Le néo-libéralisme des gaz de schiste

Publié le 16 janvier 2011 | Temps de lecture : 3 minutes

À la demande du Ministère de la Santé et des Services sociaux, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a effectué une analyse l’état des connaissances sur les risques d’atteinte à la santé associés au gaz de schiste.

Dans un rapport préliminaire rendu public vendredi, l’Institut conclut qu’il n’existe pas suffisamment de données scientifiques actuellement pour tirer une conclusion à ce sujet.

Ce qui m’a intéressé, c’est la réaction de la ministre des Richesses naturelles du Québec. Celle-ci déclarait : « Écoutez, une vache émet plus de CO2 dans l’atmosphère qu’un puits ».

A-t-on dit à la ministre que dans le schiste, on veut extraire des gaz combustibles et non du gaz carbonique ? Sait-elle la différence entre les deux ? Sinon, elle risque de sous-estimer vachement les dangers de cette industrie.

De plus, son ministère s’est empressé d’ajouter que l’exploration des gaz de schiste permettra de combler le manque de données scientifiques à ce sujet. Cela est faux.

L’exploration des gaz de schiste n’a pas pour but de mesurer l’impact de cette activité industrielle sur l’environnement ou la santé. Si soudainement l’eau potable d’une ville devenait contaminée, on connait déjà la réaction de l’industrie : c’est de nier le rapport entre ses activités et la contamination observée. En somme, l’exploration a pour unique but de d’explorer, c’est-à-dire de déterminer où se trouve la ressource.

Le modèle de développement retenu par le gouvernement Charest relativement aux gaz de schiste est de privatiser la ressource mais d’étatiser les risques.

En principe, les richesses naturelles du Québec appartiennent à la nation québécoise. Même le sous-sol du terrain sur lequel votre maison est construit e ne vous appartient pas : il appartient à la province. Si l’industrie y découvre quelque chose et que Québec donne le feu vert à l’exploitation, c’est gratuit. Elle peut prendre ce qu’elle veut : il suffit de verser à l’État une redevance insignifiante de 2 % — non pas des ventes, mais des profits — alors que le reste sera distribué aux actionnaires répartis autour du globe. Bref, un pillage organisé de nos ressources naturelles orchestré par le gouvernement Charest.

Mais qu’arrivera-t-il si la nappe phréatique d’une municipalité devient impropre à la consommation en raison de la pollution par des gaz de schiste ? L’entreprise n’a qu’à fermer portes et les contribuables québécois seront pris à acheminer l’eau potable par camion-citerne pour l’éternité aux citoyens de cette municipalité ou, à défaut, à construire un aqueduc de plusieurs km afin de les approvisionner de nouveau en eau potable.

Bref, je ne suis pas contre l’exploitation de nos ressources naturelles. Mais pas selon le marché de dupes établi par le gouvernement Charest en faveur de ses amis libéraux à la tête de cette industrie.

Références :
Comme vous avez raison, Mme Payette!
Émanations de gaz de schiste
État des connaissances sur la relation entre les activités liées au gaz de schiste et la santé publique : rapport préliminaire
Gaz de schiste: trop de risques non évalués, dit la Santé publique
Impossible d’évaluer le risque du gaz de schiste
Je me sens seule

Paru depuis :
Carte interactive des forages d’hydrocarbures en sol québécois depuis 1860 (2013-04-21)

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Écrit par Jean-Pierre Martel