Impressions de Chine (1re partie) : Les Chinois

Publié le 11 janvier 2010 | Temps de lecture : 3 minutes


 
Ce qui m’a le plus surpris dans mon voyage en Chine, c’est l’amabilité des Chinois. Quelqu’un m’avait dit qu’ils étaient xénophobes. S’ils l’ont déjà été (sous Mao peut-être), ils ne le sont plus. Partout, ceux que j’ai rencontrés furent particulièrement aimables, non seulement dans les hôtels et les restaurants, mais également sur la rue. Moi qui voulais photographier des gens (ce qui est légalement très difficile au Québec et en France), des ados et des enfants m’arrêtaient pour me demander de les prendre en photo.

Les citadins ont notre taille, que ce soit les jeunes adultes, leurs parents et leurs grands-parents. Cela signifie que les Chinois mangent à leur faim depuis au moins trois générations. Par contre, de toute ma vie, je n’ai jamais vu autant de bossus et de gens courbés qu’à la campagne chinoise. Tout comme les haltérophiles sont plus petits en raison de la compression de leurs vertèbres, les paysans qui transportent bois de chauffage et récoltes sur leurs épaules sont plus petits que nous.

Je n’ai pas vu de perçage au cours de mon voyage. De plus, en raison de la température froide, les chinois que j’ai rencontré étaient chaudement vêtus : je ne peux donc pas certifier que le tatouage est inexistant, mais seulement que je n’en ai pas vu. Par contre, j’ai rencontré quelques personnes dont la chevelure était teinte en brun, ce qui se remarque facilement dans une foule où toutes les autres personnes l’ont noire.

Il souffle en Chine un vent d’optimisme. Les gens ne se promènent pas avec un sourire imprimé au visage mais dégagent néanmoins une confiance en l’avenir. La croissance annuelle de 8,5% dont bénéficie la Chine n’atteint probablement pas toutes les classes sociales de manière égale; les paysans ont certainement moins, ceux des villes d’avantage et ceux des grands ports d’exportation encore plus. Bref, les jeunes, tout spécialement, envisagent généralement l’avenir avec optimisme. Regardez-les dans mes vidéos sur la Chine : celles-ci sont éloquentes.

Y a-t-il un problème d’obésité dans ce pays ? Non, il y a un problème d’obésité au Québec, pas en Chine. Et non, les Chinois ne crachent pas par terre : il y en a sûrement qui le font, mais je n’en ai pas vu.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Impressions de Chine (2e partie) : La Chine et l’Occident

Publié le 11 janvier 2010 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Les Chinois sont fascinés par l’Occident. Depuis des années, la Chine est engagée dans un processus d’occidentalisation. Depuis trente ans, les textes chinois sont imprimés de gauche à droite — tout comme les nôtres — et non plus de haut en bas, comme ce fut le cas pendant des millénaires.

Depuis cinq ans, on enseigne l’anglais dans les écoles chinoises. Cette politique est-elle suivie jusque dans le fin fond de la Chine? J’en doute, mais c’est probablement le cas dans toutes les grandes villes. La Chine se prépare donc le mieux possible à la mondialisation des échanges commerciaux.

Partout, dans les villes que nous avons visitées, les ados et les jeunes adultes s’habillent à l’occidentale. Les copies de vêtements griffés sont dans toutes les boutiques à la mode et les rues commerciales sont noires de monde.

Lors de notre croisière sur le Yangzi, je me suis amusé à regarder la télévision chinoise. Aux heures de grande écoute, tout ce que j’ai vu s’apparente à nos émissions, comme par exemple les versions chinoises d’American Idol, d’Entertainment Tonight et de Deux filles le matin (en fait, ce sont plutôt vingt filles le matin, là-bas). Quant aux réclames télévisées, elles sont colorées, vivantes, et mettent en vedette des acteurs beaux et souriants. Vous pouvez en juger par vous-même en regardant la fin de mon vidéo « Chine 08 à 10 : Croisière sur le Yanzi ».

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Impressions de Chine (3e partie) : La pollution

Publié le 11 janvier 2010 | Temps de lecture : 4 minutes
Parc olympique de Beijing, le 7 octobre 2009 à 11h04

Quel choc ! Je savais que Beijing était pollué mais rien jusqu’ici dans ma vie ne m’avait préparé à ce que j’allais voir dans la capitale chinoise : un smog inodore, laiteux, qui laisse un film de poussière sur les voitures, sur la végétation et sur toute surface plate, qui permet de regarder le soleil de face pendant plusieurs secondes sans empreinte sur la rétine, et qui prive presque les gens de leur ombre.

À titre d’exemple, la photo ci-dessus n’a pas été prise peu après la levée du jour (alors que le soleil n’aurait pas eu le temps de dissiper les brumes de l’aurore), mais plutôt à 11h05 du matin.

À mon retour, si on m’avait prêté une Bible, j’aurais juré avoir connu trois jours de smog continu à Beijing. Lorsque je regarde mes photos et mes vidéos, elles me contredisent : il semble que le soleil a percé ça et là mais je n’en ai conservé aucun souvenir. En fait, l’air n’est véritablement devenu propre qu’au sixième jour de mon voyage, le matin du départ de Xi’an : cette nuit-là, un vent de Sibérie a fait chuter les températures et a nettoyé l’air.

Aux actualités, lorsqu’on nous montre des Chinois portant un masque, nous pensons qu’ils sont atteints de la grippe ou, au contraire, qu’ils souhaitent s’en protéger. Il ne nous vient pas à l’esprit que ce puisse être dans le but de se protéger de la pollution. Mais lorsqu’on est sur les lieux, la raison paraît évidente. Ceci étant dit, moins de 5% des Pékinois portent un masque.

Notre guide de Chongqing nous a déclaré que certains citoyens de cette ville n’ont jamais vu de ciel bleu de leur vie.

Au sujet de la pollution spectaculaire de Beijing, ce qui me rassure, c’est que les dirigeants chinois et leurs familles la respirent. Je ne vois pas de meilleure motivation que l’état de santé de leurs enfants pour les inciter à travailler à améliorer la qualité de l’air de leur ville.

La montée des eaux du Yangzi, causée par le Barrage des Trois gorges, a englouti des centaines de villages riverains. Des millions de tonnes de matière organique sont en suspension dans l’eau de ce fleuve et de ses affluents. Dans quelques années, toutes ces particules se seront déposées au fond du fleuve, mais pour l’instant l’eau du Yangzi est vert laiteux.

Par contre, des parties de la Chine m’ont apparues comme des paradis inviolés. Lors d’une croisière sur la rivière Li, on pouvait voir des bateliers faire la récolte d’algues. Non pas ces algues laineuses brunes verdâtres comme celles des rivières polluées du Québec, mais des algues lustrées filiformes qu’on nous sert au restaurant. Je vous invite à voir la vidéo Chine16 — La rivière Li qui montre la pureté exceptionnelle des eaux de ce cours d’eau.

Compléments de lecture :
Des millions d’internautes chinois se rebiffent contre la pollution
Pollution record à Pékin

Parus depuis :
La Chine injecte 275 milliards pour combattre la pollution de l’air (2013-05-25)
En Chine, la mégalopole Harbin paralysée par la pollution (2013-10-21)
Schoolchildren ordered indoors as air pollution cloaks Shanghai (2013-12-06)
Nouvel épisode d’«airpocalypse» à Pékin (2014-01-16)
Pourquoi l’action climatique de la Chine nous concerne tous (2021-11-01)

Détails techniques de la photo : 
Panasonic GH1, objectif Lumix 14-45mm — 1/250 sec. — F/5,6 — ISO 100 — 16 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Impressions de Chine (4e partie) : Les problèmes sociaux

Publié le 11 janvier 2010 | Temps de lecture : 2 minutes


 
Dans toutes les grandes villes, de très nombreux appartements (des premiers étages, essentiellement) ont leur balcon protégé par une grille, suggérant la crainte du vol par effraction. Parfois les blocs appartements de quadrilatères entiers sont ainsi protégés. De plus, j’ai vu quelques sans-abris lors de mon voyage.

Malgré cela, voyager en Chine est très sécuritaire. Lorsqu’une région ne l’est pas, le gouvernement chinois y interdit le tourisme. Au cours de mes trois semaines dans ce pays, je me suis offert des bains de foule, j’ai côtoyé des milliers de Chinois, je me suis promené le soir dans des rues mal éclairées et pourtant, jamais je ne me suis senti en danger. Et ce, en dépit du fait que j’avais toujours en ma possession un appareil photo voyant — un Panasonic GH1 — qui vaut à lui seul, trois mois de salaire d’un travailleur moyen en Chine.

Dans cette section consacrée aux problèmes sociaux, je me dois d’aborder les conditions de vie pénibles des paysans et des retraités.

De manière générale, les maisons des paysans ne sont pas chauffées. En annexe, la cuisine l’est lorsqu’on y prépare des aliments. L’électricité sert à alimenter une petite télévision cathodique, une ampoule électrique par pièce et à une petite chaufferette qu’on allume lorsqu’on en a assez du froid.

Le thé qu’on offre au visiteur ou au membre de la famille qui arrive à la maison, est une coutume autant qu’une nécessité évidente durant la saison froide. Quant aux retraités, ils occupent les vieilles maisons exiguës que nous, touristes, trouvons si pittoresques mais qui sont dépourvus de confort moderne.

Paru depuis : Chine – Une lutte des classes à refaire (2013-01-23)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Impressions de Chine (5e partie) : Pragmatisme des dirigeants chinois

Publié le 11 janvier 2010 | Temps de lecture : 4 minutes


 
La deuxième chose qui m’a le plus surpris en Chine, c’est le pragmatisme des dirigeants de ce pays. De nos jours, la Chine n’est communiste que dans la mesure où le Parti communiste y assume seul le pouvoir politique et que l’économie y est dirigée par l’État. Si pour vous, communisme = égalitarisme, oubliez cela; la Chine, pourtant un pays pauvre, compte plus de millionnaires qu’aucun autre pays à part les États-Unis. De plus, les Chinois n’ont pas le même accès aux ressources de la Nation. L’exemple le plus évident est celui de l’électricité.

Si vous êtes émerveillés par Times Square à New York, vous n’avez rien vu : allez à Shanghai ou à Hong Kong. La nuit, ces deux villes sont inondées par une orgie de néons et de lumières de toutes sortes. Par opposition, nous avons traversé en autobus des villages où les rues ne sont éclairées que par les phares des autos qui y circulent. On y distingue donc la silhouette des piétons qui marchent dans des rues sans lampadaire.

Les délestages sont fréquents. Au cours d’une de nos visites dans un magasin de luxe, nous avons été plongés dans l’obscurité la plus totale pendant environ deux minutes — en fait, avant que les génératrices ne prennent la relève — alors que des bijoux précieux étaient exposés devant nous sur les comptoirs.

En regardant mes vidéos, remarquez les enseignes au néon : il y en a peu hors des grandes villes. Généralement, les enseignes sont des panneaux de bois aux lettres dorées sculptées en creux sur fond noir, le tout éclairé par une ampoule incandescente d’intensité moyenne.

Lorsqu’on traverse la campagne chinoise en autobus, il est difficile de distinguer parmi les bâtiments, ce qui correspond à des maisons, des remises, des abris ou des granges, tellement tout semble pauvre. On finit par savoir où habitent les paysans par la lumière incandescente de faible intensité qui s’allume au début de la nuit (c’est-à-dire après la brunante). En d’autres mots, on allume la lumière que lorsqu’on y voit à peu près plus rien.

Quelques villes (dont Shanghai) doivent leur prospérité actuelle aux zones économiques spéciales crées par l’État. Il s’agit d’expériences limitées visant à autoriser le capitalisme en Chine. Sous Mao, cela aurait été impensable.

Même si l’image du « Grand timonier » (Mao Zedong) figure sur tous les billets de banque (sauf le demi yuan), même si le portail principal de la Cité interdite arbore son portrait, même si on doit attendre plus d’une heure avant d’entrer dans son mausolée sur la Place Tian’an men, Mao n’est plus aujourd’hui qu’une figure unificatrice de la Chine, immensément populaire surtout chez les paysans. Par contre, chez les intellectuels et les membres du parti communiste, il est de bon ton de critiquer ses politiques économiques désastreuses. Cela est non seulement permis : cela est encouragé puisque les politiques économiques actuelles du gouvernement sont à l’opposé de celles de Mao. Rappelons que plusieurs parmi les plus hauts dirigeants actuels de la Chine ont été persécutés sous la Révolution culturelle.

En réponse à une question, notre guide de Beijing a abordé la délicate question du massacre de la Place Tian’anmen, survenu en 1989. En substance, son argument disait : « Comparez la Chine et la Russie. Après avoir subi une révolution démocratique, la Russie est l’ombre de ce qu’elle était, livrée aujourd’hui à la pègre et au chaos. Assurer la cohésion et le progrès d’un pays immense et diversifié, peuplé de plus d’un milliard de personnes, cela demande parfois qu’on fasse preuve d’autorité. Voyez le résultat.»

On peut être d’accord ou non avec cet argumentation mais en l’entendant, je n’ai pu m’empêcher de me rappeler des quatre étudiants de l’Université Kent tués en 1970 par la Garde nationale américaine alors qu’ils protestaient contre la guerre au Vietnam, ou les quatorze manifestants pour les droits civiques abattus froidement, le 30 janvier 1972 à Londonderry (en Irlande du Nord), par les forces de l’ordre britanniques, ou les dizaines — ou les centaines — d’Algériens battus à mort ou noyés par la police française au cours d’une manifestation pacifique organisée par le FLN, le 17 octobre 1961 à Paris.

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Impressions de Chine (6e partie) : Impérialisme appréhendé

Publié le 11 janvier 2010 | Temps de lecture : 3 minutes

Notre guide de Beijing
 
En boutade, notre guide de Beijing nous a déclaré que l’ambition de son pays est qu’au lieu de « Made in China », les produits chinois portent un jour la mention « Made by China ». La nuance, c’est qu’au lieu d’être des exécutants, les Chinois aspirent à développer de nouvelles technologies et devenir les meilleurs au Monde. Il nous a donné l’exemple d’un train à grande vitesse (TGV) en construction, conçu par des firmes chinoises, et qui deviendra le plus rapide au Monde, alors que le premier TGV en Chine était de technologie française.

Dans cet exemple-ci, la Chine suit l’exemple du Québec dont le premier métro était construit selon une technologie française que Bombardier exporte aujourd’hui à travers le Monde.

Pendant des siècles, la Chine fut la première puissance mondiale. Aujourd’hui, les États-Unis représentent environ vingt pourcent de l’économie mondiale : dans le cas de la Chine, ce fut déjà 25%, à l’époque où caravaniers et marins transportaient les épices, la soie et la porcelaine chinoises aux quatre coins du Monde. Durant toute cette époque, la Chine n’a jamais cherché à exporter son modèle hiérarchisé d’organisation sociale (Empereur, mandarins, fonctionnaires choisis par examens parmi les lettrés) mais s’est plutôt contenté de s’enrichir aux dépends de ses clients.

Pendant toute son histoire, la Chine n’a cherché à exporter son mode de gouvernement que sous le règne de Mao. C’est sous son règne que la Chine s’est emparée du Tibet et qu’elle a financé des révolutionnaires en Afrique et en Asie. Aux autres époques, lorsque le territoire chinois s’est agrandi, c’est lorsque des peuples voisins nomades (ex.: Mongols) ont fait la conquête de la Chine, et non l’inverse. C’est un euphémisme que de dire qu’à travers son Histoire, la Chine n’a pas été favorisée par les conflits armés dans lesquels elle était impliquée.

Aujourd’hui, lorsqu’on invite la Chine à faire pression sur les pays auprès desquels elle s’approvisionne (surtout en pétrole), les dirigeants chinois refusent en invoquant cette tradition millénaire de non-intervention dans les affaires intérieures des autres pays.

Ce refus irrite beaucoup de dirigeants occidentaux. Personnellement, il me rassure puisqu’il signifie que lorsque la Chine deviendra la première puissance économique (donc militaire) du Monde, elle pourrait bien se contenter de garnir ses coffres d’or sans chercher à imposer ses vues sur nous. Dans ce sens, rappelons que le déficit du Trésor américain est principalement financé par la Chine sans que les États-Unis se soient engagés à devenir communistes. Ceci étant dit, je ne vois pas comment la Chine, devenue première puissance mondiale, pourra éviter de jouer un rôle pacificateur lorsqu’un conflit menacera la stabilité de ses échanges commerciaux.

Pour terminer, je suis conscient qu’un bref séjour de trois semaines en Chine ne me confère pas d’autorité à prédire l’avenir de ce pays. Néanmoins, tout ce que je peux dire, c’est que je suis parti pour la Chine rempli de préjugés et que j’en suis revenu beaucoup plus rassuré qu’inquiet, face à l’avenir.

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Écrit par Jean-Pierre Martel