L’affaire Raïf Badawi : le toupet de l’Arabie saoudite

1 avril 2015
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Introduction

Le 11 février 2015, l’Assemblée nationale du Québec adoptait une motion réclamant la libération du blogueur saoudien Raïf Badawi, dont l’épouse et les trois enfants sont réfugiés à Sherbrooke, au Québec.

On apprend aujourd’hui que l’ambassadeur d’Arabie saoudite a officiellement protesté, le 10 mars suivant, contre cette motion, la qualifiant d’ingérence dans les affaires intérieures de son pays.

L’ingérence mondiale de l’Arabie saoudite

L’Arabie saoudite s’est mêlée des affaires intérieures de l’Irak en commanditant la guerre qui a renversé Saddam Hussain.

En Syrie, elle finance des milices ayant pour objectif le renversement de Bachar el-Assad, président de ce pays.

Au Yémen, elle se mêle de la guerre civile qui s’y déroule en y bombardant les milices chiites.

L’Arabie saoudite se mêle de la politique énergétique de l’Iran en s’opposant vigoureusement à son programme nucléaire.

Mais il y a plus.

Selon les dépêches secrètes des ambassadeurs américains révélées par WikiLeaks, l’Arabie saoudite est la plaque tournante du financement du terrorisme international.

Financé entre autres par des princes saoudiens et leurs épouses, Al-Qaida possède des camps d’entrainement qui visent à former spécifiquement des combattants afin qu’ils commettent des actes terroristes partout à travers le monde.

Bref, l’Arabie saoudite est une menace pour tous les citoyens canadiens, où que nous soyons.

Et ce pays, qui a l’audace de semer la mort partout où il le juge approprié, qui répand sournoisement son fondamentalisme religieux arriéré par le biais d’imams voués à son idéologie rétrograde, a l’audace de nous sommer de nous mêler de nos affaires ?

La nature de la monarchie saoudienne

L’Arabie saoudite n’est pas une monarchie constitutionnelle comme l’est la Grande-Bretagne. C’est une monarchie absolue. En d’autres mots, c’est une dictature monarchique.

Ce pays n’a même pas de constitution. La Charia y fait office de code pénal.

L’ordre social qui y règne permet à des milliers de princes saoudiens de s’en mettre plein les poches. De fait, ceux-ci comptent parmi les hommes les plus riches au monde.

Dans les pays occidentaux, les juges sont nommés par le pouvoir politique selon un processus qui se veut impartial (mais qui ne l’est pas toujours, si on se rappelle des ‘Post-it Notes’ du gouvernement Charest).

L’Arabie saoudite étant une dictature, les juges sont évidemment les valets des tyrans du pays. La justice qui s’y pratique est une farce.

Dans ce pays, prêcher la laïcité et la Démocratie — comme le fait Raïf Badawi — remet en question cet ordre social profitable aux tyrans du pays. Pour ces derniers, Raïf Badawi doit se taire.

Mais pour continuer à tuer les opposants sous différents prétextes, l’Arabie saoudite a besoin de le faire à l’abri de l’attention publique. Il est donc important qu’on cesse de parler de cette affaire.

Pourquoi défendre Raïf Badawi plus qu’un autre ?

Premièrement, on possède une copie des écrits publiés sur son blogue. Elle est dans la cache des moteurs de recherche.

On sait donc que les accusations portées contre lui sont ridicules. Dans bien d’autres cas, on ne connait pas avec certitude la preuve présentée en cour : l’Arabie saoudite peut jouer sur le doute. Pas dans le cas de Badawi.

Deuxièmement, Badawi a réussi à placer sa femme et ses enfants en sécurité au Québec. Ils se sont réfugiés à Sherbrooke. Ils sont parmi nous. Ce sont des nôtres.

Troisièmement, on ne peut pas se tromper. Raïf Badawi n’est pas une boite à surprise. Ce que pense Raïf Badawi, on le sait déjà. Il a écrit. Ses idées sont progressistes et modernes. Il aurait pu y renoncer sous la torture des coups de fouet. Il a choisi de se tenir debout. Ce n’est pas seulement une victime; c’est un grand homme.

Quatrièmement, son cas est cautionné par des autorités internationales. Le parlement européen s’est prononcé pour sa libération inconditionnelle le lendemain de la motion québécoise. La Suède a mis fin à sa coopération militaire avec l’Arabie saoudite dans la foulée du cas Badawi.

Le combat en faveur de Badawi n’est rien d’autre qu’un combat contre un système juridique barbare qui est une façade à la tyrannie des dirigeants de ce pays.

Contrer l’influence obscurantiste de l’Arabie saoudite

L’Autriche a récemment adopté une loi qui interdit tout financement étranger de ses mosquées (tant pour la construction que pour leur fonctionnement).

Cela empêche l’Arabie saoudite d’y diffuser sa conception arriérée de l’Islam. C’est par le biais d’imams radicaux — qu’elle subventionne et qui lui sont fidèles — que l’Arabie saoudite répand sournoisement son influence.

En protestant contre le sort réservé à Raïf Badawi, on prépare l’opinion publique québécoise à l’adoption d’une législation comme celle de l’Autriche.

Ce n’est pas gagné d’avance. Rappelons que le gouvernement Couillard n’est opposé qu’au radicalisme violent. Pas de violence, pas de problème.

Les imams radicaux financés par l’Arabie saoudite ont donc de beaux jours devant eux au Québec. Mais ceci pourrait changer sous la pression de l’opinion publique. D’où l’importance de poursuivre cette lutte.

Références :
Affaire Badawi : l’Arabie saoudite demande à Québec de se mêler de ses affaires
Couillard combattra la radicalisation
Droits de l’Homme: Raif Badawi; fosses communes à Chypre; Bob Rugurika
L’Arabie saoudite lance des frappes aériennes au Yémen
La Suède met fin à la coopération militaire avec l’Arabie saoudite au nom des droits de l’homme
L’Autriche adopte une nouvelle loi pour encadrer l’islam
Raïf Badawi : une motion adoptée à l’Assemblée nationale
Syrie : une guerre par procuration entre l’Iran et l’Arabie saoudite

Parus depuis :
Oui, l’islamisme radical existe ici (2015-09-14)
Où sévit le terrorisme islamiste dans le monde? La réponse en carte (2016-03-24)
L’Arabie saoudite dévoilée (2016-11-15)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les blasphèmes de Raïf Badawi

28 janvier 2015

Raïf Badawi est ce blogueur saoudien condamné dans son pays à dix ans de prison, à mille coups de fouet, à une amende de 266 000 dollars, et à une interdiction de voyage de dix ans à l’expiration de son emprisonnement.

Les chefs d’accusation qui justifient sa condamnation sont la désobéissance à son père, le cybercrime (pour avoir mis en place un site web qui compromet la sécurité du pays par la promotion de la tolérance religieuse), et l’insulte à l’Islam (pour avoir ridiculisé le pouvoir ecclésiastique de son pays).

Afin de juger du caractère blasphématoire de M. Badawi, voici la traduction française d’extraits des écrits de M. Badawi que le quotidien The Guardian a publiés.

Les textes ont été traduits de l’arabe à l’anglais par Mona Mahmood (d’Amnistie Internationale), Ian Black, Raya Jalabi et l’Institut Gatestone.

« Dès qu’un intellectuel commence à émettre ses idées, des centaines de fatwas surgissent, l’accusant d’être un incroyant lorsqu’il a simplement eu le courage de discuter de sujets sacrés. Je crains que les intellectuels arabes aient à quitter le pays pour s’exprimer librement et échapper au sabre des autorités religieuses » (Note : ceci est une allusion au fait qu’en Arabie saoudite, la peine capitale est la décapitation par sabre).

« La laïcité de l’État respecte chaque citoyen et n’offense personne. La laïcité est le moyen par lequel des pays comme le nôtre sortiront du tiers-monde pour accéder au statut de pays développé. »

« Les États basés sur une idéologie religieuse n’ont rien à offrir à part la crainte de la Colère divine et l’incapacité à affronter le réel. Voyez ce qui est advenu des pays européens après qu’ils aient instauré la séparation de l’État et de l’Église, et relégué le pouvoir religieux à ses lieux du culte : ils ont répandu l’éveil des consciences, la créativité et la rébellion. Les théocraties (Note : l’Arabie saoudite en est une) emprisonnent leurs sujets dans le cercle vicieux de la foi et la peur. »

« …les Musulmans d’Arabie saoudite méprisent les croyances religieuses des autres; ils qualifient d’incroyants les non-Musulmans et considèrent comme hérétiques les Musulmans qui croient en un Islam différents du leur. Avec une telle mentalité, comment peut-on créer des relations harmonieuses avec d’autres peuples quand, sur les six milliards d’êtres humains, quatre milliards et demi ne sont pas Musulmans ? »

Ironisant au sujet d’un ecclésiastique qui suggérait que les astronomes soient punis si leurs découvertes sont en contradiction avec l’interprétation littérale de la Charia : « Ce vénérable prédicateur m’a fait découvrir l’astronomie religieuse. Je ne connaissais pas l’existence de cette discipline. Je conseille donc à la NASA de se départir de ses télescopes démodés, et d’étudier plutôt la Charia. En fait, il serait souhaitable que tous les chercheurs du monde abandonnent leurs laboratoires et leurs centres de recherche afin de tirer profit de l’enseignement de nos prédicateurs dans des domaines aussi divers que la médecine, l’ingénierie, la chimie, la microbiologie, la géologie, la physique nucléaire, les sciences maritimes, la pharmacologie, l’anthropologie, etc. Que Dieu bénisse notre clergé : il est devenu la référence incontournable en tout, et devant laquelle nous devons nous incliner et obéir sans discussion. »

Commentaires

N’importe quel Musulman peut se proclamer imam; en effet, devenir imam n’exige pas de compétence particulière. Aussi est-il fréquent qu’un imam confonde le Coran, les exigences de la Charia, et les coutumes préislamiques de son pays (en matière de modestie vestimentaire, notamment).

Voilà pourquoi, toute critique des coutumes arriérées d’un pays musulman est considérée comme blasphématoire au sein de ce pays.

Par exemple, critiquer l’excision là où elle se pratique (en Afrique), les crimes d’honneur et les mariages forcés, sont tous des insultes à l’Islam aux yeux des imams des pays concernés. Précisons que les mariages forcés sont fréquents dans les pays asiatiques, qu’ils soient musulmans ou non.

En Afghanistan, entre 20 et 50 jeunes femmes s’immolent par le feu chaque année pour éviter un mariage forcé. Dévoiler ce tabou est considéré — à tort évidemment — comme préjudiciable à l’Islam. Voilà pourquoi les journalistes occidentaux qui ont publié des données à ce sujet ont du fuir ce pays, menacés de mort.

L’Arabie saoudite est une théocratie (tout comme le Vatican). Remettre en question ce statut est considéré comme une hérésie. De plus, y critiquer l’absolutisme religieux — comme l’a fait Raïf Badawi — est blasphématoire.

S’il n’est pas sage de provoquer futilement la colère des Musulmans à l’étranger, on doit réaliser que toute tentative d’empêcher ici la pratique de coutumes arriérées est considérée comme une persécution religieuse aux yeux des croyants de pays où ces pratiques sont courantes.

Tout cela doit nous faire comprendre l’importance des Musulmans qui habitent nos pays. En effet, les Musulmans qui vivent en Occident sont des pionniers en train d’inventer sans le vouloir un Islam moderne, compatible avec les valeurs occidentales et en opposition totale avec l’obscurantisme financé notamment par l’Arabie saoudite.

Références :
A look at the writings of Saudi blogger Raif Badawi – sentenced to 1,000 lashes
Raif Badawi
Raif Badawi’s Blog

Parus depuis :
Comment devient-on imam? (2015-02-02)
Couillard doit expliquer ses liens avec l’Arabie saoudite, dit Khadir (2015-02-03)
Droits de l’Homme: Raif Badawi; fosses communes à Chypre; Bob Rugurika (2015-02-12)
Raif Badawi: Québec exhorte Ottawa de «changer de vitesse» (2015-06-07)
Washington demande à Riyad de renoncer à fouetter Raif Badawi (2015-06-08)

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les principes asymétriques de M. Couillard

27 janvier 2015

Le premier ministre du Québec a confirmé aujourd’hui s’être entretenu il y a quelques jours avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite au sujet du cas de Raïf Badawi.

Précisant qu’il ne croit pas à l’usage de sanctions à l’endroit du régime saoudien, M. Couillard ajoute : « La plus certaine façon de les rendre encore plus radicaux et éloignés de nos valeurs, c’est de les maintenir dans l’isolement ».

Alors si je comprends bien, il ne faut pas hésiter à condamner les violations des droits de l’homme des régimes de gauche (Chine, Russie, Corée du Nord, Cuba). Mais dans le cas d’une dictature de droite, il faut se taire afin de ne pas l’effaroucher car elle risquerait de se braquer et devenir encore plus radicale. Wow !

J’aurais préféré entre M. Couillard nous dire comment il entend obtenir la libération de Raïf Badawi. Si M. Couillard n’a pas la moindre idée de la manière de s’y prendre, je trouve odieux qu’il tente de décourager ceux qui, au contraire de lui, se tiennent debout face à l’obscurantisme.

Le quotidien britannique The Guardian a publié une traduction anglaise d’extraits des écrits de M. Badawi. Ceux-ci illustrent leur caractère anodin.

Dans ses écrits, M. Badawi ose remettre en question le caractère théocratique de l’Arabie saoudite : cela équivaut à une hérésie selon n’importe quel imam de ce pays. Voilà pourquoi l’un d’entre eux, proche de la famille royale, a émis une fatwa contre M. Badawi, invitant les croyants à l’assassiner s’il ne se repentait pas.

Selon ces imams d’influence saoudienne, il est du devoir de chaque croyant de venger l’Islam. Par l’assassinat s’il le faut. En d’autres mots, ce qu’ils prêchent, c’est que le meurtre, les crimes d’honneur et le terrorisme sont non seulement normaux, mais sont du devoir du croyant. De plus, la volonté de Dieu a priorité sur les lois des hommes.

La très grande majorité des imams français s’opposent à cette conception. Il suffit de lire les quotidiens et hebdomadaires français pour prendre connaissance des nombreux témoignages d’imams découragés parce qu’un nombre croissant de leurs paroissiens — jeunes, notamment — préfèrent croire l’idéologie intégriste saoudienne. Tout comme n’importe quel Catholique préférait croire une encyclique de Rome plutôt que l’opinion divergente d’un curé de paroisse.

La frivolité avec laquelle M. Couillard associe l’intégrisme à un simple choix religieux personnel est consternante et sape les efforts des imams d’ici à inventer un Islam moderne, compatible avec les valeurs occidentales et en opposition totale avec l’obscurantisme de l’Arabie saoudite.

Références :
L’Arabie saoudite et le financement d’Al-Qaida
L’intégrisme est un choix personnel, juge le premier ministre

Paru depuis : Couillard doit expliquer ses liens avec l’Arabie saoudite, dit Khadir (2015-02-03)

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| 2014-2018 (années Couillard), Politique québécoise | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Décapitation et fouets en Arabie saoudite

20 janvier 2015

La décapitation de Laila Bint Abdul Muttalib Basim

Depuis le début de cette année, dix personnes ont été punies de la peine de mort en Arabie Saoudite. Le mode d’exécution dans ce pays est la décapitation par sabre.

Le 12 janvier dernier, le bourreau a dû s’y reprendre à trois fois avant de finalement réussir à décapiter Laila Bint Abdul Muttalib Basim. Celle-ci est une étrangère accusée d’avoir violé (à l’aide d’un manche à balai) et d’avoir tué une fillette de six ans que son mari a eue d’un autre mariage. La condamnée n’a cessé de crier son innocence.

Mais une rumeur veut que les abus sexuels dont a été victime la fillette aient été plutôt l’oeuvre de son père qui aurait rejeté le blâme sur une de ses épouses afin de s’en débarrasser.

En Arabie saoudite, comme dans tous les pays où la Charia a force de loi, le témoignage d’une femme vaut la moitié de celui d’un homme.

La flagellation de Raïf Badawi

Né en 1984, Raïf Badawi est un écrivain libéral d’Arabie saoudite.

En 2008, il crée un blogue voué à la promotion de la liberté d’expression et de la laïcité dans son pays.

Mais l’Arabie saoudite est une monarchie obscurantiste dans laquelle il est interdit de construire des églises d’autres confessions et où prôner l’égalité entre les croyances équivaut à une hérésie.

Accusé d’avoir créé un site Web qui insulte l’Islam, il fuit son pays, puis y revient alors qu’il croit la plainte abandonnée. En 2009, il se voit interdire de quitter le pays. Son compte de banque est bloqué. Il est pris au piège.

En 2012, un premier tribunal le condamne à la peine de mort s’il ne se repentait pas devant Dieu et ne renonçait pas à ses convictions libérales.

Ayant refusé de se soumettre, son cas est transféré à une autre cour.

En janvier 2013, ce second juge rejette l’accusation d’apostasie après avoir convaincu M. Badawi de réciter devant lui une profession de foi musulmane. Mais ce magistrat se déclare incompétent à juger les autres chefs d’accusation. Le tout est transféré à un troisième tribunal.

Deux mois plus tard, un ecclésiastique près de la famille royale saoudienne lance fatwa contre lui, le considérant comme un apostat qu’il invite les Musulmans à assassiner s’il ne se repentait pas.

On trouvera à cette page Web, un résumé en anglais des écrits de Raïf Badawi.

Le troisième juge le condamne en mai 2014 à dix ans de prison, 1 000 coups de fouet, une amende de 266 000 dollars, et une interdiction de voyage de dix ans à l’expiration de sa peine de prison.

Son avocat a été condamné à quinze ans de prison pour avoir sapé le régime et ses officiels, et pour avoir insulté l’appareil judiciaire en le ridiculisant.

Raïf Badawi est lauréat en 2014 du prix Netizen décerné par Reporters sans frontières. Son épouse et leurs trois filles ont trouvé refuge au Québec, à Sherbrooke.

La réaction officielle du Canada

En février 2013, le gouvernement Harper mettait sur pied le Bureau de la liberté religieuse, rattaché au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, et dirigé par un officier qui a titre d’ambassadeur.

Son mandat est triple :
• protéger les minorités religieuses menacées et défendre leurs droits;
• lutter contre la diffusion de la haine et de l’intolérance fondées sur la religion;
• faire la promotion des valeurs canadiennes que sont le pluralisme et la tolérance.

Le 8 janvier dernier, l’ambassadeur canadien pour la liberté de religion a condamné la première séance de flagellation a laquelle a été soumis M. Badawi.

Le 14 janvier dernier, par voie de communiqué, le ministre des Affaires étrangères du Canada s’est mollement inquiété de la sévérité de la peine infligée au blogueur mais n’a pas remis en cause l’à-propos de sa condamnation pour délit d’opinion.

Ce sont les seules réactions officielles du gouvernement canadien jusqu’ici. Il semble que M. Harper hésite à se porter à la défense de M. Badawi parce que ce dernier n’est pas citoyen canadien.

Le premier ministre n’a pas ces scrupules lorsqu’il reproche à la Chine, à la Russie, et à Cuba, leurs violations des droits de l’Homme.

Pourquoi hésite-t-il aujourd’hui ? Tous deux producteurs de pétrole, le Canada et l’Arabie ne sont-ils pas des concurrents commerciaux ?

Le problème est que l’Arabie saoudite, assise sur une immense rente pétrolière, est immensément riche et se fout éperdument du Canada. Or le premier ministre, soucieux de son image, n’aime pas passer pour un perdant, surtout à un an des élections.

Il aimerait qu’il lui suffise de bomber le torse pour faire peur à l’Arabie. Puisqu’il semble manquer de moyens, donnons-lui une idée à laquelle il n’a peut-être pas pensé.

Si le Canada menaçait d’interdire la double citoyenneté saoudienne-canadienne au motif d’incompatibilité des valeurs démocratiques, cela forcerait les Saoudiens installés au pays à renoncer à leur citoyenneté saoudienne, ce que l’Arabie n’apprécierait probablement pas.

De plus, cela protègerait mieux toutes ces Canadiennes, tombées amoureuses de Saoudiens, et dont les enfants sont kidnappés par leur père dès que celui-ci réussit à les amener en Arabie, officiellement pour faire connaissance avec leurs grands-parents.

Références :
Abdul-Rahman al-Barrak
A look at the writings of Saudi blogger Raif Badawi – sentenced to 1,000 lashes
Arabie Saoudite : L’ONU pour la suspension de la flagellation de Raïf Badawi
Bureau de la liberté religieuse – Retour en arrière
L’Arabie saoudite et le financement d’Al-Qaida
Le blogueur saoudien Raif Badawi passible de la peine de mort
Le prédicateur assassin
Myanmar woman screams innocence before Saudi beheading: video
Quatre questions sur Raif Badawi, le blogueur condamné à 1 000 coups de fouet en Arabie saoudite
Torturers, oppressors and executioners: remember to buy British
Raif Badawi

Publiés depuis :
Un sursis pour Raif Badawi (2015-01-23)
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La Suède met fin à sa coopération militaire avec l’Arabie saoudite au nom des droits de l’homme (2015-03-10)
Saudi Teenager Faces Death Sentence for Act When He was 10 (2019-06-09)

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Écrit par Jean-Pierre Martel