À moins que sa condamnation ne soit cassée en appel (ce qui est très improbable), Pierre Mailloux — surnommé Docteur Mailloux — ne pourra plus exercer la profession de psychiatre pour les deux prochaines années.
Ce personnage m’a toujours fasciné. D’abord pour son franc parler. À la radio, le Doc Mailloux entretenait une relation paternaliste avec ses patients, osant leur dire publiquement ses quatre vérités comme probablement aucun autre « psy » n’oserait le faire.
Habitué de faire face à l’adversité, l’ex-psychiatre Mailloux s’est entêté à pratiquer de manière « déviante » en prescrivant des doses élevées de médicaments, des doses qui ont déjà été à la mode il y a quelques années mais qui sont aujourd’hui jugées imprudentes aux yeux de la majorité de ses collègues, et surtout aux yeux de sa Corporation professionnelle.
J’ai développé pour Pierre Mailloux une profonde antipathie depuis le jour où celui-ci a prétendu, en tant que professionnel, qu’il était prouvé que les Noirs étaient moins intelligents que les Blancs.
Dans une lettre adressée en octobre 2005 à l’animateur Guy-A. Lepage, j’ai eu l’occasion de donner mon opinion à ce sujet. Je profite de la déchéance de M. Mailloux pour répéter mon opinion à ce sujet parce je crois que la lutte contre les préjugés et le racisme est un combat perpétuel.
La théorie selon laquelle l’esclavage aurait sélectionné des Noirs forts mais abrutis est une théorie séduisante mais qui ne repose sur aucun fondement scientifique.
En effet, les « études » prouvant la supériorité aryenne n’ont pas plus de valeur que celles concluant que la taille moyenne plus petite du cerveau des femmes prouve quoi que ce soit.
Les publications tendant à prouver l’infériorité des Noirs et des Indiens, sont propagées par la Droite américaine et servent de justification au racisme larvé toujours présent dans le « Jesus Land » où Blancs, Noirs et Indiens forment généralement des collectivités territorialement séparées.
On a tendance à croire que l’intelligence humaine est héréditaire : cela n’est pas prouvé. D’abord, précisons que les tests de Quotient intellectuel ne mesurent pas l’intelligence mais sont, strictement parlant, des indices de réussite scolaire.
Les études prouvent que, de manière générale, lorsque les deux parents ont des Indices de Réussite Scolaire (IRS) sous la moyenne, leurs enfants sont généralement eux-aussi sous cette moyenne, mais dans une moindre mesure. En d’autres mots, ils se rapprochent de cette moyenne.
À l’opposé, lorsque les deux parents dont les Indices de Réussite Scolaire (IRS) au-dessus de la moyenne, leur progéniture a généralement tendance à être au-dessus de la moyenne, mais dans une moindre mesure. Eux aussi se rapprochent donc de cette moyenne.
Appliqué aux collectivités, cela signifie concrètement qu’après quelques générations, tout déficit sans cause biochimique (c’est-à-dire non basé sur une maladie héréditaire) ou tout avantage aura disparu.
Voilà ce que prouve la science. Le Doc Mailloux s’est entêté à soutenir le contraire. Il recueille aujourd’hui ce qu’il a semé.
Parus depuis :
Le «Doc Mailloux» radié pour cinq ans (2012-10-20)
Pierre Mailloux frappe un mur en Cour supérieure (2013-05-30)