donnée à La Havane (le jour de la fondation de la ville), la constitution du premier Conseil municipal et, sur le mur du fond, la cérémonie inaugurale de ce temple.
À chaque année, le 16 novembre — anniversaire de la fondation de la ville — une longue file d’attente s’étend à partir du Templete, sur tout un côté de la Place d’Armes. Chaque personne viendra faire trois fois le tour d’un fromager qui se dresse à deux mètres de celui à l’ombre duquel une première messe a été dite en 1519. Il est à noter que ce fromager n’est pas ce petit arbre qu’on voit au premier plan à 1:31 mais celui, plus important, dont les branches cachent en partie le fronton d’El Templete.
Aux intéressés, la chanson dont on entend un extrait de 1:42 à 2:00, et qui rend hommage à Che Guevara, porte le titre d’Hasta Siempre Comandante.
Le reste du coté oriental de la Place d’Armes est occupé par l’ancien palais du Comte Santovenia. Depuis 1867, c’est devenu l’hôtel Santa Isabel (en l’honneur d’Isabelle II). On peut en apercevoir la terrasse, de même que l’intérieur de 2:01 à 2:08.
Le côté sud
De côté sud de la Place d’armes, se trouvent une petite bibliothèque de quartier (soit la Bibliothèque publique Rubén-Martinez Villena, qui n’est pas représentée dans la vidéo) et le Musée d’histoire naturelle (à 2:10).
Dans ce musée, la présentation des objets date d’une autre époque et, dans le cas des animaux empaillés, leur nombre est assez limité. Toutefois, on y apprend que la faune de Cuba contient à elle seule plus de sortes de chauves-souris que tous les pays d’Amérique du Nord réunis.
Le côté ouest
À l’ouest du parc, c’est le Musée municipal (à partir de 2:12). Ce dernier est installé dans l’ancien Palais du gouverneur espagnol Don Louis de las Casas Aragorri (dont l’inauguration eut lieu en 1791). Au cours des siècles, l’édifice a servi à différentes fonctions, de prison à Hôtel de ville (de 1920 à 1958), en passant par résidence présidentielle (de 1898 à 1920). Aujourd’hui c’est un musée est consacré à l’histoire de la ville.
À 2:12, il s’agit de la statue de Ferdinand VII (un roi d’Espagne jugé sévèrement par l’Histoire) que les autorités espagnoles avaient placé, à la fin de l’époque coloniale, au centre du parc, là où la statue de Céspedes occupe la place d’honneur depuis 1955.
Le Musée municipal s’étend sur tout le côté ouest de la Place d’Armes. Son patio (c’est-à-dire sa cour intérieure à ciel ouvert) est bordé d’une galerie et dominé par une sculpture de Christophe Colomb, en marbre de Carrare.
Dans ce musée, tous les aspects de l’histoire de la ville y sont représentés. On y trouve au rez-de-chaussée une exposition d’objets religieux. À l’étage, on trouve des armes, les habits et accessoires de personnages historiques du pays, et le superbe mobilier originel de nombreuses pièces de l’édifice, dont la salle de bal.
La vidéo se termine par une vue de l’édifice qui occupe le coin nord-ouest de la place.
Conclusion
Sans contredit, la Place d’Armes est la plus belle place du quartier de la Vieille ville. Cohérente par le style, le choix des matériaux et la hauteur des bâtisses, intéressante par les musées qui la bordent, cette place mérite la visite de toute personne qui passe quelques jours dans la capitale cubaine.
Voir aussi :
Liste des diaporamas du premier voyage à La Havane
Liste des diaporamas du second voyage à La Havane