Le marketing improvisé du Plan nord

12 janvier 2012

Même dans les pays communistes où l’État contrôle à peu près tout, personne ne planifie l’économie au-delà de cinq ans. De la même manière, dans nos économies libérales, aucun dirigeant d’entreprise n’oserait essayer de prévoir les bénéfices de sa propre compagnie au-delà d’une année.

C’est donc au risque d’être la risée du monde occidental, que le gouvernement Charest fait la promotion ces temps-ci du Plan Nord, un plan vague de développement du Grand-nord québécois s’étendant sur une période de vingt-cinq ans.

L’idée est simple, presque simpliste. Devenue le centre manufacturier de la planète, la Chine possède actuellement un appétit gargantuesque pour ce qui lui est nécessaire soit l’énergie et les métaux. Or justement, le nord du territoire québécois renferme un grand nombre de richesses naturelles, plus précisément de très nombreux gisements miniers. Pourquoi ne pas sauter sur l’occasion pour développer le nord du Québec ?

Toutefois, une des règles du développement minier au Québec, c’est qu’une mine qui s’installe dans le Nord doit tout payer et plus particulièrement les routes pour s’y rendre. Mais voilà que l’exploitation de ces mines n’est pas rentable puisqu’elles sont trop éloignées.

Le gouvernement Charest a donc eu l’idée de transférer sur le dos des contribuables tous les frais qui empêchent ces mines de générer des profits afin que cette partie du territoire québécois devienne une fourmilière d’activité industrielle.

C’est ainsi que le gouvernement Charest est en discussion avec la multinationale Goldcorp afin de partager les frais de construction d’un tronçon de 60km qui relirait le site d’une nouvelle mine au réseau routier québécois.

Autre exemple : pour permettre à Stornoway Diamond d’accéder à des diamants dont la valeur brute est évaluée à 5,4 milliards$, il est nécessaire de prolonger la route 167 sur une distance de 240km. Normalement, cela coûterait 330 millions$ à l’entreprise. Mais grâce au Plan Nord, sa contribution est plafonnée à 4,4 millions$ par année pendant une décennie, ce qui ne couvre même pas les frais d’intérêt de l’emprunt : le reste (y tout dépassement de coût) sera assumé par les contribuables.

Le problème, c’est que les redevances que paient les industries minières — 360 millions$ pour une valeur extraite annuellement avoisinant les 8 milliards$ — sont à peine supérieures aux frais de restauration des sites que les minières abandonnent lorsqu’elles font faillite. Peu importe : le Plan nord prévoit que nous devrions payer en totalité ou en partie les routes, les lignes de chemin de fer, un port en eau profonde à Kuujjuarapik (sur les rives de la baie d’Hudson), la construction ou la mise à niveaux d’aéroports, et l’extension du réseau hydro-électrique afin de les desservir. Bref, il ne manque que le caviar et le champagne à volonté.

Uniquement d’ici 2016, Québec prévoit dépenser 1,2 milliard pour développer des infrastructures qui serviront d’abord aux entreprises qui souhaiteront y exploiter des ressources non renouvelables au bénéfice de leurs actionnaires. Rappelons que les richesses naturelles du Québec appartiennent aux Québécois et non à ceux qui obtiennent des concessions minières. Pourtant, dans l’esprit de ces derniers, il suffit d’obtenir le permis d’exploitation d’une mine pour devenir le propriétaire exclusif de tout ce qu’elle renferme.

De plus, les minéraux seraient exportés tels quels, sans transformation qui aurait pu en augmenter la valeur ajoutée au Québec. Forcer la transformation du minerai ici serait même néfaste pour le Québec, soutient sans sourciller le Ministre délégué aux Ressources naturelles. Par conséquent, le modèle de développement industriel proposé par le Parti libéral se confond avec celui qu’avait le Québec il y a soixante ans, sous la gouverne de Maurice Duplessis.

En contrepartie des sommes colossales qu’on transfèrera sur le dos des contribuables, le gouvernement Charest se refuse à exiger la transformation du minerai ici : ce serait du protectionnisme, souligne-t-il. Mais nous sommes assez stupides pour construire à nos frais un ou deux ports en eau profonde (et les centaines de km de routes qui y mèneront) afin de permettre l’exportation du minerai vers ses lieux de transformation. En d’autres mots, nous allons subventionner la création d’emplois de transformation quelque part ailleurs sur la planète.

En somme, on est sur le point d’ajouter des sommes pharaoniques à la dette publique québécoise (plus de 47 milliards$) sans avoir la moindre idée des retombées positives pour les contribuables.

Au cours d’une conférence de presse tenue dimanche dernier, le Premier ministre a affirmé qu’un emploi dans le nord du Québec en générait deux dans le sud. Vraiment ? Sur quoi se base-t-on pour affirmer cela ? Sur rien. Aurait-on reçu des études économiques qui le prouvent ? Pas du tout. Ce qui n’a pas empêché le Premier ministre de marteler cette affirmation comme s’il suffisait de répéter n’importe quoi pour que cela devienne un peu plus vrai à chaque fois qu’on le dit.

Références :
Baie-James vs Plan Nord
Charest veut redoubler d’efforts pour rallier les Québécois au Plan Nord
Forcer la transformation du minerai ici serait néfaste pour le Québec
Le Plan Nord : l’œuf de Pâques de Monsieur Charest
Le projet de l’année 2011 – Le Plan Nord
Plan Nord – Clément Gignac compare le Nord aux pays émergents
Plan Nord – Québec confirme des discussions avec Goldcorp pour la construction d’une route
Route 167 – Québec assumera seul tout dépassement de coûts
Québec s’apprête à dévoiler son plan Nord

Parus depuis la publication de ce billet :
Consternation à Matane
Les redevances minières, un secret bien gardé
Plan Nord – La vache à lait
Plan Nord – Québec renonce à la transformation du diamant
Une avocate à la fois émissaire de Québec et lobbyiste

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le saut à l’élastique : vaut mieux savoir nager

11 janvier 2012

Le saut à l’élastique — aussi appelé bungee — est une activité sportive de plein air qui ne nécessite aucun entrainement physique : il consiste à se jeter dans le vide avec une corde élastique accrochée aux chevilles ou au torse, destinée à ralentir la chute puis à immobiliser le sauteur. L’objectif visé est de restituer les sensations ressenties lors d’une chute libre.

Erin Langworthy est une jeune touriste australienne de 22 ans qui a survécu à une chute inusité. Le 31 décembre 2011, lors d’un voyage en Afrique, elle a décidé de sauter du pont des Chutes Victoria qui enjambe la rivière Zambezi. Malheureusement sa corde s’est brisée.

Tombant tête première dans une rivière normalement infestée de crocodiles, retenue de manière intermittente sous l’eau par la corde attachée à ses chevilles (qui se coinçait entre les pierres jusqu’à ce qu’elle plonge sous l’eau afin de la déprendre), emportée vers des rapides qui sont parmi les plus dangereux au Monde, la sauteuse-nageuse a finalement réussi à atteindre la rive, d’où elle a été transportée vers un hôpital sud-africain où elle a été admise pour une cervicale brisée et des blessures superficielles.

Référence : Tourist Survives 365-Foot Plunge into River After Bungee Cord Snaps

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Faits divers No 7

10 janvier 2012

Reuben Blake est un jeune britannique. Sa sœur jumelle, Floren, est née cinq and plus tard, le 16 novembre dernier. Leur mère a-t-elle réellement vécu un accouchement qui s’est étalé sur des années ?

Non, les deux enfants sont l’aboutissement d’embryons récolés le même jour (d’où, objectivement, leur gémellité). Alors que l’embryon de Reuben a été implanté rapidement, celui de sa sœur a passé cinq ans dans un congélateur du Centre de médecine reproductive de Bristol, une longue préparation au climat frais et humide de Grande-Bretagne.

Référence : Meet the twins who were born five years apart


 
La promotion de 1968 de l’École nationale de théâtre du Québec est la seule de toute l’histoire de cette institution à n’avoir aucun diplômé.

En effet, cette année-là, tous les finissants ont quitté en bloc la dernière année pour protester contre la direction de l’école, jugée trop « européenne » au goût de ces élèves; ces derniers leur reprochaient de ne pas tenir compte des auteurs qui écrivaient dans la langue parlé de la population québécoise (nommément, de Michel Tremblay).

Référence (à postériori) : 1969: année anti-académique!


 
Looxcie est une marque de caméra à basse résolution (480p ou 320p, au choix de l’utilisateur) qui se porte à l’oreille. L’appareil peut enregistrer des vidéos d’une durée maximale de 30 secondes chacune. Le nombre de vidéos pouvant être enregistrées est limité par la pile (4 heures de clips en 320p et deux heures en 480p) et la mémoire de l’appareil (jusqu’à 10h en 320p, entrecoupées de rechargements de la pile).

Certains services policiers américains s’en sont dotés afin de documenter leurs interventions et se protéger éventuellement d’accusations de brutalité policière. Toutefois, la limite de 30 secondes par vidéo limite considérablement son utilité en pareil cas. À suivre…

Référence : De petites caméras à la rescousse des policiers d’Ottawa


 
Les combustibles fossiles représentent 38,2 % de la consommation d’énergie au Québec par rapport à 41,6 % pour l’électricité, presque totalement d’origine hydraulique ou éolienne.

Référence : Énergies vertes – Hydro doit offrir des prix garantis


 
Lorsque la richesse de l’empire romain était son maximum, vers l’an 150 de notre ère, le 1 % des Romains les plus fortunés accaparait alors environ 16 % de la richesse.

De nos jours, aux États-Unis, le 1 % des Américains les plus fortunés possèdent plus de 40 % de la richesse. Au Canada, cette proportion est de 15%.

Références :
Income inequality in the Roman Empire
The Size of the Economy and the Distribution of Income in the Roman Empire


 
Les ventes d’appareils photo compacts ont chuté de 30% en 2011. Sur le site de partage de photos Flickr, de plus en plus d’abonnés se servent de téléphones portables pour photographier.

L’an dernier, l’iPhone4 fut l’appareil le plus utilisés parmi les abonnés de ce site; en moyenne, 73,000 photos prises à l’aide de ce téléphone portable y ont été publiées quotidiennement. L’appareil reflex Nikon D90 occupe la seconde place.

Référence : Decisive moment? Smartphones steal focus from point-and-shoot cameras


 
Les plus récentes données sur la consommation de la marijuana dans le monde datent de 2009. L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont dominé le classement avec 15% des citoyens âgés de 15 à 64 ans ayant fumé du pot au moins une fois cette année-là, soit davantage que les Nord-Américains (11%), les Européens (5,5%) et les Asiatiques (2,5%).

Référence : Which countries have the most potheads?


Liste de tous les faits divers (des plus récents aux plus anciens)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’Iran joue avec le feu

7 janvier 2012
© 2009 — Pethrus (pour Wikipedia)

Du point de vue de la navigation maritime, le golfe persique est un cul-de-sac dont il n’existe qu’une seule issue : le détroit d’Ormuz.

C’est par là que transite le tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde (et le cinquième du trafic, tous modes confondus). L’essentiel du pétrole exporté d’Arabie saoudite, d’Iran, des Émirats arabes unis, du Koweït et de l’Irak transite par ce passage étroit de 6,4 km.

Pendant dix jours à partir du 22 décembre dernier, l’Iran y menait officiellement des exercices militaires, sans toutefois interrompre le trafic maritime.

Mais voilà que quelques jours après le début des exercices, ce pays donne une idée de ce qui pourrait être ses véritables intentions. En effet, le premier vice-président iranien déclare que son pays n’hésitera pas à fermer le détroit si l’ONU devait adopter de nouvelles sanctions économiques contre son pays. Comme si cet exercice n’était qu’une préparation en vue de cette fermeture.

L’amiral Mahmoud Moussavi, porte-parole des manoeuvres navales, précise : « À partir (du 31 décembre), une majorité de nos unités navales — de surface, sous-marine et aérienne — vont se positionner selon une nouvelle formation tactique destinée à rendre impossible le passage de tout navire par le détroit d’Ormuz si la République islamique en décide ainsi. »

Or la libre circulation par ce détroit est essentielle à l’économie mondiale. Tout blocus iranien représente un risque certain d’un conflit armé dans la région.

Il existe deux alternatives terrestres à Ormuz; par le pipeline qui court d’Arabie saoudite vers la mer Rouge et par celui qui relie les Émirats arabes unis à la mer d’Oman. Mais ces alternatives ne concernent pas la production pétrolière du Koweït et du Qatar.

Le blocus du détroit est une arme à double tranchant puisqu’il toucherait aussi la production du pétrole iranien. Toutefois l’économie de l’Iran est beaucoup plus diversifié que celle de son grand rival régional, l’Arabie saoudite. En effet, le pétrole ne représente que 8% du Produit intérieur brut (PIB) de l’Iran — mais 80% de ses exportations — alors que le pétrole représente 53% du PIB d’Arabie (et 90% de ses exportations).

On comprend donc que l’Arabie saoudite, dont l’économie est à la merci de l’Iran, souhaite ardemment une guerre éclair qui anéantirait la menace iranienne. Rien ne ferait plus plaisir à l’Arabie que les “Impies” américains tuent des hérétiques iraniens (car à 89% chiites) pendant que l’Arabie saoudite (officiellement à 100% sunnite) assiste au spectacle gratuit de l’autre côté de la rive en sirotant son thé à la menthe.

Or il est très improbable que les États-Unis déclarent une troisième guerre en une décennie contre autant de pays musulmans. Pour plusieurs raisons.

Premièrement, le peuple américain a été très complaisant relativement à la guerre en Irak : il a supporté l’entrée en guerre comme il appuie généralement aveuglément son club de football local. Il regrette aujourd’hui cet engagement. C’est pourquoi une nouvelle guerre, aussi justifiée soit elle, est politiquement indéfendable auprès des Américains.

Deuxièmement, l’organisme National Priorities Project estime à plus de 800 milliards de dollars le coût de la guerre en Irak et à plus de 488 milliards de dollars le coût de la guerre en Afghanistan. Les guerres républicaines récentes représentent donc une dépense de plus de quatre mille dollars pour chaque Américain (homme, femme ou enfant). Or une guerre totale contre l’Iran sera définitivement plus coûteuse que la somme des deux guerres précédentes.

L’Iran a une population de 78 millions de personnes, soit d’avantage que l’Irak (31.2 millions) et l’Afghanistan (29.8 millions) réunis. Alors que le régime de Saddam Hussein ne pouvait pas compter sur la mobilisation enthousiaste des minorités qu’il avait faites massacrer — soit les Kurdes (dans le nord du pays) et les Irakiens chiites (au sud) — la population iranienne est beaucoup plus homogène du point de vue ethnique (perse à 70%, turcophone à 26%) et religieux (chiite à 89%). Des envahisseurs y rencontreraient une population beaucoup plus hostile et beaucoup plus unie derrière ses dirigeants.

Non seulement une telle guerre porterait le prix du pétrole à 150$ ou 200$ le baril, mais l’Iran pourrait être tenté d’envahir le sud de l’Irak afin de “délivrer” ses coreligionnaires chiites, victimes des attentats terroristes dans ce pays, et réunir des populations qui faisaient partie autrefois de la Perse antique (et qui se distinguent aujourd’hui par la langue; les Iraniens parlent surtout le perse alors que les Irakiens sont arabes).

Références :
Guerre d’Afghanistan (2001)
Guerre d’Irak
La guerre en Irak ou L’aveuglement collectif américain
L’Iran menace Ormuz pour éviter des sanctions
La guerre en Irak ou L’aveuglement collectif américain
L’Iran teste des missiles sur fond de nouvelles sanctions
Paix mondiale – L’Iran représente la plus grande menace, selon Harper
« Plus une goutte de pétrole ne passera par Ormuz » en cas de sanctions, avertit l’Iran

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La piraterie encouragée ou financée par l’État

6 janvier 2012


 
Les technologies de l’information permettent de créer de nouveaux champs de bataille où s’expriment les conflits entre les États.

Dans un billet précédent, nous avons parlé du virus informatique Stuxnet : celui-ci a contaminé trente mille ordinateurs iraniens, soit environ 60% de tous les ordinateurs touchés par ce virus à travers le monde. Il semble avoir été créé pour dérégler, entre autres, les procédés industriels impliqués dans la mise au point du programme nucléaire iranien.

Lundi dernier, un pirate informatique saoudien connu sous le pseudonyme de 0xOmar, publiait sur l’internet les informations confidentielles — adresses électroniques, mots de passe et numéros de cartes d’identité — de quatorze mille clients d’Israel Credit Cards, une société de validation des transactions électroniques par Master Card, VISA, etc. Aujourd’hui, ce pirate a révélé, toujours sur l’internet, les coordonnées de six mille cartes de crédit supplémentaires appartenant à des Israéliens.

Par ailleurs, le 25 décembre 2011 — soit quatre jours après avoir réussi à faire adopter par l’Assemblée nationale française un projet de loi pénalisant la contestation de tout génocide dont celui des Arméniens en 1915 — la députée Valérie Boyer a vu son site Web piraté par le groupe turc GrayHatz.

Durant la fin de semaine de Noël, le site du Sénat français — qui devrait finalement adopter ce projet de loi ce mois-ci — a été bombardé de requêtes par le pirate turc appelé Iskorpitx, ce qui a rendu le site inaccessible par intermittence.

Lundi, une centaine de sites français (et belges) étaient victimes du remplacement de leur page d’accueil par le message d’un autre groupe de pirates nationalistes turcs, Millikuvvetler.

En principe, toutes les requêtes adressées sur l’internet sont inscrites dans des fichiers appelés registres d’audience (en anglais, Web log files). Pour chaque requête, on voit l’adresse IP de l’ordinateur du demandeur, l’heure, la date, et la nature de cette requête. En supposant que le pirate réussisse à naviguer de manière anonyme (ce qui est probable), chacune de ses requêtes doit transiter le long d’une chaine de plusieurs serveurs avant d’aboutir à un site victime de la piraterie. Or toutes les étapes de ce transit sont notées et vérifiables.

N’importe quel corps policier peut retracer ultimement l’ordinateur du demandeur ou, à défaut, celui du fournisseur d’accès informatique qui permet à ce pirate d’accéder à l’internet.

En d’autres mots, les pirates d’Arabie saoudite et de Turquie ne peuvent fonctionner bien longtemps sans éveiller de soupçons. Ils doivent nécessairement bénéficier de la connivence des autorités policières (donc politiques) de leur pays respectifs.

Références :
Des hackers divulguent de nouvelles coordonnées bancaires israéliennes
La longue série des piratages nationalistes turcs
Un groupe de hackers turc menace de pirater tous les sites des députés français
Un pirate saoudien publie les coordonnées de cartes bancaires israéliennes

Parus depuis :
L’armée chinoise responsable de cyberattaques contre les États-Unis? (2013-02-19)
Snowden: Washington a lancé 231 cyberattaques en 2011 (2013-08-31)
Des militaires chinois accusés de cyberespionnage aux États-Unis (2014-05-19)
Une attaque force Apple à se mettre à jour (2016-08-26)
Le programme de cyberpiratage de la CIA exposé par WikiLeaks (2017-03-08)
L’alliance des Five Eyes veut des voies d’accès dans les applications cryptées (2020-10-11)
La GRC armée de logiciels espions (2022-07-06)

Détails techniques de la photo : 
Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/20 sec. — F/4,6 — ISO 400 — 22 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les boucs-émissaires

5 janvier 2012
Centre islamique de l’Outaouais

Construit en 2008 à partir des économies personnelles de ses cinq cents membres, le Centre islamique de l’Outaouais est un édifice de trois étages situé dans un quartier résidentiel de Hull, à quelques rues de l’Université du Québec en Outaouais.

Vers 1h30 dans la nuit de dimanche à lundi dernier, des vitres de la mosquée du centre ont été fracassées. Il s’agit du troisième acte de vandalisme en cinq mois. Toutefois, cette fois-ci, le coupable — capté par une caméra de surveillance — s’en est pris également à deux voitures dans le stationnement (à gauche de la photo) dont il a fracassé les vitres avant de tenter d’y mettre le feu. Le tout a duré près d’une heure. Les voisins n’ont rien vu et n’ont rien entendu.

À mon avis, il n’y a pas de place dans ce pays pour les actes haineux dirigés contre une minorité religieuse, peu importe laquelle. Le Canada est un pays libre et doit le demeurer.

J’entends parfois des collègues de travail me dire : « Oui, mais quand on va dans leurs pays (d’origine), on est bien obligé de se plier à leurs coutumes : pourquoi ils ne se soumettent pas aux nôtres ? »

Ma réponse est toujours la même : « Depuis quand ces pays servent de modèles au Canada ? Voulons-nous vraiment devenir un pays intolérant simplement parce qu’on accepte ici des gens qui proviennent de pays qui le sont ? »

Pour les citoyens canadiens qui sont croyants, édifier des églises, s’y réunir pour prier a toujours fait partie des coutumes authentiques du Canada. Alors les musulmans qui élèvent des mosquées et qui y prient observent scrupuleusement les coutumes canadiennes. Sauf que Dieu, ils l’appellent Allah : grooooosse différence !

Quand à ceux qui font l’association entre « terroristes » et « Musulmans », je leur rappelle que les membres du Ku Klux Klan étaient tous des terroristes blancs et chrétiens. Or cela ne fait pas de moi un terroriste parce que je suis blanc et d’éducation chrétienne comme eux. La même chose est vraie pour les Musulmans.

Par contre, ceux qui tentent d’intimider les minorités religieuses et qui saccagent leurs biens sont clairement des terroristes et devraient être poursuivis devant les tribunaux comme tels.

Photo : © 2011 — Google

Référence :
La mosquée de Gatineau encore vandalisée

Compléments de lecture :
Arabes vs Musulmans
Impopularité d’Al-Qaida chez les Musulmans
La lapidation ou la barbarie participative
Nourriture halal : controverses futiles

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Écrit par Jean-Pierre Martel


L’unilinguisme anglais des Messageries DHL

4 janvier 2012


 
J’ai reçu hier après-midi des DVD importés, essentiellement les deux premières saisons de la série policière « Nicolas Le Floch ».

Je ne sais pas par quel mécanisme une entreprise de livraison se voit attribué la tâche de dédouaner un colis et de l’acheminer au destinataire, mais dans ce cas-ci, c’est un livreur des messageries DHL Express qui s’est présenté à ma porte.

Malgré mes demandes répétées, ce livreur ne savait pas — ou ne voulait pas — parler français. Ce n’est pas la première fois que cette entreprise m’envoie un livreur unilingue anglais. Or porter plainte à l’Office de la langue française est une perte de temps depuis que le Parti libéral du Québec est au pouvoir.

En effet, depuis des années, l’Office ne fait plus respecter la loi 101. Celui-ci reçoit annuellement environ 400 plaintes relativement à la langue de service. Malgré le fait que 82% d’entre elles sont fondées, l’Office impose des amendes ou procède à des poursuites dans seulement 2% des infractions observées. Donc, tant que les Libéraux seront au pouvoir, Montréal continuera de s’angliciser.

Ceux parmi les Francophones qui jugent inacceptable de payer pour être servi en anglais au Québec, doivent donc prendre en main la défense du français. Lorsqu’on a affaire à une institution financière, on peut toujours retirer l’argent qu’on y a placé et le déposer ailleurs. C’est ce que j’ai fait relativement à la Banque Nationale : mes REER n’y sont plus.

Lorsqu’il s’agit d’un livreur de restaurant, je règle cela de manière très simple : je donne un pourboire dérisoire ou rien du tout.

Mais dans le cas des messageries, on n’a pas de pourboire à laisser, alors que faire ? J’ai passé la soirée à me demander ce que j’aurais dû faire et j’ai trouvé la solution.

C’est très simple : c’est de refuser d’accepter le colis. Cela oblige la messagerie à réexpédier le colis par un livreur qui parle français ou, en cas d’entêtement, à retourner le colis à l’expéditeur. C’est ce que j’aurais dû faire et ce que je ferai à l’avenir. À suivre…

Post-scriptum : À la livraison suivante par DHL, quelques semaines plus tard, celui qui m’a livré le colis parlait très bien français.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le reflux gastro-œsophagien

2 janvier 2012

Introduction

Le reflux gastro-œsophagien survient lorsque du contenu de l’estomac reflue vers l’oesophage, c’est-à-dire vers ce tube qui relie grosso-modo la bouche à l’estomac.

Un cas extrême de reflux est connu de tous ; c’est cette régurgitation qu’éprouvent tous les bébés gavés de lait.

Il serait facile de croire que si la nourriture qu’on avale descend, c’est parce qu’elle est attirée par la gravité. Cela est faux. Un fakir se tenant sur la tête pourrait boire un liquide sans problème : or dans ce cas, le liquide monte de la bouche vers l’estomac en dépit de la gravité.

En réalité, si la nourriture se rend à l’estomac, c’est qu’elle cède à une différence de pression ; elle se rend là où la pression est moindre.

L’œsophage est constitué d’une série de muscles lisses circulaires. Pour faire descendre une bouchée, l’œsophage contracte des anneaux musculaires au-dessus de la bouché, l’obligeant à se déplacer vers l’estomac.

Si bien que la pression au bas de l’œsophage est normalement plus élevée que la pression dans le haut de l’estomac. C’est ce qui explique que la nourriture passe de l’un à l’autre.

Inversion du gradient de pression

Mais si on augmente la pression dans l’estomac au point où elle devient plus élevée que dans l’œsophage, ne risque-t-on pas de provoquer du reflux ? Oui, assurément. Mais comment peut-on en arriver là ?

En prenant un repas très copieux, on augmente la pression dans l’estomac (comme dans un ballon qu’on gonfle). Il est donc préférable de prendre plusieurs petits repas plutôt qu’un seul gros repas.

Par ailleurs, lors d’une grossesse, l’augmentation spectaculaire de la taille de l’utérus fait pression sur l’intestin, ce qui se répercute sur l’estomac et favorise ainsi le reflux (ce que connaissent la grande majorité des femmes enceintes).

Une comédienne qui portera un corset à la journée longue afin de s’habituer au costume d’époque qu’elle doit porter en soirée, pourrait très bien éprouver du reflux, selon le même mécanisme que chez la femme enceinte.

L’athlète qui développe ses abdominaux afin d’améliorer sa silhouette donne naissance à une gaine naturelle qu’il porte lui aussi à la journée longue avec, comme conséquence, un risque de reflux.

L’affaiblissement du cardia

À la jonction de l’œsophage et de l’estomac, se trouve un sphincter qu’on appelle cardia à cause de sa proximité avec le cœur. Ce n’est pas une valve mais il agit comme si son rôle était de prévenir le retour de la nourriture vers l’œsophage.

Or cela est important puisque l’estomac secrète de l’acide chlorhydrique. Cet acide est assez puissant pour dissoudre le métal.

Alors comment se fait-il que l’estomac n’est pas attaqué par l’acide qu’il secrète ? Il s’en protège en sécrétant aussi une couche de mucus qui lui sert de barrière de protection.

Malheureusement, l’œsophage n’a pas cette barrière. Il n’en n’a pas parce qu’en temps normal, il n’en n’a pas besoin. Mais en cas de reflux, l’œsophage est complètement vulnérable à l’acidité gastrique.

Tout ce qui affaiblit le cardia favorise le reflux gastro-œsophagien. Une telle faiblesse peut être congénitale ou anatomique (ex.: une hernie).

Mais certains aliments et certains substances médicinales peuvent affaiblir le cardia : les aliments gras, les hormones progestatives et les substances qu’on qualifie d’anticholinergiques. On peut distinguer ces dernières par un effet secondaire qu’elles ont en commun : la sécheresse de la bouche.

Fumer un joint vous donne la bouche sèche ? C’est que la marijuana est un anticholinergique. Le Benadryl ou le Gravol vous donne la bouche sèche : ce sont d’autres anticholinergiques.

Conclusion

Parmi les facteurs qui favorisent le reflux gastro-œsophagien, il y a :
• les repas copieux
• la grossesse, les corsets, les gaines, la musculation abdominale
• les aliments gras (fromages, fritures, poutine, croustilles, chocolat, beurre d’arachide, etc.)
• les hormones progestatives (Provera, Prométrium, pilule contraceptive)
• les substances anticholinergiques (marijuana, Bentylol, certains médicaments contre l’allergie, etc.)

Évidemment, il faut éviter les aliments qui favorisent l’hyperacidité de l’estomac puisqu’ils augmentent le pouvoir corrosif de ce qui est refoulé vers l’œsophage (voir mon billet à ce sujet).

Pour terminer, le meilleur conseil à donner aux personnes sujettes au reflux gastro-œsophagien, c’est de hausser leur tête de lit d’environ dix centimètres, c’est-à-dire de faire en sorte que le lit soit en pente. Non pas d’ajouter des taies d’oreiller, ce qui est beaucoup plus simple mais qui donne des effets opposés puisque le corps est alors en « V » : les intestins poussent l’estomac, ce qui favorise le reflux. Au contraire, il faut que le lit soit en pente.

Au début, cela est un peu inconfortable puisqu’on a l’impression qu’on va se retrouver le lendemain matin au pied du lit, ce qui n’arrive jamais.

Si on analyse ce qui se produit lorsqu’on se couche dans un lit en pente, c’est que les viscères glissent vers le bassin, ce qui crée une succion négative sur l’estomac et conséquemment, une absence totale de reflux durant toute la nuit. Ce conseil est le plus efficace parmi tous ceux qu’on peut donner aux personnes sujettes au reflux.

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Écrit par Jean-Pierre Martel