Le rayonnement de l’enseignement universitaire

9 mars 2011

De nos jours, l’Internet constitue un réservoir inépuisable de connaissance. Mais on y trouve de tout, du meilleur comme du pire. Si bien que l’internaute moyen perd beaucoup de temps à trouver l’information fiable.

Familier avec son domaine de connaissance, le professeur est l’expert impliqué dans la transmission du savoir. Assister à son enseignement, c’est comme avaliser d’un seul coup, les années de sa recherche de la vérité. Le professeur est donc une ressource exceptionnelle. Au risque d’être accusé d’impérialisme culturel, j’oserais même dire qu’il est un pilier de notre Civilisation, basée sur la lumière des connaissances et des faits.

Par comparaison avec l’an 2000, on estime que le nombre d’étudiants universitaires aura doublé en 2015. Cette croissance varie selon les continents : 42 % aux Amériques, 54 % en Europe, 85 % en Afrique et au Moyen-Orient, et 186 % en Asie (dont 55 millions rien que pour l’Inde et la Chine).

Lors d’un voyage en Chine, j’ai vu la publicité promotionnelle d’une université chinoise. C’est à faire peur : des pavillons modernes et immaculés, des milliers d’étudiants proprets qui pratiquent le Tai-chi — parfaitement synchronisés — en début de journée, un campus noyé dans la verdure, etc. Bref, une armée du savoir prête à conquérir le monde.

Ici, nous avons des professeurs d’université qu’on tente de persuader que leur avenir personnel passe par le développement de joint-ventures avec l’industrie, des universités endettées jusqu’au cou, et des étudiants qui dépensent plus en rave, en automobile d’occasion et en bière qu’ils dépensent en frais universitaires. De plus, le taux d’obtention d’un diplôme du secondaire chez les jeunes québécois de moins de 20 ans est de 63,5 % chez les garçons et de 74,7 % chez les filles. Et ce, après « normalisation » des notes, après les mesures destinées à éviter aux cancres le traumatisme psychologique de l’échec et après qu’on ait fait savoir à tous les professeurs trop sévères qu’ils sont « déviants » et qu’ils nuisent à la moyenne de l’école…

Pourtant, la bataille de la connaissance représente un enjeu stratégique national, non seulement en ce qui concerne les étudiants d’ici, mais relativement aux étudiants étrangers. Les États-Unis l’ont compris depuis longtemps et Harvard est un bel outil d’influence. Ce qui est en jeu, c’est l’influence respective des pays à attirer les futures élites mondiales.

Dans la mondialisation des études universitaires, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France sont les trois principaux pôles d’attraction.

Au Québec, les droits de scolarité pour étudiants étrangers sont les mêmes pour toutes les universités (12,400$ à 13 829$) et sont fixés par le ministère de l’Éducation. Depuis 2008, les programmes de 1er cycle universitaire en administration, droit, sciences pures, mathématique, génie et informatique sont déréglementés. Mais ils ne le sont pas pour la médecine et les autres sciences de la Santé.

Encore plus que maintenant, l’avenir appartient aux pays qui auront su inculquer à leur jeunesse le goût du savoir autant que celui de la créativité.

Le Québec est un terreau extraordinaire de création. Il est remarquable qu’un « petit » peuple (au point de vue démographique) comme le nôtre réussisse à donner naissance à autant d’artisans doués dans l’industrie cinématographique ou dans des spectacles acrobatiques, à autant de programmeurs brillants de jeux vidéo, de chanteurs exceptionnels, etc.

Notre handicap, c’est celui de la formation universitaire. En Asie, la motivation à l’obtention d’un diplôme universitaire est beaucoup plus grande qu’ici. Mais le respect des traditions et de l’autorité, souhaitables dans une certaine mesure, est un handicap à leur créativité. C’est à nous d’en profiter. Le ferons-nous ?

Références :
Combattre le décrochage scolaire
Des enseignants dénoncent la diplomation facile au cégep
Éduquer au XXIe siècle
La bataille de la matière grise est engagée

Parus depuis :
La charge de la brigade légère (2019-11-06)
Refus massif d’étudiants africains francophones : Ottawa accusé de « discrimination » (2021-11-28)
Rejet des étudiants francophones : le ministre du Travail du Québec interpellé (2022-03-31)

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Écrit par Jean-Pierre Martel