Grèves étudiantes : l’échéance du Grand Prix de Montréal

16 mai 2012

Du 8 au 10 juin 2012, se tiendra le Grand Prix de Montréal. Partout à travers le monde, des milliers de touristes ont à décider s’ils viendront ou non dans la métropole. C’est l’événement sportif ayant la plus grande incidence touristique au Canada. En effet, on estime que cette course automobile entraine des retombées économiques de l’ordre de 75 à 100 millions de dollars dans la région métropolitaine.

Quelques semaines plus tard, suivra le Festival de Jazz, puis une kyrielle d’événements festifs qui devraient transformer Montréal en capitale mondiale du plaisir.

Mais comme disait l’humoriste Yvon Deschamps, « le bonheur haït le train ». En langage soigné : les querelles ne sont pas propices à la béatitude.

Or nous avons un conflit, celui qui oppose depuis des mois le gouvernement à des milliers d’étudiants. Ce conflit nous a beaucoup appris. Il est temps d’en tirer quelques leçons.

Les leçons

Usé par des années de pouvoir et miné par des accusations (fondées ou non) de corruption, le gouvernement actuel n’a plus l’autorité morale de chambarder quoi que ce soit. De toute évidence, il est impuissant à convaincre les étudiants du bien-fondé de sa décision de hausser les frais de scolarité.

Sa stratégie — qui consistait à demeurer ferme et espérer à l’essoufflement du mouvement de contestation, puis la capitulation des leaders étudiants — est un échec. Il est vrai que le nombre de contestataires a diminué mais les irréductibles sont suffisamment nombreux pour perturber l’économie de la métropole. De plus, même lorsque ces leaders, épuisés par une nuit d’insomnie, finissent par capituler, la victoire gouvernementale est de courte durée puisque l’entente est aussitôt rejetée par les étudiants eux-mêmes. Et tout est à recommencer.

À plusieurs reprises sur ce blogue, j’ai souligné la vulnérabilité de Montréal à des gestes perturbateurs. La paralysie totale du métro, durant l’avant-midi du 10 mai, en est l’illustration évidente. Les trois malfaiteurs ont été arrêtés parce qu’ils ont commis l’imprudence d’opérer à visage découvert. Mais si d’autres personnes veulent répéter ce méfait à volonté, il leur suffit de porter un capuchon, des verres fumés et une fausse barbe : n’importe quel règlement municipal interdisant les masques et les cagoules risque alors d’être impuissant.


Fait divers. Il y a quelques semaines, à la station Berri-UQUAM, j’ai vu une femme crier à un homme qu’elle ne voulait rien savoir de lui.

J’étais en face d’eux, sur le quai opposé. À un moment donné, l’homme a embrassé de force la femme pour tenter de la faire taire : celle-ci l’a mordu au point que harceleur saignait des lèvres.

J’ai eu le temps de monter deux étages, aller à la cabine d’un vendeur de titres pour lui signaler l’incident. Celui-ci m’a répondu que les préposés aux caméras de surveillance étaient déjà au courant et que de l’aide s’en venait.

Sur mon chemin de retour, aucun policier.

De longues minutes plus tard, la femme (suivie contre son gré par le harceleur) a eu le temps de montrer deux étages et de quitter la station (je les ai suivis).

Du début des cris jusqu’à leur sortie de la station, la scène a duré plus d’une vingtaine de minutes. Jamais la sécurité n’est intervenue. Et ce, dans la station la plus achalandée du réseau. Imaginez la sécurité des passagers dans les autres…

Cette crise a également démontré les limites du pouvoir judiciaire. Les tribunaux peuvent émettre des injections à la tonne : s’il est impossible de les faire respecter, les juges deviennent comme ces Papes qui émettent des encycliques que personne ne lit.

Les solutions

La loi spéciale

En 1972, le gouvernement libéral de Robert Bourassa, aux prises avec une contestation syndicale, adopte une loi spéciale et fait condamner les chefs syndicaux à un an de prison. Cette mesure a eu pour conséquence de ramener une paix sociale relative durant ce temps.

La même recette, appliquée aux leaders étudiants risque d’avoir moins de succès. Quoiqu’ils en disent, les chefs syndicaux font partie de l’establishment; les syndicats ont leurs sièges sociaux, ils ont des comptes de banques dans lesquels ils déposent des cotisations (que l’État peut saisir), ils ont des lignes d’autorité qui séparent les décideurs des subalternes.

Les groupes d’étudiants sont beaucoup moins structurés. Faites disparaitre un groupe étudiant radical et il renaît sous un autre nom. Emprisonnez ses dirigeants et d’autres prennent la relève.

La répression policière

Qu’a-t-elle donné jusqu’ici ? Sommes-nous satisfaits des résultats ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller ? Voulons-nous que les images d’un carnage éclipsent la publicité des agences de voyages alors que des centaines milliers de touristes peuvent encore décider d’aller passer leurs vacances en paix sous d’autres cieux ?

La capitulation de l’État

Dans nos pays démocratique, la politique est l’art du possible. On peut s’entêter au nom des principes mais ici, il n’y a pas de principe en cause, mais simplement un choix budgétaire. Or n’importe quel budget est une série de vases communicants où idéalement les revenus devraient égaler les dépenses. L’idée que le gouvernement actuel doit s’entêter comme si la Nation était en péril dépasse entendement.

J’ai appuyé mollement la hausse des frais de scolarité. Je n’ai pas changé d’avis. Mais je reconnais qu’une hausse importante par étapes (ce qui souhaite le gouvernement), la simple indexation au coût de la vie, le gel des frais ou leur abolition, sont toutes des options valables qui ont leurs avantages et leurs inconvénients.

De la même manière que je ne comprends pas la furie étudiante contre cette hausse qui ne fait qu’amener les frais de scolarité au niveau de ce que payaient leurs parents, je ne comprends pas ce « Power Trip » que le Premier ministre justifie au nom de principes inexistants : la réfection de la centrale nucléaire Gentilly-2 (que songe à financer le gouvernement actuel et qu’il annoncera probablement s’il est réélu) équivaut à la gratuité scolaire totale pendant des années.

Avec la démission-surprise de la ministre de l’éducation, le gouvernement est en train de rater une belle occasion de faire volteface et de s’en tirer à bon compte, puisqu’inévitablement une partie de l’opinion publique croira faussement que le blocage était de la faute de la démissionnaire.

Le jusqu’au-boutisme

La dernière option gouvernementale est de ne pas broncher et d’aller jusqu’au bout, quoiqu’il advienne. Cela peut comporter des dividendes électoraux puisque cette politique d’affrontement a permis la réélection de Robert Bourassa, auquel la population s’est ralliée dans la crainte de l’anarchie.

Si l’augmentation des frais de scolarité avait fait l’objet d’une promesse électorale et que le gouvernement avait été élu sur cette promesse, il s’agirait d’un choix de société. Le gouvernement aurait raison d’imposer ce choix.

Mais on est en présence ici non pas d’un choix de société mais d’un simple choix budgétaire, arbitraire comme le sont tous les choix budgétaires, et à peu près aussi valable que les alternatives.

Même en supposant que les étudiants aient tort d’en faire un drame, l’entêtement orgueilleux du chef de l’État québécois et la crise sociale qui en découle risquent de compromettre le succès de la saison touristique qui débute bientôt.

Si le gouvernement devait maintenir son l’intransigeance, je crains que l’Histoire ne juge très sévèrement le manque total de jugement du gouvernement Charest, une administration qui aura laissé beaucoup de ruines mais très peu de réalisations concrètes jusqu’ici.

Références :
D’importantes retombées
Faut-il réparer Gentilly-2 ?

Sur le même sujet :
Crise étudiante : le gouvernement doit donner l’exemple
Grèves étudiantes : l’ABC de l’émeute
L’augmentation des frais de scolarité
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?

Note : Photo de M. Charest par le journal Le Devoir.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La photo 3D avec l’Olympus OM-D e-m5

15 mai 2012
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Parmi les appareils-photo µ4/3 (ou « Micro quatre tiers »), six de Panasonic — les Lumix G2, GF2, GH2, G3, GF3 et GX1 — et un seul d’Olympus (l’OM-D e-m5) peuvent prendre des photos tridimensionnelles.

L’objectif 3D de Lumix

Au moment où ces lignes sont écrites, un seul objectif est disponible à cette fin; le Lumix 3D 12,5mm. Il se vend au prix de 270$ au Canada et 62$ aux États-Unis (208$ de moins).

Cet objectif ne fait pas de mise au point; il est toujours en hyperfocale. En d’autres mots, il a été conçu de manière à ce que la profondeur de champ soit maximale. Pour l’utilisateur, c’est simple : tout est clair de 60cm à l’infini. Sur une photo, quand un objet est flou, c’est qu’il était en mouvement ou qu’il a été photographié de trop près.

De plus, cet objectif ne possède pas de diaphragme. Lorsque votre appareil est en mode 3D, il se comporte comme si vous aviez choisi de photographier en prise de vue « priorité ouverture »; l’appareil ajuste alors la luminosité de manière électronique (en modifiant la sensibilité ISO du capteur), donc sans tenter d’ajuster l’ouverture du diaphragme.

Cette absence de diaphragme fait également en sorte que l’ouverture est fixe. À F/12, c’est donc un objectif de faible luminosité. Sans stabilisateur d’image, il est réservé à la prise de vue dans des conditions d’éclairage intense.

Puisqu’il s’agit d’un objectif de 12,5mm, on devrait s’attendre à ce que ce soit un grand-angulaire. Ce n’est pas le cas. Cet objectif est constitué de deux objectifs jumeaux, placés côte-à-côte, qui prennent deux photos siamoises — comme des bébés siamois, réunis à la naissance — comprimées horizontalement. Leur angle de vision est étroit comme s’il s’agissait d’un objectif de µ4/3 de 33mm (équivalent à 66mm sur un appareil-photo plein format).

Heureusement, le viseur et l’écran arrière ne montrent pas ces deux images siamoises, mais seulement celle de gauche, décompressée, qu’ils affichent normalement, en 2D seulement.

Parce que ces deux objectifs-jumeaux ne sont séparés que de 10mm — comparativement à une distance de 60 à 70mm entre nos yeux — l’effet 3D ne se remarque pas au-delà d’une certaine distance. Les 2e et 3e photos ci-dessus vous permettront de juger à partir d’où, la photographie d’objets éloignés ne vaut pas la peine.

L’emploi de l’OM-D e-m5

Les photos ci-dessus ont toutes été prises une même journée ensoleillée. Si on examine les détails techniques de ces photos (précisés à la fin du texte), on remarquera que la dernière, prise à l’ombre, possède un ISO de 800 et un temps d’exposition de 1/40e de seconde. Sur n’importe quel appareil µ4/3 de Panasonic dépourvu de stabilisateur d’image, cela aurait signifié une photo probablement floue, avec beaucoup de grain.

Grâce à son stabilisateur d’image interne, l’OM-D e-m5 est présentement le premier appareil µ4/3 apte à prendre des photos 3D dans des conditions variées d’éclairage. En effet, lorsque cet objectif est vissé à cet appareil, il bénéficie de son révolutionnaire stabilisateur d’image.

Lorsqu’on allume l’e-m5 alors que cet objectif lui est vissé, l’appareil indique le message « Veuillez basculer en mode SCN 3D ». Cela signifie qu’on doit tourner la molette de mode, située sur le dessus de l’appareil, au mode SCN (pour « scène ») et choisir sur l’écran arrière de l’appareil, le mode « Photo 3D ».

Chaque fois qu’une photo 3D est prise, l’e-m5 enregistrera deux fichiers portant le même nom mais avec des extensions différentes. D’abord un JPEG de 1,2 Mo qui correspond à la version bi-dimensionnelle de l’image, à une résolution de 1824 x 1024 pixels. Cela correspond à l’image siamoise de gauche, « décompressée ».

Puis un fichier MPO de 2,5 Mo qui correspond à la version 3D, affichable sur un écran Panasonic destiné au cinéma 3D. La résolution de cette photo n’est pas celle l’appareil photo mais seulement celle dont a besoin le téléviseur pour afficher l’image en haute définition.

Lightroom

Le logiciel Lightroom d’Adobe importe seulement les fichiers JPEG (bi-dimensionnels) de vos photos : après le transfert des images d’une carte-mémoire vers l’ordinateur, il affichera une liste des fichiers MPO ignorés. Si vous désirez entreposer ces derniers sur votre ordinateur, il vous faudra les copier manuellement à l’aide d’un utilitaire comme le Finder (sur un Mac) ou l’Explorateur de Windows.

De plus, sur un Macintosh, lorsque vous demandez à Lightroom de détruire la version bi-dimensionnelle de certaines photos, ces JPEGs ne seront pas vraiment détruits, mais seront plutôt déplacés vers un répertoire secret (qui correspond à la corbeille du Mac sur cette carte). Vous devez savoir que ce répertoire n’est caché que pour un Mac, pas pour votre télé. Lorsqu’une télévision lira votre carte-mémoire, elle trouvera ces photos et les affichera comme si vous n’aviez pas décidé de les détruire.

L’affichage sur l’écran d’un téléviseur 3D

Pour voir vos photos sur l’écran d’un téléviseur 3D, vous devez insérer la carte-mémoire de votre appareil dans la fente prévue à cette fin sur les côtés du téléviseur, appuyer sur le bouton « SD Card » de la télé-commande et, à l’écran, choisir l’option « Photos ».

Votre téléviseur 3D affichera autant les versions bi-dimensionnelles que les versions 3D de vos photos. De plus, il est possible qu’il affiche tous les JPEGs en premier, ce qui pourrait vous amener à croire que votre téléviseur ne fonctionne pas correctement.

Une fois que vos images auront été transférées sur votre ordinateur, il est donc préférable d’utiliser ce dernier pour purger tous les JPEGs de la carte-mémoire. Cela vous permettra d’afficher uniquement les versions 3D de vos photos.

Puisque les lunettes 3D de Panasonic sont teintées, la version 3D de vos photos sera plus sombre que la version bi-dimensionnelle affichée à l’écran de votre ordinateur.

Pour les voir les photos ci-dessus sur votre écran Panasonic 3D — c’est peut-être la même chose avec les téléviseurs d’autres marques mais je ne l’ai pas essayé — il suffit de suivre les étapes suivantes :
• cliquez sur une de ces images pour qu’un fichier .xlcx (normalement utilisé par Excel) soit téléchargé sur votre ordinateur. J’ai dû modifier l’extension de ces quatre fichiers parce que WordPress ne permet pas que les blogues qu’il héberge offrent des fichiers .MPO,
• une fois téléchargés, modifiez l’extension des ces fichiers de .xlcx à .MPO,
• copiez-les sur une carte SDHC dans le répertoire principale ou dans n’importe quel sous-répertoire,
• insérez cette carte dans le lecteur de carte SDHC de votre téléviseur 3D,
• appuyez sur la touche « SD Card » de votre télécommande et choisissez à l’écran l’item « Photo ».

L’esthétique 3D

Présentement, la photographie 3D est méprisée des professionnels. Selon eux, il ne s’agit que d’une mode destinée à sombrer éventuellement dans l’oubli. L’avenir nous dira s’ils ont raison. D’ici là, on doit réaliser que la photographie 3D possède sa propre esthétique.

Une photo bi-dimensionnelle médiocre peut s’avérer meilleure en 3D. À tire d’exemple, la dernière photo de la série ci-dessus possède un grave défaut : les feuilles des Cœurs-saignants ne se distingue pas suffisamment de celles des autres plantes. Normalement, j’aurais foncé tout le reste pour les faire ressortir. Mais je ne possède pas d’outils pour apporter ces corrections sur la version 3D. Heureusement cette troisième dimension suffit à les mettre en relief (dans tous les sens du mot); sur mon téléviseur (et probablement sur le vôtre), certaines tiges de Cœurs-saignants surgissent devant l’écran !

La plus grand contrainte actuelle de la photographie 3D est la profondeur de champ s’étendant jusqu’à l’infini. Le résultat est donc une esthétique particulière où tout est net.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif 3D Lumix 12,5mm
1re photo : 1/200 sec. — F/12,0 — ISO 200 — 12,5 mm
2e  photo : 1/250 sec. — F/12,0 — ISO 200 — 12,5 mm
3e  photo : 1/200 sec. — F/12,0 — ISO 200 — 12,5 mm
4e  photo : 1/40 sec. — F/12,0 — ISO 800 — 12,5 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Grèves étudiantes : l’ABC de l’émeute

13 mai 2012

Une émeute se définit comme une manifestation spontanée, généralement violente, résultant d’une émotion collective.

Évidemment, c’est un peu vague. Pour être considérée comme telle, l’émeute doit répondre à un ou à plusieurs parmi les critères suivants :
• incendies violentes faisant parfois des victimes,
• destruction ou dommage à des biens publics (voitures de police, mobilier urbain comme des lampadaires, des cabines téléphoniques, etc.),
• vandalisme contre la propriété privée,
• agression physique, éventuellement avec armes.

Ceux-ci peuvent être localisés ou non, et être difficile à réprimer de manière sélective.

Que faire lorsque débute la casse ?

Dans certains pays, ceux qui organisent des manifestations sur la voie publique avisent les participants que lorsque des individus tentent d’agresser les forces de l’ordre ou commencent à endommager la propriété publique ou privée, on doit s’assoir par terre de manière à permettre aux forces de l’ordre d’épingler les malfaiteurs qui discréditent les manifestants pacifiques. Il serait bon qu’on prenne cette habitude au Québec.

Idéalement, l’autorisation officielle à tenir une manifestation devrait être assortie de l’obligation pour les organisateurs d’aviser les participants à ce sujet.

Lorsqu’il y a de la casse, ce n’est pas le temps de s’approcher des malfaiteurs par curiosité. Si vous désirez utiliser votre téléphone multifonctionnel pour photographier la scène, faites-le de l’endroit où vous êtes déjà — même si ce n’est pas le point de vue idéal — afin de ne pas nuire au travail des policiers, sinon vous risqueriez une accusation d’entrave à leur travail ou pire, d’être associés aux malfaiteurs : avec un bon avocat, vous devriez vous en tirer mais il serait plutôt préférable de prévenir les complications juridiques.

Que doit-on faire lorsque le tout devient anarchique ?

Légalement, une émeute débute lorsque les forces de l’ordre décrètent que c’en est une. Ils n’ont pas à justifier leur décision : si vous ne partagez pas leur avis, votre opinion ne compte pas. Les forces policières ont l’obligation d’aviser la foule de leur décision et de sommer les manifestants de se disperser.

Toutefois, il faut comprendre que parmi les cris et les bruits ambients, vous pourriez ne pas entendre cet avertissement. Mais vous êtres tenu d’y obéir quand même.

Un vieux dicton veut que lorsque que quelque chose a l’air d’un poisson, lorsqu’il sent le poisson et qu’il goûte le poisson, c’est qu’il s’agit probablement d’un poisson. C’est la même chose pour une émeute.

Donc, en pratique, dès que ça ressemble à une émeute, prenez pour acquis que c’en est une et quittez les lieux.

La manifestation masquée

Lorsque des organisateurs invitent des manifestants à se présenter masqués sur les lieux d’une manifestation, c’est qu’ils invitent les casseurs à se joindre à eux.

En acceptant d’y participer pacifiquement, même à visage découvert, vous acceptez implicitement de servir de bouclier humain à ces malfaiteurs. Cela peut très bien ne pas être votre intention mais cela n’a pas d’importance; si vous avez la naïveté de ne pas vous en rendre compte, c’est votre problème et non celui des forces de l’ordre.

Au cours d’un repas de famille, j’entendais un de mes cousins affirmer que des policiers masqués se seraient glissés parmi les manifestants afin de susciter la violence et discréditer le mouvement étudiant. Selon ce parent, on pouvait reconnaître ces policiers masqués à leurs bottes.

Que cela soit vrai ou non, lorsque les organisateurs d’une manifestation invitent des gens masqués, ils invitent tous les casseurs (même ceux de la police) : ils portent la responsabilité morale de ce font ces gens, quel qu’ils soient.

L’insensibilité de la police

En effectuant ma recherche de vidéos afin de comprendre ce qui a dérapé à Victoriaville, je suis tombé sur une vidéo qui “prouve” l’insensibilité policière : le vidéaste informait des policiers en rangée qu’un manifestant était gravement blessé et filmait leur absence de réaction.

Si des lecteurs sont impressionnés par ce genre de propagande, précisons que les policiers anti-émeute n’ont qu’une seule mission : c’est de faire régner l’ordre. Ils ne doivent jamais se laisser distraire de leur mission.

Par contre, on peut présumer que les adolescents ou les jeunes adultes d’aujourd’hui savent comment utiliser un téléphone portable. À moins d’être des déficients intellectuels, ils n’ont pas besoin de la police pour appeler qui que ce soit : ils peuvent très bien le faire eux-mêmes.

Conclusion

On a tous vu des enfants froncer les sourcis et dire à leurs parents : “T’as pas le droit”. Essayer cela sur des policiers lors d’une émeute, cela ne donnera pas grand chose parce que dans une telle circonstance, les policiers ont à peu près tous les droits. Et ils le savent.

On peut trouver cela juste ou non, mais cela ne change rien : tous les manifestants ont l’obligation stricte de quitter les lieux lorsque la police juge, à tort ou à raison, qu’un attroupement vire à l’émeute.

Référence :
Émeute

Sur le même sujet :
Crise étudiante : le gouvernement doit donner l’exemple
Grèves étudiantes : l’échéance du Grand Prix de Montréal
L’augmentation des frais de scolarité
Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Des poissons au Biodôme

12 mai 2012


 
Même si les oiseaux constituent l’attraction principale du Biodôme de Montréal, les poissons y sont les animaux les plus nombreux.

Certains sont simplement des poissons tropicaux comme ceux qu’on en trouve dans les animaleries. D’autres nagent dans le grand bassin de l’écosystème du golfe du Saint-Laurent. Ce dernier contient 2,5 millions de litres d’eau dont la salinité est comparable à celle des eaux de l’estuaire.

De grandes parois vitrées permettent aux visiteurs d’admirer les pensionnaires de ce bassin (qui sert de garde-manger aux oiseaux de cet écosystème). On peut y voir des centaines de poissons représentant environ vingt espèces (morues, bars rayés, flétans, saumons, etc.).

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 12mm
1re photo : 1/60 sec. — F/2,0 — ISO 500 — 12 mm
2e  photo : 1/60 sec. — F/2,0 — ISO 1600 — 12 mm
3e  photo : 1/60 sec. — F/2,0 — ISO 320 — 12 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le festin de la loutre

9 mai 2012
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Les loutres sont des mammifères enjoués qui se caractérisent par leurs doigts griffés et palmés (aux pattes avant et arrière), leurs courtes pattes et leur longue queue.

En France, on en comptait 50 000 au début du XXe siècle : en 2010, il en restait moins de 3 000, en dépit de la protection dont ils sont l’objet depuis 1981.

Cet animal se nourrit principalement de poissons, mais aussi de petits animaux (batraciens, petits mammifères, crustacés et même parfois d’oiseaux). La loutre pêche principalement en solitaire même si, de temps à autre, elle chasse en bande. Elle peut rester sans respirer jusqu’à huit minutes sous l’eau.

Au Biodome de Montréal, la loutre a particulièrement été mise en valeur. On lui a aménagé un habitat tout en longueur et en dénivellation, le long du chemin qu’empruntent les visiteurs. En se laissant glisser dans son ruisseau personnel, la loutre est au paradis.

Depuis longtemps habituée au voisinage des humains, elle se prête sans rechigner aux séances photographiques des adultes et ne se laisse pas intimider par les cris joyeux des enfants.

Référence : Loutre

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm R — 1/250 sec. — F/5,1 — ISO 2500 — 108 mm


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Écrit par Jean-Pierre Martel


Tirs de balles de plastique : attend-on de tuer quelqu’un ?

8 mai 2012

Le 4 mai dernier, lors de l’émeute survenue à Victoriaville, les balles de plastique tirées par la Sécurité du Québec ont cassé plusieurs dents et fracturé la mâchoire de l’étudiante Dominique Laliberté, en plus de faire subir une commotion cérébrale (captée par une vidéo amateur) au jeune Alexandre Allard.

Les lanceurs de balle de défense, utilisées ce soir-là par les forces policières, font partie des armes à projectiles à mortalité réduite : ils ont suffisamment de force d’impact pour casser des dents et crever des yeux.

Parmi les autres accidentés, Maxence Valade, 20 ans, est devenu borgne ce soir-là. Cette perte partielle et irréversible de la vue a été causée par un projectile dont on ignore la provenance. En supposant que les tirs de balles de plastique ne soient pas responsables d’un tel accident cette fois-ci, il y a lieu de croire qu’ils pourraient l’être la prochaine occasion où ces armes seront utilisées.

On utilise ces armes exclusivement contre des cibles rapprochées : on s’en sert lorsqu’un suspect armé (d’une machette, d’un bâton, etc.) menace de près un policier, comme on le ferait avec un pistolet à impulsion électrique.

Le modèle illustré ci-contre est garni d’un viseur qui permet au policier de sélectionner une cible éloignée. À mon avis, cette arme à projectile n’a aucune place dans la répression des foules; l’expérience désastreuse de Victoriaville le prouve de manière éloquente. Cela est à ce point prévisible qu’on peut se demander comment on a pu permettre leur utilisation.

En d’autres mots, lorsqu’on remet des armes puissantes et potentiellement mortelles entre les mains des forces de l’ordre, on ne doit pas se surprendre qu’ils s’en servent et, dans le feu de l’action, que leur utilisation déborde parfois le cadre strict de ce qui est prévu dans les manuels d’instruction.

Dans mon billet du 25 mars, je me suis déjà exprimé plutôt mollement en faveur de la hausse des frais de scolarité. Toutefois, il est clair que la crise étudiante a été provoquée, voulue et entretenue par le gouvernement actuel.

Depuis quarante ans, il y a bien eu quelques menaces péquistes de hausser les frais de scolarité mais dans les faits, toutes les augmentations de frais de scolarité réellement effectuées l’ont été par des gouvernements du Parti libéral du Québec : sous Claude Ryan en 1989 et sous Jean Charest en 2007 et aujourd’hui.

Le Premier ministre savait donc exactement ce qui l’attendait s’il touchait aux frais de scolarité. Pourquoi a-t-il pris cette décision alors que son gouvernement, largement discrédité dans l’opinion publique, n’a pas l’autorité morale pour chambarder quoi que ce soit ?

Y a-t-il urgence ou nécessité ? Les finances publiques sont-elles en crise ? En somme, le Québec est-il au bord de la faillite ? Si oui, où le Trésor public trouve-t-il tout cet argent — pour offrir la construction de routes, de voies ferrées, d’aéroports, d’un port en eau profonde, d’écoles, d’hôpitaux, et de réseaux de distribution d’eau potable, bref entre 40 et 63 milliards$ de fonds publics — aux compagnies minières intéressées à bénéficier de ce colossal gaspillage de l’argent des contribuables qu’est le Plan nord ?

Déjà, lors de la manifestation étudiante devant le Palais des congrès de Montréal, Francis Grenier, 22 ans, avait failli perdre la vue après qu’un dispositif explosif lui ait éclaté à 30cm du visage.

Qu’a-t-on fait pour éviter que cela soit pire la fois suivante ? Rien. Au lieu que les blessures graves infligées à Montréal servent de leçon et incitent à la prudence, on en n’a pas tenu compte et on a permis l’ajout d’autres armes à projectiles, imprécises et encore plus dangereuses, à la panoplie des moyens répressifs dont disposaient déjà les forces de l’ordre.

On s’est contenté de faire des relations publiques en affirmant — ce qui certainement vrai — que les policiers ne cherchaient pas à tirer au visage. Mais est-ce quelqu’un, quelque part, a pensé que dans une foule, des manifestants peuvent se pencher soudainement pour différentes raisons (pour attacher des lacets, par exemple) ? Non, apparemment cela dépasse la perspicacité de nos dirigeants politiques.

En particulier, est-ce que le ministre de la Sécurité publique a donné des directives aux forces policières afin d’éviter l’aggravation des blessures infligées accidentellement aux manifestants ? Non : le ministre s’en lave les mains et s’en remet au Commissaire à la déontologie policière. Quant au gouvernement, il se contente de blâmer les dirigeants étudiants pour la violence que ces derniers ont favorisée, notamment en invitant les manifestants à protester masqués. En dépit de cette irresponsabilité étudiante, depuis quand une vitre brisée a plus d’importance qu’un œil crevé ?

J’ai toujours été contre le port d’un masque sur la voie publique par tout adulte ou adolescent, à moins de raisons médicales ou d’un permis municipal délivré expressément à cette fin. Mais comment peut-on convaincre un juge du caractère raisonnable d’une telle interdiction si le port d’un casque avec visière est la seule manière de manifester de manière sécuritaire au Québec ?

Les corps policiers disposent déjà de gaz lacrymogènes, de canons à eau, de poivre de Cayenne, de matraques, de bombes assourdissantes, en plus des méthodes usuelles d’arrestation. Maintenant qu’un certain nombre de jeunes québécois ont été mutilés gravement, je m’attends à une interdiction temporaire du tir de balles de plastique par les forces policières. Cet interdit devrait être en vigueur tant qu’on n’aura pas déterminé, parmi les 75 types d’armes à projectiles, celles qu’il est acceptable d’utiliser dans un pays démocratique.

Références :
État stable pour les manifestants blessés
Étudiant blessé à l’oeil: son père en colère
Le conflit étudiant a fait des centaines d’éclopés
Les balles pleuvaient à Victoriaville
QUÉBEC: Victoriaville, – Répression, État policier, chaos vs détresse, blessures et rage
Manifestation violente à Victoriaville – Une enquête publique est réclamée
Victoriaville: les balles de plastique sont identifiées
Violence à Victoriaville : une coalition demande une enquête sur le comportement policier

Parus depuis :
Printemps érable : un policier de la SQ a manqué de prudence et de discernement (2018-01-29)
Le débat sur l’usage des balles de plastique par la police refait surface (2018-02-02)

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Post-scriptum : Le Ministère de la Sécurité publique a été informé de la publication du texte ci-dessus et m’a fait parvenir un accusé de réception.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vienne — Mariahilf

8 mai 2012

 
La première moitié de cette courte vidéo présente le Pavillon de la Sécession, alors que la deuxième moitié montre des exemples de produits alimentaires offerts dans le marché le plus populaire de la capitale autrichienne.

Le Pavillon de la Sécession


 
Au XIXe siècle, les fortifications destinées à protéger Vienne sont devenues inutiles et nuisent au développement urbain de la capitale. On décide donc de les abattre, ce qui sera fait de 1857 à 1865.

À la place des remparts, on crée alors un boulevard périphérique qui encercle la Vieille ville et, conséquemment, qu’on appellera le « Ring » (c’est-à-dire « l’Anneau »).

Jusqu’à la fin des années 1880, on construira le long du Ring, une série d’édifices publics et privés somptueux, décorés de motifs empruntés à différentes époques de l’histoire de l’Art. Malgré la splendeur de cet ensemble hétéroclite, des voix s’élèvent à Vienne pour critiquer ce pot-pourri de styles anciens, où le pastiche tient lieu de la création.

En 1897, dix-neuf parmi les plus brillants créateurs viennois démissionnent avec fracas de l’Association des artistes autrichiens, jugée trop conservatrice, afin de fonder un nouveau mouvement artistique appelé « Sécession viennoise ».

Même si ce mouvement fait partie de l’Art nouveau, on lui conserve à Vienne ce nom distinctif en raison de ses caractéristiques propres, plus géométrique et moins anguleux que l’Art nouveau belge, français ou tchèque.

Afin d’atteindre leur but, les « sécessionnistes » créeront en 1897-1898 leur propre espace d’exposition — appelé Pavillon sécession ou Palais de la Sécession — sur les plans de Josef-Maria Olbrich.

L’édifice actuel est une copie puisqu’après des années d’abandon, la bâtisse avait sérieusement été endommagée au cours de la Deuxième guerre mondiale. Depuis, on l’a donc refaite à l’identique. La dorure récente du dôme a été possible grâce à un don personnel de l’ambassadeur américain à Vienne.

De plan carré, quasiment dépourvu de fenêtres et surmonté d’un dôme ajouré, l’édifice fait vaguement penser à un palais mésopotamien. Son dôme est constitué de glands de chêne et de 3 000 feuilles de laurier, dorées à l’extérieur et laqués vert à l’intérieur.

Écrite en lettres d’or sur la façade, la devise « Der Zeit ihre Kunst — Der Kunst ihre Freiheit » (À chaque époque, son art — À l’art, sa liberté) est un manifeste contre l’historicisme, c’est-à-dire la tendance en art à imiter les époques passées.

À gauche de la façade, « Ver Sacrum » signifie « Printemps sacré ». C’est le nom de la revue officielle de la Sécession viennoise.

L’intérieur de l’édifice est très sobre. On y trouve un petit nombre installations d’art contemporain et, au sous-sol, des fragments de la frise peinte en 1902 par Klimt en hommage à Beethoven.

Je ne suis pas convaincu que la vocation actuelle des lieux soit la plus heureuse. Pour être positif, celle-ci est conforme à l’esprit qui a mené à son édification (présenter l’art contemporain du moment). Toutefois, cela a le défaut de souligner la simplicité (pour ne pas dire la pauvreté) de l’intérieur qui, originellement, était rehaussée par la splendeur décorative des œuvres Art nouveau qui y étaient présentées.

Naschmarkt


 
Situé en diagonale avec le Pavillon de la Sécession, le Naschmarkt est le marché le plus animé de Vienne. Il s’étend sur 1,5 km. On y trouve de tout. Non seulement des aliments en vrac, mais également de nombreux cafés et terrasses de restaurant.


Voir aussi : Liste des diaporamas de Vienne

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le pommier du métro Pie-IX

7 mai 2012
Au printemps

À la sortie ouest de la station de métro Pie-IX, se trouve un pommier qu’on ne peut voir fleuri que deux semaines par année.

En automne, cet arbre produit des centaines de petites pommes surettes.

À l’automne

En hiver, celles qui ne sont pas tombées d’elles-mêmes, se déshydratent au froid.

En hiver

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectifs M.Zuiko 40-150 mm R (1re photo) et Lumix 12-35 mm F/2,8 (les autres photos)
1re photo : 1/320 sec. — F/7,1 — ISO 200 — 40 mm
2e  photo : 1/200 sec. — F/4,5 — ISO 200 — 35 mm
3e  photo : 1/320 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 33 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’histoire d’un parfum

5 mai 2012

Les cellules olfactives — responsables de l’odorat — sont les seules cellules nerveuses qui relient directement l’extérieur du corps au cerveau. Toutes les autres cellules doivent faire synapse, c’est-à-dire transmettre à d’autres cellules nerveuses, l’information destinée au cerveau.

Alors qu’on demandait à l’actrice Marilyn Monroe ce qu’elle portait au lit, celle-ci répondit : « Du Chanel No 5, évidemment ».

Déclassé en 2011 par J’adore de Dior, le Chanel No 5 était depuis 1921 le parfum le plus vendu en France. C’est encore le parfum le plus vendu au monde.

Son histoire débute au lit, plus précisément dans celui du Grand-duc Dimitri Pavlovich, fréquenté au début du XXe siècle par Coco Chanel. C’est par l’intermédiaire de ce cousin du Tsar Nicolas II que Mme Chanel fait la rencontre platonique du plus grand « nez » de Saint-Pétersbourg, Ernest Beaux.

Elle lui commande un parfum révolutionnaire. Elle ne veut pas que du point de vue olfactif, les femmes essaient de se faire passer pour des fleurs. Elle veut un parfum de femme à odeur de femme. « Je veux un parfum artificiel, je dis bien artificiel comme une robe, c’est-à-dire fabriqué. Je suis un artisan de la couture. Je ne veux pas de rose, de muguet, je veux un parfum qui soit un composé ».

À l’époque, les parfums étaient bâtis principalement autour d’une seule note florale. Ce sera la première innovation du parfum : il intégrera volontairement une touche synthétique.

M. Beaux présenta deux séries d’échantillons, numérotés de 1 à 5 et de 20 à 24. La couturière préféra le numéro 5. Cette préparation contenait un produit chimique — le méthyl-2 undécanal, à la vague odeur d’orange — parmi ses 80 ingrédients.

De la recette, jalousement conservée dans un coffre-fort, on ne connait que deux autres ingrédients : la rose de mai et le jasmin de Grasse.

La deuxième innovation du parfum sera son contenant. Coco Chanel refuse la surcharge décorative, le luxe ostentatoire. Elle veut un flacon sobre, au design dépouillé, conforme au style d’avant-garde — qu’on appelle aujourd’hui Art Déco — style qui devait triompher quatre ans plus tard à l’Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels de Paris.

La troisième innovation concerne son nom. La mode était aux noms de parfum poétiques, lyriques, voire ronflants comme ceux des bombonnes de purificateurs d’air d’aujourd’hui.

À la question « Quel nom allez-vous lui donner ? », elle répond : « Je lance ma collection le 5 mai, cinquième mois de l’année, laissons-lui le numéro qu’il porte. Et ce Numéro 5 lui portera chance ».

Peut-on parler ici de pressentiment féminin ?

Références :
Nº 5 de Chanel
Anonyme, Chanel No 5 – Le parfum du siècle, La revue, 2011, 18: 170.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vienne — Wieden

3 mai 2012

 
Wieden est un arrondissement rectangulaire dont la superficie n’est que de 1,8 km². Il est situé exactement au sud de la Vieille ville et à l’ouest de Landstrasse (deux arrondissements viennois nous avons visités précédemment).

La proximité du Belvédère (et, par ricochet, du Jardin botanique) compense pour le peu d’espaces verts de Wieden, soit 6,6% de la superficie de l’arrondissement (comparativement à la moyenne de 46,3% pour l’ensemble de la ville).

Les logements occupent 52,5% du territoire : une autre tranche de 15,2% est représentée par des bâtisses autres que résidentielles. La voie publique occupe le reste, soit 26% (alors que la moyenne dans l’ensemble de la ville n’est que 13,4%). C’est donc un quartier relativement densément peuplé.

La vidéo comporte trois parties.

Première partie


 
En gros, cette partie montre le pourtour de Wieden, que nous visitons dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.

D’abord, nous empruntons la rue commerciale Favoriten, qui limite l’arrondissement à l’ouest (de 0:07 à 0:52). Puis c’est le tour de quelques bâtisses situées dans le sud du quartier (de 0:53 à 1:25). De 1:26 à 2:18, ce sont principalement des ambassades le long de la rue du Prince-Eugène : cette rue sépare, à l’est, Wieden du Belvédère. Et finalement, on voit de 2:19 à 2:32 quelques immeubles au nord-est de l’arrondissement (près du Ring).

Au passage, signalons :
• de 0:28 à 0:37, l’église paroissiale Saint-François-de-Paule (construite de 1627 à 1651, restaurée en 1686),
• de 0:44 à 0:53, le Theresianum. Construit de 1687 à 1690, cet édifice austère était originellement le palais d’été des Habsbourg. On l’appelait alors « Nouveau palais de la favorite ». Légué aux Jésuites quand la famille impériale l’abandonna au profit de Schönbrunn, le Theresianum devint alors une maison d’enseignement. C’est aujourd’hui le lycée Theresianum, qui jouit d’une excellente réputation,
• de 1:04 à 1:19, l’église néo-gothique Sainte-Élizabeth, construite en 1868,
• à 2:16, l’ambassade de France (ci-dessus). Construit de 1904 à 1912, cet édifice Art nouveau est l’œuvre de Georges Chédanne, l’architecte des Galeries Lafayette à Paris, et
• à 2:24, le monument érigé en l’honneur de Charles Philippe de Schwarzenberg, commandant victorieux des troupes alliées contre Napoléon lors de la bataille de Leipzig, en 1813.

Deuxième partie


 
À l’issue de la première guerre mondiale, Vienne est confrontée à une grave pénurie de logements : 73% de la population vit alors dans de petits pavillons surpeuplés, plus ou moins salubres.

En 1919, l’administration municipale décide d’un vaste programme de logement social prévoyant le contrôle du prix des loyers, l’érection d’immenses blocs d’habitation pouvant loger jusqu’à 5 000 personnes et la construction de cités ouvrières avec jardins et ce, dans les quartiers qui entourent la Vieille ville.

Environ 60 000 nouveaux logements, jardins d’enfants, bibliothèques et cliniques médicales sont donc érigés entre 1922 et 1934. Les meilleurs architectes de la ville y travaillent. La superficie d’un logement moyen est de 33 à 45 m². Partout en Europe, on parle alors de « Vienne la Rouge », une allusion aux sympathies socialistes, sinon communistes, des dirigeants de la ville.

Le tout s’achève avec la montée du nazisme en Autriche au milieu des années 1930 et l’annexion du pays à l’Allemagne en 1938.

Quelques autres habitations à loyers modiques ont été construites depuis. On les distingue extérieurement par le refus de l’ornementation, les façades sobres, les logements fonctionnellement identiques, et la monumentalité de l’ensemble.

Cette partie de la vidéo s’achève par quelques photos d’un restaurant bohémien (de 3:08 à 3:24) et de l’hôtel dans lequel j’ai habité à Vienne (à 3:26).

Troisième partie


 
La Place Charles-VI (ou Karlsplatz) est située au nord-ouest de l’arrondissement. Entre autres, on y trouve un monument en l’honneur du compositeur Johannes Brahms (à 3:29), la sculpture « Hill Arches » (1978) d’Henry Moore (à 4:00), et la cathédrale Saint-Charles-Borromée (de 3:34 à 4:48).

Cette dernière a été créée par l’architecte Johann-Bernhard Fischer von Erlach (et complétée par son fils). Construite de 1716 à 1737, c’est (extérieurement) la plus spectaculaire église baroque de Vienne et probablement une des plus belles au monde.

Décoré de fresques de Johann-Michael Rottmayr, l’intérieur somptueux est malheureusement gâché pas des échafaudages métalliques destinés à permettre aux visiteurs d’accéder à une lucarne qui offre un panorama médiocre de la ville.

La façade est un mariage harmonieux de différents styles : un portail grec, une coupole d’influence romaine, deux colonnes qui les encadrent et qui évoquent à la fois des minarets et surtout la colonne Trajane, tandis que le toit rococo des pavillons latéraux rappelle ceux des pagodes chinoises.

Puis nous voyons successivement :
• de 5:50 à 5:56, les façades d’édifices qui font maintenant partie de l’École polytechnique de Vienne (Technische Universität Wien),
• à 5:58, une école évangélique,
• de 6:02 à 6:20, deux anciens pavillons du métro dessinés par Otto Wagner en 1898-1899 : aujourd’hui, l’un fait office de musée consacré à cet architecte tandis que l’autre est un restaurant,
• de 6:22 à 6:26, un aperçu du Musée des arts décoratifs, présentant une exposition d’Hans Makart (1840 – 1884). Immensément populaire en son temps, ce peintre autrichien a créé des œuvres archi-kitsch qui se caractérisent par la surcharge décorative, un sens de la couleur remarquable, une pâte épaisse et un rendu brouillon,
• de 6:28 à 7:49, une visite du Musée municipal (Wien Museum) qui présente l’histoire de la ville, de l’époque romaine à aujourd’hui. Signalons que de 7:36 à 7:42, il s’agit de trois toiles — Idylle (1884), Histoire (1883) et Athéna Pallas (1898) — de Gustav Klimt, et qu’à 7:50, il s’agit de la toile « La Dame en robe jaune » (1899) de Max Kurzweil,
• à 7:51, c’est la façade du Musikverein (ou Maison des amis de la Musique), édifié de 1867 à 1869, où se produit l’Orchestre philharmonique de Vienne.

La vidéo se termine par des photos prises à l’occasion d’un concert à la Cathédrale Saint-Charles-Borromée et une promenade nocturne dans les environs.


Voir aussi : Liste des diaporamas de Vienne

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Écrit par Jean-Pierre Martel