Dix pays (en bleu) les plus dépendants de l’énergie nucléaire
Le Québec possède deux centrales nucléaires dont une seule en opération.
La première est Gentilly-1, mise en service en novembre 1970 en fermée dix ans plus tard. Victime d’une série de problèmes techniques, cette centrale n’a produit de l’électricité que pendant 183 jours.
La deuxième est Gentilly-2. Construite au coût de 1,5 milliard$, elle fut mise en service en 1983 et fonctionne toujours. Sa situation géographique — à proximité des centres de consommation de Montréal et de Québec — lui confère une importance particulière au sein du réseau électrique québécois, puisqu’elle permet de stabiliser la tension dans les lignes qui acheminent les grandes quantités d’énergie hydroélectrique produite dans les centrales du nord du Québec.
En 2009, l’électricité produite par la fission nucléaire ne constituait que 2,35 % de tous les approvisionnements d’Hydro-Québec. Alors que le coût moyen de production d’Hydro-Québec s’élevait à 2,14 cents par kilowatt-heure en 2010, un responsable de la division nucléaire d’Hydro-Québec affirmait en 2005 que le coût de production à la centrale de Gentilly-2 s’élevait à 6 cents le kilowatt-heure, soit d’avantage que le prix de vente au secteur industriel et à peine moins que le tarif résidentiel. En somme, Gentilly-2 n’est pas rentable.
Il est à noter que la France produit son énergie nucléaire à 0,0284 euro (3,9 cents) du kilowatt-heure. Donc ce qui est vrai pour le Québec ne l’est pas nécessairement pour ce pays.
En 2009, la dose de rejets atmosphériques de Gentilly-2 a été plus importante que par le passé. En 2010, le taux d’accidents de travail a dépassé les niveaux de 2006 à 2009. Toutefois, les évènements qualifiés de « rapportables » par Hydro-Québec sont restés stables depuis 2007.
De son côté, la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a réalisé sa propre enquête et a répertorié 32 lacunes, dont quatre sont jugées majeures.
Après plusieurs années d’études, le gouvernement Charest a annoncé la réfection de la centrale de Gentilly-2 au coût de 1,9 milliard$, ce qui prolongera sa vie utile jusqu’en 2035. Cette décision est sujette à l’approbation de la CCSN, dont la décision est attendue d’ici la fin de cette année.
Encore une fois, il s’agit ici d’un grossier gaspillage des fonds publics. Gentilly-2 n’est pas rentable, ne l’a jamais été et personne ne sait quand elle le deviendra. Aux coûts de sa réfection, il faut ajouter les coûts d’enfouissement des déchets radioactifs : plus on prolonge la vie de la centrale, plus on se retrouve avec des déchets à enfouir.
Ceux qui pensent que le plomb protège de la radioactivité doivent savoir qu’une paroi de plomb, épaisse de six pouces, ne bloque que 50% des rayons gamma. Donc toute la centrale est radioactive et sa radioactivité est proportionnelle avec la durée de son exploitation ; plus on attend, plus elle sera contaminée. Lorsque viendra le temps de la fermer, il faudra détruire et enfouir la totalité de la centrale dans les profondeurs de la terre.
Pour terminer, l’exploitation de l’énergie nucléaire à perte représente un manque à gagner annuel de millions de dollars en comparaison avec un investissement comparable dans d’autres types de production d’énergie.
Le directeur pour le Québec de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand, affirme que le secteur éolien a moins d’impact sur l’environnement et est devenu moins coûteux que le nucléaire.
Références :
Centrale nucléaire de Gentilly
Énergie au Québec
Est-ce la fin du nucléaire?
Hydro-Québec
Jour 1 des audiences publiques
L’énergie nucléaire au Québec
Questions sur le nucléaire : L’énergie nucléaire en France
Une coalition environnementale et politique réclame la fermeture de Gentilly-2
Parus depuis la publication de ce billet :
La CCSN renouvelle le permis de Gentilly-2 (le 29 juin 2011)
Décision de la CCSN sur Gentilly-2 après Fukushima (le 7 juillet 2011)
Cauchemar en vue (les 1er et 2 août 2012)
Gentilly or Not to Be – Pourquoi nous appuyons le Dr Notebaert (le 18 septembre 2012)