Bienheureux les pieux car leurs voix seront entendues

8 juillet 2017

Introduction

Le Parc Safari est un parc zoologique privé de 2,7 km² situé à 66 km au sud de Montréal. Il accueille annuellement environ 400 000 visiteurs.

En plus d’un zoo traditionnel, il comporte un parc aquatique et des zones récréatives.

Son cadre champêtre sert de décor à des mariages et à diverses réunions.

C’est ainsi que la fin de semaine dernière, l’Association musulmane du Canada y avait réservé un espace à l’écart pour y fêter la fin du ramadan, un jeûne rituel observé cette année du 27 mai au 24 juin.

Au cours de cette réunion, une courte prière fut dite par les 965 participants.

Or celle-ci fut enregistrée à partir du chemin de passage situé à 45 mètres du groupe en question et publiée sur YouTube.

Au total, on estime qu’environ une quarantaine de passants qui ne sont pas musulmans auraient été ‘exposés’ à cette prière. Ce qui, évidemment, a déclenché l’hystérie sur les médias sociaux.

Le droit de propriété

Dans un extrait de l’émission Le Québec matin disponible sur l’internet, on y voit la lectrice de nouvelles demander avec insistance au propriétaire du Parc Safari si c’est bien le rôle d’un zoo de permettre la tenue d’un rassemblement religieux.

Que ce soit sa mission ou non, un propriétaire est libre de faire ce qu’il veut de son terrain.

Exercer sa religion à la vue des autres

Il y eut une époque au Québec où les défilés religieux dans nos rues étaient très populaires : rappelons le cas des parades de la Fête-Dieu ou du Christ-Roi.

S’ils ont disparu, c’est que dans les années 1960, les Québécois ont développé du mépris pour la religiosité. Pas pour la religion mais pour les manifestations extérieures de la foi.

Seules ont continué d’exister, les parades ‘mixtes’ — mi-religieuses mi-patriotiques, comme le défilé de la Saint-Patrick ou celui de la Saint-Jean-Baptiste — dont la composante religieuse a peu à peu été évacuée sans disparaitre totalement.

Comme le phénix, les modes meurent et renaissent. Il n’est pas interdit de croire qu’un jour, les parades chrétiennes redeviendront populaires.

D’ici là, dans un pays démocratique, les gens sont libres de prier. Ils peuvent le faire partout où cela ne trouble pas l’ordre public.

L’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme déclare :

Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.

L’injustice présumée

Nous avons tous à l’esprit les procès où la récitation d’une prière a été déclarée illégale, notamment en préambule à la réunion de conseils municipaux.

N’est-ce pas injuste d’interdire des prières catholiques et de permettre des prières musulmanes ?

On compare ici des pommes et des oranges.

La séparation de l’État et de l’Église entraine qu’un conseil municipal ne peut pas être chrétien. L’Assemblée nationale, la Chambre des Communes et le Sénat non plus.

Si la récitation d’une prière au début de la réunion d’un conseil municipal à été jugée anticonstitutionnelle, c’est que ce rituel religieux était imposé à tous, croyants ou non. Évidemment, ceux qui y étaient opposés auraient pu se retirer de la salle. Mais ils perdaient alors la place qu’ils avaient choisi d’occuper (à proximité des élus, près du micro, etc.). Voilà pourquoi cela a été déclaré illégal.

Autrement, les croyants ont toujours eu le droit de prier.

La contagion religieuse

Finalement il y a ceux qui croient que prier en public, c’est faire de la propagande religieuse. Si les incantations des fidèles d’Hare Krishna au son des clochettes font sourire certains, les prières musulmanes sont prises beaucoup plus au sérieux.

Rappelons que dans ce cas-ci, les fidèles étaient à l’écart et que les passants ont entendu leur prière ‘accidentellement’ (dans le sens que cette prière ne leur était pas destinée).

On doit distinguer la dangerosité de l’exposition au virus Ebola de celle de l’écoute d’une prière récitée dans une langue qu’on ne comprend pas.

Lors d’une assemblée politique tenue dans l’Ouest canadien, des intervenants avaient protesté auprès du premier ministre Pierre Eliott Trudeau contre la présence de textes en français imprimés sur leurs boites de céréales matinales. Ce à quoi le premier ministre leur avait suggéré de tourner la boite du côté en anglais.

À ceux qui craignent d’être transformés sur-le-champ en terroristes simplement en entendant une prière musulmane, l’ex premier ministre leur aurait probablement suggéré de se boucher les oreilles ou de passer leur chemin.

Références :
Déclaration universelle des droits de la Personne
Une prière au Parc Safari dérange

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Écrit par Jean-Pierre Martel