Le Brexit ou l’absence de fabrication du consentement politique

29 janvier 2019


 
Introduction

La géographie forge les peuples.

Pour ces gens insulaires que sont les Anglais, le large a toujours représenté le danger.

Pendant des millénaires, c’était le danger des éléments déchainés qui, plus qu’ailleurs, entrainaient leur lot de victimes parmi ceux qui vivaient de la mer.

Et pendant des siècles, ce fut le danger des invasions barbares et plus particulièrement, celles des Vikings.

Quand le pays fut suffisamment fort pour assurer la sécurité de ses côtes et que sa marine eut pris le contrôle des mers, le peuple anglais s’était transformé en Vikings modernes, pillant les peuples sur son chemin et se butant sur l’animosité de ceux qu’ils dépossédaient.

Bref, la dualité du nous vs eux est profondément encré dans l’ADN du peuple anglais.

Au lendemain du Brexit

Après que la population britannique eut voté à 52% en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le gouvernement britannique prit une sage décision; celle de réaliser la volonté populaire.

Mais qu’il s’agisse de l’indépendance du Québec ou du Brexit, un peuple ne peut pas entreprendre de profonds changements politiques sans qu’il y ait consensus à ce sujet. Il n’est pas nécessaire que tout le monde soit d’accord (ce qui n’arrive jamais), mais il faut qu’une majorité solide de la population y consente.

Et par ‘solide’, on veut dire que cette majorité doit être suffisamment forte pour demeurer majoritaire en dépit des doutes qui surgiront lorsqu’on fera face aux premières difficultés d’application de la réforme à entreprendre.

Puisque cette majorité solide n’existait pas au moment du référendum, il fallait la créer. En d’autres mots, il fallait entreprendre la fabrication du consentement populaire. Comme la Chine le fit après la prise du pouvoir par les Communistes. Et comme les États-Unis le firent pour rallier le peuple américain à la guerre contre Saddam Hussein.

Le défi de la fabrication du consentement

Combattre une méfiance profondément inscrite dans l’instinct collectif d’un peuple ne peut pas se faire par de simples messages télévisés d’une minute, même répétés ad nauseam. Il fallait convoquer un débat national sous forme de milliers de petites assemblées locales — parfois même une poignée de gens dans une cuisine ou à l’usine — afin de fabriquer ce consentement.

À ces occasions, il fallait écouter les appréhensions des gens, les atténuer si possible et expliquer les choix difficiles à faire, notamment les choses qui devront être sacrifiées en contrepartie des avantages de la réforme espérée.

Le message du gouvernement aurait dû se résumer à ceci : « Le résultat du référendum est irréversible. Dès lors, il faut retrousser nos manches et entreprendre la réussite du Brexit. Que cela nous plaise ou non.»

C’est ce que le gouvernement de Londres n’a pas fait.

Il ne l’a pas fait parce que les deux principaux partis politiques du pays, à l’image de leurs électeurs, étaient déchirés par de profondes divisions internes.

D’un côté, les partisans d’une sortie abrupte avec l’Union européenne, déterminés à saboter tout accord de sortie.

Impuissants à convaincre la population au cours de la campagne référendaire, leurs adversaires opposés au Brexit ont cru que le temps jouerait en leur faveur. Ils ont laissé pourrir la situation et saboté tout effort d’entente de sortie, convaincus que cette sortie n’arriverait jamais et que le peuple retrouverait la raison, selon eux, avant l’ultime échéance des pourparlers.

À quelques semaines du divorce avec l’Union européenne, la population britannique est aussi divisée qu’avant. Si bien qu’un second référendum, même gagné de justesse par les opposants au Brexit, ne changerait rien à la grogne populaire et à la division du pays.

Ces jours-ci, le scénario le plus probable est celui du navire britannique qui s’éloigne des côtes européennes alors qu’à bord, personne ne s’entende sur ce vers quoi mettre le cap.

Référence :
Référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne


© 2010 — Carte de Google Maps (modifiée)

Laissez un commentaire »

| Sociologie | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


La victoire de Trump ou ‘Le monde est tanné des experts’

12 novembre 2016

À l’occasion de la Grande récession de 2007, les pouvoirs publics ont investi des sommes colossales afin de sauver le système bancaire et éviter une répétition des faillites en série de la Grande dépression de 1929.

À la suite de cet endettement, le milieu des affaires a réclamé une diminution des dettes étatiques, obligeant nos gouvernements à couper dans les services à la population.

Au Québec, l’austérité a semblé d’autant plus impopulaire qu’elle a été décrétée par un parti qui, il y a peu, invitait les entrepreneurs à piller le Trésor public en échange d’une modeste contribution à sa caisse électorale.

Depuis, les médias traditionnels annoncent un retour de la prospérité économique à partir d’indices douteux.

On doit savoir que la spéculation boursière et la majoration de la valeur du parc immobilier déjà existant contribuent à la croissance du PIB.

En d’autres mots, un pays ne pourrait créer aucun emploi, ne produire pas un seul clou de plus et pourtant, voir son PIB augmenter substantiellement si la valeur capitalisée (la valeur des actions déjà émises) de ses entreprises doublait en raison d’une bulle spéculative.

Or justement, en raison de l’actuelle bulle spéculative boursière, nous sommes submergés de fausses bonnes nouvelles économiques.

Ces fausses bonnes nouvelles sont publiées parce que nos quotidiens sont aux prises avec une diminution de leurs revenus publicitaires. Ils coupent donc dans leur personnel. Et pour compenser, on publie intégralement des dépêches reçues d’agences de presse.

Or ces agences sont des organismes opaques qui émettent des dépêches anonymes ou des textes signés par des journalistes ou des reporters que personne ne connait.

La plupart du temps, ces agences reproduisent elles aussi les communiqués émis par des entreprises ou des gouvernements.

C’est ainsi que nos journaux nous parlent du ‘miracle’ économique de certains pays. En réalité, toujours aussi endettés, ces pays connaissent une croissance économique monopolisée par des succursales d’entreprises internationales qui s’empressent de redistribuer leurs profits à leurs actionnaires étrangers, ne laissant que des miettes aux citoyens de ces pays.

Par contre, on ne parlera presque jamais de l’Islande, rebelle du Néolibéralisme et modèle de Démocratie, dont la croissance économique est une des plus élevées d’Europe.

Le résultat de cette désinformation, c’est que les citoyens de Grande-Bretagne et des États-Unis constatent un effritement de leur pouvoir d’achat en dépit de toutes ces bonnes nouvelles.

Par ailleurs, ce pouvoir d’achat est handicapé par l’acquisition de nouveaux gadgets électroniques couteux nécessaires à la scolarisation de leurs enfants ou à leur développement.

Lors de la campagne du Brexit, une des vedettes du clan favorable à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne était confrontée à un journaliste. Ce dernier lui signalait le témoignage d’experts prédisant les effets néfastes du Brexit.

Agacé, ce politicien lui a alors répliqué : « Le monde est tanné des experts

Peu de choses résument mieux le ressentiment de nombreux citoyens à l’égard du jugement d’une certaine élite (politique, économique et journalistique) sur les questions qui les touchent de près.

Les citoyens occidentaux sont aux prises avec une stagnation économique dont ils n’arrivent pas à se sortir. Cela est dû à la cupidité des milieux financiers qui accaparent la grande majorité de la richesse créée depuis quelques années.

Au XXe siècle, le grand capital consentait à la redistribution de la richesse en raison la menace de la montée du Communisme.

Avec l’effondrement du Rideau de fer, cette menace n’existe plus. Si bien que nous sommes revenus à la loi du « Au plus fort la poche ».

Nos dirigeants politiques ferment les yeux sur les paradis fiscaux (dont ils profitent personnellement) et autorisent l’évitement fiscal (qui n’est rien d’autre que de la fraude fiscale légalisée).

Conséquemment, c’est la classe moyenne qui paie une part croissante des dépenses de l’État alors que les possédants évitent de payer leur juste part.

L’élection de Trump et le Brexit sont l’expression de la révolte des peuples anglo-américains. Un discours populiste a cristallisé cette révolte contre les milieux financiers et l’Union européenne dans le cas du Brexit, et contre les immigrants, la mondialisation et les Musulmans dans le cas de la victoire électorale du Trump.

Au Moyen-Âge, on imputait la faute de la peste aux sorcières et aux Juifs (que la foule s’empressait de lyncher).

De nos jours, les Latinos et les Musulmans les ont remplacés dans la vindicte populaire américaine. Mais c’est la même manipulation de l’opinion publique qui est en jeu. Comme au Moyen-Âge.

Ceux qui en bénéficient aujourd’hui auraient intérêt à ne pas se réjouir trop vite tant leurs solutions simplistes sont vouées à l’échec.

Et ceux qui s’en attristent peuvent se consoler en réalisant qu’il s’agit ici d’une révolte protéiforme dictée par un ressentiment aussi vague que spontané. Une révolte qui peut changer de cible aussi rapidement que le vent peut changer de direction.

Dans l’opéra rock Notre-Dame de Paris, Luc Plamondon écrivait : « Il est venu, le temps des cathédrales.» Aujourd’hui on pourrait paraphraser cela en disant : « Il est venu, le temps des révoltes

L’Histoire retiendra les noms des dirigeants politiques qui auront le mieux réussi à canaliser positivement cette indignation vers l’avancement de nos peuples…

Laissez un commentaire »

| Politique internationale | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Le Brexit ou la Grande-Bretagne en mutation

7 juillet 2016

Depuis la décision britannique de quitter l’Union européenne, les Anglais sont en colère.

Au-delà des grenouillages politiques et de leurs rebondissements, la campagne référendaire s’est déroulée exactement comme nous aurions pu l’anticiper, nous du Québec, familiers avec cet exercice démocratique.

D’une part, il y avait cette frustration de nombreux Britanniques de voir leur pays lentement dépossédé de ses pouvoirs au profit de technocrates non élus à Bruxelles. La frustration de voir l’enrichissement découlant du marché commun profiter à une finance mondialisée — représentée par The City, le quartier des affaires de Londres — tandis que concrètement, les ouvriers anglais doivent subir toujours plus d’austérité gouvernementale réclamée par ces nouveaux riches. Et enfin cette peur, partagée par le reste de l’Europe, que des hordes de barbares venus de l’Étranger augmentent les risques sécuritaires et apportent avec eux leur mentalité arriérée et notamment, leur misogynie.

D’autre part, il y avait une multitude de données économiques et d’opinions d’experts qui prouvaient à quel point l’Union européenne avait été profitable à l’économie du Royaume-Uni. Des statistiques selon lesquelles la production de biens et de services exportés vers le continent européen représente des millions d’emplois pour les travailleurs britanniques. Et cette appréhension qu’une sortie de l’Union européenne puisse provoquer une fuite des capitaux, une dévaluation de la monnaie nationale et un important ralentissement économique.

À la veille du vote, tout semblait se diriger vers un résultat où la frustration émotive des uns s’exprimerait avec force, tout en laissant les arguments comptables et rationnels l’emporter.

Mais ce n’est pas ce qui s’est produit.

Lors de la journée grise et pluvieuse du scrutin, les longues files d’attente ont motivé de nombreux jeunes à rester à la maison, présumant de l’issue du vote.

Le taux de participation des moins de 34 ans — généralement favorables au maintien dans l’Union — a été la moitié moindre que celui des gens âgés, majoritairement hostiles à l’Europe. Plus précisément, environ 64% des jeunes de 18 à 24 ans n’ont pas voté alors que le taux de participation générale au scrutin fut, à l’inverse, de 72%.

Dans une population aussi partagée à ce sujet, ce seul facteur explique la victoire-surprise du Brexit.

Au lendemain du vote, les milliers de jeunes protestaient dans les rues de Londres, réclamant un second scrutin. Comme pour dire : « Nous avons compris l’importance de voter. Laissez-nous une deuxième chance.» Mais c’est trop tard. Il faillait le faire quand c’était le temps.

De manière générale, les jeunes Britanniques sont europhiles. Ils sont heureux de soumettre leur candidature à des bourses d’études dans les universités du continent (en dépit de l’excellence des universités anglaises), de passer la fin de semaine à Amsterdam ou un congé scolaire à Paris, à Berlin ou à Barcelone, ou de passer des vacances au soleil sur la côte méditerranéenne, de même que de souhaiter une carrière qui les mènerait aux quatre coins du monde.

Pour eux, le Brexit, c’est un repli sur des iles au climat maussade et la renonciation à un avenir plein de promesses.

Conséquemment, on ne peut imaginer la colère exprimée par les jeunes sur les médias sociaux contre les vieux, les pauvres et les chômeurs, bref contre tous ces êtres jugés bornés qui vivent sur l’assistance publique. Une assistance publique financée par les impôts payés par les jeunes professionnels et, dès leur accession au marché du travail, par ces étudiants europhiles dont les espoirs viennent d’être brisés.

Or ce repli insulaire, c’est celui de vieillards qui, lorsqu’ils étaient encore jeunes, se sont tenus debout contre l’Allemagne nazie alors que tout le reste de l’Europe pliait sous les bottes victorieuses des envahisseurs. C’est une population qui a subi des privations inouïes pour défendre une liberté dont profitent aujourd’hui les bourgeois bohèmes de la jeunesse dorée britannique.

Le mépris des jeunes fut accueilli par les vieux comme l’expression scandaleuse de leur ingratitude.

En réalité, les ‘coupables’ sont ailleurs.

La géographie forme les peuples. Depuis toujours, sur les iles britanniques, la menace vient du large.

C’est la furie des tempêtes qui fait sombrer les bateaux des pêcheurs. Au Moyen-Âge, ce sont les Vikings qui ont régulièrement pillé les ports anglais. Ce sont les armées normandes de Guillaume le Conquérant qui ont finalement pris possession de l’Angleterre, une conquête contre laquelle le folklore national a cultivé un ressentiment séculaire. C’est la Grande Armada espagnole dont l’élan n’a été brisé que par une tempête miraculeuse. Et ce sont les avions nazis qui ont déversé leurs bombes incendiaires sur les villes anglaises.

La méfiance à l’égard du continent européen fait partie de la culture anglaise.

Mais les peuples changent. L’animosité entre Français et Allemands, à la suite des deux guerres mondiales, s’est lentement estompée. Pendant des décennies, leurs dirigeants politiques ont multiplié les gestes d’ouverture et de réconciliation. Pas en Angleterre.

Dans ce pays, une classe politique opportuniste a cultivé le ressentiment à l’égard de l’Europe parce que payant politiquement. Pendant toute sa carrière, David Cameron a déblatéré contre l’Europe tout en se disant europhile quand même.

Afin de faire taire ses députés eurosceptiques, le premier ministre a promis un référendum au sujet de l’appartenance à l’Europe. Et pour augmenter ses chances de l’emporter, il s’est lancé dans une renégociation des conditions de l’adhésion du Royaume-Uni. Et pendant les deux années que dura cette renégociation, il se devait d’afficher un euroscepticisme qui lui donnait un meilleur pouvoir de marchandage.

Pendant ce temps, les promoteurs du Brexit ont presque eu le champ libre. Les seules voix puissantes contre le Brexit furent celles issues du milieu des affaires.

Mais la cupidité de la City, accaparant la très grande majorité des bénéfices économiques de l’appartenance à l’Europe, a sapé son capital de sympathie auprès d’une partie de l’électorat.

Il y a deux ans, dix universités et instituts de recherche britanniques ont effectué une étude au Royaume-Uni révélant que depuis trente ans, le pourcentage de foyers pauvres avait plus que doublé, atteignant le tiers d’entre eux.

En 2012, une personne sur cinq se retrouvait sous le seuil de la pauvreté. Dix-huit-millions de Britanniques — près de trente pour cent de la population — ne pouvaient plus s’offrir des conditions de logement décentes et 1,5 million d’enfants vivaient dans des foyers ne disposant pas des moyens nécessaires pour chauffer leur logement.

Bref, pour une partie importante de l’opinion publique anglaise, les données relatives à la croissance du PIB du pays ne sont de bonnes nouvelles que pour les bénéficiaires d’un certain ordre social. Et le vote en faveur du Brexit était une occasion unique pour ces exclus de punir la haute finance pour son avidité et son instance à toujours appauvrir davantage la classe ouvrière au nom de l’efficacité et de la compétitivité.

De plus, David Cameron s’était assuré que ce référendum soit implicitement un plébiscite sur sa renégociation personnelle des conditions d’adhésion à l’Union européenne, un plébiscite dont il aurait été le seul, en cas de victoire, à jouir des bénéfices politiques. Il ne faut donc pas s’étonner de la tiédeur de l’appui qu’il ait reçu du chef de l’opposition.

Il y a un siècle, l’immense majorité des Anglais (à part les forces armées) n’avaient jamais mis les pieds hors du pays et même de leur région. Aujourd’hui, de nouvelles générations de Britanniques ont vécu des expériences agréables au contact de peuples voisins que leurs parents n’ont jamais véritablement connus. Conséquemment, le sentiment d’appartenance à l’Europe s’est développé.

Ce sentiment ne s’est pas exprimé correctement lors du scrutin pour les raisons qu’on sait. Toutefois, cela ne change en rien l’importance de la mutation des mentalités qui s’est opérée dans ce pays depuis quelques décennies.

Face à ce changement, la position prudente de la chancelière allemande — motivée par le fait que le Royaume-Uni est le deuxième partenaire commercial du pays (après la France) — m’apparait justifié.

David Cameron est un fin politicien. Il a bien des défauts mais il connait son peuple. Il sait que le Brexit provoquera dans l’immédiat le dégonflement d’une bulle spéculative immobilière et conséquemment, une succession de mauvaises nouvelles qui pourraient être sans importance macroéconomique. De plus, il y aura une délocalisation continentale de certaines activités économiques. Mais l’économie anglaise s’en remettra.

Il lui faut donc étirer le temps, limiter la panique des marchés financiers, et compter sur l’érosion du camp du Brexit, sous l’effet de la manipulation des marchés financiers.

Il sait qu’après l’électrochoc du Brexit et les mois de mauvaises nouvelles économiques, les Britanniques seront plus convaincus que jamais de l’importance de l’Union européenne et conséquemment, plus disposés à pardonner aux politiciens qui renieraient leur promesse de donner suite aux résultats du référendum, une chose impensable maintenant mais qui pourrait l’être beaucoup moins dans plusieurs mois.

Imaginez que la personne qui lui succèdera à la tête de son parti, au lieu d’enclencher le processus du retrait de l’Union européenne, décide plutôt de provoquer une ‘élection référendaire’ dont le leitmotiv sera « je vous promets de ne pas donner suite au référendum si vous m’élisez

Qu’est-ce qui sera plus conforme à la Démocratie ? Réaliser l’ancien choix populaire ou le plus récent ?

Références :
Brexit: dur lendemain de veille pour les sondeurs
Brexit mondialisation
How remain failed: the inside story of a doomed campaign
Crise terminale?
Référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne
«Remain or leave»: la pluie pourrait faire basculer le Brexit (vidéo)

Parus depuis :
UK joins Greece at bottom of wage growth league (2016-07-27)
Socially isolated voters more likely to favour Brexit, finds thinktank (2016-12-17)
Poorer voters’ worries on immigration fuelled Brexit vote, study finds (2016-12-19)
Analyse: le Brexit et les politiques d’austérité sont intimement liés (2019-09-06)
Le Brexit est le produit de la désindustrialisation (2019-12-11)
Les brexiters ont-ils eu ce qu’ils voulaient ? (2020-01-27)

Laissez un commentaire »

| Géopolitique | Mots-clés : | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel


Brexin ou Brexit : l’intérêt de la France

22 juin 2016


 
Introduction

Dans quelques heures, les citoyens britanniques décideront par référendum du maintien ou de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Il s’agit de la deuxième consultation populaire à ce sujet, le premier ayant eu lieu en 1975 et s’étant soldée par la victoire à 76% du maintien de l’adhésion britannique.

Cette fois-ci, les résultats seront plus serrés; le pays est profondément divisé entre les dangers économiques d’une sortie de l’Union et la révolte contre l’assujettissement aux normes dictées par Bruxelles.

Mais qu’en est-il de l’intérêt de la France ?

Avantages du Brexit

Dans le bras de fer que livrent les pays européens pour domestiquer les milieux financiers, la principale résistance interne à l’Union vient de la City (le quartier financier de Londres).

Environ 30% de la dette séculaire de la France tire son origine du sauvetage des banques nationales lors de la Grande Récession, après que celles-ci aient été leurrées par les institutions anglo-américaines au sujet de la valeur des actifs adossés à des créances hypothécaires douteuses (le ‘papier commercial’).

De manière superficielle, le Brexit laisse le champ libre à l’adoption de normes financières plus sévères, notamment au sujet des paradis fiscaux (dont les Iles Vierges britanniques).

Mais il serait naïf de penser les milieux financiers, parce que localisés hors de l’Union, perdraient toute influence sur les décideurs européens.

D’autre part, la France doit envisager les conséquences géopolitiques du Brexit.

Inconvénients du Brexit

Le processus d’intégration des économies française et allemande remonte au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale avec la création en 1952 de la Communauté européenne du charbon et de l’acier.

Ce processus s’est poursuivi avec la création de la Communauté économique européenne en 1957 et de l’Union européenne en 1992.

Sous le couvert de ces organismes, l’intégration des économies française et allemande est devenue telle que les intérêts économiques de la France et de l’Allemagne coïncident sur tous les sujets importants.

Si bien que ces deux pays ont très souvent des positions communes et exercent à eux seuls une influence déterminante sur les grandes orientations de l’Union. Ceci relègue le Royaume-Uni — troisième puissance économique de l’Union — à un rôle secondaire, voire de figurant.

Mais la France doit voir plus loin que le bout de son nez.

À la suite d’une sortie hypothétique du Royaume-Uni de l’Union, sur qui la France pourrait-elle s’appuyer pour faire contrepoids à l’Allemagne en cas d’un différent majeur ? Sur personne.

Le Brexit consacrerait la domination politique absolue de l’Allemagne sur les affaires européennes.

Voilà pourquoi la France a intérêt au maintien du Royaume-Uni dans l’Union.

Mais si c’est le cas, pourquoi la France n’est-elle pas davantage impliquée dans la campagne contre le Brexit ?

C’est que depuis la conquête normande de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066, une partie des Britanniques nourrissent un fort sentiment francophobe qui, pour eux, fait partie essentielle des valeurs anglaises.

En somme, si les Français sont généralement anglophiles et plus particulièrement fascinés par la culture américaine (associée au modernisme), ce sentiment n’est pas réciproque.

Il suffirait que la France se prononce avec insistance en faveur du Brexin pour que cela provoque chez cette frange minoritaire mais irréductible de Francophobes anglais une adhésion au Brexit qui serait suffisante pour faire basculer les résultats serrés du référendum de ce côté.

Références :
Communauté européenne du charbon et de l’acier
Débats sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne
Guillaume le Conquérant
Union européenne


© 2010 — Carte de Google Maps (modifiée)

Laissez un commentaire »

| Géopolitique | Mots-clés : , | Permalink
Écrit par Jean-Pierre Martel