La légalisation de la prostitution au Canada

11 octobre 2010
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Dans son jugement du 28 septembre dernier, la juge Susan Himel de la Cour Supérieure de l’Ontario a déclaré inconstitutionnels trois articles du Code criminel du Canada entourant la prostitution. Ce sont les articles prohibant la sollicitation dans un lieu public, la tenue d’une maison close et la possibilité de vivre des fruits de la prostitution. En d’autres mots, cette juge a, de facto, décriminalisé la prostitution au Canada. Ce jugement a semé la controverse ; certains ont bien accueilli cette décision (portée depuis en appel) alors que d’autres l’ont condamnée.

Ce qui m’a incité à prendre position à ce sujet, c’est un éditorial du Devoir opposé la légalisation. J’ai été surpris de voir que certaines de celles qui prêchaient hier le droit des femmes de faire ce qu’elles veulent de leur corps — quand il s’agit de se débarrasser d’un fœtus — prêcher aujourd’hui qu’elles ne peuvent pas le louer. J’ai dû manquer une partie de la démonstration parce que cela ne me parait pas très logique. Oui ou non, les femmes ont-elles le droit de mener leur vie comme elles l’entendent ? Ultimement, ont-elles le droit de se tromper et de faire de mauvais choix ? Se sont-elles affranchies d’un pape romain pour devoir se soumettre aussitôt au dogme des papesses de la morale bourgeoise ?

Pour Marie-Andrée Chouinard du Devoir, cette forme d’exploitation sexuelle constitue une marchandisation du corps de la femme. À mon avis, cela est inexact. La femme qui se prostitue ne met pas en location le corps de toutes les femmes, mais seulement le sien. De manière analogue, si un homme se prostitue, cela n’appose pas un prix de location à mon corps à moi. S’il augmente son tarif, mon corps ne prend pas de la valeur. S’il se prostitue à rabais, cela n’a pas de répercussion ni sur moi, ni sur aucun autre homme. Donc madame Chouinard charrie.

Elle ajoute, au sujet des 33 femmes, majoritairement prostituées, assassinées en Colombie-Britannique par un tueur en série : « Ces victimes auraient-elles été épargnées dans une juridiction consacrant le règne des maisons closes légales avec réceptionniste, chauffeur, caméra vidéo et gardiens de sécurité? Il semble qu’on nage ici en pleine utopie. » Pas du tout. Si les prostituées qui exercent en maison close pouvaient choisir leur lieu de pratique comme les médecins le font, elles exerceraient leur métier de manière tout aussi sécuritaire que n’importe quel d’entre eux.

Lors de la sortie aux Pays-Bas du film The Postman, mettant en vedette Kevin Costner, on a loué le Yab Yum — le plus chic bordel d’Amsterdam (photo ci-dessus) — pour y inviter l’acteur américain et sa suite. Celui-ci était d’une humeur exécrable. S’est-il senti permis de passer sa contrariété sur les praticiennes qui s’y trouvaient ? En fait, oui. Mais pas au point de les battre ni de les blesser physiquement. Donc la prostitution sera toujours un métier difficile, légalisé ou non, mais sa légalisation permettra à certaines praticiennes de l’exercer dans des maisons closes de luxe, ce qui est impensable lorsque cette industrie est constamment menacée de perquisitions et de saisies.

D’un autre côté, pour celles qui sollicitent les clients potentiels sur la rue, la légalisation de la prostitution ne les protège pas d’un autre tueur en série. Toutefois, elle leur donne le pouvoir de s’opposer à une multitude d’abus dans l’exercice de leur métier.

Les hommes ont appris que lorsqu’une femme dit non, cela veut dire non. Mais beaucoup de clients de prostituées croient que parce qu’ils paient, ils ont tous les droits et ont droit à tout.

Avec la légalisation de la prostitution, quand une prostituée change d’avis au cours d’une prestation de service — parce qu’elle se rend compte que les exigences du client lui déplaisent ou pour toute autre raison — elle a le droit de refuser. Cela est impensable actuellement. Lorsqu’un client commence à battre une prostituée que peut faire celle-ci ? Aller se plaindre à la police ? Évidemment pas. C’est pourquoi beaucoup d’entre elles sentent le besoin de la protection d’un souteneur qui habituellement finit par abuser d’elles précisément parce qu’il sait qu’elles n’ont aucun recours. Avec la légalisation de la prostitution, les gardes du corps d’une prostituée deviennent ses employés et conséquemment, lui doivent le respect.

Et si une prostituée refuse de dispenser un service payé d’avance, que risque-t-elle ? La même chose qu’une commerçante de mauvaise foi. Quel client a le droit de battre une vendeuse parce qu’elle refuse de le rembourser ? Ce sera la même chose avec la légalisation de la prostitution. Dispensateurs et clients auront des moyens légaux de résoudre leurs conflits, d’où une diminution de la violence.

De plus, contrairement à une idée reçue, les prostituées n’entretiennent pas dans l’esprit de leurs clients l’idée que le corps de la femme est un objet de location. Le client a déjà la perception que certaines femmes sont à louer au moment où il entame la recherche d’une prostituée. Le consentement d’une d’entre elles ne fait que confirmer sa présomption de départ. Mais si toutes les femmes refusaient de se prostituer, ne serait-il pas forcé de changer d’avis ? Oui, très certainement. Mais quelles sont les probabilités que cela arrive ?

Pour Marie Charbonniaud de Châtelaine, des rapports sexuels impersonnels et répétés entraine une désensibilisation par rapport au corps et aux sentiments, ce qui peut mener à la dépression, voire au suicide (des prostituées). Hmmm… se peut-il que la toxicomanie, présente chez une bonne partie d’entre elles, soit la cause plus immédiate de ces suicides et que la dépréciation de l’estime de soi qu’entraine ce métier ne soit qu’un facteur contributif habituellement secondaire ?

Rose Dufour de la Maison Marthe écrit : « modifier les articles du Code criminel canadien dans ce sens donnerait aux proxénètes et aux acheteurs de sexe le droit constitutionnel et la légitimité de vendre nos femmes ». Je sens ici un peu d’exagération. Le jugement de la Cour suprême de l’Ontario ne permet pas de contraindre les femmes à faire quoi que ce soit contre leur gré. Il leur permet simplement de louer leur corps si elles le désirent.

Il est vrai que cela donne le feu vert à des entrepreneurs pour structurer cette industrie à leur profit. Lorsque j’ai visité Amsterdam en 2006, j’ai bien vu dans les vitrines des maisonnettes qui entourent l’église Oude Kerk, que les prostituées sont majoritairement slaves ou latino-américaines. Donc, on les a fait venir d’ailleurs pour répondre aux besoins d’une clientèle touristique, essentiellement.

La légalisation de la prostitution au Canada, risque-t-elle d’entrainer un phénomène similaire ? Sans aucun doute. Et après ? Que des touristes américains trouvent ici une liberté qui leur manque dans leur pays d’origine et qu’ils viennent ainsi contribuer à la prospérité de notre économie, est-ce si mal que cela ? Montréal a profité de la prohibition de l’alcool aux États-Unis au début du XXe siècle : pourquoi ne profiterions-nous pas de la manie actuelle de la Droite religieuse américaine de vouloir imposer ses valeurs morales puritaines à ceux qui ne les partagent pas ?

Ce qui compte, c’est la manière dont cette industrie sera encadrée. Voulons-nous voir des femmes aux seins nus dans des vitrines de magasin sur la rue Sainte-Catherine ? Voulons-nous être harcelés par des publicistes de l’industrie du sexe sur toutes les rues commerciales de la ville ? Au sortir de l’école, voulons-nous voir nos adolescentes se faire offrir des emplois bien rémunérés dans cette industrie ? Probablement pas. C’est ce qu’il faut prévoir maintenant. C’est pourquoi nous devons envisager cette légalisation d’un point de vue pragmatique et non idéologique.

Références :
La prostitution en Nouvelle-Zélande
Maisons closes: le débat est ouvert
Ontario – Un jugement ouvre la porte à la décriminalisation de la prostitution
Prostitution – Rien de banal!

Parus depuis :
Simone de Beauvoir souhaiterait une décriminalisation de la prostitution (2013-06-15)
Amnistie vote pour la décriminalisation de la prostitution et du proxénétisme (2015-08-11)
Le travail du sexe est souvent un choix, selon une recherche de l’Université de Victoria (2017-02-10)
Bilan sévère des effets de la loi de 2016 sur la prostitution (2018-04-12)
La prostitution, stratégie de survie dans le Montréal du XIXe siècle (2021-04-09)

Détails techniques de la photo : Canon Powershot G6 — 1/400 sec. — F/2,0 — ISO 50 — 7,2 mm

Post-scriptum : Trois ans après la rédaction de ce texte, la Cour suprême du Canada a confirmé — par un jugement unanime — que l’interdiction des bordels, du proxénétisme et la sollicitation était anticonstitutionnel au Canada.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Vidéotron et le financement obligatoire de la culture anglaise

8 octobre 2010

Préambule : Jusqu’ici, les billets de ce blogue ont fait l’objet de 18 commentaires de lecteurs. Malheureusement, la maquette que j’ai choisie pour mon blogue ne met pas suffisamment en valeur les avis exprimés. Or, parmi ceux-ci, un texte m’a paru particulièrement intéressant, au point que j’ai décidé de donner aujourd’hui la parole à son auteur.

Commentaire en réponse au texte « La défense du français et le peur de la réprobation internationale » par Christian Huot

« Ceux qui soutiennent le projet de loi 103 au nom de la liberté et de l’ouverture d’esprit me font penser à ces personnages de film qui chantent des cantiques et sèment des pétales de rose en se rendant à l’arène où ils seront dévorés par les lions. »

C’est vraiment curieux…

Ceux qui soutiennent le libre choix de la langue de l’éducation au Québec, ignorent volontairement que ce choix n’existe pas hors Québec. À l’exception des « ayant droit » de la minorité historique francophone, là où le nombre le justifie, tous fréquenteront les écoles collèges et universités anglophones.

Ils ignorent aussi volontairement que ce choix de la langue n’existe pas, non plus, à la culture audiovisuelle. C’est le secret le mieux gardé du Québec, tous politiciens et tous immigrants ou allophones confondus.

Le gardien de ce secret est nul autre que le câblodistributeur Vidéotron.

Au site du câblodistributeur, à la page du service de base «classique», tous les abonnés francophones et allophones recevront et payeront obligatoirement pour les canaux et chaînes de l’anglo-saxon canadien et américain.

ABC Plattsburgh (WVNY) * CBC Montréal (CBMT) * CBC News Network * CBS Burlington (WCAX) * CJNT Montréal CNN * Country Music television (CMT) CTV Montréal (CFCF-12) * Discovery Channel * FOX Burlington (WFFF) * Global Québec (CKMI) * NBC Plattsburgh (WPTZ) * PBS Plattsburgh (WCFE) * PBS Vermont (WETK) * Rogers Sportsnet East * The Learning Channel (TLC) The Sports Network (TSN) * YTV

Cela veut dire…

S’il y a 1,8 million d’abonnés à Vidéotron, il y a au moins 1,2 millions de francophones qui financent obligatoirement la langue et culture de l’anglo-saxon.

Qui paient mensuellement 53% de leur facture ou quelque 16,8 $ millions au câblodistributeur pour ces canaux et chaînes. Peut importe s’ils ne comprennent pas la langue et la culture et ne regardent jamais ces postes de l’anglo-saxon. Sinon pas de service.

Financer son remplacement et sa propre disparition par l’éducation et la culture dans une langue étrangère, dans sa terre natale, faut le faire. C’est extrêmement rare. C’est inexistant ailleurs parmi les peuples des 25 pays des trois Amériques.

Plus soumis volontairement à un régime ethniste et colonialiste que la majorité francophone du Québec, appelés Québécois, c’est impossible à trouver ailleurs au monde.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


En mémoire aux victimes des viaducs du Souvenir et de la Concorde

7 octobre 2010

En juin 2000, une poutre du viaduc du Souvenir, à Laval (une municipalité située au nord de Montréal), s’effondre sur une voiture, tuant Gilbert Vinson et blessant deux autres passagers. Personne n’a été tenu responsable de la catastrophe du Souvenir. Il y a bien eu des blâmes et des reproches, mais aucune accusation. La famille de Gilbert Vinson attend toujours des excuses publiques pour pouvoir faire le deuil de sa disparition, dix ans après l’effondrement.

Six ans plus tard, plus précisément le 30 septembre 2006, un autre viaduc s’effondre (toujours à Laval) tuant cette fois cinq personnes dont une femme enceinte. Ce viaduc, appelé viaduc de la Concorde, est un cas unique dans l’histoire du génie ; c’est le seul pont en béton au monde qui se soit effondré de lui-même, sans choc extérieur.

La Commission Johnson, créée pour faire la lumière à ce sujet, a révélé que l’armature d’acier du viaduc n’avait pas été installée conformément aux plans. Plus précisément, il y avait toute une rangée de tiges d’acier qui ne faisait pas la jonction avec le reste de l’armature du viaduc, créant une ligne de fracture et rendant l’effondrement inévitable. Mais à qui la faute ?

Au cours de l’enquête, le contractuel a blâmé le sous-traitant qui lui, a blâmé le sous-sous-traitant qui à son tour, a blâmé le sous-sous-sous-traitant, etc. Bref, tout le monde s’en a lavé les mains.

À mon avis, lorsqu’une entreprise obtient un contrat, elle est responsable de son exécution. Si cette entreprise choisit de déléguer cette tâche à quelqu’un qui ne mérite pas sa confiance, ceci est une erreur. Et la faute de toute erreur incombe à celui ou celle qui la commet. Dans ce cas-ci, l’erreur a été commise par l’entreprise qui, originellement, s’est vue octroyer le contrat.

Le reste ne m’intéresse pas ; si le contractuel principal, une fois condamné, veut poursuivre ceux à qui il a délégué l’exécution du travail, c’est son affaire. Mais il demeure au premier chef responsable des travaux qu’il avait promis d’exécuter.

Le plus pathétique dans cette affaire, ce n’est pas de voir toutes ces entreprises se blâmer les unes les autres : c’est de constater que Mathieu Goyette, Véronique Binette (sa conjointe enceinte), Gilles Hamel et son frère Jean-Pierre Hamel, de même que l’épouse de ce dernier, Sylvie Beaudet, sont morts pour rien.

En s’abstenant de prendre toute poursuite criminelle contre les responsables de la catastrophe du viaduc du Souvenir et de celle, plus meutrière, du viaduc de la Concorde, quel est le message que le gouvernement du Québec a lancé aux entreprises qui obtiennent des contrats publics ? Ce message, il est clair. Après avoir obtenu un contrat de l’État, épargnez sur la qualité des matériaux ou sur la qualité du travail effectué : même si vous tuez des gens, nous vous protègerons en ne déposant aucune accusation contre vous.

L’enquête que presque tous les Québécois réclament au sujet de l’industrie de la construction, est nécessaire pour responsabiliser les entrepreneurs québécois afin d’éviter la répétition de telles tragédies et pour savoir si cette impunité a eu une contrepartie.

Références :
Le fil des événements
Soupçons de négligence criminelle
Une très longue enquête
«Un 11-Septembre routier»
Viaduc de la Concorde

Paru depuis :
Viaduc de la Concorde: «Je suis très désolé», dit Couillard (2016-09-26)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le lapsus de Monsieur Charest

6 octobre 2010

Le Premier ministre du Québec, monsieur Jean Charest, anime une chronique hebdomadaire sur les ondes radiophoniques du 98,5.

Soucieux de promouvoir le développement économique du Québec, M. Charest y annonçait récemment, en grande primeur, la création d’une nouveau secteur industriel où le Québec a pris une avance considérable sur les autres pays développés, soit l’industrie de la corruption — à moins qu’il voulait parler de l’industrie de la construction, ce qui est pareil comme tout le monde le sait.

Jugez-en par vous-même…

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Gaz de schiste : à qui les milliards de dollars ?

5 octobre 2010

Je n’ai pas encore fait mon idée sur l’opportunité de l’exploitation du gaz de schiste québécois. Toutefois mon attention a été attirée par une déclaration de M. Raymond Savoie, ex-ministre libéral, devenu depuis président de Gastem, une compagnie qui a obtenu les droits d’exploration et de stockage sur 1,1 million d’acres dans les Basses-Terres du Saint-Laurent, la péninsule gaspésienne et les îles de la Madeleine.

Celui-ci a déclaré qu’advenant la nationalisation de l’industrie des gaz de schiste, le gouvernement devra rembourser à cette industrie la valeur de la ressource. Voilà qui est étonnant. J’apprends donc que pour certaines des personnes à qui le gouvernement Charest a accordé des permis d’exploration, tout le gaz de schiste qu’ils n’ont pas encore trouvé mais qu’ils pourraient découvrir, est déjà leur propriété.

À mon avis, les ressources naturelles du Québec appartiennent au peuple qui occupe ce territoire. Dans le cas des ressources énergétiques de la vallée du Saint-Laurent (où sont octroyés les permis d’exploration des gaz de schiste), ces ressources appartiennent collectivement au peuple du Québec, c’est-à-dire à nous tous.

Mais voilà que les petits amis libéraux de l’industrie se voient déjà propriétaires de la ressource. Advenant la nationalisation de leurs entreprises, il ne s’agirait pas simplement de rembourser les millions de dollars qu’ils ont consentis dans la recherche des gisements, mais plutôt de leur payer les milliards de dollars que vaut cette ressource.

Je ne connais pas les modalités du texte des permis d’exploration décernés par le gouvernement Charest, mais je serais très étonné qu’il ait donné — en échange d’une contribution à sa caisse électorale — la fortune que représente la propriété des gaz de schiste du Québec.

Pour l’instant, je présume qu’il s’agit d’un lapsus du président de Gastem et j’attends donc d’en savoir d’avantage avant de me faire une opinion définitive sur ce sujet.

Références :
Gaz de schiste – L’industrie pourrait poursuivre Québec
Les liens se multiplient entre les libéraux et l’industrie

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| 2003-2012 (années Charest), corruption, Politique québécoise | Mots-clés : , , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Power trip d’un grand niaiseux

4 octobre 2010

David Abitbol est un adulte. Il a 28 ans. Il est propriétaire de cinq armes à feu. Depuis une décennie, il a droit de vote et est considéré comme légalement responsable de ses actes.

Canoe.ca écrit qu’une recherche rapide sur Facebook lui a permis de constater que David Abitbol utilisait sur son profil le nom fictif de Darkman pour intimider ses connaissances, principalement d’anciens camarades de classe.

Une des citations préférées de celui qui se faisait aussi appeler Darkiller, est « Death is the only solution » (la mort est la seule solution). Cette citation est reprise sur sa page Facebook. On peut voir ci-dessus, une photo extraite de son profil Facebook et qui semble représenter une partie de son arsenal militaire.

Selon son propre témoignage : « On parlait de professeurs qu’on a eus au primaire. Il y avait des professeurs que personne n’aimait, alors là, j’ai dit : ouin, celui-là, il mérite de mourir. »

Monsieur Abitbol aurait ainsi ciblé deux ou trois professeurs et un ou deux anciens camarades de classe qu’il n’a pas revus depuis une quinzaine d’années. Il aurait aussi avoué à son ami qu’il possédait des armes à feu et qu’il se « préparait à la troisième guerre mondiale ». « C’était des niaiseries de même » a-t-il dit.

Rappelons que le tueur du Collège Dawson avait un comportement semblable.

Arrêté et détenu depuis quelques jours, on ne saura peut-être jamais si monsieur Abitbol était sérieux ou non. Personnellement, j’espère qu’on ne le saura jamais et que son arrestation servira de leçon à tous ceux qui se cachent derrière un pseudonyme pour dire n’importe quoi sur l’Internet.

Références :
Abitbol revient en cour
Arrêté pour avoir fait des menaces de mort sur Facebook, il se dit innocent
Facebook death threat suspect David Abitbol expected in court Monday
Menaces sur Internet: «C’était des niaiseries», dit l’accusé

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le maïs transgénique est-il inoffensif ?

3 octobre 2010

Préambule : Des variétés de maïs génétiquement modifiées poussent dans près de la moitié (51%) des champs de maïs québécois. Ce maïs transgénique n’est pas destiné à la consommation humaine, mais plutôt à l’alimentation du bétail et à la fabrication de carburant. Selon Statistique Canada, il s’agit d’un bond de 6 % pour 2006 et de 24 % depuis 3 ans.

Doit-on croire que le maïs transgénique n’est destiné qu’au bétail ? Il serait détourné vers la fabrication d’aliments destinés aux humains que rien n’oblige les producteurs à nous en informer. Qui peut dire si ses croustilles Tostitos sont faites à partir de farine de maïs génétiquement modifié ou non ?

Voilà pourquoi j’ai cessé il y a des années de consommer les aliments à base de farine de maïs.

Pour votre information, voici la traduction d’un article paru en page A2 de l’édition du mercredi 22 septembre 2010 du Shanghai Daily.


 
Le maïs pousse, mais les animaux en arrachent… (par Li Xinran)

C’est bien connu : les rats nuisent aux récoltes.

Mais cela n’est pas vrai là où pousse une variété de maïs développée par une succursale de la compagnie américaine Du Pont, selon les fermiers cités par l’agence chinoise de nouvelles Xinhua. C’est ce que confirme par exemple Liu Min, cultivateur à Zhangqing (situé dans le province de Shanxi), qui ne se rappelle pas d’avoir vu de rat dans ses champs depuis trois ou quatre ans. D’autres fermiers témoignent qu’effectivement, les rats se retrouvent seulement là où l’on entrepose du maïs ordinaire.

Néanmoins, des choses étranges surviennent au bétail dont l’alimentation est basée sur le maïs de marque Pioneer 335 (aussi appelé Xianyu 335) de la compagnie Pioneer Hi-Bred International Inc. Dans un nombre anormalement élevé de cas, les truies et les brebis avortent ou accouchent de prématurés. De plus, les porcs, les moutons et les chiens éprouvent des problèmes rénaux et hépatiques.

C’est dans le province de Shanxi qu’est principalement concentrée la production de maïs en Chine. Mais les souches indigènes y sont de moins en mois cultivées : les cultivateurs les abandonnent au profit du Pioneer 335, qui accroit la productivité des sols et dont la teneur protéique est plus élevée que celle du maïs ordinaire.

Développé en Chine en 2000 et commercialisé surtout depuis 2004, le Pioneer 335 est de plus en plus utilisé dans cette région. Cette année, cette variété de maïs à été ensemencée sur trois millions d’hectares de terre en Chine, soit le dixième de la superficie totale du pays consacrée au maïs.

Pioneer Hi-Bred International Inc nie que sa variété de maïs soit un organisme génétiquement modifié (OGM). Toutefois, selon le brevet publié sur l’Internet par les autorités américaines, une variété souche nommée PH4CV, utilisée dans l’élaboration du Pioneer 335, est un OGM.

Selon un informateur anonyme travaillant pour la compagnie, des anomalies chez l’animal sont plausibles puisque des études ont révélé que des dommages rénaux, hépatiques ou immunitaires peuvent survenir chez les animaux nourris avec des OGM.


Post-scriptum : Au départ, l’intention de Pioneer était sans doute de développer une variété de maïs plus résistante ayant une teneur plus élevée en protéine.

Par inadvertance, a-t-elle mis au point un maïs toxique pour les animaux, et par ricochet, dangereux pour les humains ? C’est ce que suggèrent l’article du Shanghai Daily et les autres journaux donnés en référence (qui se sont probablement tous inspirés d’un même communiqué d’une agence de nouvelles chinoise).

Si cette nouvelle est exacte, on peut s’attendre à ce que cette variété de maïs soit éventuellement interdite en Chine. Toutefois, à cause de la lenteur dont font parfois preuve les autorités sanitaires de ce pays, ce pourrait être lorsque des problèmes de toxicité apparaitront dans la population chinoise.

D’ici là, lorsque vous mangez des aliments à base de farine de maïs, qui peut dire si cette farine vient de Chine et a été faite à partir d’épis de Pioneer 335 ou si cette farine vient du Québec ?

Références :
A Comparison of the Effects of Three GM Corn Varieties on Mammalian Health
Companies Accused of Selling Genetically Modified Corn Seeds
Corn thrives, but animals don’t
Foreign seeds cause worries over food safety
Pioneer Hi-Bred International

Paru depuis :
‘A new era’: China embraces GM corn, soybeans after years of heated debate (2023-10-20)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les millionnaires chinois

1 octobre 2010
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Publié en avril 2010, le Rapport Hurun analyse la distribution de la richesse en Chine.

Il y a 875,000 millionnaires dans ce pays, une augmentation de 6,1% par comparaison avec l’an dernier. Pour se qualifier à titre de millionnaire dans ce rapport, une personne doit posséder une richesse évaluée à au moins dix millions de yuans, soit 1,5 million de dollars canadiens ou 1,08 millions d’euros. Dans l’évaluation de leur fortune, on tient compte des investissements, des entreprises, des valeurs mobilières, des oeuvres d’art, etc.

Près de la moitié d’entre eux (48%) vivent dans l’une des trois villes suivantes : Beijing (151,000), Guangdong (145,000) et Shanghai (122,000).

Les millionnaires chinois ont une moyenne d’âge de 39 ans (15 ans de moins que les millionnaires étrangers) et 30% sont des femmes. Ils collectionnent les montres de collection (de marque Cartier, Bvlgari et Montblanc particulièrement) et les œuvres d’art traditionnel de Chine. Ils possèdent en moyenne trois voitures et 4,4 montres de luxe. Leurs loisirs sont principalement les voyages, le golf et la natation. Ils prennent 16 jours de vacances par année. Le tiers ne boit pas d’alcool et près de la moitié sont non-fumeurs.

Pour l’éducation de leurs enfants, ils préfèrent les lycées anglais et les universités américaines.

55,000 d’entre eux valent dix fois plus (soit au moins cent millions de yuans ou 15 millions de dollars canadiens ou 10,8 millions d’euros). Quant à ceux qui possèdent au moins un milliard de yuans (soit 150 millions de dollars canadiens ou 108 millions d’euros), ils sont au nombre de 1,900. Finalement, 130 Chinois possèdent une fortune évaluée à plus de dix milliards de yuans (soit 1,5 milliard de dollars canadiens ou 1,08 milliard d’euros)

Seuls les États-Unis comptent plus de millionnaires que la Chine.

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Écrit par Jean-Pierre Martel