La défense du français et le peur de la réprobation internationale

Le 29 septembre 2010

Je ne connais pas de peuple qui pratique la politique de la cafétéria en matière linguistique. En France, l’école publique est française. En Italie, elle est italienne. En Allemagne, elle est allemande. En Belgique et en Suisse, c’est selon la région linguistique ou le canton dans lequel on s’établit. Même dans les provinces anglophones du Canada, l’accès à l’école française est limité là où le nombre le justifie. Or cela n’est jamais justifié ailleurs que là où les minorités françaises sont déjà présentes. Bref, la cafétéria linguistique, c’est une vue de l’esprit.

Pourtant, certaines personnes invoquent la crainte d’un vote de blâme de l’ONU pour justifier leur appui au projet de loi 103 du gouvernement Charest. Mais d’où vient donc cette crainte ?

L’ONU est une grosse boite dans laquelle siègent quotidiennement des dizaines de comités. Ces comités adoptent annuellement des milliers de résolutions et de rapports. On y distribue les votes de félicitation ou les votes de blâme aussi facilement qu’on distribue de café chez Tim Horton. Et parmi ces milliers de résolutions, le Québec a été blâmé — par un comité de l’ONU dont plus personne ne se rappelle du nom — pour avoir invoqué la clause nonobstant de la constitution canadienne afin de limiter l’affichage commercial anglais au Québec. Big deal !

En réalité, ce vote reflète l’activité diplomatique du gouvernement fédéral canadien (opposé à cette législation québécoise) et l’absence de représentation du Québec à l’ONU. C’est tout. Évidemment tous les blogueurs hostiles au Québec s’en sont donné à coeur joie mais tout ce grenouillage n’a pas d’importance. Si nous avons le choix entre recevoir un vote de blâme d’un comité de l’ONU ou disparaitre comme peuple, je ne vois pas comment on peut hésiter.

Incidemment, rappelons que le Canada, lui, est critiqué pour son refus de signer la Déclaration des droits des peuples autochtones, ce qui n’empêche pas M. Harper de dormir.

Le Québec a déjà fait l’expérience du libre choix de la langue. En effet, en 1969, le gouvernement québécois de l’Union nationale (un parti politique aujourd’hui disparu — devinez pourquoi) adoptait une loi qui laissait aux parents le libre choix de la langue d’enseignement de leurs enfants.

Le résultat fut que les immigrants au Québec choisirent massivement d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise. Je ne les blâme pas : à leur place, j’aurais fait pareil. Les Québécois francophones ont alors réalisé que s’ils ne voulaient disparaitre comme peuple, ils devaient cesser de financer, par le biais de l’école publique anglaise, leur propre extinction. D’où la loi 101.

Ceux qui soutiennent le projet de loi 103 au nom de la liberté et de l’ouverture d’esprit me font penser à ces personnages de film qui chantent des cantiques et sèment des pétales de rose en se rendant à l’arène où ils seront dévorés par les lions.

Références :
Le français en péril — Premier de trois volets
Le français en péril — Deuxième de trois volets
Le français en péril — Les solutions

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Un commentaire à La défense du français et le peur de la réprobation internationale

  1. Christian dit :

    « Ceux qui soutiennent le projet de loi 103 au nom de la liberté et de l’ouverture d’esprit me font penser à ces personnages de film qui chantent des cantiques et sèment des pétales de rose en se rendant à l’arène où ils seront dévorés par les lions. »

    C’est vraiment curieux…

    Ceux qui soutiennent le libre choix de la langue de l’éducation au Québec, ignorent volontairement que ce choix n’existe pas hors Québec. À l’exception des « ayant droit » de la minorité historique francophone, là où le nombre le justifie, tous fréquenteront les écoles collèges et universités anglophones.

    Ils ignorent aussi volontairement que ce choix de la langue n’existe pas, non plus, à la culture audiovisuelle. C’est le secret le mieux gardé du Québec, tous politiciens et tous immigrants ou allophones confondus.

    Le gardien de ce secret est nul autre que le câblodistributeur Vidéotron.

    Au site du câblodistributeur, à la page du service de base «classique», tous les abonnés francophones et allophones recevront et payeront obligatoirement pour les canaux et chaînes de l’anglo-saxon canadien et américain.

    ABC Plattsburgh (WVNY) * CBC Montréal (CBMT) * CBC News Network * CBS Burlington (WCAX) * CJNT Montréal CNN * Country Music television (CMT) CTV Montréal (CFCF-12) * Discovery Channel * FOX Burlington (WFFF) * Global Québec (CKMI) * NBC Plattsburgh (WPTZ) * PBS Plattsburgh (WCFE) * PBS Vermont (WETK) * Rogers Sportsnet East * The Learning Channel (TLC) The Sports Network (TSN) * YTV

    Cela veut dire…
    S’il y a 1,8 million d’abonnés à Vidéotron, il y a au moins 1,2 millions de francophones qui financent obligatoirement la langue et culture de l’anglo-saxon.

    Qui paient mensuellement 53% de leur facture ou quelque 16,8 $ millions au câblodistributeur pour ces canaux et chaînes. Peut importe s’ils ne comprennent pas la langue et la culture et ne regardent jamais ces postes de l’anglo-saxon. Sinon pas de service.

    Financer son remplacement et sa propre disparition par l’éducation et la culture dans une langue étrangère, dans sa terre natale, faut le faire. C’est extrêmement rare. C’est inexistant ailleurs parmi les peuples des 25 pays des trois Amériques.

    Plus soumis volontairement à un régime ethniste et colonialiste que la majorité francophone du Québec, appelés Québécois, c’est impossible à trouver ailleurs au monde.

    CH

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