Par définition, tout ce que fait un parti politique est partisan. Une levée de fonds pour un parti, c’est une activité partisane puisque l’argent est le nerf de la guerre. Une conférence du chef du parti est une activité partisane puisqu’elle sert à promouvoir l’idéologie de son parti. Les interventions à l’Assemblée nationale ou à la Chambre des communes, sont des activités partisanes puisqu’elles visent à dénoncer les adversaires politiques ou servent à suggérer des améliorations législatives qui sont de nature à convaincre l’électorat du sérieux de la formation politique.
Aussi ai-je été très surpris d’entendre les reproches adressés à M. Duceppe d’avoir rémunéré le Directeur général du Bloc Québécois à partir des sommes versées par l’État fédéral à des fins parlementaires alors que — entre deux élections — la totalité des activités de cette formation politique est orientée vers sa vie parlementaire ou à la présence de ses députés dans leurs circonscriptions respectives (ce qui nourrit leur activité parlementaire).
Chaque chef de parti reconnu à la Chambre des communes se voit attribué un budget supplémentaire pour remplir des fonctions parlementaires « additionnelles ». Selon les documents de la Chambre des communes, les activités parlementaires sont définies comme étant « les obligations et activités qui se rattachent à la fonction de député, où qu’elles soient exécutées, y compris les affaires publiques ou officielles et les questions partisanes. »
Seules les « activités relatives aux intérêts commerciaux privés du député ou de sa proche famille » sont spécifiquement interdites de financement par les budgets de la Chambre des communes.
On comprendra donc que la campagne de dénigrement de Radio-Canada et de La Presse, sont des coups montés pour saboter les ambitions de M. Duceppe de devenir chef du Parti Québécois.
Hier soir, j’ai été estomaqué d’entendre l’ex-ministre Maxime Bernier s’indigner moralement face à cette affaire, lui pourtant rendu célèbre pour sa liaison avec une guidoune associée aux motards criminalisés.
Il suffit de se rappeler des sommes destinées à la tenue d’un sommet du G8 au Canada que le ministre conservateur Clement à détourné à la réfection des trottoirs de sa circonscription située à 30 km de l’événement pour juger de l’hypocrisie de ceux qui aujourd’hui font tout un drame de l’affaire Duceppe.
En attribuant un ordinateur portable à chaque député de sa formation politique, en lui fournissant papier, crayons, en payant ses frais de photocopieur, en négociant le loyer de son local de comté, le directeur général est un soutien à l’activité parlementaire du député.
On peut couper les cheveux en quatre et considérer son salaire comme une dépense administrative, mais cela m’apparait aussi tatillon que de refuser payer le salaire de la secrétaire du député à partir des fonds public sous le prétexte que ce n’est pas elle qui se lève en Chambre pour parler.
M. Duceppe n’a pas mis cet argent dans ses poches. Il s’en est servi pour rendre sa formation politique plus efficace : dans une démocratie comme la nôtre, nous avons tous intérêt à ce que les partis d’opposition soient performants.
De plus, la question n’est pas de savoir si on est d’accord ou non avec le fait que des fonds publics servent à rémunérer le DG d’un parti fédéral, mais plutôt de savoir si cela est interdit, ce qui n’est pas le cas. Alors où est le problème ?