Voyage à La Havane — Quatorzième jour

12 novembre 2012

À cause de la lenteur de la connexion internet à Cuba, je lis tous vos messages mais je ne peux pas me permettre de prendre de longues minutes à essayer de rédiger une réponse intelligente à vos commentaires (que j’apprécie).


 
Une question qui s’est posée récemment est relative au taux de change entre l’euro et le peso convertible. Puisque cette dernière monnaie n’a aucune valeur hors de pays, je soupçonne qu’il est très difficile sur l’internet de savoir sa valeur relative.

Ce matin, je me suis rendu sur la rue Obispo à un des plus recommandables bureaux de change de la ville. Sur un tableau électronique, on pouvait lire que l’euro valait 1,2304 peso convertible.

À la caissière qui m’est attribuée par le gardien, je tends 750 euros. Quelques instants plus tard, elle me tend un bout de papier sur lequel elle a écrit le nombre “700”. Puisque cela ne correspond pas au nombre d’euros que je lui ai donnés, je me dis : “Je ne vais quand même pas accepter de recevoir 700 pesos en échange de 750 euros.”

Sans élever le ton, je lui lance quatre “no” en rafale et lui fait signe de me redonner mon argent.

Je sors et me remets dans la courte file d’attente. Mon tour arrivé, je précise au gardien que je veux une caissière qui parle anglais. À celle-ci je tends mes 750 euros. Elle calcule que je recevrai 922,85 pesos, ce que j’accepte.

À un jet de pierre, toujours sur Obispo, je visite le Musée numismatique.


 
Dans des présentoirs vitrés pyramidaux, ce musée présente des pièces de monnaie, des médailles et quelques billets de banque. Le rez-de-chaussée est réservé à la monnaie cubaine et accessoirement, celle des États-Unis.

À l’étage, ce sont des pièces de monnaie de l’antiquité et, si ma mémoire est bonne, de quelques autres pays. Les collections du musée comprendraient 160 000 pièces mais seulement quelques centaines sont exposées.

Celles de la Grèce antique sont dans un état exceptionnel de conservation. Elles proviennent de la collection du Comte de Lagunella (dont la collection des terres-cuites antiques au Musée des Beaux-Arts est également remarquable).

Dès la publication de mon récit de voyage d’hier, je prends un taxi pour l’église Notre-Seigneur-du-Carmel, située dans le quartier du Centro.


 
Il s’agit d’une église érigée en 1925 dont les colonnes et le bas des murs sont ornés de tuiles de céramique assez intéressantes mais dont les plafonds sont peints de fresques (en voie de restauration) qui ne m’ont rien dit.

Au fond du bas-côté gauche, l’autel dédié à l’Enfant Jésus, entièrement doré, est spectaculairement beau.


 
Je me rends ensuite au Collejón de Hamel où, sur cette ruelle colorée, des artistes présentent leurs œuvres. Pour illustrer que la nécessité est la mère de l’invention, un de ces artistes est le Dr Hugo A. Gonzáles-Fernández, psychiatre, sexologue et artiste graphique.

On y présente quotidiennement un spectacle gratuit de danse et de rythmes africains.


 
À l’Hôtel Nacional, perché sur un roc qui surplombe le détroit de Floride, je prends le repas du midi, soit une pizza Quatre-saisons (garnie de jambon, d’olives, de crevettes et de champignons). Avec un verre de vin : 11,50 pesos convertibles.

À un comptoir situé près de la réception, j’achète pour 30 pesos un billet pour le spectacle qui se donnera ce soir au Café parisien.


 
À quelques rues, je me rends à l’hôtel Habana libre. Avant la révolution, c’était le Hilton. Sur l’internet, les touristes qui y ont séjourné, disent le plus grand mal de la propreté de ses chambres. D’après ce que j’ai vu au rez-de-chaussée, les aires communes ont encore beaucoup de classe et n’ont pas vieillies.


 
Je traverse la rue pour aller au parc Coppelia, où se trouve le bar laitier (ou un glacier) du même nom. De partout à La Havane, on vient y savourer ses glaces. Certains jours, une seule saveur est au menu. Aujourd’hui, jour d’abondance, on a le choix entre trois variétés.

Dans la file d’attente, quelqu’un veut m’échanger quelques pesos convertibles pour de la monnaie nationale. Méfiant, je refuse. Il fait venir un gardien qui m’explique, en anglais, que cette file est pour les Cubains. Les touristes doivent plutôt se rendre à deux pas, où leurs pesos convertibles seront acceptés (et où il n’y a aucune attente). Deux boules de crême glacée au chocolat me coûteront 1,85 ou 2,85 pesos (je ne me rappelle plus).

Le trottoir des environs est en terrazzo. À certains endroits, on y a inséré des carrés d’environ 60 cm de côté où sont représentés des œuvres modernes polychromes où chaque couleur est limité par une mince tige de métal doré, comme s’il s’agissait de cloisonné.


 
Après une sieste à la maison, je retourne à l’Hôtel Nacional pour le spectacle dont je me suis procuré un billet plus tôt aujourd’hui.

Intitulé “Cubano, Cubano”, ce spectacle commence à 22h. Il se veut la version latine des grands spectacles du Lido à Paris.

Moins de plumes, moins de nudité, mais une orgie de couleurs décorant des coiffes et des vêtements satinés.

La chorégraphie n’a pas de temps mort; on passe d’un tableau à un autre sans interruption pendant toute l’heure que dure ce spectacle. On y présente l’histoire de Cuba, de la période précoloniale aux années 1950. Étonnamment, aucun tableau ne montre la période révolutionnaire.

Ce spectacle divertissant, au son de musique latino-américaine, vaut largement son prix. Mais il faut être à Cuba pour en jouir. Désolé…

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 400 — 12 mm
2e  photo : 1/100 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 19 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 19 mm
4e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 12 mm
5e  photo : 1/640 sec. — F/9,0 — ISO 200 — 22 mm
6e  photo : 1/500 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 12 mm
7e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 14 mm
8e  photo : 1/80 sec. — F/3,2 — ISO 200 — 12 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Treizième jour

11 novembre 2012


 
Avec la rédaction et la publication de deux récits de voyage (le 11e et le 12e jour), j’ai comblé mon retard mais ma visite d’aujourd’hui ne commence qu’au repas du midi au restaurant Piña de Plata (en français, l’Ananas d’argent).

J’y prends un spaghetti aux crevettes et un verre de vin pour six pesos convertibles (6$ ou environ 4 euros).

Le restaurant est décoré d’une grande toile représentant l’écrivain américain Ernest Hemingway à l’œuvre. Durant ses séjours à La Havane, celui-ci venait quotidiennement au bar El Floridita, adjacent, à l’époque où cet établissement portait le nom de Piña de Plata.


 
À 200 mètres du restaurant, je me rends à l’Hôtel d’Angleterre qui, au moment de son inauguration en 1875, était l’hôtel le plus luxueux de la ville.


 
Sur le toit de cet hôtel, on a une vue superbe du Parc central et des immeubles à son pourtour. Parmi ceux-ci, le Palacio del Centro Asturiano (ci-dessus), construit en 1927. Il loge le pavillon du Musée des Beaux-Arts consacré à l’art international (vu le 11e jour de ma visite).


 
Quelques-unes des plus belles voitures de La Havane sont stationnées devant le Capitolio. Leurs propriétaires invitent les passants à y prendre place ou à les photographier.

Toutefois, une fois vos photos prises, ils vous informeront que ce privilège n’était pas gratuit. Étant prévenu du stratagème, j’ai demandé au préalable “¿ Cuánto ?” (c’est-à-dire ” Combien ?”). Ce devait être deux pesos pour une seule photo. J’ai marchandé à un peso pour le droit d’en prendre autant que je voulais.

Sur la photo ci-dessus, au centre du pare-brise, on voit le Gran Teatro et, dans le rétroviseur, un aperçu du Capitolio.


 
À l’ouest du Capitole se trouve le Barro Chino (le “quartier” chinois). Avec le départ massif des Chinois de La Havane au début de la révolution, il ne reste presque rien de ce quartier, sauf quelques restaurants dont certains sont regroupés sur la rue Tien Tan (ci-dessus).



 
La Havane s’est développée d’Est en Ouest. Après la Vieille ville, le Prado, le quartier suivant est le Centro, un quartier populaire grouillant d’activité mais où sont situés peu d’attractions touristiques.

C’est dans ce quartier que se trouve le gymnase de boxe dont j’ai parlé précédemment. Ci-dessus, voici deux photos stylisées qui donnent un aperçu du quartier.


 
Puis je prends un taxi pour traverser le quartier de Vedado et atteindre finalement celui de Miramar où se trouve l’Acuarío Nacíonal (l’Aquarium national).

Ses installations vieillottes hébergent une variété limitée de poissons et d’animaux marins.

Mais ses spectacles, dans deux bassins différents — qui mettent en vedette des phoques, puis des dauphins — valent amplement le déplacement. Comme on peut s’attendre d’un pays communiste, animaux dressés (et athlètes) font preuve d’une discipline impeccable.

Je prends le repas du soir de nouveau au Piña de Plata. Une pizza au thon et une bière (sans pourboire) me coûte 6,25 pesos convertibles.

La croute de la pizza est croustillante et friable comme de pain sec rôti, ce qui est très agréable.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 24 mm
2e  photo : 1/500 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 17 mm
3e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 21 mm
4e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 12 mm
5e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 25 mm
6e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 35 mm
7e  photo : 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 2000 — 24 mm
8e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 2000 — 12 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Douzième jour

10 novembre 2012

Aujourd’hui, c’est ensoleillé avec passages nuageux. Depuis la pluie dans la nuit d’hier, les températures sont très agréables.

Au programme, une seule visite : l’immense cimetière Christophe-Colomb, dans le quartier de Vedado. Aménagé en 1876, on y trouve 800 000 sépultures.


 
Contrairement au Québec — où on creuse la terre pour y placer les tombes — ce cimetière est entièrement minéral. Extérieurement, presque tout est en marbre.

Pour ajouter le corps d’un autre membre de la famille, on soulève une plaque de marbre d’environ 10 cm d’épaisseur par les quatre anneaux qui y sont presque toujours fixés.

Évidemment, le marbre étant un matériau fragile, il est fréquent qu’il se brise au cours de sa manipulation.

Et comme cette plaque n’est pas toujours replacée exactement comme elle devrait l’être, ma toute première impression a été que la majorité des tombes avaient été profanées (quoique, dans certains cas, je ne peux pas exclure cette hypothèse).


 
Les tombes sont ordonnées selon un damier qui facilite à la fois la circulation et la recherche d’une tombe en particulier. Le long de l’allée centrale sont alignées des monuments impressionnants, comme celui (ci-dessus) en hommage aux 28 pompiers décédés lors du grand incendie de mai 1890.


 
Presqu’en face, il s’agit d’une tombe Art déco qui, si ma mémoire est bonne, aurait été conçue par le bijoutier et verrier français René Lalique.


 
On y trouve des sépultures collectives, comme ce Panthéon aux Forces navales révolutionnaires.


 
Se voisinent sans discrimination, révolutionnaires et colonels anti-communistes, écrivains idéalistes et entrepreneurs véreux, personnages illustres et simples citoyens, Chrétiens et Juifs, Blancs et Noirs, reposent ici en paix.


 
Pour terminer la journée sur une atmosphère différente, je me rends en soirée au restaurant et bar “La Bodeguita del Medio” (un nom dont je n’ai pas trouvé de traduction) à deux pas de la Cathédrale St-Christophe.

À La Havane, il y a beaucoup de bars animés en soirée. Mais celui-ci est la place où aller pour apprécier l’exubérance et la chaleur du peuple cubain (en dépit du fait que sa clientèle est majoritairement touristique).

Les murs du bar (et surtout du restaurant, à l’arrière) sont couverts des signatures et des très brefs messages écrits par les personnages célèbres (ou moins connus) qui se sont succédés dans ce lieu mythique.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 12 mm
2e  photo : 1/320 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 14 mm
3e  photo : 1/125 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 23 mm
4e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 18 mm
5e  photo : 1/400 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 19 mm
6e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 27 mm
7e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2000 — 20 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Onzième jour

10 novembre 2012

Aujourd’hui, je me rends d’abord au comptoir d’un artiste qui se trouve un jour sur deux dans une petite foire d’artisanat qui se tient quotidiennement sur la rue Obispo, en face du Parc des ruines.

Comme convenu la semaine dernière, je lui achète l’eau-forte ci-contre, que je m’empresse d’apporter à la maison.

Puis je prends le repas du midi dans le restaurant Colon, situé sur la rue San Rafael qui longe le Gran Teatro de La Habana.

La soupe au poulet est faite à partir d’un concentré de bœuf auquel on a ajouté de nombreux petits morceaux de peaux de poulet et de la salade déchiquetée. Le spaghetti, cuit al dente, est nappé de ketchup qui fait office de sauce aux tomates. Le repas est accompagné d’un verre de vin rouge sucré. Dans la toilette des hommes, les deux éviers pour se laver les mains ne sont pas reliés à l’eau courante. Avec le pourboire, l’addition monte à 13,75 pesos convertibles (13,75$ ou environ 8 euros).


 
Je me rends ensuite au Capitolio, inspiré du Capitole américain et inauguré en 1929. Avant la révolution, il fut le siège de l’État cubain. Il est maintenant fermé pour rénovation.


 
À l’extrémité sud du Prado (la rue qui passe devant le Capitolio), on peut admirer la Fontaine de l’Indienne (au sens moderne de l’Autochtone), d’un blanc éclatant et qu’on peut entrevoir en gris pâle vers le centre, sur la photo ci-dessous.


 
Je me rends ensuite au pavillon du Musée des Beaux-Arts consacré à l’Art international. Ce pavillon est un édifice majestueux qui fait face au côté sud-est du Parc central.

On y trouve la plus importante collection d’objets en terre cuite (peintes en noir à la grecque) d’Amérique latine, don des Comtes de la Lagunella.

Les trésors du musée reflètent les goûts des collectionneurs espagnols (ou Cubains d’origine ibérique) de Cuba. Conséquemment, l’Art espagnol y occupe une place de choix, avec une quantité de Velázquez à faire rougir d’envie bien des musées à travers le Monde.

L’Art des Pays-Bas et de Flandres (longtemps possessions espagnoles) est également bien représenté.

L’Art allemand est surtout présent par des toiles de l’époque Biedermeier. Quant au reste, rien n’a attiré mon attention sauf une exposition temporaire remarquable de peinture chinoise.

Cette exposition ne comprend que treize toiles, mais d’une exceptionnelle qualité. Je ne me rappelle pas d’avoir vu au Musée de Shanghai (pourtant un des plus importants de Chine) des œuvres qui m’aient autant séduit.

Mentionnons qu’il n’y a pas de caméras de surveillance au Musée des Beaux-Arts. Toutefois, au moment de la visite, il y avait probablement dix fois plus de gardiens que de visiteurs.


 
Puis je parcoure le Prado, les Champs-Élysées de La Havane. Il s’agissait de la promenade la plus luxueuse de la capitale cubaine au début du XXe siècle. On y avait aligné toute ne collection d’immeubles de prestige qui, après des années de négligence (sinon d’abandon), montrent des signes évidents de détérioration.


 
Une des rares exceptions est l’Hôtel Parc Central (photo ci-dessus), dont je vous ai parlé précédemment.

Pour terminer la journée, je me rends sur la rue Obispo afin de visiter deux petits musées que je n’ai pas encore vus.

D’abord le Musée de l’orfèvrerie. Dans des présentoirs vitrés, on expose des épées, montres et objets d’usage domestique en argent (surtout) ou en or.

Puis finalement le Musée de la peinture murale, est d’intérêt plutôt limité. Essentiellement, on peut y voir la première fresque représentant une vue de La Havane.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 200 — 24 mm
2e  photo : 1/500 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 13 mm
3e  photo : 1/500 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 35 mm
4e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1600 — 12 mm
5e  photo : 1/125 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 19 mm
6e  photo : 1/400 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 12 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Dixième jour

9 novembre 2012

Aujourd’hui, au lever, deux surprises. Premièrement, il a plu. C’est la première averse depuis mon arrivée à Cuba. Le ciel est gris ce matin mais deviendra ensoleillé cet après-midi.

Deuxièmement, pas de réveil au chant du coq. Je dois avouer que la veille, j’avais demandé à mes hôtes d’acheter le coq du voisin qui me réveillait jusqu’ici très tôt le matin. Évidemment le prix offert comprenait l’engagement de ne pas en racheter un autre d’ici mon départ.

À la blague, j’avais précisé que j’aimerais qu’on en fasse une soupe qui mijoterait très, très longtemps afin d’être absolument certain qu’il est bien mort.

Mais hier après-midi, on m’informait que le voisin avait refusé catégoriquement de vendre son coq, peu importe le prix, insulté par mon offre.

Mais mes hôtes avaient aperçu ce voisin quitter son logis avec une grosse boite sous le bras. Et ce matin, silence. On présume qu’il l’a envoyé en pension ou l’a échangé pour une poule.

Aujourd’hui j’entame ma visite de La Havane hors la Vieille ville. Au cours des deux prochains jours je parcourrai trois rues parallèles situées soit sur la frontière de ce quartier (la rue Monserrate) ou immédiatement à l’ouest de celui-ci, dont le Prado (les Champs Élysées de La Havane au début du XXe siècle).


 
En empruntant un passage voûté sur la rue Monserrate, derrière une grille, j’aperçois une enseigne sur laquelle est écrit : “Kid Chocolate”. C’est le surnom d’un jeune boxeur Cubain noir qui, après avoir conquis le championnat international dans sa catégorie, est devenu un héros national.

J’ai donc l’idée de tenter d’obtenir des billets pour un combat de boxe à cet endroit, histoire de me changer des ballerines en tutu. Après bien des palabres, je finis par tomber sur quelqu’un qui m’invite à revenir pour un combat à 17h30.

Entretemps, je poursuis ma visite vers le nord. J’arrive au pavillon du Musée des Beaux-Arts consacré à l’art cubain.


 
Dans un pays qui manque de tout, on comprendra que la restauration des œuvres anciennes ne soit pas une priorité. Conséquemment, toutes les toiles antérieures à environ 1850 sont noircies par la suie des bougies (dans le cas des œuvres religieuses) ou des lampes à l’huile ou des cigares (dans le cas des portraits), ou par le vieillissement des vernis utilisés.

Quant aux œuvres profanes, tous les courants de l’art occidental y sont représentés mais semblent avoir atteint les rives cubaines avec quelques années de retard.

Évidemment, on y trouve aussi des sculptures et des installations modernes.

Là où les artistes cubains semblent s’exprimer avec le plus de vigueur, c’est lorsqu’ils sont stimulés par les idées révolutionnaires et les remises en question qui l’accompagnent.


 
Et puisqu’il en est question, deux rues plus loin se trouve le Musée de la révolution. On y explique dans les menus détails, comment s’est fait le combat qui a conduit Fidel Castro à prendre le pouvoir.


 
Entre le Musée des Beaux-Arts et le Musée de la révolution, un parc présente des jeeps — troués de balles — utilisés par Castro, des avions utilisés par les forces gouvernementales contre les révolutionnaires et surtout, dans un édifice vitré qui lui sert d’écrin, le yacht Granma qui transporta Fidel et ses 81 compagnons (dont Che Guevara) du Mexique à Cuba. On accède à ce parc par le biais du Musée de la révolution.

Tous ces objets sont sous la haute surveillance de gardes armés. En effet, plus que des artéfacts, ces objets sont des reliques aux yeux des Cubains.


 
En tournant à droite au bout de la rue Montserrate, on accède à la rue Chacon. C’est sur cette rue que fut construit en 1774 l’austère Séminaire St-Charles et St-Ambroise. Il suffit pourtant de franchir sa lourde porte de bois pour accéder à un des plus charmants patios de la ville. J’ai vraiment hâte de vous montrer les photos infrarouges prises dans ce petit jardin merveilleux déserté par les touristes.


 
J’ai pris le repas du midi au restaurant La Geraldilla, situé au deuxième étage d’un édifice. Ce restaurant tire son nom de celui d’une girouette placée au sommet de la tour de l’espérance du Castillo de la Real Fuerza (le Château de force royale) situé juste en face du restaurant.

Comment ai-je déniché cet endroit ? Par hasard, en acceptant l’invitation à le suivre d’un employé devant l’entrée. J’ai demandé : “Servez-vous des pâtes ?”. Il m’a répondu oui. Ce n’était pas au menu mais on en a fait cuire spécialement pour moi.

À deux rues, plus précisément sur l’impasse Collejon del Chorro, j’entre dans l’Atelier graphique, un lieu d’apprentissage et d’expérimentation pour les graphistes cubains depuis plusieurs décennies. On y voit des presses, des gravures, des eaux-fortes et des sérigraphies (dont certaines en train de sécher), des affiches, etc.

Mais je dois être à 17h30 à l’arène “Kid Chocolate”.

Sur le chemin du retour, je monte sur le toit de l’édifice Art déco Bacardi (sur la rue Monserrate) pour y prendre quelques vues panoramiques. Au moment de sa construction en 1930, c’était l’édifice le plus haut du pays.

À 17h30 pile, je suis au rendez-vous. Mais il n’y a personne. En revenant sur mes pas, on m’appelle. Je me retourne. Le gars de ce matin, accompagné d’une dizaine de jeunes est là.

Il me demande 20 pesos pour assister au spectacle de boxe. Je lui en offre dix. Il baisse son prix à quinze. Je reste ferme à dix. Il finit par accepter et m’invite à le suive non pas dans l’aréna mais quelque part, à plusieurs rues de là. Je crains l’arnaque ou le guette-apens.

Au-delà de cette crainte, je ne veux pas non plus que ces jeunes se tapent dessus sauvagement, quelque part, n’importe où, pour le plaisir sadique d’un touriste. À plusieurs reprises, je lui demande si nous allons vraiment dans une arène de boxe. À chaque fois, il me réitère que oui.

Effectivement, nous arrivons sur la rue St-Martin dans un gymnase de boxe à ciel ouvert, limité sur trois côtés par de grands immeubles locatifs.


 
Je reconnais l’endroit, illustré dans un de mes guides de voyage.

Ce soir-là, parmi des dizaines de jeunes boxeurs amateurs, je serai le seul touriste à assister (et à filmer) plusieurs combats en bonne et due forme (ring surélevé, gants de boxe, arbitre, entraineurs, cloche qui annonce la fin d’un combat, etc.).

J’assiste aux combats de trois des poulains de cet entraineur.

Et la pratique terminée, il me raccompagne au Parc central, plus éclairé, d’où je rentre calmement à la maison.

C’était le premier combat de boxe auquel j’ai assisté de toute ma vie.

Quel voyage !

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 320 — 12 mm
2e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 12 mm
3e  photo : 1/500 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 12 mm
4e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 21 mm
5e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 12 mm
6e  photo : 1/250 sec. — F/11,0 — ISO 200 — 23 mm
7e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 12 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Neuvième jour

8 novembre 2012

Lever à 6H45, au chant du coq.

Aujourd’hui je fais la dernière rue Est-Ouest de la Vieille ville que je n’ai pas encore vue : la rue O’Reilly.


 
C’est sur cette rue que se trouve le Musée Victor-Hugo. Au rez-de-chaussée, dans des présentoirs vitrés, on peut voir des lettres et des journaux d’époque où des écrits de l’auteur ont été publiés. À l’étage, on trouve des assiettes décoratives sur lesquels sont reproduits des toiles de peintres impressionnistes français. Bref, ce musée constitue une attraction touristique mineure de La Havane.


 
Plus loin, on croise une ancienne succursale de la Banque de Nouvelle-Écosse (une banque canadienne toujours en opération) dont la façade affiche un luxe ostentatoire.

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Tout près de la Place d’Armes, immédiatement à l’ouest du Musée municipal (vu le 7e jour de ma visite), se trouve l’ancien couvent de St-Dominique et St-Jean-de-Latran. Il renferme un petit musée où sont exposés les objets religieux ayant appartenus au couvent.


 
Arrivé à la Place d’Armes, je me rends compte qu’El Templete (le Petit temple) est ouvert. Il est à noter que la maison jaune, à l’arrière sur la photo ci-dessus, n’en fait pas partie.

Inauguré en 1828, ce minuscule temple est le premier édifice néoclassique de La Havane.

À l’intérieur trois grandes toiles monumentales décorent la totalité de la surface de trois ses murs. Œuvres du peintre français Jean-Baptiste Vermay (1876-1833) ­— décédé à La Havane et inhumé avec son épouse dans ce temple — ces toiles commémorent trois événements importants; la première messe donnée à La Havane (le jour de la fondation de la ville), la constitution du premier Conseil municipal et, sur le mur du fond, la cérémonie inaugurale de ce temple. Récemment restaurées, ces toiles sont très réussies.


 
Je me rends ensuite au Jardin dédié à Mère Thérèsa de Calcuta, adjacent à l’église St-François-d’Assise. On y trouve quelques sculptures de bronze ou en terre cuite et, au fond, l’église orthodoxe St-Nicolas-de-Mira, consacrée en 2004 par sa Sainteté le Patriarche Bartholomée.

En soirée j’assiste au dernier gala du Festival international de ballet de La Havane Ce festival se tient à tous les deux ans.

La soirée célèbre le centième anniversaire de naissance du danseur russe d’origine ukrainienne Igor Youkevitch. La soirée commence par un montage d’extraits de films qui montrent la technique ahurissante de cet athlète.

Parmi les neuf ballets présentés (séparés par deux entractes), certains reproduisent à l’identique les chorégraphies de quelques-uns des plus grands chorégraphes du XXe siècle; Vaslav Nijinski (Prélude à l’après-midi d’un faune), Marius Petipa (La Belle au bois dormant), et George Balanchine (Thème et variations).

Dois-je préciser que cette soirée fut extraordinaire ?

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/200 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 22 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 30 mm
3e  photo : 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 12 mm
4e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 23 mm
5e  photo : 1/100 sec. — F/3,2 — ISO 200 — 16 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Huitième jour

7 novembre 2012

Lever à 5h25, au chant du coq.

Certains musées de La Havane sont fermés le lundi. J’en profite donc pour retourner à la Catedral de San Cristóbal de la Habana (c’est-à-dire la Cathédrale St-Christophe de La Havane), ouverte non seulement durant la messe du dimanche, mais également tous les autres jours de 11h30 à 15h.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la cathédrale n’a pas été nommée ainsi en l’honneur de Christophe Colomb — qui a découvert l’île de Cuba en 1492 — mais plutôt parce que la capitale cubaine a été fondée de 16 novembre 1519, le jour de Saint Christophe.

Cette deuxième visite à la cathédrale a pour buts d’en photographier l’intérieur et surtout pour voir la tombe de Pierre Le Moyne d’Iberville.

Ce dernier est mort en 1706 dans la capitale cubaine alors qu’il préparait une expédition contre les Anglais installés en Caroline.

Pour le bénéfice de mes lecteurs européens — qui comptent pour environ 90% des visiteurs sur ce blogue québécois — permettez-moi de vous présenter ce personnage, le plus grand héros de la Nouvelle France, né à Montréal en 1661.

Détesté et craint par les Anglais, il n’a jamais perdu une seule bataille de sa vie. Il a chassé ceux-ci de Terre-Neuve et, à au moins deux reprises, de la Baie d’Hudson. Il a attaqué les colonies de Nouvelle-Angleterre et fondé la première ville de Louisiane.

À la fin de chaque expédition à la Baie d’Hudson, il revenait en Nouvelle France le bateau plein de fourrures confisquées des forts anglais ou des bateaux ennemis saisis au large. Il a même eu l’audace d’attaquer un fort anglais à partir d’un bateau battant pavillon de sa majesté britannique.

Mais sa plus grande bataille navale s’est déroulée à 1 contre 3 dans la Baie d’Hudson. S’étant approché suffisamment près de trois navires anglais tout en demeurant hors de leurs canons, il feint une fuite. Poursuivi par les trois bateaux ennemis à la queue leu leu, il fait volteface et les détruit l’un après l’autre.

Mais à la fin de chaque guerre avec l’Angleterre, la monarchie française redonnait aux Anglais les territoires conquis par d’Iberville en échange de quelques iles des Antilles.

D’Iberville n’a jamais protesté que ses conquêtes étaient réduites au néant par ces traités de paix, comprenant bien que la raison d’État pouvait justifier qu’elles servent de monnaie d’échange au bénéfice de la France.


 
La dépouille de ce héros est encastrée dans le mur extérieur droit de la cathédrale, sur le chemin que les touristes empruntent pour monter dans le clocher.


 
Les deux clochers de la cathédrale sont de tailles différentes. Celui de gauche est plus petit car autrement il aurait obstrué partiellement la rue qui longe l’église à cet endroit. Le clocher accessible par les touristes est celui de droite. Il offre une vue intéressante non seulement sur la place devant la cathédrale, mais aussi des installations défensives construites de l’autre côté de la Baie de La Havane.

Je prends le repas du midi au Restaurant La Republica, situé sur rue Chacon. J’y mange des tranches froides de rôti de porc (savoureux) accompagnées de riz, de tranches d’avocats et d’un verre de vin, le tout pour environ dix pesos convertibles.


 
Jusqu’à maintenant, je me suis refusé à la facilité de photographier des vieilles voitures américaines des années 1950 à La Havane. Avec de vielles Lada, elles sont innombrables dans cette ville mais cela me semblait paradoxal de faire de ces voitures étrangères, des représentantes de l’âme cubaine.

Mais elles font partie du paysage caractéristique de la ville et elles sont sans doute aussi naturalisées que les maisons victoriennes le sont à Montréal.

Et puis je me suis souvenu que mon appareil permet de doter les photos d’un style particulier. La photo ci-dessus est la toute première que j’ai faite de ce genre à La Havane. J’ai tellement aimée le résultat que j’ai décidé de créer tout un diaporama basé exclusivement sur elles.


 
En soirée, je vais au Gran Teatro de La Habana afin d’assister à un Gala de remise des prix du 8e Concours ibéro-américain de chorégraphie. Cinq ballets très réussis étaient au programme. La photo ci-dessus représente Bodas de Sangre (Les noces de sang), d’après l’œuvre homonyme de Federico Garciá Lorca

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150 mm R (4e photo) et objectif Lumix 12-35 mm F/2,8 (les trois premières)
1re photo : 1/250 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 35 mm
2e  photo : 1/400 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 33 mm
3e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 23 mm
4e  photo : 1/125 sec. — F/4,5 — ISO 400 — 62 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Septième jour

6 novembre 2012

Cette nuit fut la meilleure que j’ai passée au cours de ce voyage. Je me suis couché la veille vers 21h30 et le coq du voisin n’a chanté que deux fois à 5h00, une ou deux fois à 6h30 et ne s’est obstiné à chanter à répétition qu’à partir de 7h30, me permettant de me rendormir entre ses performances vocales.

Puisque nous sommes un dimanche, je dois absolument visiter l’église du Christ, à deux pas d’ici, puisque celle-ci est fermée les autres jours.

Il s’agit d’une église sans prétention, construite au XVIIe siècle, mais dont la façade a été refaite en 1755. Sa décoration intérieure est relativement simple.

Afin de voir également la cathédrale de La Havane, située de l’autre côté de la Vielle ville, je décide de traverser le quartier par le biais de la rue Obrapia (ce qui, en latin, veut dire œuvre pieuse).

Sur mon chemin, je rencontre le Musée Guayasamin. On y expose les œuvres figuratives de ce peintre équatorien qui a passé une bonne partie de sa vie en exil et qui s’est lié d’amitié avec Fidel Castro.


 
Plus loin sur la même rue est située la Casa del Abanico (la Maison de l’éventail). On y vend des éventails décorés sur place à des prix variant de 2,4 à 8,5 pesos convertibles (2,4 à 8,5$ ou environ de 2 à 7€). Une aubaine. J’achète les deux illustrés ci-dessus : je compte donner l’un des deux, selon son choix, à l’épouse du couple qui m’héberge.

Puis je visite l’intéressant Musée de l’archéologie, situé sur la Tacon. Les objets qu’on y voit sont les fruits de fouilles réalisées ici même à La Havane. À l’étage, ce sont des objets découverts dans d’autres pays d’Amérique latine.


 
Sur la rue Empedrado (la rue Pavée), une dame en habits d’apparat m’invite à la photographier. Toutefois, dès que la photo fut prise, elle m’informe que je lui dois un peso. Plutôt que de protester, j’accepte à la condition de pouvoir prendre une deuxième photo pour le même prix.


 
J’arrive à la cathédrale juste avant la messe. Cette dernière se déroule accompagnée d’une vingtaine de choristes. Après une série de sermons auxquels je ne comprends pas grand-chose, je décide d’aller prendre le repas du midi au Restaurant El Patio, situé à un jet de pierre.

La crème de champignon n’a de crème que de nom. Dans un liquide épaissi avec un féculent, elle est recouverte de minces tranches d’amandes. Elle contient des morceaux de champignons et d’ognons. Le poisson est trop cuit mais l’assiette de fruit est délicieuse.

Ce restaurant charge 2 pesos convertibles au total pour le pain, pour un petit pâté que je n’ai pas commandé et pour la location des ustensiles utilisés. Une minorité des restaurants de Vienne ont également adopté cette fâcheuse habitude. Mais dans ce cas de ces derniers, cela est précisé au bas des pages du menu, ce que je n’ai pas vu dans ce cas-ci.

Si bien que l’addition sera de 23,5 pesos convertibles, service est inclus, soit une somme exorbitante pour La Havane.


 
Sur la rue San Ignacio (soit St-Ignace, du nom du fondateur de l’ordre des Jésuites), des aquarellistes sont à l’œuvre.

Hier, en raison de l’heure tardive, je n’ai pu visiter certains musées; j’y retourne donc aujourd’hui.


 
J’entre dans la Farmacia y Drogueria Taquechel, magnifiquement décorée de pots de faïence et dont un squelette rappelle (je présume) qu’il faut toujours prendre son médicament tel que prescrit.

De côté sud de la Place d’armes, se trouve le Musée d’histoire naturelle. La présentation des objets date d’une autre époque et, dans le cas des animaux empaillés, leur nombre est assez limité. Toutefois, on y apprend que la faune de Cuba contient à elle seule plus de sortes de chauves-souris que tous les pays d’Amérique du nord réunis. Ceux de Cuba m’ont surpris par leur petite taille.


 
La place d’Armes est bordée au nord par le Castillo de la Real Fuerza (littéralement, le Château de force royale), dont la construction fut complétée en 1577. Ce château-fort est devenu un musée consacrée aux conquistadors. On y voit des maquettes de leurs bateaux, la monnaie utilisée, et leurs objets du quotidien.

Au cours de cette visite, une guide me demandera de lui échanger une pièce de 2$ canadiens qu’elle a reçue et qui ne lui sert à rien. Je le lui échange pour deux pesos convertibles.

Plus loin, à l’écart, un guide voudra me montrer la photo de son enfant malade qui aurait besoin de médicaments. Je lui fais signe que je ne suis pas intéressé.

Cette citadelle offre un excellent point de vue sur les autres dispositifs défensifs construits sur l’autre rive de la Baie de La Havane.


 
Puis je visite le Musée municipal, installé dans le Palais du gouverneur espagnol Don Louis de las Casas Aragorri, inauguré en 1791. Ce musée est consacré à l’histoire de la ville.

Celui-ci s’étend sur tout le côté ouest de la Place d’Armes. Tous les aspects de l’histoire de la ville y sont représentés. On y trouve au rez-de-chaussée une exposition d’objets religieux. À l’étage, on trouve des armes, les habits et accessoires de personnages historiques du pays, et le mobilier originel (et superbe) de nombreuses pièces de l’édifice, dont la salle de bal.

En soirée, j’assiste à un gala qui célèbre le centième anniversaire de naissance de l’écrivain cubain Virginio Piñera, dont l’œuvre littéraire inspira différents ballets. Des six ballets représentés, trois sont d’éclatantes réussites.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 12 mm
2e  photo : 1/400 sec. — F/6,3 — ISO 200 — 35 mm
3e  photo : 1/640 sec. — F/9,0 — ISO 200 — 17 mm
4e  photo : 1/200 sec. — F/5,0 — ISO 200 — 25 mm
5e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1250 — 19 mm
6e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 4000 — 12 mm
7e  photo : 1/80 sec. — F/3,2 — ISO 200 — 19 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Sixième jour

5 novembre 2012

Réveil au son du coq à 6h30. La nuit a été courte.

Au cours des jours précédents, j’ai marché toutes les rues est-ouest situées au sud de la rue Lamparilla (sur laquelle je demeure).

Après la publication de mon compte-rendu d’hier, je décide de visiter la partie nord de la Vieille ville, à commencer par la rue Obispo (en français, la rue de l’Évêque) située tout près.

Je suis presque décus d’y voir moins de monde, ce samedi après-midi que lors de ma première visite, plus tôt cette semaine.

En premier lieu, je prends le repas du midi sur cette rue, dans le restaurant Piña de Plata (ou de l’Ananas d’argent). Après une soupe poulet et légumes (à base de consommé de bœuf), le mets principal est constitué de lanières de poulet hyper cuites, accompagnées de frites de plantain et de riz.

Après ce repas, je décide de faire un détour par la maison, ne pouvant souffrir plus longtemps toutes ces fibres de poulet compactées entre les dents.

En fin de compte, j’y fais la sieste jusqu’à 16h, réveillé alors par devinez quoi ? Ce bon vieux coq qui, de toute évidence, entonne vaillamment, même en après-midi, son leitmotiv de quatre notes.

La rue Obispo est plaisante à arpenter pour plusieurs raisons. D’abord, elle est exclusivement piétonne; même les taxis ne peuvent y circuler. On s’y promène donc sans respirer, à chaque fois qu’une voiture passe, la puanteur d’essence mal brulée que dégagent presque toutes les vieilles autos de La Havane, dont le catalyseur a rendu l’âme il y a longtemps.

Sauf à de rares occasions, son revêtement est lisse alors que ce n’est pas le cas des autres rue de la Vieille ville, dont certaines sont dangereusement accidentées sur toute leur longueur. On risque donc beaucoup moins de s’y fouler une cheville.

Généralement derrière un comptoir, ses boutiques y offrent une gamme de produits beaucoup plus vaste que ce qu’on peut trouver ailleurs.

Dans les boutiques d’artisanat, la marchandise est même en libre-service. Dans l’une d’entre elles, tenue par l’artiste lui-même, j’achète l’œuvre ci-contre pour 50 pesos convertibles.

En plus des guichets de nourriture, on y rencontre des restaurants et des hôtels de plus en plus chics au fur et à mesure qu’on se dirige vers la Place d’Armes, à son extrémité orientale.

Tout autour de cette place, des vendeurs offrent de vieux bouquins, des livres principalement consacrés aux héros de la révolution cubaine, de vieilles revues, des pièces de monnaie ancienne et des photos jaunies.

Elle est bordée de quelques musées qui sont fermés en cette fin d’après-midi (j’y reviendrai).

Je prends le repas du soir à la Lluvia de Oro (la Pluie d’or), un restaurant situé sur Obispo. Pour sept pesos convertibles (soit 7$ ou environ 5,5€), j’ai droit à un Mojito — le cocktail emblématique de La Havane, à base de rhum cubain, de feuille de menthe broyée et de jus de lime — à un filet de poisson accompagné de riz et d’une salade de chou, et à une petite boule de crème glacée au chocolat. En plus, à partir de 19h20, le restaurant s’anime au son d’un orchestre énergique de six musiciens jouant de la musique latine.

Alors que mon texte relatif à ma deuxième journée à La Havane était illustré de quinze photos montrant majoritairement des passants sur Obispo, les photos ci-dessous illustrent quelques types de produits ou services disponibles sur cette rue.


 
Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Lumix 12-35mm F/2,8
1re photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 23 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 1000 — 13 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 800 — 12 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/3,2 — ISO 200 — 21 mm
5e  photo : 1/100 sec. — F/3,5 — ISO 200 — 23 mm
6e  photo : 1/125 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 23 mm
7e  photo : 1/80 sec. — F/2,8 — ISO 640 — 35 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Voyage à La Havane — Cinquième jour

3 novembre 2012

Réveil au chant du coq à 6h05, soit plus tôt que d’habitude.

En fait, j’ai cru comprendre qu’il y a deux coqs : l’un tout près de ma chambre et le second de l’autre côté de la rue. Et c’est la compétition entre eux chaque matin à savoir qui chantera le premier. Comme si le gagnant avait droit à toutes les poules pour la journée.

Puisqu’ils répètent leur chant régulièrement, il faut renoncer à l’espoir de pouvoir se rendormir (ce qui ne me dérange pas puisque je me suis couché tôt la veille).

Bref, j’en profite pour passer en revue les photos d’hier et choisir celles qui illustreront le compte-rendu que j’écrirai après le déjeuner.

Vers 10h30, je suis prêt à partir pour l’hôtel Parc central afin d’y téléverser texte et photos. Vingt minutes plus tard, je quitte cet hôtel en direction du Grand Teatro de La Habana (situé à proximité) afin d’acheter mon billet pour la représentation de ce soir du ballet Gisèle.

Je craignais avoir à attendre en ligne au guichet. Ce n’est pas le cas. Je ne suis pas très bien placé mais c’est la meilleure place disponible.

À ma grande surprise, on peut acheter des billets pour les représentations des autres soirs. J’en profite pour acheter un billet pour des galas thématiques, trois soirs consécutifs.

Le prix des billets est différent pour les touristes et pour les Cubains. Pour les étrangers, c’est 25 pesos convertibles (25$ ou environ 18 euros). Non seulement c’est 20 pesos pour les citoyens du pays, mais le prix est en pesos ordinaires (qui valent 24 ou 25 fois moins que les pesos convertibles). Les pesos utilisés par les Cubains sont identifiés par les lettres MN (pour monnaie nationale).

Les billets de banque pour les étrangers portent la mention bien visible “Pesos convertible” (comme en français). Pour la monnaie, il n’y a rien d’écrit mais elle est argentée pour nous, et dorée (ou de couleur bronze) pour les Cubains.

Je prends le taxi pour l’extrémité sud de la Vieille ville. Comme cette extrémité est pointue, les rues s’allongeront au fur et à mesure que je remonterai vers le nord au cours de ma visite.

Musée José Martí


 
À l’extrémité ouest de la rue Perez, on peut visiter la maison natale de José Martí (1853 – 95). Cet écrivain est le plus grand héros révolutionnaire. Il a passé la majorité de sa vie en exil mais ses poèmes sont enseignés aux écoliers et ses écrits ont influencé des générations de révolutionnaires cubains.

La maison où il est né est aujourd’hui un musée qui lui est consacré. On y trouve de nombreux objets personnels et des facsimilés de lettres qu’il a écrites et des photos photocopiées le concernant. Toutes les explications écrites y sont en espagnol.

L’église St-François-de-Paule


 
Sur l’avenue de Paule, à la jonction avec la rue Leonor-Perez, se trouve la petite église San Francesco de Paula, de style baroque espagnol, construite vers 1670.

Cette église est mignonne comme une bonbonnière. Endommagée lors d’une tornade en 1730, ses vitraux, son mobilier et sa décoration intérieure sont modernes.

Comme si elle avait lu dans mes pensées, une guide déploie pour mon bénéfice un retable superbe à gauche de l’autel.

L’église et le couvent de Notre-Dame-de-la-Merci


 
L’Iglesia y Convento de Nuestra Señora de la Merced, situés sur la rue Merced, ont été construits à partir de 1755. Cette église est étonnante. En contraste avec la sobriété de sa façade italianisante, l’intérieur est entièrement peint. Les autels latéraux sont assez ordinaires mais la parure des murs et des plafonds compensent amplement et font de ce lieu une attraction touristique à voir.

Alors que la chapelle dédiée à Notre-Dame-de-Lourdes, au bout du bas-côté gauche, est fermée à cause des travaux de restauration, le surveillant ou le sacristain prend l’initiative de m’ouvrir la grille métallique qui en interdit l’accès aux fidèles.

Le ballet Gisèle


 
À mon arrivée à ma chambre, je prends ma douche pendant que mes photos sont transférées à mon ordinateur portable et que la pile de mon appareil photo est rechargée.

Je mets mes plus beaux atours en prévision du ballet de ce soir. Je vais prendre le repas du soir à l’hôtel Parc central où c’est sans doute plus cher mais où la sécurité est visible et conséquemment, je ne risque pas de me faire voler l’ordinateur que j’ai apporté afin de rédiger en partie le compte-rendu que vous être en train de lire.

Le repas du soir est composé d’un potage de pommes de terre et d’un filet de saumon accompagné de légumes cuits sur le grill (aubergines, carottes, tomates, poivrons verts et ognons). Le saumon est trop cuit et un peu trop salé.

Gisèle est un des ballets les plus populaires du répertoire. Ce mélodrame doit sa popularité à sa musique mélodieuse du début à la fin.

C’est la première fois que je vois ce ballet. La chorégraphe Alicia Alonso (qui tenu le rôle-titre pour la première fois il y a 69 ans) est aujourd’hui aveugle. Malgré son handicap, elle a tenu à assister à la représentation de ce soir.

1h30 après le début du ballet, l’héroïne perd la raison et s’effondre terrassée par la mort. Rideau. Pour moi, c’est évident; le ballet est terminé. Alors que la foule quitte la salle, je rentre à la maison.

Mais en traversant le Parc central (en face du théâtre), il me vient l’esprit de consulter le programme entièrement en espagnol que j’ai acheté comme souvenir. Stupéfait, je découvre que le ballet possède un deuxième acte, que je m’empresse de revenir écouter.

Comment c’était ? L’orchestre joue faux à de très nombreuses occasions. Les décors sont primitifs. Les costumes assez biens. Mais quels danseurs exceptionnels !

La chorégraphie géniale de Mme Alonso flatte la beauté et la grâce des ballerines, souriantes tout le premier acte. Les danseurs masculins s’illustrent par leur vaillance et leurs sauts athlétiques.

Les danseurs qui ont obtenu les deux rôles principaux (Gisèle et son amant) doivent faire preuve d’une virtuosité inouïe. À titre d’exemple, celle qui incarne Gisèle doit effectuer, à un moment donné, des gestes lents et gracieux, comme au ralenti, en pivotant lentement sur une seule jambe, sans l’aide de son partenaire. En même temps, elle doit maintenir l’autre jambe soulevée dans le même angle, c’est-à-dire sans manifester le moindre signe de fatigue. Puis, alors que la musique s’accélère, elle doit effectuer au sol une série de pas de danse rapides des deux pieds.

Son partenaire (qu’on peut voir aux pieds de Gisèle morte sur la photo ci-dessus) possède le gabarit d’un homme de 70 kg. Entre autres, il doit soulever lentement Gisèle au bout de ses bras (sans à-coup au début de cette tâche) et la redescendre tout aussi lentement.

Les ensembles sont remarquables de précision et de cohésion.

Bref, un ballet extraordinaire.

Le tout se termine à 23h. Je rentre me coucher mais je m’endors vers 2h du matin, sous l’excitation du spectacle… et de l’expresso que j’avais avant le ballet, par crainte de m’endormir.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs Lumix 12-35 mm F/2,8 (les trois premières photo) et M.Zuiko 40-150 mm R (la quatrième)
1re photo : 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 12 mm
2e  photo : 1/500 sec. — F/8,0 — ISO 200 — 14 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,8 — ISO 2500 — 12 mm
4e  photo : 1/80 sec. — F/4,0 — ISO 500 — 40 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel