Introduction
Les États-Unis entretiennent avec le Canada une relation qui relève principalement du colonialisme économique.
À l’exception de l’industrie automobile, nos voisins du Sud achètent principalement nos ressources naturelles et nous vendent des services; l’hébergement des données, les services financiers, les appareils médicaux, l’hébergement touristique (chez eux), la vidéo sur demande, la musique en continu, etc.
En 2024, l’excédant commercial avec les autres pays relié au secteur tertiaire (celui des services) a rapporté aux États-Unis près de 300 milliards de dollars.
Par manque total d’originalité, nos politiciens préconisent une riposte aux tarifs imposés par Trump en ciblant exclusivement l’importation de certains biens physiques américains et donc, en oubliant complètement ce qui fait la force de l’économie américaine; son secteur tertiaire.
Les logiciels américains
Au Canada, les logiciels sont considérés comme des œuvres littéraires, soumises aux droits d’auteur.
Pour un roman ou une composition musicale, cette protection dure toute la vie de l’auteur ou du compositeur, et s’étend jusqu’à 70 ans après sa mort.
Puisqu’un logiciel est rarement l’œuvre d’une seule personne, ses droits appartiennent généralement à une société. Dans ce cas, ils durent 70 ans à partir de la date à laquelle le logiciel a été rendu public.
Cette durée est excessive si on compare cette protection à celle offerte aux brevets pharmaceutiques, soit vingt ans à compter du dépôt de la demande de brevet.
Lorsqu’on lit le code source d’un logiciel, il est impossible de savoir qui l’a écrit. En d’autres mots, il n’existe pas d’Émile Zola ou de Victor Hugo du code informatique.
S’il est possible de faire preuve de créativité en concevant l’interface d’un logiciel, l’écriture du code derrière cette interface sera bientôt réalisée par intelligence artificielle.
D’où l’intérêt de revoir la durée excessive qui leur est accordée.
De nos jours, les droits d’utilisation d’un logiciel s’obtiennent par abonnement. Ce qui oblige leurs utilisateurs à payer chaque année des frais, même si les améliorations apportées par l’éditeur du logiciel sont minimes.
Et si on veut utiliser les versions antérieures — qu’on pouvait utiliser gratuitement à perpétuité après l’achat — cela est impossible puisque les éditeurs ont sciemment évité de les améliorer (moyennant les frais d’une mise à niveau) de manière à les rendre compatibles avec les systèmes d’exploitation les plus récents.
Évidemment cette obsolescence fait de l’industrie logicielle une grosse vache à lait pour Silicon Valley qui draine des milliards de dollars vers les États-Unis.
D’où l’intérêt, pour le Canada de s’allier avec l’Union européenne afin de raccourcir la protection dont jouit les logiciels et de permettre aux logiciels tombés plus tôt dans le domaine public d’être l’objet d’un processus d’ingénierie inverse destiné à leur permettre de rouler sous les systèmes d’exploitation actuels.
Conclusion
L’idéal face aux taxes douanières de Trump, c’est une riposte d’Ottawa ciblant le secteur tertiaire américain (les logiciels, par exemple), en association avec un boycott spontané du public canadien contre les biens physiques américains. Un boycott que les consommateurs d’ici font déjà très bien et contre lequel Washington est impuissant.
Les oligarques de la nouvelle économie américaine sont les piliers de l’administration Trump. C’est à eux qu’il faut s’attaquer puisqu’ils sont les seuls capables de faire vibrer les colonnes du temple.
Or il n’y a pas lieu de craindre leurs représailles; leurs entreprises sont des colosses aux pieds d’argile dont leur valeur capitalisée fond actuellement comme neige au soleil.
Ils ont donc intérêt à faire profil bas pour ne pas stresser davantage leurs investisseurs et, derrière des portes closes, travailler plutôt à convaincre Trump d’abandonner sa guerre commerciale. Une guerre que les États-Unis perdront de toute manière puisqu’au final, elle jette les amis du peuple américain dans les bras de la Chine.
Références :
Droits de propriété intellectuelle sur les logiciels au Canada
Riposte aux droits de douane : les services américains, une cible potentielle
Paru depuis : China may weaponise service trade to hit back against US tariffs (2025-04-09)