Crise étudiante : le gouvernement doit donner l’exemple

Publié le 24 mai 2012 | Temps de lecture : 3 minutes

Dans son dernier budget, le gouvernement a décidé d’augmenter de 75% les frais universitaires sur une période de quelques années. Qu’on soit pour ou contre cette décision d’appauvrir de 265 millions$ annuellement les étudiants québécois, il est évident que le gouvernement lui-même devrait donner l’exemple.

À la suite des prochaines élections provinciales, des dizaines de députés quitteront la vie politique de leur plein gré ou autrement. De plus, parmi les 6,400 nominations politiques du gouvernement Charest, un certain nombre perdront inévitablement leurs emplois dans l’éventualité d’un changement de gouvernement.

Tous ces gens quitteront la vie publique avec des millions de dollars de primes ou de rentes annuelles. Ces parachutes dorés, qu’on justifiait autrefois par l’importance de récompenser les vaillants serviteurs de l’État, doivent être réexaminés.

Je ne vois pas de raisons qui justifient que les étudiants se serrent la ceinture alors que les serviteurs de la machine qui les appauvrit s’en mettent plein les poches : il est évident que tous ces gens doivent faire aussi « leur juste part » (pour reprendre les mots du Premier ministre).

Le gouvernement serait donc cohérent avec lui-même et donnerait l’exemple s’il adoptait une loi d’exception rétroactive qui réduise de 75% les parachutes dorés que la classe politique s’accorde pour se récompenser mutuellement.

À défaut d’une telle loi, la réduction substantielle des primes et rentes offertes aux députés et ministres sortants serait de nature à convaincre la population de la sincérité du gouvernement actuel à réduire la taille de l’État.

Mais les motifs invoqués par le gouvernement pour justifier la hausse des frais de scolarité sont-ils vraiment d’ordre économique ou sommes-nous en présence d’une crise voulue, provoquée et entretenue par le gouvernement actuel ?

Rappelons-nous que depuis quarante ans, seuls des gouvernements du Parti libéral du Québec ont procédé à des augmentations des frais de scolarité : sous Claude Ryan en 1989 et sous Jean Charest en 2007 et aujourd’hui.

Le Premier ministre savait donc ce qui l’attendait s’il touchait aux frais de scolarité. Il ne soupçonnait sans doute pas l’ampleur de la détermination de nos jeunes mais il savait que sa décision provoquerait des remous. Alors pourquoi a-t-il pris cette décision alors que son gouvernement, largement discrédité dans l’opinion publique, n’a pas l’autorité morale pour chambarder quoi que ce soit ?

Le prix à payer pour faire taire ces doutes, c’est le sacrifice et la cohérence. En d’autres mots, la classe politique doit prêcher par l’exemple. Le fera-t-elle ?

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